Projections en contraste

À la 20e réunion de FRATEL, le réseau francophone de la régulation des télécommunications, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a signifié l’intention de faire Maurice intégrer le groupe de pays gérant des satellites géostationnaires.

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Des ambitions légitimes en ce début de XXIe siècle, où il est question de plus en plus de tourisme spatial. Encore plus logique pour les scientifiques mauriciens, qui ont travaillé en toute discrétion et avec efficacité jusqu’à la mise en orbite du premier nano-satellite mauricien l’année dernière.

Mardi, à la lumière d’une interpellation inscrite au nom de la parlementaire du MMM, Joanna Bérenger, le ministre des TIC, Deepak Balgobin, ne manquera pas de faire état de la performance de Maurice en matière de présence spatiale tout en revenant sur les retombées d’une telle avancée scientifique pour le pays.

Autant d’accolades pour ces fils du sol, qui ne se sont épargnés aucun effort pour placer en orbite la république ou encore faire flotter les couleurs du quadricolore mauricien dans l’espace.

Toutefois, en contraste au tout début de la tranche du Prime Minister’s Question Time, l’île Maurice sera confrontée à une réalité différente. La parlementaire du PTr, Stéphanie Anquetil abordera le cas symbole de cette fillette, âgée seulement de quatre mois, S., abandonnée par sa mère à sa naissance. Faute de pouvoir subvenir aux besoins de son nourrisson.

Dans leur logique et croyant probablement faire taire les clameurs, les autorités ont cru nécessaire d’interpeller la mère. Cette arrestation et cette détention en cellule policière n’apporteront nullement de réconfort au traumatisme de cette fillette quand elle prendra plus tard connaissance des circonstances malheureuses de sa venue au monde sous le soleil de la République de Maurice.

Et encore moins atténueront la détresse de plus en visible que témoignent à chaque instant ces volontaires et travailleurs sociaux en tous genres au contact de ces enfants en bas âge en situation de précarité et qui sont de plus en plus vulnérables à la sortie de la pandémie du Covid-19. Les vacances scolaires exacerberont davantage les affres au quotidien.

Le constat sur le terrain, qui se dégage du rapport annuel de l’ONG M-Kids, est plus édifiant que les dernières analyses théoriques de celui de l’Ombudsperson for Children. Des organisations sociales, de même que d’autres multiples initiatives communautaires ou personnelles, oeuvrant sur le terrain, projettent devant les yeux de la République le fait qu’il y a matière à un sursaut pour protéger les enfants, pas seulement ceux qui sont abandonnés, contre de potentielles cicatrices psychologiques incommensurables.

Demain, le prix à payer pourrait s’avérer astronomique pour combler le fossé même si de l’espace, l’on ne pourrait pas discerner que le nombre de cas de mendicité à chaque coin de rue ne cesse de croître. Et cela, en dépit des programmes sociaux en vigueur.

Attention! Le contraste au sein de la république est encore plus vivace sur le front de la toxicomanie. Les débats sur le Dangerous Drugs (Amendment) Bill, arrivant à terme toujours ce même mardi, ont permis aux parlementaires de tous bords de se prononcer tantôt sur un ton accusateur tantôt avec une touche triomphaliste sur la problématique de la prolifération de la drogue à Maurice.

Les envolées oratoires sur la narco-économie de Rs 20 milliards à Rs 25 milliards et celles consacrées aux saisies les unes valant plus que l’autre par centaines de millions de roupies sont à des années-lumière du drame au quotidien que vivent ces parents, dont les enfants vivotent dans l’enfer des drogues de synthèse, des enfants témoins de la déchéance de leurs parents, prisonniers de ce fléau, et des conjoints, qui chaque jour croient encore que demain apportera la délivrance de la drogue.

Ceux présents le 2 novembre à l’évêché de Port-Louis aux échanges, présidés par le cardinal Maurice E. Piat, évêque de Port-Louis ou qui ont l’occasion de participer à d’autres partages – Cadress  Runghen et d’autres animateurs sociaux ne diront pas le contraire – savent qu’il n’y a aucune gloriole à dénoncer ou à se féliciter face à une situation irrémédiable de descente aux enfers.

Pourquoi ? « Nou santi nou inpswisan. Pa kone ki pou fer ! »

L’agonie des victimes du fléau de la drogue se reflète par contraste dans le désarroi de leur entourage, dont  de la société…

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