Recherche : Maurice à la traîne dans la région et à l’international

– Rs 39 millions déboursées pour des projets de recherche

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Quoi qu’elle commence à attirer l’intérêt des institutions tertiaires depuis quelque temps, la recherche demeure un secteur timide à Maurice. D’ailleurs, le pays est à la traîne dans la région et à l’international alors qu’on s’apprête à devenir un centre de connaissances. « La recherche n’est pas le point fort de nos institutions. Nous sommes en retard dans la région et au niveau international. Nous avons encore un long chemin à parcourir. » Tel est le message de la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun, lu par le directeur du pôle Tertiary Education and Scientific Research mardi matin lors de l’ouverture de la National Research Week organisée pour la première fois à Maurice par la Tertiary Education Commission (TEC).

Devant une salle de chercheurs issus de différentes institutions tertiaires à Maurice, le message de la ministre de l’Éducation fait ressortir que l’adoption d’une culture de recherche « ne se fera pas de sitôt » et ajoute que cette culture distingue les meilleures universités au monde. Selon la ministre, les universités « ne doivent pas être uniquement des institutions d’enseignement mais doivent aussi créer de la connaissance ». Elle reprend : « Il est impensable d’avoir des universités sans des activités de recherche. L’établissement d’une forte infrastructure pour la recherche est essentiel pour chaque université. » De plus, elle estime que la recherche est prépondérante pour le classement mondial d’une université. « Si nous voulons accroître notre visibilité en tant que destination pour l’enseignement supérieur, nous devons faire de la recherche une partie intégrante de nos activités », lit Kiran Bhujun. En raison de ce retard au niveau de la recherche, elle demande aux institutions tertiaires de se livrer à une introspection. « En ce moment, il n’y a qu’une petite partie du personnel académique qui est activement engagée dans la recherche. Ceci explique en partie pourquoi on est en retard. » Selon Leela Devi Dookun, la recherche et le développement « sont cruciaux » pour les pays souhaitant assurer leur développement socio-économique. Dans son message, elle cite les différents secteurs nécessitant la recherche, tels les énergies renouvelables et la gestion de l’eau. De plus, si Maurice s’arme pour devenir un centre de connaissances, dit-elle, « la recherche académique est importante ».
Pour booster la recherche, une somme de Rs 10 millions y est consacrée. La TEC a pour responsabilité la gestion et la distribution de ce montant pour divers travaux de recherche. En 2013, la TEC avait lancé 13 différents plans pour financer les projets de recherche. La ministre note qu’il y a « peu d’engouement » pour la recherche dans le domaine de l’Early Career.
Un système de répertoire sera mis en place prochainement par le ministère de l’Éducation pour qu’il n’y ait pas de doublons en matière de recherche par les institutions tertiaires à Maurice. À travers cette plateforme, si trois institutions font une recherche sur le diabète, elles pourront le faire ensemble, suivant l’ordre du ministère de l’Éducation. Cette collaboration, précise la ministre, pourra développer les capacités des chercheurs dans l’élaboration de leurs recherches. Cette plateforme permettra aussi aux chercheurs de publier leurs travaux pour que les autres puissent les obtenir gratuitement.
Le directeur exécutif de la TEC, Sid Nair, lui, estime, lui, que la recherche scientifique est « essentielle » pour que l’enseignement supérieur mauricien puisse s’internationaliser. « Nous devons créer une culture d’innovation et de collaboration entre les universités pour la recherche », dit-il. Répondant à une question sur les secteurs ayant besoin de plus de recherche, Sid Nair estime qu’il « faut se concentrer sur les domaines non-scientifiques », dont les sciences sociales et humaines.

Parlant de l’avènement de la Higher Education Commission (HEC), il dira que « nous ne nous concentrerons plus sur l’assurance de la qualité mais sur l’accréditation des cours offerts par les universités publiques et privées ». Et d’ajouter qu’en ce moment, les programmes des universités publiques ne sont pas accrédités. La HEC se chargera aussi du financement, de l’agenda des recherches alors que la Quality Assurance Authority (QAA) se focalisera sur les standards dans les universités.

Parlant des 13 plans de recherche lancés l’an dernier, Sid Nair soutient que la demande a été « au-dessus » des attentes. Les projets de recherche soumis à la TEC ont dépassé Rs 105 millions. Après une révision des projets, 38 propositions ont été acceptées pour un montant total de Rs 39 millions. « Cela démontre qu’il y a un engouement pour la recherche », dit-il, et ajoute que, d’ici cinq ans, « Maurice sera une véritable puissance dans la région ». À ce sujet, il encourage les institutions tertiaires à se consacrer davantage sur la recherche. La recherche, selon Surendra Bissoondoyal, président de la TEC, ne nécessite pas de sommes onéreuses. « De nombreuses recherches ont été effectuées sans équipements coûteux », dit-il.

Pour ces quatre jours consacrés à la présentation des travaux des chercheurs, la TEC a reçu 202 propositions de recherche. De ce total, 105 ont été retenues couvrant quatre domaines choisis, à savoir l’éducation, les sciences sociales et humaines, la science, la technologie et l’ingénierie, ainsi que le droit et la gestion en entreprise. Quelque 820 participants seront présents toute cette semaine consacrée à la recherche.

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