POST-COVID-19 Un monde de plus en plus incertain

DR DIPLAL MAROAM

- Publicité -

Crises de confiance et de gouvernance, urgences écologiques et climatiques, risques sanitaires et alimentaires… En effet, de toute son histoire, l’humanité n’a jamais été confrontée aux menaces aussi sérieuses qu’elle ne l’est aujourd’hui. Personne ne sait vraiment de quoi demain sera fait tant l’incertitude sur le plan global est palpable. Le nouveau coronavirus, qui continue à provoquer des dégâts sur la planète, est venu

Dr DIPLAL MAROAM

démontrer la nonchalance de l’homme par rapport aux vrais dangers qui le guettent et pouvant surgir à tout moment, mais auxquels il n’est guère préparé. Dans de nombreux pays, de surcroît développés comme l’Italie, l’Espagne, les services de santé, ayant été complètement débordés, s’étaient vus contraints d’appliquer le système de tri parmi les malades selon des critères parfois ignobles avant l’admission dans des centres de soins.

Pourtant, la propagation des maladies et pandémies chez l’homme n’est pas un phénomène nouveau; ce dernier risque d’ailleurs de plus en plus fréquemment d’être tenaillé par des maladies d’origine animale, car certaines pathologies, à la faveur des changements climatiques, étant susceptibles de sauter de plus en plus facilement la barrière des espèces. Par conséquent, la stratégie fondamentale devrait consister à chercher à « confiner » les agents pathogènes d’origine animale dans leurs hôtes naturels, car une fois la barrière interspécifique franchie, les effets pourraient être complètement imprévisibles. Il est regrettable qu’alors que la Covid-19 aurait dû susciter une prise de conscience différente de l’état de notre planète, les différents États continuent d’avancer en ordre dispersé. Même la recherche d’un vaccin contre le virus se déroule au niveau de différents pays, chacun dans son coin, dans des laboratoires virologiques différents alors que cela aurait dû être une action concertée.

Entre les décideurs politiques mondiaux prédomine, ces jours-ci, une sérieuse crise de confiance. Les deux géants économiques, les États-Unis et la Chine, se regardent en chiens de faïence, le premier ne ratant aucune occasion de décocher des flèches de Parthe en direction du second qui représente un sérieux prétendant au titre de première puissance économique mondiale. Une éventualité que la Maison-Blanche n’est, paraît-il, pas prête à digérer. Même la Covid-19 avait été baptisée « the chinese virus » par Donald Trump, qui accuse d’ailleurs Pékin d’avoir caché des informations cruciales sur l’origine de l’épidémie et la gravité de sa propagation. D’autre part, entre la Chine et l’Inde, deux géants démographiques mondiaux démontrant des velléités territoriales, la tension demeure tout aussi vive et les fréquentes escarmouches à la frontière avaient récemment dégénéré dans la région de Ladakh dans le Cachemire, où 20 militaires indiens avaient trouvé la mort. Toujours dans la zone asiatique, entre les deux frères ennemis, les deux Corées, le semblant de détente a volé en éclats lorsque, le 16 juin dernier, les dirigeants du nord avaient fait exploser le Bureau de liaison inauguré en septembre 2018 presque au nord de la ligne de démarcation où résonnent déjà des bruits de bottes. Il est reproché à Séoul de continuer à mener des exercices militaires conjoints dans la Péninsule coréenne avec les États-Unis, ce qui constitue, selon Pyongyang, une provocation militaire et violation des engagements pris en faveur de la paix.

Bref, 75 ans après la création de l’ONU, la méfiance domine la scène internationale. Et la promesse d’une plate-forme mondiale permettant de prévenir les conflits et autres menaces, une idée conçue en février 1945 à la conférence de Yalta, sur les ruines fumantes de la Seconde Guerre mondiale, ne s’est jamais vraiment concrétisée. Certes, il n’y a pas eu de troisième guerre, mais la moindre étincelle pourrait entraîner une déflagration généralisée comme ce fut le cas en janvier dernier dans le Golfe arabo-persique où la tension était à son apogée entre les États-Unis et l’Iran. Il est malheureux que le Conseil de sécurité – censé garantir la paix et prévenir les différends entre États – joue aux abonnés absents lorsqu’il s’agit d’assumer ses responsabilités. Dans de telles circonstances et vu que la guerre froide n’a jamais vraiment disparu, le risque d’une grave fracture dépendant de la rivalité sino-américaine demeure grand. Fracture qui pourrait voir l’émergence de deux mondes diamétralement opposés, chacun avec ses règles commerciales et financières, ses stratégies géopolitiques et militaires mais opérant dans un jeu à somme nulle.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour