Le silence du ministre de l’Agro-industrie, après une première initiative pour l’utilisation des terres des compagnies sucrières, déploré
Afin de faire face à une éventuelle pénurie, avec la fermeture des frontières et les limitations au niveau des cargos, Lalit, soutenu par six autres organisations, suggère la production massive de certaines denrées. Du riz aux légumes en passant par la pêche et la production laitière, le parti de gauche invite le gouvernement à prendre les mesures appropriées au plus vite, au lieu de maintenir notre dépendance sur l’importation. Une lettre en ce sens a été adressée au ministre de l’Agro-industrie, Maneesh Gobin.
Lalit rappelle avant tout que pendant une épidémie, dépendre excessivement de l’importation pour ses denrées de base peut s’avérer un « danger mortel ». Il est rappelé que la fermeture des frontières et les difficultés rencontrées par les bateaux cargos, « qui fonctionneront tant que leur personnel est en bonne santé », rend la situation compliquée. Ainsi le parti invite-t-il le ministère de l’Agro-industrie à prendre des mesures « urgentes » pour parer à toute éventualité. Une production massive de certains produits est ainsi recommandée pour répondre à l’urgence de la situation. Six catégories ont été ainsi identifiées. Il s’agit des « staple foods », la production laitière, la volaille, la pêche et la viande.
La lettre mentionne que des mesures peuvent être facilement appliquées, étant donné que des initiatives sont déjà en cours. « Vita a montré la voie pour la production de riz et Sarjua a déjà démontré comment transformer le manioc et le fruit à pain en farine. Il faut également produire la pomme de terre et le maïs massivement. » De même, il est suggéré d’augmenter la production de lait, afin de pouvoir répondre à la demande.
De même, il est recommandé d’augmenter la production de viande, allant du bœuf au porc, en passant par le cerf. Idem pour la production de volaille et d’œufs, qui se fait déjà à grande échelle. En revanche, Lalit suggère de développer davantage le secteur de la pêche, estimant que les Seychelles ont déjà donné l’exemple à ce sujet. Pour ce qui est des fruits et légumes, « il ne faudra pas se contenter d’augmenter la production, car il faudra également prendre les dispositions nécessaires pour la préservation, qu’il s’agisse de légumes congelés ou en conserve ».
La lettre mentionne également que si le Covid-19 a donné lieu à un « panic buying », c’est parce qu’il y avait une crainte concernant la disponibilité des denrées alimentaires.« Cette situation a engendré des pénuries et des augmentations de prix. On ne peut ignorer la vulnérabilité. C’est pour cela que la sécurité alimentaire doit être une priorité à court, moyen et long termes. »
Lalit dénonce par ailleurs le manque d’organisations à ce sujet pendant le confinement. « Yet during the lockdown, while most small planters have been able to get to their respective plantations, their workers have often not been able to, not having been issued permits. The State has not been able to organise a distribution system that supplies supermarkets and local shops with whatever vegetables were left in the fields, while new planting is sporadic. And in the big picture, it is now evident to everyone that small planters do not have the means to ensure food security on a national scale. This much is clear now », est-il écrit.
Lalit dit reconnaître que le ministre de l’Agro-industrie, Maneesh Gobin, a réagi tout de suite, suivant la décision de « lockdown », en réunissant les différents partenaires, dont les responsables de l’industrie sucrière, pour que les terres soient mises à disposition des planteurs afin d’assurer la sécurité alimentaire. Cependant, regrette-t-il : « Vingt jours se sont écoulés et on n’a rien entendu de plus de votre part. Faut-il comprendre que votre plan pour la sécurité alimentaire a été saboté par l’industrie sucrière ? D’autant que le CEO de Medine, qui avait déclaré que la compagnie allait utiliser ses terres pour la sécurité alimentaire, a quitté son poste une semaine plus tard. Est-ce que les propriétaires de Medine étaient en désaccord avec lui ? »
Le parti rappelle que cela fait 36 ans que le parti fait campagne pour la sécurité alimentaire du pays. De même que dans une précédente requête, soutenue par six autres organisations, il avait été suggéré que les terres des compagnies sucrières soient réquisitionnées si elles refusent de collaborer. « The MSIRI has a clear idea, arpent by arpent, of what land can be used for what produce. The first harvest will, we realize, given that there are sufficient seeds available immediately, take at least three or four months.If the sugar estates, or ex-sugar estates, and all big land owners do not agree with a food security strategy, it is obvious what must be done in this period of crisis. And this is not only to ensure food security for everyone, but to create jobs for all », mentionne encore la lettre.
Lalit rappelle que nous sommes en situation de crise et que chacun doit apporter sa collaboration. « Si les compagnies et propriétaires sucriers refusent de collaborer, le gouvernement doit prendre des actions. Pour cela, il faut simplement une volonté politique. Et les conditions de crise justement sont propices à une telle volonté. » Lalit invite ainsi le ministre Maneesh Gobin à agir et, s’il le faut, à introduire les dispositions légales nécessaires.
Les six organisations qui soutiennent Lalit dans cette demande sont la Confédération des travailleurs des secteurs privé et public (CTSP), la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions (FPBOU), la Government Services Employees Association (GSEA), l’All Civil Service Employees Federation (ACSEF), le Mauritius Labour Congress (MLC) et le Muvman Liberasyon Fam (MLF).