SÉCURITÉ MARITIME | COI – Kate Sullivan de Estrada : « L’OI, zone la plus militarisée du monde »

De par sa position stratégique, l’océan Indien est l’espace le plus convoité au monde, en attestent notamment les transactions commerciales, qui ont pris de l’ampleur grâce à la montée en puissance des économies asiatiques. De grandes puissances mondiales ont en outre déjà établi leur base militaire dans de petits États, faisant de l’océan Indien la zone la plus militarisée au monde s’agissant des enjeux de sécurité maritime.

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Intervenant mardi matin sur le thème “Océan en partage : sécurité et opportunités” au Caudan Arts Centre, lors d’un débat qui s’insère dans le cadre du partenariat entre l’Union européenne (UE) et la Commission de l’océan Indien (COI), Kate Sullivan de Estrada, professeure associée de l’Université d’Oxford, estime que la surexposition de la piraterie aux dépens d’autres défis maritimes a été la cause de la recrudescence d’autres forces militaires dans l’océan Indien. « This led to situations where there are currently 29 foreign military facilities currently in operation in the north west indian ocean. It is one of the most highly militarised regions of the world », explique-t-elle par visioconférence. À travers cette surexposition, les grandes puissances maritimes dans la région et ailleurs ont ainsi trouvé un moyen de protéger leur puissance en combattant la piraterie, mais sans inciter, de manière immédiate, les tensions régionales.

Lors de son exposé, la chercheuse soutient que les années 1980 ont été marquées par la montée en puissance des économies clés de l’Asie, faisant ainsi de l’océan Indien un conduit important et central pour le commerce international et les puissances asiatiques majeures. Ce qui, selon Kate Sullivan de Estrada, a créé une forte interdépendance et a fait de l’océan Indien une zone hautement compétitive. La professeure associée note également un intérêt grandissant de l’économie bleue dans l’océan Indien, étant donné que ce secteur se présente comme central pour la croissance des États insulaires en développement. Mais de l’autre côté, dit-elle encore, ces États sont aussi menacés par la piraterie, le trafic de drogue et d’armes, la pêche illégale et le trafic humain. De plus, les menaces sont aussi présentes avec le changement climatique et le fort volume de transport maritime, nuisant à l’environnement marin.

Toutefois, cette série de défis, selon elle, doit aussi amener à une coopération régionale renouvelée dans l’océan Indien. « Regional cooperation needs to find governance solutions to these kinds of problems of order at sea and in the western Indian ocean specifically we saw these processes converge in response to the sharp rise in incidences of piracy », estime-t-elle. Pour elle, la COI a aussi son rôle à jouer dans la région, bien que « différent de celui des puissances qui s’y sont déjà établies ».

Depuis Madagascar, Nicolas Flury, conseiller maritime et officier international de liaison français au Centre de fusion de l’information maritime, a évoqué le trafic maritime et l’affaire du naufrage du Wakashio. Ainsi, selon lui, tous les types de navires doivent faire l’objet d’une surveillance renforcée dès lors qu’ils pénètrent dans un espace maritime particulier. « Avec l’augmentation de la taille des navires que l’on constate depuis plusieurs décennies, ce ne sont plus seulement les pétroliers qui sont susceptibles de générer une marée noire », dit-il, citant en exemples les paquebots ou même les vraquiers, comme le Wakashio.

Ces navires, dit-il, sont aussi susceptibles de causer une catastrophe écologique. Cependant, pour lui, l’axe de navigation qui passe au sud-est de Maurice, empruntant le Détroit de la Sonde au Cap de Bonne Espérance, constitue une zone de moyenne fréquentation. « Cette fréquentation risque de s’accroître dans les prochaines années. Surtout qu’il  s’agit d’une zone où la navigation hauturière n’est pas réglementée », fait-il cependant ressortir.

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