PUBLICATION : Une fiction inédite de John Gorrie sur Maurice

Judy Allen a retrouvé un manuscrit inédit dans les affaires d’une grande tante disparue du nom d’Alice Noel. Cette pile de feuilles a en fait été retrouvée dans un petit placard près d’une fenêtre par un employé d’une société missionnée pour nettoyer et vider cette maison. Cette pile de documents était constituée d’une bible, d’un journal intime d’Helen Marion, de lettres et photographies, de poèmes de John Gorrie et du manuscrit de son roman « A maid of Maurice », dont Judy Allen pas plus que sa propre mère n’avait jusqu’alors jamais entendu parler… Un récit radiophonique, une biographie et maintenant ce roman mauricien sont nés depuis grâce à l’attention qu’un employé a prêté à ces piles de papiers bien dissimulées. Petite histoire de la renaissance d’un roman, après plus d’un siècle…
La fille aînée du juge Gorrie, Helen Marion, connue sous le surnom de Minnie, a tenu un journal toute sa vie, dont cette pile de vieux papiers contenait une petite partie, à savoir celui qu’elle a écrit en 1876, à l’âge de 19 ans à bord du Sea breeze, un clipper dévolu au transport du sucre en route pour Londres, au départ de Maurice. Elle venait de vivre plusieurs années à Maurice où son père avait occupé son premier poste outremer, en tant que substitut du procureur général à partir de 1869. Celui-ci renvoyait sa famille à Londres en attendant de trouver une maison aux Fidji où il avait obtenu sa seconde nomination coloniale, en tant que chef juge cette fois-ci. En 1878, il devint « Chief judicial commissioner of the Western Pacific High Commission », avant d’être nommé comme chef juge en 1882 aux îles sous le vent britannique des Petites Antiques (alors appelé Leeward’s islands), puis à Trinidad en 1888, puis Trinidad et Tobago unifiées jusqu’en 1892.
Le journal de Minnie étant le premier document que Judy Allen a retranscrit, ce récit a donné lieu à une émission radiophonique sur Radio Times en février 1985. Compte tenu du parcours exceptionnel du juge Gorrie, Judy Allen a de fil en aiguille pu trouver l’universitaire spécialiste de l’histoire coloniale qui pourrait réaliser une biographie de cet homme au parcours résolument insulaire. En Bridget Brereton, qui avait écrit une histoire de Trinidad (1783-1962), elle trouvait la spécialiste appropriée, compte tenu des nombreuses années que le juge Gorrie avait vécues dans cette île des Caraïbes britanniques. En 1997, paraissait l’ouvrage « Law, Justice and Empire : the colonial career of John Gorie (1829 – 1892) ». Le professeur avait pu compléter ses propres archives avec celle de Judy Allen qui avait notamment retrouvé plusieurs pamphlets ainsi que de celles de son cousin Jean Ayler.
Quelques années après la publication de la biographie, Marina Carter est entrée en scène ayant eu connaissance de l’existence du roman grâce au professeur Bridget Brereton. L’historienne, bien connue à Maurice pour les différentes publications qu’elle a consacrée à l’histoire du pays a contacté Judy Allen, qui lui a volontiers transmis la transcription de ce manuscrit. L’avis de l’historienne s’est avéré convaincant, celle-ci estimant que bien qu’il s’agisse d’une oeuvre romanesque, « A maid of Maurice » offre une très bonne représentation de ce que l’île Maurice a été à la fin des années 1860 et au début de la décennie suivante… Il nécessitait simplement quelques annotations et le travail éditorial qui permettraient d’éclaircir certains points qui auraient pu manquer de sens pour des lecteurs de 2016. Edité chez Pink Pigeon, dans la collection Cultural legacies, cet ouvrage bénéficie de l’attention et des soins de l’historienne Marina Carter ainsi que du poète, traducteur et spécialiste des littératures arabes, Shawkat M. Toorawa. Pink Pigeon Press et The Hassam Toorawa Trust sont les principaux soutiens à cette collection.
Nous reviendrons sur le roman en lui-même. Son manuscrit à travers la forme de son écriture montre déjà la passion de cet homme qui croyait fondamentalement en l’égalité de tout individu devant la loi, indépendamment de ses appartenances… Judy Allen a lors de la transcription de ce roman, été particulièrement frappée par la différence d’écriture dans les passages où son grand-père évoquait les aspects les plus romanesques ou littéraires de son oeuvre, et ceux dans lesquels il décrivait les injustices sociales. Ainsi les sentiments de l’auteur s’exprimait-il à travers une écriture élégante, bien espacée et facile à lire d’un côté, et de l’autre une écriture nerveuse, serrée, rapide et parfois difficile à décrypter.

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