Pointe Aux Sables — Naufrage du bateau chinois : Début du pompage de fioul s’échelonnant sur cinq jours

La NCH réquisitionne les livres de bord aussi bien que des documents aux fins d’enquête

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Une équipe de la National Coast Guard, accompagnée des officiers du Mauritius Shipping, a été héliportée sur le Lurong Yuan Yu 588, où ils ont réquisitionné le Log Book et autres documents à bord. Ceux-ci permettront aux enquêteurs de comprendre dans quelles circonstances le bateau a échoué sur les récifs de Pointe-aux-Sables dimanche après-midi. Outre l’enquête policière, le ministère de la Pêche a enclenché une “initial inquiry” de son côté et un rapport est attendu sous peu.

L’équipage, qui passe sa quarantaine sur une “sister boat” au port, n’a pas encore été entendu par les autorités à cause des mesures sanitaires. Il est prévu que le capitaine soit interrogé par la police avant la fin de la semaine. Entre-temps, le pompage des 130 tonnes de mazout et cinq tonnes d’huile de graissage devrait en principe démarrer ce mardi. C’est la compagnie Polyeco qui s’attellera à cet exercice, lequel devrait durer entre quatre et cinq jours. Un comité technique du ministère de l’Environnement s’est réuni ce matin pour passer en revue la situation avant l’exercice de pompage.

Hier matin, les plongeurs ont examiné le “casualty site” du Lurong Yuan Yu 588, où ils n’ont noté aucune fuite ou trace de dommages sur l’embarcation. Ils ont toutefois remarqué la présence d’une infime quantité de “oil spleen” non loin, mais ont confirmé que cette trace d’huile ne provient pas du bateau chinois. Selon les autorités, la principale difficulté pour cette opération de pompage demeure la profondeur de l’eau autour des récifs, qui est entre 2,5 et 4 mètres. Ce matin, les experts de Polyeco effectueront un “survey” pour établir à quelle distance la barge Elise pourra s’approcher des récifs. « Nou pou met bann “footing pipes” a enn distans “safe” pou ki barz-la kapav ponp delwil », a assuré Sudheer Maudhoo.

Entre-temps, environ 300 mètres de “sea-booms” ont été installés aux alentours du Lurong Yuan Yu 588 depuis hier. Ceux-ci ont été placés par des pêcheurs de Pointe-aux-Sables, recrutés par Polyeco pour les aider. Un “skimmer”, utilisé à Pointe-d’Esny, après le naufrage du Wakashio l’année dernière, est gardé dans les locaux de la NCG, aux Salines, et il sera utilisé en cas de fuite d’huile.

De son côté, le Mauritius Shipping est déjà en présence d’un Salvage Plan après que l’équipe de Ployeco a inspecté le bateau de pêche hier. Alors qu’un Salvage Agreement Form a été signé entre l’agent du bateau, Rong Cheng Yong Jin Aquatic Ltd, et la société Polyeco « pour initier des actions anti-pollution rapides et de sauvetage du bateau ». Le ministère de l’Environnement a aussi prélevé des échantillons de l’eau aux alentours du bateau qui ont été envoyés pour analyse à l’Albion Fisheries Centre.
Selon le ministère de l’Environnement, une reconnaissance de drone a été effectuée par la compagnie Société Anonyme hier. Des barrages flottants ont aussi été déployés dans le lagon en face du navire pour la protection des zones sensibles, dont le Balaclava Marine Parc, le Rivulet Terre Rouge Estuary Bird Sanctuary, qui est un Ramsar Site, et la Port Louis Fishing Reserve. Depuis que le bateau a échoué sur les récifs de Pointe-aux-Sables dimanche, le Port Louis Harbour Response Plan a été activé en ligne avec le National Oil Spill Contingency Plan. Une réunion avait aussi eu lieu à la Mauritius Ports Authority, réunissant les officiers du ministère de l’Environnement, la National Coast Guard, la Special Mobile Force (SMF) et d’autres parties concernées pour assurer la coordination.
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Judex Rampaul : « Pourquoi ce bateau était-il là par mauvais temps ? »

Le Syndicat des pêcheurs monte au créneau après l’échouement du Lurong Yuan Yu 588, dimanche, au large de Pointe-aux-Sables. Judex Rampaul, son porte-parole, regrette que cette région soit devenue « un parking » pour des navires ayant des activités au port. Il se demande pourquoi il n’a pas été demandé aux bateaux de se mettre à l’abri en raison de la dépression tropicale dans l’océan Indien, comme l’ont fait les pêcheurs.

Toutes les leçons du Wakashio n’ont pas été retenues. C’est l’avis de Judex Rampaul qui se demande comment le Lurong Yuan Yu 588 s’est retrouvé en difficulté au large de Pointe-aux-Sables, alors que le temps était sous l’influence de la tempête tropicale Iman, dans les parages. Le communiqué spécial de la météo annonçait déjà, en ce dimanche 7 mars, que le temps serait « very windy ». Raison pour laquelle les pêcheurs ont tous mis leur embarcation hors de l’eau ce jour-là. D’ailleurs, la météo leur a déconseillé de sortir en mer. « La question qui se pose donc est quel est le protocole pour les gros navires par des temps pareils ? N’était-il pas important que ce bateau de pêche se mette à l’abri au lieu de s’aventurer dans cette région ? Y a-t-il eu une communication avec le port pour signaler qu’il était en difficulté ? Pointe-aux-Sables étant juste à côté du port, un remorqueur aurait pu, en cinq minutes, arriver sur les lieux pour l’empêcher de s’échouer sur les récifs ? Il semble qu’on n’a pas appris les leçons du Wakashio. »

Judex Rampaul estime que nous avons été chanceux que cet accident se soit produit dans la région nord du pays. « Ici, ce n’est pas comme dans le sud-est, où la mer est houleuse. Autrement, peut-être qu’il aurait pu être endommagé comme le Wakashio. Mais toujours est-il qu’il faudrait peut-être revoir notre système de communication, surtout par mauvais temps. Et puis, n’y avait-il aucun radar pour se rendre compte que ce bateau était en train de s’approcher du récif ? »

Pour le moment, ajoute Judex Rampaul, il n’y a eu aucune interdiction aux pêcheurs. Avec le mauvais temps, il leur est de toute façon interdit de sortir en mer. « Mais nous avons entendu dire qu’il y a des traces d’huile, nous ne savons pas s’il y aura des interdictions bientôt. Mais ce qui est sûr, c’est que cet échouement va endommager la barrière de corail. » Dans la foulée, il dénonce le fait que toute cette région, de Pointe-aux-Sables à Albion, soit devenue « un parking » pour les navires ayant des activités au port. « Combien d’ancres sont jetées dans cette région. N’est-on pas en train d’abîmer toute cette partie de la côte ?», se demande-t-il.

Pour en avoir le cœur net, Judex Rampaul et ses camarades comptent se rendre sur les lieux de l’accident pour constater de visu s’il y a eu des dégâts et si les fuites d’huile annoncées sont conséquentes.

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