Religion et poliqique : Où se situe la ligne de démarcation ?

Utiliser les événements religieux pour faire leur campagne avant les législatives est presque une tradition pour les politiciens à Maurice. En quoi politiciens et religieux peuvent-ils entretenir une relation saine ? Où devrait se situer la ligne de démarcation ? Président du Conseil des Religions, le père Philippe Goupille rappelle que « l’objectif de la politique est de rechercher le bien commun de tous les habitants d’un pays ».

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Il souligne l’importance de « bien distinguer la politique, comme service global de la société, de la politique partisane ». Selon lui, « il n’est pas sain dans une société multireligieuse que des leaders religieux s’alignent sur tel ou tel parti politique ». Ce qui n’empêche pas, précise-t-il, un partenariat, « car religion et politique peuvent grandement collaborer pour le service de l’homme et de la nation tout entière ».

De son côté, Saffiyah Edoo, citoyenne engagée, considère a priori « qu’aussi longtemps que chacun travaille ensemble pour l’avancement des citoyens, il n’y a rien de mal ». Il importe toutefois qu’il y ait des lignes de démarcation, ce qui, selon ses observations, n’existe même plus. Ce qui est mal, dit-elle, « c’est d’utiliser les plateformes religieuses pour passer des messages politiques ». Elle constate une pratique du “barter system” à l’œuvre et rappelle que le politicien est mandaté pour tous les citoyens et non pour un groupe. Ex-conseiller au Northampton Borough Council (Angleterre), Sivaramen Subbarayan ne voit « aucun problème qu’un politicien prenne la parole lors d’une fête religieuse ».

Mais, selon lui, c’est la manière de faire qui doit être différente. Si les politiciens prennent la parole lors des cérémonies religieuses, selon lui, « il faut qu’ils prennent des questions aussi ». Dans cette relation entre religion et politique, il est d’avis que ce sont les groupes religieux qui sont perdants. « Je ne pense pas que certains groupes soient privilégiés. Je pense qu’il y a des intérêts personnels », fait-il valoir.


Père Philippe Goupille (président du Conseil des Religions) : « Distinguer la politique comme service global de la société, de la politique partisane »

Les politiciens qui s’affichent avec des groupes religieux quelque temps avant les élections, cela vous inspire quoi ?
Le blocage politico-religieux est une des pires menaces à la paix et à l’harmonie sociale. Il suffit de regarder le Liban, l’Irlande du Nord, le Rwanda et bien d’autres pays encore. Je me rappelle qu’en 1976, beaucoup de catholiques avaient fait pression sur l’évêque pour former un parti catholique. Après mûre réflexion, l’évêque Jean Margéot écrivit sa réponse dans la lettre pastorale de carême 1977 : « Foi et Politique, tensions et unité ». L’évêque souligne l’importance de respecter la liberté de conscience de chaque catholique quand il va voter. Il précise bien que l’Église doit éviter de s’aligner sur tel ou tel parti politique. Son argument se fondait sur une parole importante de Jésus : « Rendez à César ce qui est à César. » Avant les élections générales de 2010 et de 2014, le Conseil des Religions avait aussi publié un appel aux chefs religieux, leur priant de ne pas donner de consigne de vote ni de permettre aux hommes politiques de faire leur campagne dans les lieux de culte.

La démarche de l’ancien évêque Jean Margéot est toujours appliquée par l’Église catholique aujourd’hui ?

L’Église catholique a toujours suivi les mêmes principes depuis la nomination du cardinal Piat comme évêque de Port-Louis. À plusieurs reprises, Mgr Piat a précisé que l’Église n’allait pas s’aligner sur tel ou tel parti politique.

Y a-t-il un mot d’ordre donné aux prêtres catholiques ?

À aucun moment, au cours de ses 25 années d’épiscopat, l’évêque n’a donné de mot d’ordre aux prêtres catholiques pour voter dans tel ou tel sens aux élections générales. Par contre, l’évêque a souvent pris position pour défendre certaines valeurs comme le respect de la vie dans le grand débat concernant la loi sur l’avortement. Souvent, il attire l’attention sur l’importance de combattre la pauvreté.

« Rendez à César ce qui appartient à César. » Jésus a aussi dit : « Rendez à Dieu ce qui appartient à Dieu. » La politique ne devrait pas, elle non plus, s’immiscer dans la sphère religieuse, non ?

Le pape Pie XII a bien dit que « la politique est la plus haute forme de la charité ». Tous les baptisés doivent s’intéresser à la chose politique puisque l’objectif de la politique est de rechercher le bien commun de tous les habitants d’un pays. Dans les enseignements de l’Église universelle comme dans les enseignements des évêques du diocèse, il y a toujours des appels aux chrétiens pour s’engager en politique dans un esprit de service. Mais il n’y a jamais eu de consigne pour demander aux baptisés de s’engager dans tel ou tel parti politique ; du reste nous trouvons des catholiques dans tous les partis. Ce que nous cherchons à éviter, c’est l’alignement de l’Église sur tel ou tel parti. Il faut bien distinguer la politique, comme service global de la société, de la politique partisane.

En tant que président du Conseil des Religions, avez-vous l’intention, alors que les élections approchent, de faire un appel aux chefs religieux de tous bords pour qu’ils ne permettent pas aux politiciens de faire campagne dans les lieux de culte ?

Les deux déclarations que nous avons publiées en 2010 et 2014 sont bien claires par rapport aux relations entre religions et partis politiques. Je vous cite un extrait de la déclaration de 2014 qui est absolument claire. Nous n’avons pas changé d’avis : « Nous proposons qu’aucune religion ne doive se mêler de politique de partis. Elle doit laisser l’entière liberté à chacun d’exercer sa responsabilité en son âme et conscience, sans lui donner des consignes de vote. C’est pourquoi nous, les membres du Conseil des Religions, nous nous engageons à rejeter tout discours partisan en faveur d’une formation politique ou d’une autre. Nous réaffirmons notre conviction pour un État séculier. Cela consiste à distinguer la sphère politique et la sphère de la religion. Ce qui n’empêche pas un partenariat car religion et politique peuvent grandement collaborer pour le service de l’homme et de la nation tout entière. » Il faut reconnaître que notre appel n’a pas été mis totalement en pratique comme nous l’aurions souhaité. Mais, une graine semée en terre prend longtemps pour grandir.

Est-ce que ce ne sont pas les groupes religieux qui encouragent cette pratique, sachant qu’ils ont un pouvoir d’influence sur les politiciens ? Sont-ils responsables si des faveurs sont accordées à certains ?

Je ne peux préjuger des intentions des leaders de ces groupes religieux et je ne peux mesurer leur pouvoir d’influence sur les politiciens mais, dans l’esprit de la déclaration du Conseil des Religions dont je parlais, je répète qu’il n’est pas sain dans une société multireligieuse que des leaders religieux s’alignent sur tel ou tel parti politique. Est-ce qu’il n’y a pas là un danger de perdre sa liberté de conscience pour quelques avantages matériels transitoires ?

Ces religieux ont-ils effectivement, selon vous, le pouvoir d’influencer les votes de leurs groupes de fidèles ?

Pour ce qui est des catholiques, le pape François vient de nous rappeler le danger du « cléricalisme ». Les hommes religieux ne doivent pas se servir de leur pouvoir spirituel pour influencer le vote de leurs adhérents. Par contre, ils ont le devoir d’insister sur les valeurs morales à respecter dans la conduite de l’État. De plus, je pense que les Mauriciens sont suffisamment éduqués pour exercer leur propre discernement au moment du vote.

Devrait-on avoir une loi pour empêcher aux politiciens de prendre la parole lors d’événements religieux ?

Il faudrait aller plus profondément que légiférer. Il faut plutôt éduquer les personnes et développer une vraie conscience citoyenne. Notre expérience nous dit bien que ce ne sont pas les lois qui vont changer le cœur de l’homme en profondeur, mais plutôt leurs relations avec le Divin et la prise de conscience de leurs responsabilités envers leur prochain. Nous devons travailler à créer un vrai mauricianisme. À chacun de faire son examen de conscience pour voir s’il se reconnaît d’abord comme Mauricien avant de dire qu’il appartient à telle ou telle ethnie. Beaucoup de nos compatriotes disent que c’est à l’étranger que l’on se reconnaît mauricien. Dommage !


SAFFIYAH EDOO (citoyenne engagée) : « Une pratique de “barter system” à l’œuvre »

Les politiciens qui s’affichent avec des groupes religieux quelque temps avant les élections, cela vous inspire quoi ?

Pour moi, cela n’augure rien de bon dans le contexte local. Il y a une campagne qui se fait par des intermédiaires dont les religieux. Il faut savoir à quelle fin les religieux d’une part et les politiciens d’autre part s’associent. Est-ce pour captiver davantage l’attention pour la communauté ou pour des gains personnels ? Pour moi, c’est carrément une pratique de “barter system” à l’œuvre.

Beaucoup rappellent que quand il était Premier ministre, sir Anerood Jugnauth avait affirmé que ses ministres n’interviendraient pas lors d’événements religieux…
Il l’avait dit et cela avait été très bien accueilli mais on a tous vu comment cela s’est passé. Est-ce que les politiciens peuvent vraiment se dissocier des religieux ? Qui a le plus besoin de l’autre ? D’où viennent la pression et ce besoin constant des politiciens d’intervenir dans les événements religieux ?

La politique et la religion devraient-elles rester séparées ?

Aussi longtemps que chacune travaille ensemble pour l’avancement des citoyens, il n’y a rien de mal qu’elles travaillent main dans la main. Toutefois, il faut des lignes de démarcation, ce qui n’existe même plus. Chacune devrait respecter son espace, mais cela ne veut pas dire qu’elles ne peuvent travailler ensemble.

Est-ce que ce ne sont pas les groupes religieux qui encouragent cela, sachant qu’ils ont un pouvoir d’influence sur les politiciens ? Ne sont-ils pas responsables si des faveurs sont accordées ?

Je crois que les politiciens et les groupes religieux savent qu’ils peuvent bénéficier les uns des autres. Les politiciens sont là pour solliciter les suffrages à travers un intermédiaire et les leaders religieux obtiennent alors des faveurs. Celles-ci vont-elles à la communauté ou aux leaders personnellement ? Dans les deux cas, ce n’est pas acceptable car le politicien est mandaté pour tous les citoyens et non pour un groupe. Ce qui nous mène à la question suivante : est-ce que le gouvernement travaille pour le mieux-être des citoyens ou un groupe/des groupes bénéficie(nt)-il(s) davantage grâce aux « collaborations » lors de la campagne ? Y a-t-il un gouvernement prêt à franchir cette étape ?

Au final, qui sont les perdants ?

Le citoyen avisé, qui a une autre vision de ce dont le pays a besoin. Que fait-on des athées ? Est-ce qu’il faut qu’ils constituent un corps pour faire entendre leur voix ?

Ces religieux ont-ils effectivement, selon vous, le pouvoir d’influencer les votes de leurs groupes de fidèles ?

On a vu plusieurs cas où les leaders donnent des mots d’ordre ou font des campagnes subliminales pendant les sermons religieux. Le citoyen non avisé peut suivre aveuglément ce que dit cette personne détenant une autorité. Mais le citoyen éclairé saura reconnaître ce qui se passe. Tout dépend de la sagesse de l’électeur. Si, en 2019, les gens continuent à voter selon les communautés, ce sera la preuve que nous n’avons pas progressé en dépit de 50 ans d’indépendance. C’est une formule qui a marché dans le temps. Avec les nouvelles propositions de réforme, c’est un peu pareil. Il n’y a pas de refonte de fond où on casse certaines pratiques archaïques. Même si une personne ne veut voter de manière communale, regardez comment les candidats sont placés dans les circonscriptions… Par exemple, pourquoi placer des musulmans au No 3 ? Pourquoi ne pas placer une personne influente de l’endroit comme candidat ? Le politicien doit sortir de sa zone de confort pour aller vers le “nation building”. Je ne crois pas qu’il puisse y avoir un changement radical dans l’immédiat, mais on peut commencer à placer les candidats sur des critères autres que leur communauté. Cette méthode fausse la qualité des députés que l’on a au Parlement.

Devrait-on avoir une loi pour empêcher les politiciens de prendre la parole lors d’événements religieux ?

Je ne pense pas que cela soit mal qu’un politicien intervienne dans une cérémonie religieuse mais utiliser cette plateforme pour passer des messages politiques, ça c’est mal. C’est un non-respect de la fête que l’on célèbre. Attendre quelque chose suite à la participation à une cérémonie religieuse est une mentalité qui devrait changer.

Cette tendance ne montre-t-elle pas que le pays n’est pas prêt pour l’élimination du Best Loser System ?

Le BLS avait été établi par rapport à une situation spécifique dans le temps. Est-il toujours pertinent aujourd’hui ? Qui sont les minorités aujourd’hui ? Sont-elles des minorités ? Le BLS est basé sur un recensement datant de plusieurs années, ce qui remet en question sa raison d’être. Ce système a été présenté de génération en génération comme une idée reçue selon laquelle cela sauvegardera la part du gâteau, mais est-ce vraiment le cas ? Si oui, on a alors un système qui est totalement défectueux. Le Parlement ne doit pas être un lieu où on défend les droits des communautés mais les droits des citoyens. Pourquoi avons-nous des institutions qui marchent à moitié ? Parce que le critère, pour n’importe quel poste, n’est pas celui du mérite mais de l’attribution supposément proportionnelle aux appartenances ethniques. Si des changements s’étaient opérés à ce niveau, il n’y aurait plus lieu d’avoir des représentations communautaires au Parlement. Par exemple, bientôt, on recrutera 10 000 fonctionnaires. Sur quels critères va-t-on les recruter ? Sur le mérite ou selon la communauté ? Voilà toutes ces questions qu’il faut poser pour savoir où on veut aller. Par ailleurs, a-t-on une circonscription électorale qui est homogène ? Le député est censé travailler pour le progrès de tous ses mandants et non pour un groupe. En même temps, il faut continuer de militer et de défendre les droits des minorités à travers d’autres moyens comme l’Equal Opportunities Commission. Le droit de tout un chacun doit être respecté dans un pays multiculturel. On a le droit de pratiquer sa religion. Par exemple, moi, j’ai le droit de porte mon voile. C’est mon droit comme citoyenne. Il faut placer tous les citoyens sur un pied d’égalité indépendamment de leur religion.


SIVARAMEN SUBBARAYAN (ex-conseiller au Northampton Borough Council) : « Pas de problème qu’un politicien prenne la parole lors d’une cérémonie religieuse »

Les politiciens qui s’affichent avec des groupes religieux quelque temps avant les élections, cela vous inspire quoi ?

L’objectif de tous les politiciens est de se faire élire. Ils savent que les humains ont la mémoire courte. Il s’agit donc pour eux de rappeler à l’électorat ce qu’ils ont fait pour cette communauté et ce que l’autre n’a pas fait pour elle… Pour moi, ce n’est pas quelque chose d’inacceptable car à Maurice on n’a pas de base politique comme à l’extérieur. Ici, ce sont les groupes religieux qui sont partout. C’est donc une bonne plateforme pour eux de passer leur message. Ce sont les groupes religieux qui sont les perdants. Ils doivent savoir que « the noise you make is inversely proportional to the outcome ». Plus, vous criez, le moins vous allez avoir. S’ils adoptent une manière stratégique et silencieuse, ils auront plus. Peut-être les associations religieuses ont-elles contacté les politiciens tout au long de leur mandat mais ceux-ci ne venaient pas. Et, à la veille des élections, ils prétendent les écouter. On a vu cela tout le temps. Oui, je crois que les perdants, ce sont les groupes religieux. Ils doivent commencer à être un peu plus dynamiques. Ils doivent représenter la communauté. Malheureusement, à Maurice, ce n’est pas toujours l’intérêt de la communauté qui prime. Parfois, ce sont les dirigeants de ces communautés qui sont gagnants personnellement. C’est là le problème. J’ai été candidat politique en Angleterre. On s’entendait bien avec les différentes communautés religieuses. Cela aide à connaître les communautés. Quand je travaillais au Parlement avec un député, je préparais ses discours avant qu’il n’aille à un festival. Je passais des heures à faire des recherches à la bibliothèque du Parlement pour savoir ce que telle communauté fait, comment elle opère et tout ce qui est important pour elle.

Beaucoup rappellent que quand il était Premier ministre, sir Anerood Jugnauth avait affirmé que ses ministres n’interviendraient pas lors d’événements religieux…
On doit s’habituer à nos politiciens maintenant. Quand ils sont dans l’opposition, ils parlent une langue et quand ils sont au pouvoir, ils parlent une autre langue. Mais, lui, il a dit cela même quand il était au gouvernement.

Quand vous dites qu’on doit s’habituer au langage des politiciens, est-ce à dire qu’on doit trouver normales ces contradictions ?

Non. Moi, je ne vois pas pourquoi il a dit cela car je n’y vois rien de mal. Je trouve qu’il n’y a pas de problème qu’un politicien prenne la parole lors d’une fête religieuse. Mais c’est la manière de faire qui doit être différente. En Angleterre, c’est quelque chose qui est tout à fait acceptable.

En Angleterre, les groupes religieux ne sont pas aussi importants qu’à Maurice, où il y a une perception que certains groupes qui s’affichent avec les politiciens sont susceptibles de bénéficier de faveurs.
Oui, mais en réalité, est-ce que cela se produit vraiment ? Il y a des associations religieuses qui sont frustrées de ne pas être entendues. Je ne pense pas que certains groupes soient privilégiés. Je pense qu’il y a des intérêts personnels. Les dirigeants de ces groupes profitent de leur position pour pousser des gens qu’ils connaissent. Mais ce n’est pas la communauté tout entière qui est favorisée. Ce que l’on doit faire à Maurice lorsqu’il y a des événements pareils et que les politiciens prennent la parole, il faut les inviter à prendre les questions aussi. C’est vrai que les groupes religieux parfois emmènent des gens pour montrer qu’il y a la foule. Mais ce ne sont pas des gens qui sont réactifs. Ils ont peur de parler. Il faut savoir que même dans les groupes, il y a des divergences. Quand les dirigeants de ces groupes expriment leur vue, ce n’est pas forcément le point de vue de la communauté. S’il y a des cérémonies où sont présents les politiciens, c’est bien mais il faut que l’assistance ait le droit de poser des questions. Là, on va connaître vraiment leur opinion. Peut-être ces questions embarrasseraient-elles même les politiciens…

Est-ce que ce ne sont pas les groupes religieux qui encouragent cette pratique, sachant qu’ils ont un pouvoir d’influence sur les politiciens ?

Ils sont plutôt victimes. Ils ne se rendent pas compte qu’ils sont des jouets entre les mains des politiciens. Je pense plutôt que ce sont les politiciens qui ont encouragé cette pratique à travers la politique “Divide and Rule”. Il y a différentes dénominations dans les communautés. Donc, ils parlent une langue ici et une langue là-bas. Ils divisent. Il faut aussi savoir qu’aujourd’hui, à Maurice, on n’a pas ces “die hard” d’autrefois. Ils se sont rendu compte, comme lors des dernières législatives, qu’au moins 40% des électeurs avaient basculé dans l’autre camp. Je ne pense pas qu’il y ait un parti politique qui a plus de 10% de “die hard” aujourd’hui, cela n’existe plus à Maurice. Donc, ils savent bien que la majorité des électeurs restent à être convaincus.

Ces religieux, ont-ils effectivement, selon vous, le pouvoir d’influencer les votes de leurs groupes de fidèles ?

Cela dépend des thèmes qu’ils poussent en avant. Généralement, s’il y a 100 personnes dans un groupe, peut être une trentaine seront-elles influencées, mais pas tous.

Cette tendance à se regrouper pour rencontrer des politiciens, ne montre-t-elle pas que le pays n’est pas prêt pour l’élimination du Best Loser System ?

Pour moi, ce sont deux choses complètement différentes. Le BLS a été imposé, parce que certains craignaient de ne pas être représentés au Parlement. Si moi, je suis hindou, je ne peux donc aller défendre quelqu’un de la population générale ou un musulman au Parlement ? Est-ce que c’est vrai ? Je ne le pense pas. Le député représente tout le monde.

Est-ce que la population pense ainsi ?

Peut-être que la population ne pense pas ainsi. Mais on a 50 ans d’indépendance, et un système datant de 50 ans. On a pensé au FPTP System et au PR, mais on n’a pas considéré les autres façons de voter. Ce sont peut-être nos institutions qui n’ont pas fonctionné comme il le fallait. Si on a un député qui représente ma communauté au Parlement, est ce que cela va changer ma vie au quotidien ? Est-il un député en particulier ou représente-t-il un parti ? C’est là le problème. Mais les gens commencent à voter par député maintenant.

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