- Navin Ramgoolam: « Ce qui se passe dans le pays est très grave. Notre démocratie est plus menacée que jamais»
La première réunion triangulaire entre le PTr, le MMM et le PMSD, qualifiée « d’historique » par les dirigeants des trois partis, devrait déboucher vers une première action de masse de l’opposition dans les prochaines semaines. Ce projet, qui a été évoqué hier lors de la réunion organisée à l’hôtel Hennessy, fera l’objet de discussions au sein des trois partis avant de revenir sur le tapis lors de la prochaine rencontre prévue le 8 août.
Les organisateurs de la réunion ont finalement opté pour une table triangulaire, avec des délégations de six personnes, chacune dirigée par leurs leaders respectifs, Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval, dans un esprit d’égalité. La réunion de samedi était présidée par Navin Ramgoolam, la prochaine du 8 août le sera par Paul Bérenger et celle du 23 août par Xavier-Luc Duval, sur la base du principe d’une présidence tournante.
Outre Navin Ramgoolam, la délégation du PTr était composée d’Arvin Boolell, de Shakeel Mohamed, de Patrick Assirvaden, d’Anil Baichoo et de Satish Faugoo; celle du MMM était composée de Paul Bérenger, de Reza Uteem, de Rajesh Bhagwan, d’Ajay Guness, d’Arianne Navarre Marie et de Deven Nagalingum, alors que la délégation du PMSD était composée de Xavier-Luc Duval, de Kushal Lobine, de Patrice Armance, Veronique Leu Govind, Mamade Khodabuccus et Varen Andee.
Premier à prendre la parole lors d’une déclaration faite à la presse après la réunion qui aura duré quelque 45 minutes, Navin Ramgoolam a parlé de jour « historique », car « c’est la première fois que PTr, le MMM et le PMSD se retrouvent autour de la même table étant donné les circonstances ». Il poursuit : « Nous avons abordé les sujets qu’il fallait. Tout s’est bien passé. Nous avons dit ce qu’il fallait dire et nous voulons voir comment préserver notre droit de contestation de ce gouvernement illégitime, car nous considérons que le gouvernement “inn kokin eleksion”. » Et de déplorer le Delaying Tactics pratiqué par le gouvernement en ce qui concerne les pétitions électorales qui prennent « beaucoup plus de temps que prévu ».
Le leader du PTr a annoncé qu’une prochaine réunion est prévue le 8 août prochain avant d’affirmer que « ce qui se passe dans le pays est très grave ». Il ajoute : « Notre démocratie est plus menacée que jamais. » Il a aussi déploré le travail « malpropre » pratiqué au niveau de la MBC. « On ne peut pas rester les bras croisés et permettre qu’on détruise notre pays, que nos institutions dilapident les finances du pays, que l’oppression soit utilisée et que la nation soit divisée. Ils pratiquent une politique de division alors que nous disons qu’il faut rassembler les Mauriciens », a dit Navin Ramgoolam.
Le leader du MMM, Paul Bérenger, lui, a qualifié la réunion « d’excellente » et de « bien importante ». Il poursuit : « C’était une très bonne réunion. Nous nous rencontrerons tous les deux samedis dans un esprit de régularité et d’égalité. Il y aura une présidence tournante. Navin Ramgoolam a présidé la réunion aujourd’hui. Je le ferai lors de la prochaine rencontre. Ce sera ensuite au tour de Xavier Duval de le faire. » Il a annoncé la création d’une structure qui permettra à cinq jeunes de chaque parti de se rencontrer. Paul Bérenger a aussi expliqué que la prochaine étape sera une prochaine conférence de presse conjointe.
De plus, les trois partis réfléchissent sur une forme de manifestation et une action de masse. Il a finalement condamné « la situation choquante » prévalant au Parlement, où la démocratie est « en danger ». Et de déplorer « les atteintes à la démocratie parlementaire ». Il a également été question des arrestations. Selon lui, le gouvernement veut effrayer la population. « Il ne faut pas avoir peur », a-t-il insisté, en attirant l’attention sur la volonté annoncée du gouvernement de remplacer l’ICT Act afin de créer de nouveaux délits. « Je suis d’accord que la situation est très grave. Nous faisons notre devoir en agissant ensemble dans une situation pareille », a conclu le leader du MMM.
Quant à Xavier-Luc Duval, il s’est aussi dit « très satisfait » par la teneur de cette réunion historique. « C’est un mouvement historique face aux vrais problèmes auxquels le pays et les Mauriciens sont confrontés. Il y a une vraie demande pour une concertation au sein de l’opposition », a dit Xavier Duval. Il a aussi évoqué la situation économique « difficile », avec de nouveaux pauvres et des problèmes sociaux découlant du chômage et la hausse constante des prix.
Le leader du PMSD a de même dénoncé les dérives d’un État policier. Selon lui, les seules institutions encore indépendantes dans le pays sont le judiciaire et le DPP. « L’opposition reste un rempart contre la corruption généralisée que nous cesserons de dénoncer à travers les PNQ et les questions parlementaires », a dit Paul Bérenger.
Pour le leader de l’opposition, Arvin Boolell, cette solidarité entre les partis de l’opposition « émane de la solidarité au parlement en concertation avec les leaders du MMM et du PMSD ». Pour lui, la réunion entre les partis de l’opposition « permet d’envoyer un signal très fort ». Il précise que cette concertation a été entérinée par l’électorat des trois partis. « C’est une force constituée qui envoie un message fort pour demander au gouvernement de faire attention. On ne peut avoir une dérive d’autant que nous savons que la démocratie est en danger. Nous sommes un rempart et descendrons sur le terrain pour faire notre travail. C’est une force consolidée pour le bien-être de la population », a dit Arvin Boolell.