QUESTION TIME—EAU : Ton conciliant pour coupures drastiques

Le problème le plus aigu de l’heure, soit l’approvisionnement des plus erratiques de la population en eau potable, a néanmoins été abordé par le Premier ministre adjoint et ministre des Services publics Rashid Beebeejaun dans un ton des plus conciliants, alors que des coupures drastiques sont au programme de la Central Water Authority pour faire face à la baisse du niveau des réservoirs et à la détérioration de la situation des nappes phréatiques. Il a révélé que le stock stratégique d’eau potable du pays accuse un déficit d’au moins 18 % par rapport à la moyenne de ces dernières années.
Un autre dossier, qui à première vue ne comporte aucun political mileage dans la conjoncture, est la sécurité des usagers d’autobus, principalement des élèves, dans de véritables « bwat sardines ». Le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques Anil Bachoo s’est voulu rassurant en déclarant que le nombre d’élèves autorisés dans un bus bondé a été révisé à la baisse récemment par la National Transport Authority. Il a annoncé qu’avec l’entrée en opération de 65 nouveaux bus pour le compte de la Corporation Nationale de transport au début de l’année prochaine, la situation devrait s’améliorer.
Par ailleurs, le match Sorefan/Bachoo sur les Speed Cameras de ProGuard Ltd a été de très courte durée, contrairement aux précédents épisodes sur ce dossier dans l’hémicycle. Mais Anil Bachoo concédera à une interpellation supplémentaire de Pravind Jugnauth que suite à la décision de revoir la gestion des contraventions de la Photographic Enforcement Unit et de la confier à la police au lieu de ProGuard Ltd, la valeur du contrat a été révisée à la baisse. Il n’a pas révélé le nouveau montant en demandant au leader du MSM de revenir avec une Substantive Question.
L’interpellation inscrite au nom du député de l’opposition Deven Nagalingum sur les problèmes d’approvisionnement du pays en eau potable a suscité un vif intérêt au sein de l’hémicycle vers la fin de cette tranche des travaux parlementaires. Un programme majeure de coupures d’eau a été annoncé par les autorités en vue de faire face à la situation.
Beebeejaun : D’entrée de jeu, je peux confirmer que le pays connaît ces jours-ci la pire des sécheresses depuis 1985. Au 21 octobre, le niveau des réservoirs est inférieur de 18 % à la moyenne de ces dernières années (voir tableau plus loin) alors que la situation a connu une nette détérioration au niveau des nappes phréatiques. Dans cette perspective, la CWA a préparé un plan d’urgence pour un rationnement dans la distribution d’eau à travers l’île et a eu recours à d’autres sources d’approvisionnement. Ce plan est articulé autour des axes suivants : mobilisation de sources additionnelles, le traitement de l’eau des rivières et des coupures. Dois-je rappeler que le problème d’eau se fait davantage sentir dans les régions basses des Plaines-Wilhems avec 80 % des besoins émanant des nappes phréatiques.
À ce stade de son intervention, Rashid Beebeejaun annonce qu’il compte déposer sur la table de l’Assemblée nationale un document avec des relevés du niveau des réservoirs et des nappes phréatiques aussi bien que les mesures d’urgence adoptées par la CWA comme suit :
– Port-Louis System : les heures de distribution d’eau ont été revues et réduites d’une heure dans la tranche horaire de 4 heures à 10 heures le matin et également d’une heure en fin de journée, soit entre 16 heures et 22 heures. Cette décision a été entérinée parce que la principale source d’alimentation en eau potable, Pierrefonds, a vu son débit réduit presque de moitié, de 34 000 mètres cubes d’eau par jour à 16 800 mètres cubes. Pour compenser cette baisse, deux boreholes ont été mis en opération à Beaux-Songes et à Petite-Rivière avec un apport complémentaire de 12 000 mètres cubes.
D’autre part, en vue de maintenir l’alimentation de la station de traitement de Pailles, les propriétés sucrières de Mon-Désert-Alma et de Médine ont été approchées pour fournir de l’eau destinée jusqu’ici aux besoins d’irrigation.
– Le système du Nord : avec le bas niveau de Midlands et de La Nicolière, un programme de coupures d’eau a déjà été mis en vigueur.
– Dans l’Est, quelque 4 000 mètres cubes d’eau sont puisés de la rivière Deep River au niveau de Pont-Lardier pour approvisionner les villages de Bel-Air, Trou-d’Eau-Douce et de Beau-Champ et 1 200 mètres cubes sont pompés de cette même rivière à Clavet pour alléger les problèmes d’eau à Deux-Frères, Quatre-Soeurs, Marie-Jeanne, Petit-Sable et Grand-Sable.
Programme de coupures
Les heures d’approvisionnement dans l’Est sont de 3 heures à 9 heures le matin et de 15 heures à 21 heures et les régions concernées sont Providence, Melrose, Montagne-Blanche, Mont-Ida, Médine, L’Unité, Lallmatie, Bon-Accueil et Brisée-Verdière.
– Sud : deux sources d’approvisionnement additionnelles ont été mises en action, soit la rivière La Forêt avec un apport de 4 000 mètres cubes d’au par jour vers la station de traitement de Mont-Blanc suite à la baisse du niveau d’eau à Rivière-des-Galets et quelque 1 000 mètres cubes d’eau d’irrigation en provenance de la propriété sucrière d’Union Ducray.
Les heures de distribution d’eau dans le Sud ont été revues suite à la baisse dans la production aux stations de traitement de Piton-du-Milieu, Mont-Blanc et de Rivière-du-Poste, soit maintenant de 3 heures à 9 heures et de 15 heures à 21 heures, sauf pour la région de Baie-du-Cap et de Choisy où la durée d’approvisionnement sera maintenue de quatre à huit heures par jour.
– Upper Mare-aux-Vacoas : le débit des réservoirs de Mare-aux-Vacoas et de Mare-Longue a été réduit de 120 000 mètres cubes à 85 000 et de 25 000 mètres cubes à 20 000 par jour respectivement. Les sources d’alimentation complémentaires sont la rivière Tamarin : 3 000 mètres cubes, la rivière Papayes : 1 000 mètres cubes, la rivière Terre-Rouge avec 2 600 mètres cubes, la rivière Bois-Noir : 1 200 mètres cubes et le borehole de Pont-Fer avec 2 500 mètres cubes.
Les heures d’approvisionnement à partir de ce système ont été réduites à 10 heures par jour contre 16 heures et 24 heures dans des conditions normales. Ce programme de coupures d’eau concerne les régions de Curepipe, Vacoas, Moka, Saint-Pierre et les régions avoisinantes.
– Lower Mare-aux-Vacoas : avec la réduction dans le niveau des nappes phréatiques, la distribution est réduite à cinq heures par jour dans les régions de Trèfles, Plaisance, Boundary et Camp-Levieux. Les heures dans les autres régions de ce système sont de 4 heures à 8 heures à Quatre-Bornes et Sodnac, de 16 heures à 20 heures à Beau-Bassin et Rose-Hill et de 3 heures à 21 heures dans la région de Flic-en-Flac. La CWA continuera à assurer un monitoring de la situation avec de possibles coupures à venir.
Beebeejaun : Je voudrai exprimer mon appréciation par rapport à la compréhension et à la collaboration des parlementaires dans ce contexte de difficultés au niveau de l’eau potable. Je fais également un appel à la population pour qu’elle se dote de citernes. À ce jour seuls 8 624 ménages ont pris avantage de ces facilités alors que le nombre de cas enregistrés est de quelque 80 000. Je dois également ajouter que très bientôt, la CWA compte promulguer des règlements pour interdire l’utilisation de tuyaux d’arrosage.
Répondant à une interpellation supplémentaire du député Nagalingum, Rashid Beebeejaun exprime de nouveau son appréciation pour la collaboration des députés et exprime le souhait que « other members will follow the example ». Nita Deerpalsing s’intéresse à la situation à Quatre-Bornes où le problème a empiré avec l’exécution des travaux de tout-à-l’égout.
Ganoo : Le Premier ministre adjoint a parlé des problèmes dans la région basse des Plaines-Wilhems. Mais la côte ouest connaît les pires difficultés pour s’approvisionner en eau. L’année dernière, des émeutes ont eu lieu dans le village du Morne et il y a des habitants qui font actuellement face à des procès en raison de ce problème d’eau potable. Le moment n’est-il pas venu pour envisager des mesures à long terme pour résoudre ce problème chronique d’eau. Une des propositions est de convertir le réservoir de La Ferme pour l’usage domestique au lieu d’assurer les besoins agricoles de la région. Je fais un appel en ce sens aux autorités.
Beebeejaun : Je prends note de la suggestion de l’honorable. Nous envisageons mieux avec un plan d’extension de La Ferme. Mais la principale difficulté reste la qualité de l’eau.
“It is going to be very difficult”
Bérenger : Puis-je soulever un point. Il est un fait que la situation de l’eau deviendra encore plus délicate dans les semaines à venir. Pour les opérations d’ouverture de valves pour assurer l’approvisionnement en eau potable, la CWA et le ministère ne peuvent se complaire dans une attitude d’attente. Ils attendent que des manifestations se produisent pour agir. C’est une véritable invitation à la manifestation par la population. Quand des habitants protestent ou encore descendent dans la rue, comme par enchantement, l’eau se remet à couler dans les robinets. Je le répète : it is going to be very difficult.
Beebeejaun : Je prends note… Néanmoins, je prends un récent cas où il fallait détecter des fuites d’eau sur le réseau et procéder à des réparations. Il a fallu 24 heures pour cela et la réouverture des valves. I again reiterate my appreciation. Je demanderai à la population d’être davantage à l’écoute de la population. La communication reste la clé dans la conjoncture.
Sorefan : Quel est le pourcentage de pertes ?
Beebeejaun : You must be careful. Et surtout quand vous parlez de non-revenue water. There is a lot of commercial losses.
À ce stade, le Premier ministre adjoint annonce que les fuites représentent 50 % et que des experts de Singapour ont déjà initié un premier exercice au niveau de Mare-aux-Vacoas, dont les résultats sont encourageants.
Bhagwan : Souvent, il y a trop de responsabilités sur les épaules d’un officier de la CWA. Nous avons affaire à un inspecteur qui est trop souvent débordé même s’il fait preuve de la meilleure volonté possible. La CWA doit envisager de partager ces responsabilités. Pour la fête de l’Assomption et tout récemment, nous avons eu de graves problèmes d’approvisionnement en eau potable. Il y a la fête de Divali qui se prépare. Quelles sont les mesures prises pour assurer une fourniture adéquate d’eau ? La CWA envisage-t-elle de faire l’acquisition de nouveaux tankers à cet effet ?
Beebeejaun : Nous prenons des mesures. La CWA dispose d’une flotte de tankers et peut également s’appuyer sur le privé. Pour la fête de Divali, toutes les mesures nécessaires seront prises et je peux donner l ’assurance à la population à cet effet.
Flashfloods suivis de pénirie d’eau
Soodhun : Qu’en est-il de l’interdiction de l’irrigation ? Dimanche dernier, j’étais à Mon-Choisy et des champs étaient irrigués alors que les agglomérations de Grand-Baie et Mon-Choisy étaient à sec ?
Beebeejaun : Depuis des semaines déjà, nous avons interrompu la fourniture d’eau pour les besoins d’irrigation…
Uteem : En février et mars de cette année, le pays a connu des flashfloods avec des inondations. Maintenant à la fin de l’année, nous n’avons plus d’eau pour approvisionner la population. Quel désaveu de la politique du gouvernement en matière de gestion de l’eau ?
Beebeejaun (sortant de ses gonds) : Il ne sait pas de quoi il parle…
Jhugroo : Il y a eu des allégations à l’effet qu’alors que des habitants de Beau-Bassin n’avaient pas d’eau chez eux, des camions-citernes remplissaient la piscine d’une personnalité de la région…
Beebeejaun (visiblement agacé) : Une question a été posée au Premier ministre à ce sujet et la réponse viendra…
La sécurité des élèves voyageant par autobus est remontée au centre des préoccupations parlementaires. L’interpellation inscrite au nom du député du MSM Mahen Jhugroo a été le tremplin à cet effet. Le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques a révélé que quelque 153 300 élèves profitent des facilités du système de transport gratuit pour se rendre à l’école. Le nombre de voyages entrepris est de 433 le matin et 587 l’après-midi. « Pour les besoins du transport scolaire, les sièges de trois places peuvent accommoder quatre élèves et ceux de deux trois, ce qui fait qu’un autobus normal peut transporter entre 85 et 90 élèves par voyage. Mais depuis le mois de mai dernier, la National Transport Authority (NTA) a révisé ce chiffre à la baisse pour le porter à 75 par mesure de sécurité. Des bus supplémentaires s’imposent dans la circonstance », a fait comprendre Anil Bachoo.
Le VPM a annoncé que la NTA procède à un islandwide survey en vue d’allouer de nouveaux permis d’opération pour l’année prochaine afin de satisfaire la demande.
Jhugroo : Le vice-Premier ministre peut-il révéler le nombre de vans scolaires enregistrés auprès de la NTA ?
Aimée : Mo ti pou reponn twa I need notice…
Bachoo : I’ll ask the Honourable member to come with a substantive question…
Obeegadoo : le vice-Premier ministre a informé la Chambre que la capacité de transport d’élèves des bus a été réduite à 75. Quelles sont les mesures prises pour assurer la sécurité de ces élèves voyageant des bus bondés ?
Bachoo : We have got a problem… Mais avec la mise en service de nouveaux autobus, nous allons pouvoir faire face à la situation…
Uteem : Le vice-Premier ministre a affirmé qu’il est parfaitement légal pour les autobus de transporter des élèves en surnombre. Ne trouve-t-il pas choquante la décision de poursuivre le receveur de bus de la CNT impliqué dans l’accident de Sorèze pour des passagers en surnombre ?
Bachoo : Je n’ai jamais dit que c’était légal. J’ai fait état d’un règlement au sujet des 75 élèves par bus, chiffre qui a été ramené de 85. We are trying to do our best to bring it down…
Sorefan : Quelle police d’assurance est souscrite par les opérateurs ? Quelle est la responsabilité de la NTA ?
Bachoo : La NTA ne s’occupe pas des polices d’assurance des autobus. Avant cette police couvrait jusqu’à un maximum de 85 et maintenant 75.
Avec la révision des tarifs du ticket de bus, le gouvernement doit prévoir une somme supplémentaure de Rs 10 millions supplémentaires au titre du transport gratis et Rs 3 millions de plus au budget pour le transport des fonctionnaires. Les recettes des opérateurs de bus ont augmenté de 7% avec cette majoration du ticket d’autobus.
Les autres interpellations sur la sécurité des usagers du transport en commun étaient axées sur le retrait de la circulation de bus vieux de plus de 16 ans ou encore des inspections effectuées par des officiers de la NTA pour vérifier le respect des règlements en vigueur.
Intérêt pour les Speed Cameras
Le dossier des Speed Cameras, avec des recettes de l’ordre de Rs 80 millions encaissées sous forme de contraventions avec le seul flashage des radars, a été rapidement traité lors du Question Time. D’abord, le député Sorefan a déclaré ses intérêts dans cette affaire en avouant qu’il fait l’objet de procès en réclamations logé par une des parties concernées dans cette affaire. Le député voulait obtenir accès au dossier d’appel d’offres pour l’installation des radars de même que l’accord entre ProGuard Ltd et Truvela Manufacturers (Pty) Ltd de même que les bilans financiers de ces sociétés.
Le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques s’est évertué à expliquer que l’exercice d’appel d’offres s’est déroulé de manière « transparent and accountable ». Il a ajouté que les provisions de la Public Procurement Act font état spécifiquement du Non-Disclosure des documents d’appel d’offres. Il a confirmé que le contrat avait été initialement alloué à ProGuard Ltd pour un montant de Rs 149 705 314 excluant la Taxe à la Valeur Ajoutée (TVA).
En réponse à une interpellation supplémentaire de Pravind Jugnauth, Anil Bachoo a confirmé que le montant a été révisé à la baisse suite à un exercice de Due Diligence après le retrait de la gestion des Speed Cameras de ProGuard Ltd en faveur de la police. Pour le nouveau montant de ce contrat, il faudra revenir avec une nouvelle PQ…

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