SEMAINE DE L’HISTOIRE DE L’INDIANOCÉANIE (25 AU 27 NOVEMBRE 2019) – Thèmes : Congrégations Religieuses, Mer et Esclavage

DR JIMMY HARMON
De La Réunion

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Du 25 au 27 novembre 2019, l’Association Historique Internationale de l’océan Indien (AHIOI) tient sa Semaine de l’Histoire de l’Indianocéanie. Événement annuel que les organisateurs tiennent à relever le défi. Chercheurs de différents pays de l’océan Indien, de l’Inde et de France, étudiant(e)s et membres du public intéressés par le sujet se réuniront à la Médiathèque de Saint André, Ile de la Réunion. Pour Prosper Eve, organisateur de cette semaine de l’Histoire, c’est l’occasion de mettre en valeur les travaux en cours dans différents pays de l’océan Indien. Cette année, un colloque est consacré aux thèmes des congrégations religieuses, la mer et l’esclavage. Le colloque a aussi la particularité de marquer le 170e anniversaire de la Congrégation des Filles de Marie à l’Ile de la Réunion. Celle-ci est aussi présente à Maurice depuis le XIXe siècle.

DR JIMMY HARMON

Auguste Toussaint, l’initiateur

« Fondée en 1960 à la suite du premier congrès des archivistes et des historiens de l’océan Indien tenu à Antananarivo, l’Association Historique Internationale de l’océan Indien (AHIOI) a pour objectif de promouvoir les études historiques et les sujets connexes ayant trait aux pays de l’océan Indien. Son premier président a été notre compatriote Auguste Toussaint, alors directeur des Archives de l’île Maurice. Claude Wanquet, Professeur à l’Université de La Réunion, a poursuivi la tâche ». L’association est aujourd’hui présidée par Prosper Eve, également Professeur à l’Université de La Réunion. De 1986 à 2004, elle a publié la Revue Historique des Mascareignes, devenue en 2005 la Revue Historique de l’océan Indien. Depuis 2009, la revue accueille les Actes de la Semaine l’Histoire de l’Indianocéanie rythmée par trois colloques, la dernière journée de la semaine étant consacrée au thème de l’esclavage. Huit numéros ont été publiés.

Religion & Colonisation

« La question des missions chrétiennes et de la colonisation qui caractérisent à partir de la fin du XVe siècle le grand mouvement d’expansion, qui pousse les Européens à l’exploration des nouvelles terres, a déjà suscité bon nombre de réflexions. L’association de ces deux termes a conduit les théologiens espagnols à s’interroger sur la légitimité de la colonisation quand elle est réalisée au nom de l’évangélisation. Mais, bien vite, s’est imposée l’idée d’une colonisation chrétienne afin de sauvegarder l’indépendance de la mission. La seconde révolution industrielle et le renforcement de la mondialisation de l’économie ne changent pas véritablement la volonté de collaboration lorsque s’accomplit la seconde expansion coloniale, même si elle déclenche de vives critiques et suscite des rivalités entre missionnaires et colonisateurs. La convergence des intérêts débouche sur une collaboration instrumentalisée par la propagande coloniale. Pourtant, si la mission s’est associée à la colonisation elle ne s’est pas liée à son sort. »

Le 170e anniversaire de la naissance de la congrégation des Filles de Marie, juste après l’émancipation des esclaves à La Réunion, est l’occasion de renouveler le discours sur la place du christianisme et sa manière d’être dans la zone indianocéanique, en incluant l’Inde. Il s’agit d’abord d’aborder le contexte qui permet à de nouvelles congrégations missionnaires de naître dans cet espace, de déterminer leur originalité, leurs liens avec les pouvoirs (politique et économique) et leur impact sur le débat concernant les liens avec la colonisation. Il s’agit ensuite de relire les politiques élaborées par les congrégations qui s’y installent (Inde, Maurice, Madagascar, Seychelles…) afin de voir si le discours sur le prosélytisme agressif résiste à la critique. Leur position au moment de la décolonisation impose de suivre la même démarche. Dans son allocution d’ouverture, Prosper Eve, professeur, Université de La Réunion, a procédé aux questionnements suivants : « Le christianisme n’est-il pas à Madagascar le ferment du nationalisme auquel il donne ses leaders ? N’est-il pas à La Réunion l’espoir des affranchis de 1848 et à Maurice l’espoir des Créoles au début du XXIe siècle ? Enfin, comme la religion a été présentée comme l’opium du peuple, il s’agit d’étudier les œuvres des congrégations et leurs résultats afin de saisir leur influence dans la libération des corps et des esprits. »

Le cas de l’Ile Maurice et Rodrigues

Bruno Cunniah, professeur associé à l’Université de Maurice, est intervenu hier. Le titre de sa communication est comme suit : « Voir l’Île-de-France et mourir : Harriet Atwood Newell, une missionnaire au service de Dieu. » Marek Ahnee, doctorant au Centre d’Études de l’Inde et de l’Asie du Sud (CEIAS) de l’EHESS, Paris, a mis en exergue hier la question des Jésuites tamouls, Pasteurs télougous: langue, littérature et Mission Indienne dans l’île Maurice de l’après-engagement. Benoît Jolicoeur devait aborder, pour sa part, La contribution des laïcs engagés au sein de l’Église dans la conscience politique citoyenne. Étude de cas de la figure d’Antoinette Prudence (1952-2007) à l’Ile Rodrigues. (Rodrigues). L’auteur de ces lignes interviendra, lui, sur les Nouvelles ecclésiologie et missiologie : quand la Pentecôte se fait créole en terre mauricienne. Qui plus est, Eddy Cheong See, Révérend Père Église Anglicane Maurice, qui soutient actuellement une thèse de doctorat en dialogue interreligieux au Acts Academy of Higher studies – Bangalore, parlera de La place du dialogue interreligieux et la mission.
Le dernier jour, demain, nous aurons droit concernant l’expérience missionnaire à une visite guidée de sites historiques, en l’occurrence, Église de la Rivière-des-Pluies et site de la Vierge Noire ; cimetière de l’Est, St-Denis : Mausolée de Monseigneur Alexandre Monnet par des affranchis de St-Denis, et finalement le musée La Vraie Fraternité (Providence).

Source : Programme du Colloque – Les Congrégations Religieuses dans les pays de l’indiaocéanie (XVI-XXIe siècle), Département de La Réunion

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