SAJ / RAMGOOLAM: les ponts sont coupés

Les ponts politiques sont, semble-t-il, coupés entre le président de la République et le Premier ministre. Après l’escalade verbale en public depuis le 5 mars entre l’hôtel du gouvernement et la State House, Navin Ramgoolam a pris la décision de ne pas se rendre au rendez-vous hebdomadaire du jeudi avec sir Anerood Jugnauth pour passer en revue la situation dans le pays et aborder des sujets d’intérêt majeur pour le gouvernement. De plus, l’Audi A 6 de campagne du chef de l’État et immatriculée 2132 MR 12 est déjà prête pour être ramenée à sa résidence à La Caverne le jour de sa démission.
Tout compte fait le tête-à-tête Jugnauth/Ramgoolam de chaque jeudi est devenu chose du passé. Même si aucune réunion du conseil des ministres n’était prévue cette semaine en raison du jour férié de demain pour les célébrations de la fête Ougadi, le dévoilement du buste de sir Harilal Vaghjee, premier Speaker mauricien, au Receptorium de l’hôtel du gouvernement rénové a été fixé à 15 heures pour faire de la place à ces consultations au plus haut sommet de l’État.
Devant la tournure des événements politiques depuis les célébrations du 44e anniversaire de l’Indépendance et le 20e de la République dimanche à la Hindu House, le Premier ministre Navin Ramgoolam a pris la décision d’annuler ce rendez-vous. D’autre part, le jeudi 29 mars, date des 82 ans de sir Anerood Jugnauth, les observateurs politiques voient mal « Navin Ramgoolam aller souhaiter bon anniversaire au président de la République » vu que leurs relations personnelles sont au plus bas niveau ces jours-ci.
Les attaques contre le président de la République après ses récentes prises de position contre la politique globale du gouvernement et la Mauritius Broadcasting Corporation iront en s’accentuant. C’est le mot d’ordre aux parlementaires du gouvernement. Le point de presse de samedi devra voir le tandem Patrick Assirvaden, président du Parti travailliste, et Nita Deerpalsing, directrice de communication du Labour, monter au créneau pour « goguenarder sir Anerood Jugnauth et le pousser à la démission ».
Entre-temps à la State House les signes annonciateurs de la démission de sir Anerood Jugnauth se précisent sur le plan du choix de personnel, susceptible de faire partie du Private Office du président à la retraite. Toutefois, le fait marquant de cette semaine a été la réception de l’Audi A 6 personnelle de sir Anerood Jugnauth portant la plaque d’immatriculation 2132 MR 12.
Dans l’entourage de Sir Anerood Jugnauth, l’on avance que même si tout président à la retraite dispose d’une voiture officielle pour ses déplacements, il a pris le soin de se doter d’une voiture personnelle pour les besoins de ses déplacements politiques et éviter des critiques de la part de ses adversaires politiques quant à des abus hypothétiques de privilèges.
Ces mêmes sources avancent que d’autres précautions majeures ont été prises pour éviter des tracasseries administratives comme c’était le cas lors de son départ en tant que Premier ministre en décembre 1995. La Mercedes de classe S venant d’Allemagne avec une capacité de 3 200 cc au lieu de 2 500cc s’était retrouvée au centre d’une controverse politique avec la douane. Finalement, après une année, sir Anerood Jugnauth avait eu gain de cause.
L’un des dossiers majeurs que devra traiter le président de la République avant de soumettre sa démission concerne la contestation du redécoupage des arrondissements urbains en vue des élections municipales. À ce matin, le ministère des Administrations régionales n’était pas en présence des conclusions des consultations engagées par sir Anerood Jugnauth sur la base du document de contestation présenté par le leader du MSM, Pravind Jugnauth. Les recommandations officielles venant de la State House à ce sujet représenteront une nouvelle étape dans les changements à prévoir à la présidence de la république.
La nouvelle Local Government Act prévoit que toute proposition d’amendements aux délimitations des wards municipaux devra être soumise par le président de la République au ministre de tutelle. « Je ferai ce que la loi prévoit. La clause 9 (3) de la Local Government Act 2011 m’autorise à émettre des regulations. Je le ferai quand j’aurai le temps et je compte laisser le temps faire son oeuvre », a déclaré au Mauricien Hervé Aimée dans la matinée.  

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -