ALEXANDRE LARIDON
Membre du PTr
Les opinions tranchent… Les questions fusent de toutes parts… La base est confuse… Une partie de l’électorat est perdue ! Habituellement, le calme prend le dessus très rapidement après des législatives à Maurice; cependant, au vu de la perplexité de certains face à l’ampleur d’une défaite, le climat social n’a pas retrouvé sa sérénité depuis, tant surgissent des doutes sur le déroulement des élections, tant des interrogations subsistent quant au sérieux et la responsabilité de l’Electoral Supervisory Commission.
Mais ce qui alimente davantage une certaine remise en question de toute cette situation, c’est le fait que c’est la seconde défaite électorale consécutive du Parti Travailliste depuis sa création en 1936 et de son leader, battu par des néophytes. Une première dans l’histoire du plus vieux parti politique à Maurice qui se retrouve encore une fois, et ce pour les cinq prochaines années, dans une traversée du désert qui sera certes longue mais encore plus pénible et périlleuse.
D’ores et déjà, les langues se délient – que ce soit en interne ou venant même des profanes de la politique partisane – quant à l’avenir du Parti travailliste après sa deuxième défaite consécutive, à sa réorganisation, à ses préceptes ainsi qu’à son leadership. Mais avant d’en tirer des conclusions hâtives, comme à l’accoutumée de part et d’autre, une autocritique clinique est nécessaire afin de comprendre les erreurs, les faux pas, les mauvaises décisions prises, surtout à quelques semaines du début de la campagne officielle. Une analyse dépassionnée et en profondeur des forces et faiblesses des rouges est de mise.
Une des principales erreurs qui sautent aux yeux du citoyen lambda a été certainement de sous-estimer (encore une fois) la capacité du parti soleil à parvenir à ses fins par presque tous les moyens. Une autre erreur, évidente et non des moindres, a été celle du casting des candidats qui a été en totale contradiction avec la volonté de rupture tant exprimée ces quatre dernières années – et qui ont été des maillons faibles de la campagne, avec par-dessus tout, la lenteur dans les prises de décision et de leur implémentation sur le terrain. En d’autres mots, le Parti Travailliste n’a pas su tirer les leçons de sa défaite en 2014 pour s’en inspirer vraiment en vue de la campagne électorale de cette année puisque celui-ci a failli à se présenter comme alternative face à un gouvernement sortant déjà à terre, terni par des scandales – les uns plus infects que les autres.
Disons donc les choses comme il le faut. Aujourd’hui, face à l’inquiétude de l’inertie et du déclin constant du Parti politique octogénaire qui a vu le jour à l’initiative du Dr Maurice Curé, de Jean Prosper, Mamode Hassenjee, Barthelemy Oshan, Samuel Barbe, Emmanuel Anquetil, Guy Rozemont, Godefroy Moutia ou encore le Pandit Sahadeo – avec une idéologie socialiste de défendre les intérêts de la classe ouvrière et des plus pauvres –, il est plus que temps pour le parti de se réinventer pour de vrai cette fois-ci; et ceci est notre dernière chance.
La torpeur de cette « vieille garde »
Pour ce faire, il faut déjà se débarrasser des « suiveurs », des « rétrogrades » et des « carriéristes » de la politique pour qui la décence n’a aucune valeur, aucune signification; ils se fichent de la morale, ayant les yeux rivés sur leurs intérêts propres. En d’autres mots, des béni-oui-oui qui font partie de cette cour à la louange du leader du matin au soir. Une vieille garde qui le maintient malheureusement dans sa zone de confort mais qui, une fois de plus, lui a fait un tort considérable. La preuve, avec les dernières législatives. Mais dites-moi, qui aura le courage vraiment de secouer la torpeur de cette « vieille garde » ? Qui aura l’audace de venir convaincre à qui veut l’entendre que le leadership vertical fondé sur la toute-puissance d’un chef est un modèle périmé et qu’une épuration est plus que nécessaire? Qui aura le culot de venir dire que malheureusement le Parti travailliste pêche par immobilisme avec le reste ancré dans de vieilles idées et manipulées par des indésirables qui ont perdu toute crédibilité… qu’il faut s’inspirer des autres démocraties pour être en phase avec la société moderne actuelle? On a récemment beaucoup parlé de pragmatisme, sauf que le pragmatisme n’est pas une idéologie mais plutôt une absence d’idéologie. Mais aujourd’hui, après huit décennies, où en est le PTR ? Est-il toujours le parti socialiste rêvé par les Curé, Anquetil, Jeetoo et autres ?
Il est encore temps de redonner au Parti Travailliste son âme, tout en restant fidèle à ses valeurs, toujours aux côtés des travailleurs, des plus démunis, du peuple, et en prônant une philosophie de progrès, de développement, de justice sociale et d’unité nationale.
À ceux et celles, qui sont toujours dans le doute ou qui en sèment par méchanceté ou par inadvertance, n’oubliez pas ceci… Les faits demeurent que le MSM n’a pas gagné, mais que c’est le Parti travailliste qui a perdu. Je dis ça, je ne dis rien… À bon entendeur, salut !