(Rodrigues) Propagation de la maladie – Fièvre aphteuse : la situation devient préoccupante

La situation ne s’améliore pas à Rodrigues où, malgré les conseils prodigués par la commission de l’Agriculture, la fièvre aphteuse a gagné depuis quelques jours les alentours de Baie-Malgache et de Montagne-du-Sable, régions pourtant dans la zone considérée saine (zone verte). Toutefois, assurent les autorités, les animaux malades « pa pe mor ». Ce qui ne change rien à l’affaire puisque, face à l’épizootie, le conseil des ministres avait décidé le 9 avril dernier d’ordonner que tous les animaux infectés soient éliminés, sans exception aucune.

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Cependant, cette mesure drastique, mais inévitable, n’a pas encore été mise à exécution, car rien n’a encore été décidé quant à la manière d’abattre les animaux infectés. Le soutien du gouvernement central a d’ailleurs été sollicité en ce sens. Un drame pour les éleveurs qui s’accompagne du fait que les 250 000 doses de vaccin, au coût de Rs 50 millions, qui ont été commandées afin d’immuniser le cheptel de Rodrigues ne sont toujours pas arrivées, vu la situation de la pandémie de COVID-19.

Certes, le programme de vaccination a déjà obtenu l’aval du Conseil exécutif, mais sans vaccin… Aussi, tant que la maladie ne sera pas éradiquée, sans que plus aucune trace ne soit détectée, aucune exportation d’animaux vers Maurice ne sera autorisée. Autant dire qu’après l’embargo de 2016, et qui avait duré trois ans, Rodrigues se retrouve une fois dans une posture délicate, la maladie s’attaquant aussi bien à la volaille qu’aux bœufs, aux cabris, aux moutons et aux cochons.

Lors de ses précédentes délibérations, le conseil exécutif de l’Assemblée régionale de Rodrigues a pris note de la situation, ainsi que du fait que la commission de tutelle a accentué la “séro-surveillance” à travers l’île. Le High Level Committee mis en place fait également un suivi rapproché de l’évolution de l’épizootie. L’aide de Maurice est par ailleurs sollicitée pour l’élimination des animaux infectés, car la méthode utilisée par les autorités locales, en 2016, avait fait l’objet de sévères critiques, considérée « inhumaine » et « cruelle ».

Le commissaire de l’Agriculture, Richard Payendee, a également indiqué que la question de la compensation en faveur des éleveurs est à l’ordre du jour. Sauf que pour l’instant, aucune décision n’a encore été prise et la question, même pas encore discutée. Au grand dam des éleveurs, qui ne savent plus à quel saint se vouer. « Dan rezion Camp Pintade isi, plizir elver ena zamino inn pare pou tire depi mwa mars. Momem mo ena 15 mouton, 7 toro plis kabri. Touletan avek lelvaz mem ki mo travay pou swagn mo fami. Be la mo pa kone kouman pou fer. Kot mwa pena zanimo malad me pa pe kapav eksporte mem sa. Pa kone si pou gagn konpansasion ek pa kone komie letan sa sitiasion-la pou kontinie », lance un éleveur de la région de Camp-Pintade/Delo-Vert.

Par ailleurs, deux vétérinaires mauriciens, actuellement en quarantaine à Maurice, devraient arriver à Rodrigues le 4 mai par le prochain vol de rapatriement des Rodriguais bloqués à Maurice. Objectif : prêter main-forte aux deux vétérinaires de service dans l’île, les époux Jean-Marc et Karen Samoisy.

Pour l’heure, on ne sait pas encore comment la maladie a refait surface dans l’île. Certains éleveurs parlent à mots couverts d’un « cartel » d’acheteur de bétail qui opérerait sur le sol mauricien et qui favoriserait l’importation de bétail en provenance de pays étrangers, au détriment des éleveurs locaux. « Pa premie fwa nou gagn sa bann sitiasion difisil-la zis dan bann moman kot fet Eid pe vini. Toulelane, dan mem period, nou gagn problem lanbargo. Lane dernier, le 2 zwin, nou ti gagn mem problem kot se kapiten bato ki pa ti oule anbark zanimo. Nou ti bizin diskite, konbat, fer komiser al negosie pou nou zanimo anbarke. Zordi pe regagn lanbargo ankor. Mo kwrar bizin aret nouri zanimo », fait-on comprendre.
Les éleveurs rodriguais n’en démordent pas : c’est le « cartel mauricien » d’acheteurs de bétail qui est à l’origine de leurs problèmes. « Mo pa pou sit nom sa konpani-la me boukou larzan deroule ladan ek bann gran gran misie inplike ladan. Zot pwisan ek zot diriz linportasion bef dan Moris, ek se pou sa rezon ki nou elver Rodrige nou pe lepo kase. Li tro fasil pou infekte septel Rodrige. Nou, bann ti elver, nou pa pou kapav fer narnien kont zot. Nou pou kontinie sibir zot bon voulwar. Enn zour, kan zot pou dir aret aste bef Rodrig, ou pou gete tou elver dan Rodrig pou nek mor », ajoute un autre propriétaire de bétail.
À noter que trois zones ont été décrétées par la commission de l’Agriculture afin de délimiter les zones à risques. Soit la zone rouge, qui abrite les foyers d’infection, la zone orange (“buffer zone”), considérée comme une zone de transition, et la zone verte, qualifiée de saine.

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