SEAFOOD INDUSTRY : L’industrie du thon dans la zone rouge

L’industrie du thon, principal pilier du Seafood Hub mauricien, se trouve dans une zone rouge. Elle est sérieusement menacée par une pénurie de poissons due au fait que les navires européens et seychellois ne pourront approvisionner Maurice adéquatement à partir d’octobre prochain en raison d’une résolution adoptée par la Commission thonière de l’océan Indien (CTOI). Les autorités mauriciennes, en particulier le ministère des Affaires étrangères, multiplient actuellement leurs efforts auprès de la Commission européenne afin d’obtenir une dérogation pour s’approvisionner en dehors de la zone de l’océan Indien.
La résolution de la CTOI était qu’à compter du 1er janvier dernier, les États membres dont la capture de thon jaune est supérieure à 5 000 tonnes devront réduire leur capture de 15% par rapport au niveau de capture enregistré en 2014. Il se trouve qu’en juillet, les navires de pêche espagnols ont capturé 75% de leur quota total dans la région de l’océan Indien et arrêteront leurs activités en octobre, alors que les navires battant le pavillon seychellois cesseront leurs opérations vers septembre prochain.
Ainsi, les conserveries mauriciennes connaîtront une grave pénurie de poissons. La principale conserverie mauricienne, Prince Tuna, traite environ 110 000 tonnes de poissons par an. Ses principaux fournisseurs de matières premières sont les navires européens et seychellois. Faute de matière première à partir de fin septembre, il est possible que la conserverie Prince Tuna soit forcée de ralentir rapidement sa production. La possibilité qu’elle cesse ses activités à la fin de l’année est grande, avec les conséquences que cela représente pour l’économie mauricienne. Les emplois dans le secteur de Seafood Hub, estimés à 8 000, sont directement menacés. De plus, avec des revenus estimés à Rs 9 milliards par an, les conserveries mauriciennes représentent 20% des exportations mauriciennes.
Maurice a déjà fait une demande de dérogation en vue de l’utilisation de 8 000 tonnes de poissons provenant de zones en dehors de l’océan Indien. La demande a été rejetée par la Commission européenne. Les raisons avancées par l’UE sont que Maurice a déjà exporté du thon frais et congelé, qui aurait pu être utilisé comme matières premières dans sa conserverie. Elle estime que la réaffectation par Madagascar ne justifie pas la nécessité d’accorder une dérogation supplémentaire à Maurice. Le ministère des Affaires étrangères a renouvelé sa demande, qui ne sera pas approuvée avant trois mois. « Nous avons besoin d’une réponse dans les premières semaines de septembre car l’expédition des cargaisons de poissons à Maurice prendrait au moins un mois », constate Lilowtee Rajmun, directrice de la MEXA.
« Nous souhaitons faire un appel spécial de 4 000 tonnes sous la dérogation normale pour une période spécifique, soit de septembre à décembre prochains. La dérogation sera une demande unique pour combler la pénurie aiguë de l’approvisionnement en matières premières de l’industrie. Par la suite, à partir de janvier 2018, nous commencerons à acheter auprès de nos fournisseurs habituels, des navires de l’UE et des Seychelles », poursuit Lilowtee Rajmun.
La MEXA propose également l’envoi « urgent » d’une mission à Bruxelles. Cette mission de “lobbying” devrait être composée de représentants du gouvernement et du secteur privé. L’objectif de la mission sera d’organiser une série de réunions avec les autorités et les organisations de l’UE afin d’expliquer les raisons et l’urgence du besoin de dérogation normale spéciale de 4 000 tonnes pour une période spécifique, soit de septembre à décembre 2017.

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