RÉFORME ÉLECTORALE : Mo pa pou kile, a déclaré Ramgoolam

Navin Ramgoolam, qui rencontrait la presse peu après l’annonce de la prorogation du Parlement pour une durée indéterminée par le Président de la République, Kailash Purryag, a affirmé qu’il ne reculera pas dans la voie menant à la réforme électorale et constitutionnelle. « Mo pas pou kile lor la reform elektoral », a-t-il lancé, poursuivant : « Rien ne pourra me détourner de ma détermination de réussir la grande réforme historique que je cherche à présenter avec le soutien de la population. » Selon lui, la prorogation du Parlement lui permettra de consacrer « plus de temps » à la préparation d’un texte de loi sur la réforme électorale, qui est sa « priorité », ajoutant que ce texte sera débattu au Parlement et qu’il fera éventuellement l’objet d’un vote libre de la part des parlementaires. Dans le cas où la majorité requise ne serait pas obtenue, le Premier ministre dit que d’autres alternatives sont à l’étude afin de contourner la nécessité pour un candidat aux élections de décliner son appartenance communautaire. Le Premier ministre a également dit son intention de s’entretenir avec le leader de l’opposition, Paul Bérenger, et que ce dernier aura la possibilité d’apporter sa contribution dans la préparation du texte de loi. Aucune date n’a cependant été mentionnée concernant la reprise des travaux parlementaires, mais ce sera, selon toute probabilité, après le 10 juin, date à laquelle l’affaire logée par Resistans ek Alternativ en Cour suprême sera entendue.
Lors d’une conférence de presse convoquée hier soir à la dernière minute, presque une demi-heure avant sa tenue à son bureau, Navin Ramgoolam a insisté sur le fait que sa priorité reste la présentation d’un projet de loi sur la réforme électorale au Parlement. C’est la raison pour laquelle il a demandé au Président de la République de proroger le Parlement. Il a fait comprendre que ce texte de loi sera présenté à la rentrée parlementaire, une fois qu’il serait « satisfait » et certain d’être soutenu par une majorité parlementaire. Le projet de réforme sera le point central du discours-programme, qui sera lu par le Président de la République à la rentrée parlementaire. Navin Ramgoolam est aussi revenu hier sur les raisons pour lesquelles il avait publié un “consultation paper”. Il avait alors demandé l’ajournement des travaux parlementaires afin de permettre un débat public sur les options proposées dans le document et de lui permettre de rencontrer les leaders politiques, à commencer par celui de l’opposition, sur la question. Il a affirmé avoir également demandé à ses ministres de faire leurs propositions et de le rencontrer s’il le fallait. Il rappelle avoir insisté sur le fait qu’il comptait se concentrer sur les propositions où il n’y avait pas encore de consensus. Selon lui, « il est évident qu’on ne pourra jamais obtenir un consensus total » et que toute réforme électorale « doit respecter la diversité de la population, l’unité de la nation, et la stabilité du gouvernement, qui est une priorité ». En sus de respecter « une meilleure représentation des femmes au Parlement et une meilleure équité entre les votes et les députés élus » au Parlement.
Navin Ramgoolam s’est dit « surpris » par les commentaires de « certaines personnes » à l’effet que celles-ci ne voyaient pas arriver la réforme électorale. « Quand même ! Une réforme électorale est un projet d’envergure et ne se fait pas en deux jours », a-t-il lancé. « De plus, tout projet de loi nécessitant un amendement constitutionnel présenté au Parlement doit obligatoirement être adopté par une majorité de trois quarts ». Et de poursuivre : « Or, au Parlement aujourd’hui, il est clair que les deux grands partis, le Ptr et le MMM, doivent obligatoirement tomber d’accord pour obtenir cette majorité. Sans cela, on ne peut réussir la réforme électorale. »
Navin Ramgoolam a rappelé que le leader de l’opposition et lui ont toujours estimé que la réforme électorale ne concernait pas seulement deux leaders politiques, « malgré le fait que nous sommes les leaders des deux plus grands partis à Maurice ». Et de répéter : « C’est un projet d’envergure qui concerne l’avenir du pays. Si le projet est adopté, il va nous falloir vivre avec la réforme électorale et la réforme constitutionnelle pendant des décennies. C’est pourquoi j’ai dit que cela concerne toute la nation et ai invité la population à participer à cet exercice. »
Le Premier ministre a indiqué qu’à la date limite pour la soumission des propositions, le 5 mai dernier, son bureau en avait reçu pas moins de 171, précisant que certaines étaient arrivées « après la date limite » mais qu’elles ont toutefois été acceptées. À ce propos, il a tenu à remercier la population et « tous ceux qui ont participé à cet exercice, qui ont pris la peine d’analyser le “consultation paper” et de faire des propositions ».
Navin Ramgoolam a indiqué que les points saillants des propositions seront publiés, comme il l’a promis, afin que la population prenne connaissance du point de vue de ceux ayant  apporté leur contribution. Il a toutefois tenu à préciser que « l’on ne peut satisfaire toutes les propositions ». La réforme devra néanmoins « satisfaire le maximum de personnes » à Maurice et Rodrigues.
Concernant l’affaire présentée par Resistans ek Alternativ devant la Cour suprême, Navin Ramgoolam a souligné avoir demandé à l’Attorney General de représenter le gouvernement en Cour afin de démontrer que le gouvernement à la ferme intention de venir avec un texte de loi. « C’est ce que l’Attorney General a dit en Cour », a-t-il observé. « Je n’aurais pas envoyé l’Attorney General devant la Cour si je n’avais pas l’intention de présenter un texte de loi », a ajouté le Premier ministre.
À ceux ayant réclamé la présentation d’un “draft bill”, il a expliqué qu’il ne pouvait le faire avant le délai fixé pour la soumission des propositions, car il fallait les prendre en compte. Le Premier ministre a affirmé qu’il continuera ses consultations. « Je ne compte pas reculer. Rien ne pourra me détourner de ma détermination de réussir la grande réforme historique que je cherche à présenter avec le soutien de la population et qui permettra à Maurice de franchir une deuxième étape après son indépendance. Je crois que nous sommes arrivés à un niveau de maturité qui nous permettra de devenir une nation moderne, de garder notre unité et d’approfondir notre démocratie. Nous devons être capables de dire que nous sommes des Mauriciens », a dit le Premier ministre.
Navin Ramgoolam a exprimé son intention de présenter le texte de loi et de donner l’occasion aux parlementaires de participer aux débats. « J’ai toujours dit qu’il nous faut un mandat du peuple. Mais, en même temps, il faut tenir compte du fait que nous ne voulons pas faire la différence entre les groupes ethniques (…) Le projet de réforme électorale est bien sur les rails et il est important que nous réussissions », a-t-il conclu.
Répondant aux questions de la presse, le Premier ministre a expliqué que la Cour ne peut imposer un amendement constitutionnel, que c’est au Parlement de le faire. Il précise qu’une unité spéciale a été instituée à son bureau pour étudier les propositions soumises et en faire des résumés. « Nous aurons un avocat du SLO. L’Attorney General, le Sollicitor General et son assistant travailleront sur le projet de loi. Alors l’avis des experts sera sollicité », a-t-il dit.
Interrogé sur la position du PMSD, le Premier ministre a estimé que ce parti a parfaitement le droit de faire les propositions qu’il veut. Il affirme par ailleurs ne pas avoir fixé de “time frame” car ce projet est « beaucoup plus compliqué qu’on ne le pensait ». Selon lui, « dès qu’on touche à la Constitution, il faut bien faire attention, car nous ne voulons pas qu’il y ait d’unintended consequences ». Invité à dire s’il a informé le leader de l’opposition de sa décision, il a affirmé qu’il le contactera bientôt.
Par ailleurs, Navin Ramgoolam a aussi expliqué que, dans l’éventualité où le projet de loi n’obtenait pas la majorité voulue, un moyen alternatif est à l’étude pour « contourner le problème de l’ethnicité ». À d’autres questions, il a observé que les travaux parlementaires reprendront « dans les plus brefs délais », exprimant ensuite le sentiment que ce sera « après le 10 juin ».
S’agissant de savoir s’il y aura un vote avant la dissolution, le Premier ministre a fait comprendre qu’il « faudra voir comment les débats se déroulent ». Il a également indiqué qu’il n’imposera pas la discipline du parti et que les parlementaires pourront s’exprimer librement. « On aura ainsi l’occasion de voir qui sont les modernes et qui sont les dinosaures », a-t-il lancé.
Le Premier ministre a enfin dit observer que le leader de l’opposition s’est dit « prêt à collaborer » et a fait comprendre qu’il pourrait envoyer un légiste. « Je pense que ce sera Alan Ganoo et il sera le bienvenu », a-t-il dit. Quand aux points de divergences entre Paul Bérenger et lui, il lance simplement :  « Nous avons des désaccords, mais je pense qu’il nous faut arriver à un accord. »

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