En passant la ligne d’arrivée de la troisième étape du Engen Tour de Maurice, Anthony Laurent a démontré que la persévérance paie, surtout dans le monde du vélo. Rencontre avec un garçon timide, qui ne parle pas trop, mais qui s’exprime le mieux à vélo.
19 ans et déjà vainqueur d’étape sur le Tour de Maurice. Le parcours de ce jeune coureur a commencé il y a quatre ans. « C’est mon copain Avnish Juggernath qui m’a mis sur un vélo. » Quand on sait que le copain en question a été champion de Maurice cadets 2008, alors, la voie semblait toute tracée.
Mais Juggernath abandonne quelque peu le vélo pour se consacrer aux études. Pas Anthony Laurent, qui fait ses gammes au Centre national de formation cycliste (CNFC) sous la houlette de José Achille. « C’est lui qui me suit depuis quelques années déjà », déclare le vainqueur du jour très timidement.
Depuis ses débuts, il a été considéré comme un des meilleurs de sa génération. La preuve : José Achille lui a confié les clés du CNFC, le laissant agir en tant que leader sur les courses. « Nous lui avons souvent répété qu’il avait du potentiel. Mais il lui fallait croire en lui », déclare le coach.
Son histoire est classique, pourrait-on dire. Un ami qui l’invite à faire du vélo, un coach qui le soutient. « Un merci à tous ces gens. Sans eux, je ne serais pas là aujourd’hui. »
Pourtant, pour quelqu’un qui a douté de lui, il a commencé à bâtir son palmarès dès l’année dernière, avec une victoire sur la Colin Mayer Classic. Un succès qu’il a signé au sprint, alors que personne ne l’attendait. C’est le déclic. Depuis, il est toujours à l’affût du bon coup, même si ça ne se passe pas vraiment comme il l’aurait souhaité.
« Il manque un peu d’expérience. Mais ça viendra », tempère José Achille. Surtout que le garçon, boursier du Trust Fund for Excellence in Sports (TFES) arrive à concilier sports et études. Il suit des cours de plomberies au MITD. « Un merci aussi au TFES, qui me permet de bénéficier d’horaires spéciaux. Ça aide vraiment. »
Comment se définirait-il ? Rouleur ? Sprinter ? Grimpeur ? « Je ne sais pas. C’est la réponse que je cherche toujours », rigole-t-il. José Achille, de l’autre côté, affirme qu’il n’en est rien. « C’est le coureur complet. Il n’est pas un as de la montagne, mais il se débrouille. Il va vite en sprint et se fait respecter sur le plat. Du coup, il ne lui faut travailler que les bosses pour qu’il puisse passer partout. »
Et d’ailleurs, ce sont ces qualités qui lui ont permis de gagner cette étape. Gros rouleur, il a tenté un coup de poker menteur en sortant seul. Puis, rejoint par Richard Barret, il collabore avec celui-ci. « Vous savez, gagner une étape sur le Tour de Maurice, c’est quelque chose. »
Peut-il viser plus loin qu’une simple étape ? « Oui », selon José Achille. Un podium ou même une victoire finale seraient dans les cordes d’Anthony Laurent. « Il n’a que 19 ans et il a des capacités à développer. Mais ce sont ces petites choses qu’il lui faut améliorer s’il veut jouer un rôle majeur sur le Tour. »
En pur produit du CNFC, Anthony Laurent n’oublie pas ses racines. « J’offre cette victoire au Centre. C’est là-bas que j’ai tout appris. Je pense aussi à ma famille, mes amis, mon club, à Mike Chong Chin qui m’a prêté son vélo. »
En remportant la troisième étape, il a aussi enlevé le maillot bleu à points. Il force désormais le respect.
PORTRAIT: Anthony Laurent, la victoire de la persévérance
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