SADC | Rapport préliminaire sur la tenue des élections : Bilan globalement positif, mais des couacs significatifs…

  • Parmi les couacs, sont notés la dissolution surprise du Parlement et le court délai associé à l’organisation des élections, la partialité de la MBC, l’information des électeurs pour leur inscription et la vérification des listes électorales, la délimitation des circonscriptions et le problème de déclaration ethnique…

La SADC Electoral Observation Mission (SEOM), l’African Union Electoral Observation Mission (AUEOM), le SADC Electoral Commissions Forum et La Francophonie Election Observation ont publiquement émis leurs constats préliminaires sur la tenue des législatives 2019 à Maurice, samedi dernier au Caudan Arts Centre, devant la presse et certains membres du public, dont des représentants de partis politiques et de la société civile.

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D’emblée, les rapports affirment unanimement que « les élections se sont tenues de manière professionnelle dans une atmosphère calme et paisible », qualifiant les élections de « free and fair » par les observateurs étrangers. Mais ils ont aussi mis en exergue un certain nombre de couacs, qui méritent d’être pris en considération pour les prochaines législatives, en particulier le fait que l’exécutif n’a pas facilité la tâche des organisateurs, à savoir la commission électorale, en leur octroyant un délai trop court pour les préparatifs électoraux.

Les 45 personnes déployées dans les 20 circonscriptions de Maurice ont scruté les 124 centres de vote le jour des élections et ont fait de leur mieux pour jauger des points positifs ainsi que les lacunes de la tenue des législatives. Le Dr Sibusiso Moyo, ministre des Affaires étrangères du Zimbabwe et Head de la SADC Electoral Observation Mission to Mauritius, a résumé leurs observations et a énoncé les points positifs et négatifs attribués au processus électoral, le tout accompagné de certaines recommandations. Parmi les points positifs, on retrouve ainsi les points suivants :

– Les activités politiques, les rallyes politiques, les meetings publics et autres se sont tenus dans une atmosphère paisible

– La bonne gestion du processus électoral et la confiance entre l’Electoral Supervisory Commission (ESC) et les différents “stakeholders” dans l’organisation et la tenue d’élections

– La satisfaction quant à l’exercice d’enregistrement des votants, dont le nombre a augmenté, passant de 936 975 en 2014 à 941 719 en 2019

– L’utilisation de boîtes de scrutin transparentes et l’utilisation optimale des nouvelles technologies pour la collecte, la gestion et la dissémination d’informations électorales

– La bonne préparation des élections caractérisée par le nombre record des 817 candidats et le fait que tous les bulletins ont été imprimés, vérifiés et livrés à temps, malgré le court laps de temps pourvu pour une telle organisation

– Le fort taux de participation des jeunes, soit 45,45%, représentant les 18 à 40 ans

– Le jour du scrutin, tous les centres de vote ont ouvert à l’heure et toutes les procédures ont été respectées

– Aucun incident majeur n’a été rapporté. Des 124 centres de vote, aucun instrument de campagne n’a été utilisé à 200 mètres des lieux, à l’exception d’un seul centre, où la police est vite intervenue

– Les salles spécialement aménagées pour les personnes âgées et handicapées constituent aussi un point fort pour Maurice

– L’Electoral Commission Mauritius a aussi été saluée pour l’utilisation des réseaux sociaux afin de toucher un maximum de votants

– Les facilités mises en place pour permettre aux employés de voter durant leurs heures de travail

– La disponibilité et la rapidité des statistiques fournies à chaud par les officiers de l’ESC

– Les femmes ont été très présentes sur le terrain, avec notamment 70% d’entre elles occupant le poste de Presiding Officer dans les centres de vote.

Parmi les points négatifs :

– Le fait que le président de la République puisse dissoudre le Parlement à n’importe quel moment, sous l’avis du Premier ministre, ce qui peut créer de : « Uncertainty in the life-cycle of this important institution of the country’s democracy. In addition, this may negatively impact the level of preparedness of all stakeholders for the élections. »

– L’Electoral Supervisory Commission n’a eu que 30 jours, soit une des plus courtes échéances, pour organiser des élections

– Des Returning Officers se sont désistés à la dernière minute et les collèges normalement utilisés pour les élections n’étaient pas disponibles à cause du “clash” avec les examens

– Plus d’efforts est nécessaire pour éduquer la population sur le besoin de s’enregistrer et de vérifier si les noms ont été enregistrés sur le registre pour éviter tout incident

– Même si des efforts ont été faits au niveau de la déclaration ethnique des candidats, avec notamment le Best Loser System pour éviter qu’un groupe ethnique soit sous-représenté, ce problème doit être résolu dans la discussion entre les différents “stakeholders” du pays

– Le système de délimitation des circonscriptions est déploré. Selon la mission, les circonscriptions doivent toutes contenir la même moyenne de votants, qui est à ce jour de 44 843. Il y a ainsi 21 943 votants au No 3 tandis qu’au No 14, il y a 63 500 votants, soit une différence de 300%

– Pour ce qui est de la représentation des femmes au Parlement, le taux est considéré trop faible

– La partialité de la chaîne nationale durant ces élections 2019 a été soulignée

– Quelques représentants de partis politiques n’ont pas eu le droit de vérifier si les urnes étaient bien scellées

– Le “floor crossing” des membres du Parlement (transfuges) est aussi déploré

Les principales recommandations :

– Pour ce qui est du comptage des bulletins de vote, la mission recommande que la Representation of the People Act soit amendée afin que le décompte des votes se fasse immédiatement après l’exercice de vote

– Elle recommande ainsi de revoir « the circumstances under which Parliament can be dissolves to enhance certainty »

– Amender la loi pour encourager plus de femmes à participer aux élections

– La mise en place d’un code d’éthique pour les journalistes, vu la partialité de la station nationale de télévision

A noter que les conclusions des représentants de la SADC et de leurs collègues, à l’effet que les élections étaient globalement “free and fair”, ont été confrontées avec force par plusieurs représentants de partis politique de gauche et des membres de la société civile, et que le ton était même monté d’un cran. Le rejet des candidatures a aussi été évoqué, mais les membres des différentes commissions ont fait comprendre qu’ils ne pouvaient analyser les problématiques qu’en état actuel des lois et qu’ils ne pouvaient s’ingérer dans les affaires internes du pays, mais n’agissaient qu’en fonction du “guideline” de la SADC.

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