RODRIGUES—Découverte macabre à Montagne-Malgache lundi

Depuis le début de cette semaine, l’île Rodrigues et particulièrement des membres de la famille Azie de Roche-Bon-Dieu sont en émoi. En effet, les restes de Barthélemy Azie, âgé de 17 ans, au moment de sa disparition le 1er août 1999, ont été découverts sur un flanc de montagne à Port-Sud-Est. Le père de la victime, Simon Azie, qui n’a jamais baissé les bras depuis le dramatique événement survenu il y a 14 ans, n’a pas eu de grosses difficultés pour identifier son fils même s’il ne restait que des ossements et le crâne. En effet, à côté se trouvaient des effets personnels de Barthélemy Azie, soit son porte-monnaie, une médaille sous forme de croix, des prières écrites de sa main sur une feuille de papier, une partie de ses vêtements et des pièces de monnaie de même qu’un crucifix.
À ce matin, le Chief Officer of Police à Rodrigues, le CoP Nazeer a confirmé les détails de cette découverte macabre. Il a annoncé que des premières arrestations dans ce qui est considéré comme un Suspected Foul Play devraient intervenir dans les prochains jours avec la réouverture de cette enquête policière. Même si le père a identifié formellement les restes de son fils, la police compte réclamer des tests d’ADN avec des prises de sang du père à des fins de double confirmation.
« Nous allons suivre les procédures et dès ce matin, nous allons faire prélever des Swaps de la mère et du père de la victime pour des analyses plus poussées en laboratoire à Maurice. Les effets personnels de la victime, récupérés sur les lieux, seront également envoyés à Maurice dans le même but. Les restes de Barthélemy Azie ne devront être remis aux parents que dans un délai de deux mois pour un enterrement en bonne et due forme », a déclaré au Mauricien le surintendant Nazeer.
Même si au cours de ces 14 derniers mois, des recherches n’avaient pas été abandonnées pour retrouver les traces de Barthélemy Azie, ce ne fut que lundi dernier que tout s’était joué. Le constable Jean-Louis de la CID de Port-Mathurin, agissant sur la base de certaines informations et en compagnie des habitants, avait entrepris une battue sur le flanc de la montagne à Port-Sud-Est. Avec les effets de l’érosion dans cette partie de l’île, le cadavre de la victime, qui avait été enterré par ses agresseurs, était sorti des terres.
Les témoignages recueillis par Le Mauricien indiquent que des ossements humains avaient été retrouvés ans cette région boisée de la montagne Malgache dans les parages de Cascade Victoire. Tout le périmètre est bouclé pour des raisons de sécurité et les restes sont transférés au QG de la police à Port-Mathurin.
Les proches de Barthélemy Azie sont informés de ce développement par la police. La mère de la victime, qui ne s’est pas encore remise de la disparition mystérieuse de son fils un 1er août 1999, est encore sous l’effet du choc. «  Zot dir mwa vinn gete pou al idantifie enn lekor parski nou kone ki zis ou garson kinn disparet dan sa rezion-la. Mo lapriyer inn ekzose. Mo demann la mes pou li tou le dimans e mo finn deza demann 30 lames dan enn mwa », déclare-t-elle les larmes aux yeux.
Simon Azie, le père du Missing, est descendu sur Port-Mathurin pour les formalités au niveau de la police. Dès le premier coup d’oeil, malgré le poids de la détresse, il est catégorique. « Mo garson sa », lâche-t-il en prenant pour preuves la couleur du pantalon, le porte-monnaie, la ceinture, les chaussures et, des prières manuscrites et une croix.
La mère de Barthélemy Azie est inconsolable face aux multiples visites de sympathie depuis que la nouvelle de la découverte de lundi a été répandue comme une traînée de poudre. « Depi mo garson finn disparet le premie out 1999, a lala 14 ans, e dan mwa out mem mo mari vinn dir mwa li finn remark so bann zafer. Mo finn gagn plizier fwa conzestion e la mo pa kapav marse zis akoz mo piti finn disparet ek mo res dan traka », poursuit-elle, alors que les trois soeurs de la victime ne peuvent retenir leurs larmes. Il était l’aîné de la famille.
Que s’est-il passé ce 1er août 1999 ? Une reconstitution des faits confirme que ce jour-là, Barthélemy Azie, jeune habitant de Roche-Bon-Dieu, était parti assister à une régate de bateaux à Mourouk. Auparavant, il avait assisté à la messe. Il ne devait jamais revenir depuis ce jour-là. Il avait demandé la permission à ses parents pour cette sortie dominicale. « Li ti kontan pou al get regat », ajoute encore la mère avec un regard perdu.
Ne voyant pas Barthélemy Azie revenir, un proche est dépêché chez une tante habitant Batatran le 2 août 1999 pour savoir s’il y avait passé la nuit. Les nouvelles n’étaient nullement bonnes car l’on avait fait état de menaces qu’aurait reçues Barthélemy Azie à Mourouk et il aurait été victime d’une agression.
Dans un premier temps, une habitante de la région avait pris contact avec la famille Azie l’informant que le corps du disparu avait été jeté dans un réservoir à Montagane-Cabri. Ce réservoir fut vidé en vain pour les besoins des recherches même si une chaussette et une corde furent repérées sur les lieux.
Nouveau développement quelque temps après. La famille est en présence d’une lettre de dénonciations avec des indications précises sur ce qui s’est passé. « G. E a dit qu’il n’a pas tué Barthélemy, mais qu’il a donné un coup de main pour traîner le corps. Il dit que depuis trois semaines, il veut parler pour dire la vérité, car il ne peut plus tenir ce mensonge sur la conscience, mais que quelqu’un l’avait menacé de mort s’il parlait. Le corps du jeune homme était dans le réservoir et ce n’est que lundi qu’ils l’ont retiré. Le corps est attaché de deux cordes jaunes, l’une au niveau des épaules et l’autre autour des reins », a écrit le corbeau.
Néanmoins, l’enquête n’enregistre pas de progrès. Des proches de Barthélemy Azie prennent contact avec le dénommé G. E. Ce dernier indique que le corps a été enterré du côté de la Montagne Cabri. La police procède à quatre arrestations, dont un Mauricien. Mais faute de preuves, ces suspects sont remis en liberté après interrogatoire.
Avec la découverte de lundi, ce dossier est rouvert et les limiers de la CID de Port-Mathurin comptent de nouveau interroger ces suspects pour des éclaircissements avec la police se disant confiance d’élucider les circonstances de ce meurtre commis il y a 14 ans…

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