REMAKE 2000 : SAJ et Alan Ganoo insistent sur l’institution d’une commission d’enquête

Le leader du Remake 2000, sir Anerood Jugnauth, et Alan Ganoo ont tous deux insisté samedi sur l’institution d’une commission d’enquête afin de situer les responsabilités à tous les niveaux après que les inondations du samedi 30 mars ont coûté la vie à onze personnes et occasionné d’importantes pertes matérielles. Selon SAJ, l’institution d’une enquête judiciaire par le DPP est dans l’ordre des choses et rien n’empêche, dit-il, qu’il y ait une commission d’enquête parallèle présidée par un juge. Alan Ganoo abonde dans le même sens, soutenant que « si le chef du gouvernement n’a rien à cacher, il faut, au nom de la transparence, nommer une commission d’enquête ».
Les deux dirigeants de l’Opposition sont revenus en longueur samedi, lors d’une conférence de presse à l’hôtel Labourdonnais, sur les raisons qui ont provoqué les inondations à la suite des pluies diluviennes qui sont tombées sur Port-Louis faisant onze victimes et sur la façon dont la situation a été gérée par les autorités gouvernementales le 30 mars dernier. Après ces inondations, la population est dans un état de choc, estime sir Anerood Jugnauth.
Le leader du Remake 2000 a expliqué que lors d’une visite à Canal Dayot lundi le 1er avril, il a pu lire la psychose et la tristesse sur le visage des habitants. « J’ai constaté sur les visages de ces personnes non seulement du chagrin mais aussi un sentiment de révolte. » Il s’est demandé ce qui se serait passé si les inondations s’étaient produites un jour de semaine alors que les enfants sortaient de l’école et les employés de leur travail.
« À chaque fois c’est la même chose. Le Premier ministre est incapable de prendre des décisions et de diriger le pays. La population paye les pots cassés ; beaucoup de personnes ont perdu la vie. »
SAJ a également été très critique à l’encontre des services météorologiques, dont les prévisions le matin annonçaient des ondées passagères, donnant l’impression qu’il n’y avait rien à craindre. Selon lui, la population a été induite en erreur. Alors qu’à deux pas, à l’île de la Réunion, membre de la Commission de l’océan Indien et avec qui nous sommes supposés collaborer, malgré une pluviosité de l’ordre 400 mm, personne n’a perdu la vie.
Le leader du Remake a observé que dans un premier temps, le Premier ministre avait essayé de défendre les services météorologiques. Cependant, son directeur a reconnu avoir fait une erreur de jugement en raison du manque d’équipements et surtout de radar. Réfutant l’argument selon lequel le radar était en panne depuis 2002, SAJ a soutenu que personne ne le lui en avait fait part à l’époque. « Mo pas kouma Ramgoolam », a-t-il déclaré, affirmant qu’il aurait pris ses responsabilités. Il soutient que puisque le directeur de la météo a dit la vérité, il a été invité à « lev pake ale ». Il estime que le plus grand coupable, c’est le Premier ministre et c’est lui qui aurait dû « lev pake ale ». « Par sa faute des personnes innocentes ont perdu la vie. La nature fait son travail mais les responsables n’ont pas été à la hauteur de la situation. »
Le leader du Remake a aussi critiqué les services de la police qui tombent également sous la responsabilité du Premier ministre. Il a observé que malgré les nombreuses caméras de surveillance dans la capitale, la police n’a pas été à la hauteur et a déploré que le disaster committee ait été convoqué par le commissaire de police après les dégâts causés par les pluies. « Apre lamor latizann. Alors que les caméras permettent de suivre ce qui se passe dans la capitale… », a-t-il lancé, estimant que les hélicoptères ont décollé trop tard.
Par ailleurs, la MBC a aussi été critiquée pour n’avoir pas informé la population à temps. Sir Anerood Jugnauth est d’avis que les autorités n’ont pas tiré les leçons des inondations de 13 février dernier. Il s’est interrogé sur l’utilisation des Rs 500 millions, depuis cette date, pour l’aménagement des drains.
Le leader du Remake 2000 a ensuite fait une forte sortie contre le ministre des Infrastructures publiques, Anil Bachoo, qui selon lui, mérite de prendre sa retraite. SAJ a tenu ce dernier pour responsable de l’absence d’entretien des drains et des voies d’évacuation de l’eau. L’aménagement des parapets le long de l’autoroute a, selon lui, empêché l’évacuation des eaux. Il a estimé que les travaux de construction de la Ring Road n’ont pas tenu compte de l’évacuation des eaux qui ont débordé sur l’autoroute, engendrant les dégâts que l’on sait. Il s’est insurgé contre les remarques d’Anil Bachoo concernant l’installation des slabs dans la région de Rogers House. Selon lui, il a été démontré que malgré une pluviosité de plus de 200 mm, cette région n’a pas été inondée. « Pourquoi ne parle-t-il pas de la “couverture” du Ruisseau du Pouce par le ministre travailliste Siddick Chady. »
SAJ a aussi déploré que le rapport du juge Bushan Domah soit resté dans un tiroir. Il estime que Navin Ramgoolam étant « le seul maître à bord », il doit alors assumer ses responsabilités. Il a finalement insisté sur l’institution d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur tout ce qui s’est passé.
Alan Ganoo a pour sa part transmis un message de Paul Bérenger qui a présenté ses sympathies aux familles endeuillées. Il a rappelé qu’il poursuit ses traitements et qu’il sera de retour à la fin du mois.
Le leader de l’Opposition est revenu longuement sur sa PNQ posée au Premier ministre mardi dernier et sur ses points de presse de la semaine dernière, les rapports et documents pour démontrer que l’évacuation adéquate de l’eau n’était pas prise en compte dans le cadre des travaux de constructions routières, dont la ring road et la troisième voie sur l’autoroute. Il a souligné qu’il n’est pas le seul à attribuer les inondations aux travaux de construction routiers. Il a cité les déclarations de Xavier-Luc Duval, d’Alain Laridon, d’Abdullah Hossen et de Shakeel Mohamed qui, selon lui, abondent dans le même sens. Il a rappelé que l’absence de radar a été une question récurrente à l’Assemblée nationale et a cité, entre autres, une interpellation du Dr Parmessur Ramloll à ce sujet au parlement en avril 2009. Le Premier ministre avait laissé entendre, alors, que la capacité opérationnelle des services météorologiques était à l’étude.
Alan Ganoo a aussi récusé les accusations du Premier ministre concernant la politisation par l’Opposition des inondations meurtrières du 30 mars. Selon lui, c’est plutôt le gouvernement qui tombe dans la démagogie avec la distribution de chèques de Rs 100 000 sous les caméras de la télévision. Il estime que le gouvernement se livrerait à la “charité-spectacle”. Il a mentionné une clause du contrat d’aménagement routier alloué à Colas dans laquelle il a été demandé à la firme de réduire les dimensions des drains, cela avec l’approbation de la Road Development Authority.
Alan Ganoo a insisté sur l’importance d’une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur ce qui s’est passé au nom de la transparence.

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