Scandale de Rs 80 M : la Santé étêtée et pression de démission sur Jagutpal

  • La SCE Dalida Allagapen et le haut fonctionnaire Bucktowar à la retraite et, le PS Parmanand Mawah, le Principal Pharmacist Brijendrasingh Naeck, et le DPS Ramasawmy sous le coup d’une interdiction de leurs fonctions
  • Le Principal Pharmacist aux quatre chapeaux Under Warning par l’ICAC acculé par ses directives au sujet de la cargaison de CPN Distributors Ltd

À peine une semaine après la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, sur le scandale du contrat de Rs 80 millions d’un million de doses de la version générique de Molnupiravir, la Santé est ébranlée par la crise. Le Top Management de ce ministère a été étêté alors que la pression pour exiger la démission, voire la révocation du ministre de tutelle, Kailesh Jagutpal, ne fait que s’accentuer à la veille de la dernière séance de l’Assemblée nationale de cette année. Les informations disponibles à hier soir sont que la Senior Chief Executive, Dalida Allagapen, que l’on dit très proche d’un Senior Minister du gouvernement, est en partance à la retraite de même que le haut fonctionnaire Bucktiwar. De leur côté, le Permanent Secretary, Parmanand Mawah et le Principal Pharmacist, Brijendrasingh Naeck, le haut fonctionnaire assurant tout le contrôle de la pharmacie, de même que le Deputy Permanent Secretary, le Dr Ramasawmy, l’auteur des dépositions pour fuited d’informations à la Santé sont sous le coup d’une interdiction formelle de leurs fonctions, mesure devant être avalisée par la Public Service Commission (PSC). En parallèle aux faveurs accordées à la société CPN Distributors Ltd avec le contrat de Rs 80 millions et la dose de Molcovir à Rs 79.92, prix jugé abusif sous tous les angles, l’allocation de deux autres contrats de médicaments pour le traitement de patients contaminés au Covid-19, notamment à la même société de Montagne-Longue, et à Hyperpharm, suscite des interrogations sous les mêmes dispositions de la Public Procurement Act alors que les séances d’interrogatoire au QG de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) se multiplient le temps que les premières interpellations ne soient formalisées.

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Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien auprès des sources bien renseignées, indiquent devant les premières révélations troublantes des dessous de ce lièvre levé par Xavier-Luc Duval, que l’Hôtel du Gouvernement a préféré sacrifier de hauts fonctionnaires de la Santé. Cette décision fait suite à la logique adoptée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, en début de semaine où il avait pris fait et cause en faveur du ministre Jagutpal. Toutefois, ce dernier fait face à une levée de boucliers des rangs politiques, où sa tête est mise à prix depuis le week-end dernier avec le parti Travailliste réitérant la demande de démission avant la séance parlementaire de demain.
Avec le départ à la retraite en quatrièlme vitesse de la Senior Chief Executive (SCE), le Permanent Secretary, le Principal Phamacist du ministère de la Santé, dont les noms reviennent en leitmotiv dans le « Hold-Up » de Rs 80 millions pour le Direct Purchase de 990 000 doses de Molcovir, et de DPS Ramawasmy ont été Interdicted avec effet immédiat de leurs fonctions respectives hier avec la décision communiquée aux concernés par le chef de la fonction publique, Nayen Kumar Ballah. Mais un autre Top Gun de la Santé, très proche du ministre Jagutpal, impliqué dans le Deal, n’est pas pour l’instant inquiété pour des raisons que l’on ignore.

Toutefois, d’autres sources avancent que la Senior Chief Executive Allagapen aurait, entre-temps, initié des procédures pour son départ à la retraite de la Fonction publique. Ces trois hauts fonctionnaires, faisant partie de la garde prétorienne du ministre Jagutpal à la Santé, seraient étroitement liés à l’octroi du contrat de Rs 80 millions à l’Unsolicited Bidder pour le Molcovir à la compagnie de l’homme d’affaires Akash Chuttoo.

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Les informations disponibles à ce jour sont que la SCE Allagapen et le PS Mawah auraient validé à travers leurs signatures l’achat de ces 990 000 doses de Molcovir alors que l’exercice de Restricted Bid était en cours. Dans les milieux informés, on affirme qu’on aurait conclu que les deux auraient dû s’enquérir davantage autour de cette cargaison alors que la compagnie CPN Distributors Ltd n’avait pas été invitée à participer à l’exercice de Restricted Bidding du 25 novembre dernier auprès des représentants locaux des producteurs indiens du Molnupiravir.

Outre ce premier couperet au plus haut niveau du ministère de Kailesh Jagutpal, l’Independent Commission Against Corruption procède à l’interrogatoire Under Warning de quatre protagonistes avec l’enquête instruite depuis mardi sous les dispositions de la Prevention of Corruption Act.

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L’interrogatoire du Principal Pharmacist et aussi Registrar du Pharmacy Board, Brijendrasingh Naeck s’est poursuivi hier au QG de la commission anti-corruption. Le principal concerné se retrouve de plus en plus en situation compliquée avec notamment des directives claires émanant de sa part au sujet de la cargaison litigieuse de médicaments de CPN Distributors Ltd.

Pour l’heure, Brijendrasingh Naeck est confronté à la teneur accablante des Minutes of Proceedings récupérés par l’ICAC dans les dossiers du ministère traitant du Procurement de médicaments pour le traitement de Covid-19.

L’on soupçonne d’ailleurs que c’est Brijendrasingh Naeck qui serait le maillon fort de cet épisode d’Insider Dealing, facilitant la transaction avec CPN Distributors Ltd sous le couvert des Emergency Procedures pour les patients atteints du Covid-19. L’ICAC chercherait à savoir si le Principal Pharmacist aurait agi en solo ou sous les instructions d’autres personnalités clés dans les milieux de la Santé.

D’autre part, les limiers de l’ICAC ont aussi poursuivi hier l’interrogatoire du Manager Procurement and Supply, Pooben Amoordon. Ce dernier a été entendu au sujet des différentes étapes de cette commande de Molnupiravir, que ce soit sous le Restricted Bid et aussi le Direct Purchase.

L’ICAC a aussi convoqué hier le Pharmacy Manager de CPN Distributors, Shanoo Suroowan. Il se présente comme le point de contact officiel de la compagnie d’Akash Chuttoo et est celui qui est au centre de tous les échanges avec le ministère pour cette commande des 990 000 doses.

Avec les Background Informations déjà acquises, l’on n’écarte pas la possibilité que les premières inculpations provisoires, soient logées au plus tôt d’ici la fin de cette semaine.
Toutefois, comme pour ajouter au volet politique de ce scandale, Me Rama Valayden, qui est revenu à la charge après sa première déposition au Central CID, a dénoncé ce scandale à la Santé. Hier, il a écrit officiellement au directeur général de l’ICAC, Navin Beekarry, pour lui communiquer une série de 21 numéros de téléphone cellulaire, dont les détenteurs, ferait partie du réseau Jagutpal à la Santé. L’homme de loi demande à l’ICAC d’enquêter, après l’obtention de Judge’s Orders les liens entre ces numéros de téléphone et la séquence des échanges entre eux.

Un autre développement majeur à venir est l’intention formelle de l’ICAC de solliciter d’un juge siégeant en référé des Disclosure Orders pour mener un Money Trail avec la compagnie CPN Distributors Ltd en Background en vue de mieux comprendre les tenants et aboutissants de la Chuttoo Connection à la Santé vu le traitement obtenu à ce jour.
Affaire à suivre…


12 nouveaux cas Omicron
sur 15 échantillons analysés

Le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, qui s’était fait fort de déclarer à l’Assemblée nationale que « no case of Omicron has been detected » alors que les résultats de tests de séquençage n’étaient même pas connus, est appelé à rectifier le tir. L’exercice de séquençage effectué sur 15 échantillons de personnes testées positives au Covid-19 venant d’Afrique du Sud a permis de détecter douze nouveaux cas du variant Omicron sur le territoire mauricien.
Ces douze passagers ayant contracté ce variant hautement contagieux ont été placés en quarantaine car ils avaient été testés positifs à leur arrivée et n’ont pas eu de contact avec la communauté locale. C’est ce qu’indique le ministère de la Santé.
Ainis, le nombre total de personnes contaminées au variant Omicron et détecté passe à 14. Le ministère de la Santé fait aussi état de la détection de deux cas du variant Delta et d’un de la souche locale l B.1.1.318 sur les 15 échantillons envoyés à des fins d’analyses au Central Health Laboratory de Candos.

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