La publication de la Commission d’enquête, présidée par l’ancien chef juge, Asraf Caunhye, sur l’ex-présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, a été un des points forts évoqués par la Plateforme de l’Espoir. Sans exonérer l’ex-présidente de tout blâme, Xavier-Luc Duval, Paul Bérenger et Nando Bodha ont estimé qu’Ameenah Gurib-Fakim n’était qu’un pion dans le cadre d’une ramification plus large. Ils estiment que l’affaire Sobrinho, les implications du gouvernement ainsi que de Pravind Jugnauth et d’Ivan Collendavelloo en vue de faciliter l’octroi d’une licence à la banque d’investissements de Sobrinho ont été escamotées. Le leader de l’opposition a, d’autre part, réclamé une baisse des prix pétroliers et a considéré que le comportement de la police dans le cadre de l’enquête sur Akil Bissessur aurait entraîné une perte de confiance de la population en elle.
Xavier-Luc Duval a souligné que l’affaire Sobrinho a été le plus grand scandale politico-financier de ces dernières décennies, affectant l’Angola, le Portugal et Maurice. Elle concerne des milliards de roupies. « Nous apprenions alors que ce milliardaire infiltre le pays jusqu’au sommet de l’État. J’ai personnellement posé trois Private Notice Questions sur cette affaire », a-t-il dit. Il ajoute qu’Alvaro Sobrinho malgré ses antécédents avait eu l’audace de demander une Banking Licence à Maurice avant de chercher à s’engager dans l’immobilier.
Le gouverneur de la Banque centrale à l’époque, Basant Roi, avait rejeté sa demande en affirmant qu’il maintiendra sa décision aussi longtemps qu’il sera en poste. Avec pour conséquence que le gouvernement a amendé la loi afin de permettre à la Financial Services Commission (FSC) d’accorder des Investment Banking Licences à la place de la Banque Centrale à la suite de l’intervention du Premier ministre et du ministre des Finances.
Lorsque la demande d’Alvaro Sobrinho était à l’agenda de la FSC, quatre membres, siégeant au Board, incluant le Solicitor General, avaient soumis leur démission du conseil d’administration de la FSC. Un samedi matin, le gouvernement nomme quatre nouveaux membres à la FSC, qui siège le même jour afin d’accorder une Investment Banking Licence à Sobrinho. L’affaire continue à défrayer la chronique et d’autres PNQ sont posées à l’Assemblée nationale, notamment quant aux actions prises par la présidente d’alors Ameenah Gurib-Fakim pour faciliter l’accès aux VIPs et des tractations avec des personnalités importantes dans les institutions.
« Pena dout ki Ameenah Gurib-Fakim inn bien fane dan sa zafer-la », a dit Xavier-Luc Duval. « Toutefois, elle n’était qu’un petit pion dans tout le système. Ce n’est pas elle qui introduit des amendements dans le cadre du Finance Bill, pas elle qui nomme les membres de la FSC. Ce n’est pas elle qui exerce une pression sur l’EDB où un membre a dû soumettre sa démission. Tout cela est hors du champ d’action de l’ancienne présidente de la République », s’appesantit-il.
Il a rappelé qu’à l’époque l’opposition avait réclamé deux choses, notamment une commission d’enquête sur la présidente de la République de l’époque et une seconde sur toute l’affaire Sobrinho « parce que de gros poissons et les autres coupables n’ont pas été touchés ».
C’est la méthode du gouvernement qui consiste à soutirer des proches et faire usage de l’appareil répressif du gouvernement dès qu’on le contredit. Il maintient que l’affaire Sobrino reste d’actualité d’autant plus que ce ressortissant étranger est actuellement poursuivi au Portugal pour avoir détourné 750 millions d’euros, soit Rs 34 milliards. « C’est l’argent qu’il avait utilisé pour créer sa banque d’investissement et pour acheter 131 villas dans un développement foncier connu comme Royal Park, qui a fait faillite par la suite », a fait ressortir Xavier-Luc Duval.
Pour Paul Bérenger, il n’était pas nécessaire d’avoir une commission d’enquête pour savoir qu’Ameenah Gurib-Fakim a été « une catastrophe » comme présidente de la république. « Cependant, ce qu’on tente d’escamoter c’est toute l’affaire Sobrinho ainsi que le rôle de Pravind Jugnauth et d’Ivan Collendavelloo entre autres dans cette affaire. En temps et lieu, la lumière sera faite sur tous les scandales que le gouvernement a essayé d’étouffer, à commencer par Medpoint, Angus Road, le meurtre de Kistnen, ainsi que la lettre anonyme qui est à l’origine de la commission d’enquête »,a-t-il fait ressortir.
Le prix de l’essence a été un autre point abordé lors de la conférence de presse. Xavier-Luc Duval a rappelé que le cours mondial du pétrole a baissé de 30%, passant de 120 dollars à 91 dollars. Il a par conséquent réclamé une baisse importante du prix de l’essence.
Paul Bérenger a abondé dans le même sens et a demandé de soutenir la marche qu’organise l’ACIM le 24. Il a lancé une mise en garde contre la hausse des tarifs d’électricité dans les jours à venir par le CEB en se cachant derrière l’URA.
S’agissant de l’affaire Akil Bissessur, Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger ont fait comprendre que ce dernier et ses amis sont assez grands pour se défendre mais considèrent que le comportement de la police, qui aurait violé le secret de l’enquête et publié les images intimes impliquant son amie, a détruit toute confiance en la force policière.
Parmi les autres points soulevés figurent les nominations dans les compagnies du gouvernement. Nando Bodha a dénoncé la valse des membres d’un cercle privé proche de Lakwizinn dans les postes à responsabilité.
Paul Bérenger a souligné que Maurice n’est pas le seul pays de la région invité par le Premier ministre indien Modi à la réunion de G20 en Inde l’année prochaine.
Finalement, Nando Bodha a annoncé l’organisation d’un congrès-meeting de l’Espoir à Goodlands le 14 octobre.