« Tou Korek Lakaz Mama » Tourisme : à prévoir avalanche d’annulations de réservation

L'Hôtel du GM engagé dans un contre-la-montre pour sortir de la liste « rouge écarlate » de Paris Une jeune femme de 25 ans décède après son Booster Shot de Pfizer 22 décès « akoz Covid » recensés hier, portant le nombre à 130 pour la semaine avant les "chiffres" de Jagutpal

Invariablement, les opérateurs dans l’industrie touristique s’accordent à dire que l’inclusion de Maurice dans la nouvelle liste « rouge écarlate » de Paris en matière de lutte contre la propagation du variant Omicron du Covid-19 s’annonce catastrophique. De ce fait, ils se préparent à gérer une avalanche d’annulations de réservations pour la pointe touristique de décembre avec des incertitudes pour le reste de l’année.

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Le marché touristique français pèsera de tout son poids poussant l’Hôtel du Gouvernement, soutenu par l’industrie touristique, à multiplier les initiatives pour ramener les autorités françaises à revoir cette décision. Mais au tableau des réservations, il faudra s’attendre à des Cancellations de l’ordre de 50% en moyenne. C’est ce que l’on fait comprendre même si au niveau de l’Association des Hôtels et Restaurants de l’île Maurice (AHRIM) et de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), l’on s’accorde à dire que la destination touristique de Maurice reste ouverte.

Sur le front local, l’indicateur du nombre de décès akoz-Covid se maintient à son niveau dramatique du mois de novembre. Cette semaine se termine avec au moins 130 autres victimes du virus avant les « chiffres' » du ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, de cet après-midi. Encore plus dramatique est le fait qu’une jeune femme de 25 ans est décédée mercredi soir après son Booster Shot du vaccin Pfizer. La victime Soonanda Mohan, une habitante de Goodlands, s’est retrouvée en difficulté après avoir effectué sa troisième dose du vaccin Covid.

Son frère Bhesraj Sharma Mohan, âgé de 23 ans, indique qu’il avait accompagné sa sœur peu avant midi au Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital pour que sa sœur puisse se faire vacciner. Cependant, explique-t-il, sa sœur qui souffrait déjà de certaines comorbidités, a eu des complications de santé aussitôt rentrés chez eux à Goodlands. Le jeune frère de Soonanda avance également que peu avant 19 heures, sa sœur a commencé à souffrir de forte fièvre et aussi de diarrhée et aussi de vomissement.
Le frère a dans un premier temps transporté Soonanda à la Goodlands Mediclinic vu la détérioration des conditions médicales de cette dernière. Avec l’aggravation de l’état de santé de sa soeur Bhesraj, Sharma Mohan a accompagné sa sœur à l’hôpital SSRNH vers 23 heures.

Aussitôt arrivée à la Casualty Ward de l’hôpital et alors qu’elle se faisait ausculter, Soonanda Mohan a rendu l’âme sur les lieux. Une autopsie devait être pratiquée hier pour déterminer la cause exacte du décès de la jeune femme de 25 ans.

Par ailleurs, l’on a enregistré ces dernières 24 heures, 22 décès « akoz Covid », dont quatre au New ENT Hospital à Vacoas. Parmi les victimes figure un autre Frontliner qui a été emporté par le Covid-19 ces dernières heures. Il s’agit du constable Mithun Kumar Neerunjun, âgé de 40 ans et qui compte presque 20 ans de service dans la force policière. La victime avait été dans un premier admis à l’hôpital SSRN à Pamplemousses et avait par la suite été transférée quelques jours après, soit le 17 novembre au New ENT Hospital. Il y a passé 14 jours. Ce père de famille affecté au Police Main Command and Control Centre, ne souffrait d’aucune comorbidité et était doublement vacciné contre le Covid-19.
Le policier, habitant de Melville, Grand-Gaube, s’est vu son état de santé graduellement détériorer durant son hospitalisation. Il aurait souffert de problèmes respiratoires sévères. L’on déplore toutefois un manque de communication de la part des responsables de l’ENT Hospital. « Pa finn tro gagn nouvel mem e nou pa ti pe tro kone ki pe arive », laisse entendre un membre de la famille.

Les autres décès enregistrés proviennent des cinq Regional Hopitals, avec notamment six décès à l’hôpital du Nord, trois à l’hôpital Jeetoo à Port-Louis, trois également à l’hôpital Nehru à Rose Belle, deux à l’hôpital Bruno Cheong à Flacq et aussi cinq à l’hôpital Victoria à Candos. Il y aurait aussi durant ces dernières 24 heures, 600 nouveaux cas de Covid-19, notamment à travers les Rapid Antigen Tests.

Les regrets du ministre Ganoo : « Des mesures malheureuses »

Le ministre des Affaires étrangères, Alan Ganoo, regrette la décision du gouvernement français de classer Maurice dans la liste rouge écarlate, et parle de « mesures malheureuses ». Alan Ganoo fait comprendre que le Covid-19 High Level Committee, présidé par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, s’est penché sur la situation dès mercredi après-midi. « Nous avons déployé tous les moyens diplomatiques afin d’essayer d’amener la France à retirer Maurice de cette catégorie nouvellement créée et dans laquelle se trouvent essentiellement des pays d’Afrique australe », poursuit-il.

« Nous avons pris contact avec l’ambassade de France à Maurice et j’ai eu plusieurs conversations avec l’ambassadrice Florence Caussé-Tissier. Nous avons fait le point de la situation et j’ai exprimé le sentiment que Maurice n’aurait pas dû être sur la liste rouge écarlate. Nous acceptons que nous aurions pu resserrer les protocoles mis en place. Nous estimons que cette mesure prise à l’encontre de Maurice est bien malheureuse. Sachant que nous faisons notre maximum et prenons toutes les mesures nécessaires et avons recours à des spécialistes étrangers, notamment de La Réunion et de l’Inde, afin d’arriver à “flatten the curve” la progression de la maladie. C’est pourquoi que nous considérons que cette mesure est injuste, d’autant que nous dépendons lourdement de la Grande-Bretagne et de la France pour le tourisme. Nous espérons que la France, qui est un pays ami, comprendra et acceptera de nous retirer de la catégorie rouge écarlate », déclare le chef de la diplomatie.

Gilbert Espitalier-Noël, CEO du Groupe Beachcomber :
« Implication catastrophique »

Pour le directeur exécutif du Groupe Beachcomber, le classement de Maurice dans la liste rouge écarlate est une mesure « injustifiée et hâtive »

Comment le classement de Maurice dans la liste rouge écarlate de la France affecte Beachcomber ?
Cette décision, qui vient s’ajouter à celle de la fermeture avec l’Afrique du Sud, a une implication catastrophique pour les opérations de Beachcomber Resorts & Hotels. Elles représentent la moitié de nos réservations qui disparaissent durant le mois le plus porteur de l’année, et ce, quelques semaines après la réouverture.

Est-ce que cette mesure est justifiée ?
C’est une mesure injustifiée et hâtive de notre point de vue. La situation sanitaire à Maurice est semblable à la majorité des pays et les risques ne sont pas plus grands pour les voyageurs. Sur 20 000 clients accueillis chez nous depuis le 1er octobre, seuls neuf cas positifs se sont été avérés. Aucune de ces neuf personnes n’était de nationalité française et elles ont toutes pu regagner leurs pays respectifs.

Le Way Forward ?
Comme mentionné, nous pensons que cette décision française est injustifiée. Le pays doit tout faire pour convaincre la France de revoir rapidement sa position.

OMICRON
Un premier vol de rapatriement d’Afrique du Sud prévu lundi

Un premier vol de rapatriement d’Afrique du Sud est prévu lundi. Ce vol fait suite à la décision du gouvernement de suspendre, jusqu’à la fin du mois, le trafic de passagers entre l’Afrique du Sud et Maurice dans le sillage de la propagation du nouveau variant Omicron.
Quelque 250 Mauriciens et 100 expatriés se sont fait enregistrer sur la Hotline du ministère des Affaires étrangères depuis le début de la semaine. Il n’est pas impossible qu’un deuxième vol soit organisé afin de rapatrier tous ceux qui le souhaitent. Entre-temps, les autorités entreprennent actuellement des démarches afin de prendre les mesures nécessaires pour placer en quarantaine tous ceux qui seront rapatriés. Les passagers qui sont arrivés à Maurice lors du dernier vol passager d’Air Mauritius en provenance d’Afrique du Sud samedi sont toujours en quarantaine.

COVID-19 | Omicron : Difficultés des Mauriciens coincés à Johannesburg
Un groupe de Mauriciens, qui devaient regagner Maurice au courant de cette semaine, est toujours bloqué à Johannesburg. Ils ont été informés, avant leur départ, que les vols vers Maurice ont été annulés. Ils réclament l’intervention du gouvernement, car certains d’entre eux n’ont plus de ressources pour pouvoir tenir longtemps.
Ces Mauriciens ont échangé leurs numéros de téléphone suite à l’annulation de leur vol pour être toujours en contact dans l’éventualité d’un vol de rapatriement. « Nous avons dû effectuer une telle démarche pour être sûrs que nous sommes sains et saufs. C’est dommage que le gouvernement ne dise rien sur un vol de rapatriement », soutient un homme d’affaires étranger, mais qui gère une entreprise à Maurice.

Il dit avoir retrouvé un hôtel in extremis suite à l’annulation de son vol. « J’ai été informé que mon vol avait été annulé. Je n’ai eu aucune information au sujet de mon hébergement, ni sur le prochain vol pour retourner à Maurice. Avec cette annulation, sans préavis, j’ai dû trouver un hôtel à mes propres frais », explique-t-il au Mauricien par téléphone.
Comme lui, plusieurs autres se retrouvent dans des situations de grande détresse. « Je suis étonné que personne ne nous informe qu’un prochain vol est prévu pour retourner à Maurice. Nous avons uniquement eu comme information que notre nom est sur la liste du prochain vol. Mais jusqu’à présent, rien n’est encore confirmé », ajoute l’homme d’affaires.
Il fait ressortir que la mission diplomatique à Pretoria n’est pas d’une grande aide dans la conjoncture. « On ne veut plus entendre ma voix, car j’ai trop appelé. On me dit qu’on n’a pas de communication de Maurice. Je peux comprendre », dit-il. En principe, il aurait dû rentrer au pays dans le courant de la semaine. De ce fait, il a laissé son véhicule sur le parking de l’aéroport. « J’ai dû faire appel à des amis pour qu’ils puissent prendre mon véhicule et que je n’ai pas de pénalité à payer », avoue-t-il.

Il affirme qu’il n’a aucun problème à respecter les restrictions imposées. Mais le plus important, c’est de pouvoir assister les Mauriciens, qui se voient toujours coincés à l’étranger. Par ailleurs, ces Mauriciens, qui communiquent sur les réseaux sociaux, disent être tenus complètement à l’écart. « Nous ne pouvons pas uniquement nous contenter des communiqués. Ce n’est pas maintenant que nous allons mettre en place un mécanisme. Cette manière de faire est mal perçue par beaucoup », disent-ils.

La MTPA et l’AHRIM demandent à la France de revoir sa décision

Les présidents de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) et de l’Association des hôtels et restaurants de l’île Maurice (AHRIM), Nilen Vencadasmy et Jean-Michel Pitot, ont lancé un appel au gouvernement français en vue de revoir le classement de Maurice sur la liste rouge écarlate. « La grande famille du tourisme mauricien reste soudée face à ce nouveau défi. Nous faisons appel au gouvernement français afin que cette décision soit revue le plus rapidement possible pour en minimiser l’impact sur une industrie dont dépendent un peu plus de 150 000 personnes, et qui se remet à peine sur ses pieds », affirment-ils.

Dans un communiqué commun, la MTPA et l’AHRIM trouvent que la décision de la France de placer Maurice sur la nouvelle liste « rouge écarlate » de manière temporaire, avec neuf autres pays d’Afrique australe, a été aussi « soudaine que sévère ». Des nouvelles conditions très strictes pour tout déplacement entre la France et Maurice, avec effet immédiat, ont pris de court tous les opérateurs du tourisme mauricien.
« Cette décision arrive à un très mauvais moment pour le secteur du tourisme mauricien, soit tout juste deux mois après la réouverture de nos frontières aux visiteurs étrangers vaccinés. La France étant un de nos principaux marchés, nous mesurons l’impact qu’aura cette décision, à un moment où les réservations pour la fin de l’année étaient des plus prometteuses. Malgré l’annonce du gouvernement français, la destination mauricienne reste ouverte et nous continuerons d’accueillir les visiteurs qui souhaitent découvrir ou redécouvrir notre île, et cela dans le respect des protocoles sanitaires en vigueur », ajoutent-ils.

Ces deux organisations rappellent que les autorités compétentes sont déjà en contact avec les autorités françaises et qu’en attendant, les opérateurs du tourisme continueront de déployer tous leurs efforts afin d’assurer la sécurité de leurs employés et des visiteurs. Les représentants du comité conjoint public/privé du tourisme ont déjà sollicité une rencontre officielle avec l’ambassadrice de France, Florence Caussé-Tissier. Des rencontres officielles avec d’autres représentants diplomatiques suivront. Pour rappel, depuis le début de la pandémie, la priorité absolue des autorités locales, avec l’appui des opérateurs du tourisme, a toujours été de protéger la santé des Mauriciens, des résidents et des visiteurs de l’île.
Les deux organisations soulignent qu’en plus d’un protocole d’accueil strict, Maurice avait également suspendu les connexions aériennes avec un certain nombre de pays à l’annonce du nouveau variant. « Les acteurs du tourisme continuent de soutenir le programme national de vaccination. Notre pays compte déjà un taux de vaccination très élevé, avec actuellement plus de 89% de la population adulte vaccinée », font comprendre les représentants de ces deux organisations.

Bissoon Mungroo, porte-parole des hôtels de charme
« Une haute saison touristique perdue »

Bissoon Mungroo, représentant des hôtels de charme, considère que le classement de Maurice sur la liste rouge écarlate en France est une « catastrophe » pour les opérateurs. « Cette décision est bien mal perçue à Maurice, parce qu’on ne sait même pas si le variant Omicron y existe. Maurice ne doit pas être pénalisée à cause de La Réunion. Savez-vous le tort que cela fait à l’industrie touristique locale ? Nous nous attendons à des annulations de 50% à 60% dans les jours à venir. Nous apprenons qu’au lieu de quatre vols sur la desserte Maurice-Paris, il n’y en aura que deux. Ceux qui choisiront de venir devront respecter un protocole strict et devront faire au moins trois tests PCR au coût de Rs 10 000 au moins », explique Bissoon Mungroo.

Il déplore que les établissements hôteliers mauriciens ratent toute la clientèle traditionnelle du mois de décembre, ce qui entraînera un manque à gagner considérable, selon lui. « En premier lieu, avec l’ouverture des frontières, nous avons dû remettre à jour toute notre logistique, dont nos voitures, qui entreront à nouveau au garage. De plus, nous avons recruté un personnel supplémentaire. Nous devrons licencier ces employés à peine auront-ils commencé à travailler. Finalement, nous aurons à rembourser ceux qui ne pourront faire le déplacement à Maurice. Tout cela représente des dépenses supplémentaires alors que notre rentrée d’argent sera réduite considérablement », dit Bissoon Mungroo, pressentant un “Back to March 2020” dans cette industrie.

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