Rassemblement des petits planteurs : Jeeha réclame la dissolution du Syndicat des Sucres

  • Ramgoolam souhaite une « reengineering » de l’industrie sucrière
  • Bérenger se dit solidaire des revendications des petits planteurs

Le rassemblement des petits planteurs de cannes,à l’auditorium Octave Wiehe, Réduit, hier, a été marqué par une virulente sortie contre le Syndicat des Sucres par les représentants des opérateurs, et en particulier par Pradeep Jeeha, porte-parole de Ti-Planter cannes. Il a réclamé l’élimination de la Mauritius Sugar Syndicate Act, souhaitant que les revenus sucriers soient gérés par un fonds spécial créé par le gouvernement. Les leaders du Labour et du MMM, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, se sont adressés à l’assistance pour exprimer leur solidarité avec les petits planteurs. L’absence de Pravind Jugnauth ou d’un représentant du MSM a été critiquée par les petits planteurs alors que le PMSD était représenté par Malini Sewocksingh.

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Pradeep Jeeha s’est livré à une analyse approfondie de la situation dans l’industrie sucrière et, chiffres à l’appui, a démontré que les petits planteurs sont les grands perdants de cette industrie alors que les usiniers et les gros planteurs en sont les plus gros bénéficiaires. Il a réclamé une meilleure répartition des revenus sucriers. À la fin de son intervention il a émis une série de propositions, à savoir le paiement de Rs 2500 par tonne de canne et l’assurance que les planteurs reçoivent leur paiement quinze jours après la livraison de la canne à l’usine. À ce propos il propose la création d’un fonds spécial par le gouvernement afin que les recettes sucrières ne soient plus contrôlées par le Syndicat des Sucres, estimant que cette dernière institution devrait se contenter d’agir comme un agent de promotion de la vente du sucre à l’étranger. Selon sa proposition, le fonds gouvernemental devrait également contrôler les revenus des sous-produits de la canne dont le rhum, l’éthanol, la bagasse et l’électricité entre autres. Pradeep Jeeha réclame également la révision complète de la Sugar Industry Efficiency Act et plus important encore, dit-il, que l’importation du sucre soit interdite afin que les petits planteurs puissent écouler quelque 30 000 tonnes de sucre sur le marché local au taux de Rs 38 000 à Rs 45 000 la tonne. Par ailleurs, il a demandé au gouvernement d’introduire une minimum land area reservation aussi bien pour les planteurs que pour les barons sucriers et ce, en vue d’assurer la production cannière et de prendre en compte les besoins de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de la protection de l’environnement.

Lors de son intervention, Il a également réclamé l’ouverture d’une enquête criminelle sur le Syndicat des Sucres.  Si rien n’est fait, a-t-il observé, il faudrait envisager la création d’une usine moderne dont les petits planteurs seront les principaux actionnaires avec la SIC et le CEB entre autres. L’usine produirait le sucre, l’électricité, le rhum, dit-il, avant d’ajouter que l’éthanol permettra d’assurer la pérennité de la communauté des petits planteurs. En dernier lieu, il a souhaité la création d’un Mauritius Small Cane Planters Syndicate, qui s’occuperait du sucre des petits planteurs.

Pour sa part, Navin Ramgoolam, a  observé que la superficie de terre sous cannes appartenant aux petits planteurs est désormais passée de 21 000 hectares en 2006 à 12 000 hectares. Il attribue cette baisse à plusieurs raisons notamment l’absence de profits, le vieillissement des planteurs – leurs enfants devenus des professionnels et n’étant plus intéressés par l’agriculture –, le déficit en main-d’œuvre et la baisse de productivité. Il évoquera d’autres problèmes affectant les planteurs dont l’imposition de la TVA de 15% sur les herbicides. Après avoir rappelé le travail abattu par les anciens ministres de l’Agriculture comme Madan Dulloo,  Arvin Boolell et Satish Faugoo, il a rejeté totalement les recommandations faites par le comité technique sur l’industrie sucrière. Pour lui, il est nécessaire de procéder à un « reengineering » de l’industrie sucrière afin d’assurer que les revenus soient mieux répartis.

D’autre part, le leader du Ptr a souligné l’importance de la canne dans la production énergétique. Il est nécessaire selon lui de rationaliser l’utilisation des différentes variétés de canne. À ce propos, il a affirmé que dans les régions où la terre est moins fertile il faudrait envisager la plantation d’une variété de canne plus riche en fibre qui permettrait aux planteurs d’obtenir de meilleurs revenus dans la production d’électricité à partir de la bagasse. Il a mis l’accent sur la production de la canne organique avant de faire ressortir que les petits planteurs bénéficient de 35% de l’actionnariat dans tous les aspects de l’industrie sucrière.

Paul Bérenger a souligné que sa présence au rassemblement visait à témoigner de sa solidarité avec les revendications des petits planteurs. Il a estimé que les planteurs « doivent recevoir ce qu’ils méritent ». Pour le leader du MMM, l’industrie sucrière concerne également toute l’île Maurice. Il s’est élevé contre la décision de confier à la Banque mondiale (BM) une étude sur le secteur sucrier. « Nous avons les cerveaux et les expériences nécessaires à Maurice », a-t-il dit, estimant que la BM aurait agi comme un consultant simplement.

Le leader du MMM a souligné le rôle vital de la canne à sucre, non seulement pour la protection de l’environnement à un moment où l’on parle de réchauffement climatique, mais également pour la production d’électricité dans le pays. Il a observé que selon ses renseignements, Alteo aurait décidé de geler les investissements de plusieurs milliards de roupies dans la création d’une centrale d’une puissance de 52 MW. Ce qui l’amène à exprimer ses craintes concernant le risque d’un “black-out”. Il a renouvelé l’intention d’un éventuel gouvernement MMM de générer un ministère de l’Environnement et de l’Agriculture qui se pencherait sur tout le dossier du secteur sucrier.

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