Rentrée des classes 2021 : Les librairies dans le noir face aux incertitudes de la rentrée

  • Les prix des livres grimpent par 10% à 20%
  • Des collèges n’ont pas encore soumis leurs listes à deux semaines de la rentrée

Avec la confirmation de la la rentrée 2020-2021 attendue, les librairies se préparent déjà à accueillir les parents pour l’achat des manuels. Généralement, cela débute au moins cinq semaines avant la rentrée. Mais avec le confinement et les examens de Cambridge toujours en cours, certains collèges n’ont pas encore soumis leurs listes aux libraires, ni aux parents. Aux Éditions de l’Océan Indien, on a ainsi dû procéder à des estimations pour les commandes, tandis qu’aux Éditions Le Printemps, on s’est basé sur les commandes passées. Ce qui est sûr, c’est qu’avec la dépréciation de la roupie de l’ordre de 10% et le coût du fret qui a triplé, il y aura des majorations de prix entre 10% à 20%.

- Publicité -

La rentrée 2020-2021 ne sera décidément pas comme les autres. Non seulement le calendrier a changé et le pays toujours en pleine crise sanitaire, mais les parents devront aussi trouver les ressources financières nécessaires, au beau milieu de l’année, pour assurer les différentes dépenses accompagnant le retour des enfants dans les salles de classe. Avec l’ancien calendrier, ils pouvaient toujours compter sur le boni de fin d’année, mais tel ne sera pas le cas pour 2021. Si les plus avisés ont sans doute mis de l’argent de côté, d’autres devront en trouver pour acheter tout le matériel scolaire avant la rentrée.
Déjà, au niveau des librairies, on laisse entendre que des augmentations sont inévitables dans la situation actuelle. Yashvin Hassamal, directeur des Éditions de l’Océan Indien, concède que le contexte est très difficile. « Nous sommes dans une période où il y a encore beaucoup d’incertitudes. D’une part, il n’y a pas eu de rentrée en janvier, et donc il n’y a pas eu de vente à notre niveau. D’autre part, pour la rentrée de juin, beaucoup de parents n’ont pas encore reçu leurs listes de livres. Selon nos estimations, il n’y a que 30% des collèges qui ont déjà soumis les listes aux parents, » dit-il.
Cette situation s’explique du fait que le dernier trimestre s’est terminé brusquement avec le confinement le 10 mars dernier. Les examens étaient en cours dans les collèges et tout a été arrêté. Généralement, les collèges distribuent les listes lorsque les parents viennent chercher les résultats des enfants. Mais cette fois, le ministère a décidé d’appliquer la promotion automatique. Si certains collèges ont pris l’initiative d’envoyer leurs listes par courriel, d’autres sont toujours en mode d’attente. D’autant que les résultats du National Cetificate of Education ne sont pas encore connus et que les examens de SC et de HSC sont toujours en cours.
Yashvin Hassamal s’attend ainsi à ce que les choses accélèrent après les résultats du NCE. « Comme vous le savez, depuis deux ans déjà, le ministère de l’Éducation donne les livres gratuitement aux étudiants de Grades 7, 8 et 9. Cela a causé une réduction de 50% de nos ventes. Nous avons tout de même édité des Workbooks pour complémenter les livres du MIE, que certains collèges achètent. La majorité de nos ventes concernent les Grades 10, 11, 12 et 13, » confie-t-il. Ces deux classes s’étendant sur deux années, souvent, les livres achetés en Grade 10 servent aussi pour le Grade 11 et ceux achetés en Grade 12, sont utilisés également pour le Grade 13.
Il ajoute que les importateurs travaillent à partir des listes soumises par les collèges. Mais tel n’est pas le cas cette année. « Généralement, on attend d’avoir au moins 50% à 60% des demandes pour les commandes. Cette fois, nous avons dû travailler sur des estimations. » Et qu’en est-il des prix ? Yashvin Hassamal rappelle que depuis l’année dernière, la roupie a connu une dépréciation accélérée, ce qui impacte sur les coûts. « Les livres pour le O Level et le A Level viennent du Royaume-Uni. À la dernière rentrée, en 2019, la livre sterling était cotée à moins de Rs 45. Aujourd’hui, elle s’affiche à Rs 58, soit Rs 13 de plus, » note-t-il.
Sans compter, poursuit-il, que le coût du fret a augmenté par trois fois par rapport au coût habituel. « Nous n’avons d’autre choix que de réduire nos marges pour permettre aux parents de souffler. Surtout qu’avec la crise actuelle, beaucoup n’ont plus d’emploi ou se retrouvent avec des ressources financières réduites. Pour les manuels que nous éditons, nous avons appliqué une augmentation de moins de 10%. Pour ceux importés, nous prévoyons une moyenne de 20%, alors que l’augmentation réelle est de 35%, » concède-t-il.
Yashvin Hassamal rappelle également que le prix d’un livre dépend également du volume imprimé. Or, dit-il, le volume a baissé considérablement avec la décision du ministère d’offrir les livres gratuits jusqu’en Grade 9. Ce qui l’amène à dire : « Il y a beaucoup de morosité dans les librairies actuellement, mais on est toujours là, comme des partenaires de l’éducation, pour s’assurer que les étudiants aient leurs manuels nécessaires. »
Quant à savoir si tous les livres seront disponibles à la rentrée, le directeur des Éditions de l’Océan Indien indique que la majorité est déjà en stock, mais qu’il y a quand même quelques titres en attente. « Avec les difficultés au niveau des lignes maritimes, il y aura toujours un peu de retard sur certains titres. Nous faisons appel à la compréhension. Je rappelle que le contexte est différent. Auparavant, nous avions cinq semaines pour préparer la rentrée, alors que maintenant, ce sera 4 à 5 jours, en prenant en considération que les résultats du NCE sont attendus autour du 10 juin et que la rentrée est pour le 14, » dit-il.
Il lance également un appel à la compréhension des parents, car en raison des restrictions sanitaires, les librairies ne pourront accueillir des foules, comme c’est le cas à chaque rentrée. Il faudra sans doute faire la queue, maintenir la distanciation sociale, et toute la batterie de gestes barrières contre le Covid-19.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -