SERVICES FINANCIERS – TRANSFERTS TRANSFRONTALIERS : Sur la piste des $ 500 M des Kadhafi Investments

  • Ces fonds placés depuis 2006 dans des entités Offshore hébergées dans le Global Business Sector à Maurice
  • Maurice dans l’attente de reconnaissance internationale des « négociateurs libyens » sur ce dossier suivi au niveau du Conseil de sécurité des Nations unies

La communication formelle de l’Attorney General’s Office de la Libye, dénonçant les abus financiers allégués attribués à une entité incorporée à Maurice, relance le dossier des Kadhafi Investments à Maurice. Les dernières informations recueillies de sources concordantes indiquent que le défi des autorités libyennes demeure de remonter la piste de ces transferts transfrontaliers et placements dans des sociétés opérant dans le Global Business Sector pour un montant évalué à quelque 500 millions de dollars américains, presque Rs 2 milliards. Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien dans les milieux officiels confirment des tractations politiques et diplomatiques de haut niveau entre le ministère des Affaires étrangères et « les autorités libyennes » axées sur le Libya Africa Investment Portfolio, avec notamment des investissements massifs transitant par l’offshore mauricien sous l’ère du régime politique du colonel Mouammar Kadhafi.
De sources concordantes dans les milieux informés du secteur des services financiers, l’on évoque que des officiels libyens auraient initié des discussions avec les autorités mauriciennes en vue de « réquisitionner » les quelque 500 millions de dollars américains transitant par la juridiction depuis 2006 ayant pour but d’accroître les profits durant le règne Kadhafi. Sauf que la donne a changé avec le renversement politique en Libye survenu en 2011. Ainsi, les nouvelles forces politiques de ce pays ont entamé une chasse aux fortunes libyennes à travers plusieurs juridictions financières dont Maurice. Mais on indique que sur le plan de la diplomatie mauricienne on s’attend en parallèle à une reconnaissance internationale des négociateurs libyens, ce dossier étant suivi de près par le Conseil de sécurité des Nations unies au regard des sanctions qui pèsent sur des entités libyennes.

- Publicité -

Les informations recueillies du milieu des institutions financières du pays soulignent d’ailleurs que des sommes astronomiques dépassant nettement les USD 500 millions ont été investies dans diverses compagnies offshore hébergées à Maurice sur directives des apparatchiks évoluant dans ce qui était alors la galaxie Kadhafi. D’ailleurs, le Libya Africa Investment Portfolio aurait effectué ces transferts transfrontaliers durant les années 2006 et 2007. Il s’agirait, selon les proches de ce dossier, d’investissements et de profits émanant de la commercialisation de produits pétroliers, injectés dans des fonds et gérés par des Management Companies à Maurice.

En effet, ce Libya Africa Investment Portfolio (LAIP) fait partie d’un grand fonds souverain appelé Libyan Investment Authority (LIA). L’ONU a inscrit ces deux sociétés dans un gel partiel de leurs avoirs le 16 septembre 2011. La branche immobilière de LAIP, la Libyan Arab African Investment Company (LAAICO), a quant à elle été soumise à un gel complet de ses avoirs sous le EU Libya Regime. LAIP est d’ailleurs inscrit sur la liste des entités sous sanction, avec comme motif avancé qu’il serait « sous le contrôle de Mouammar Kadhafi et de sa famille, et une source potentielle de financement de son régime ». Depuis la chute de Kadhafi en 2011, plusieurs émissaires de nouvelles forces politiques multiplient les tentatives de récupérer ces fonds du gouvernement libyen.

Le dossier est revenu sur le tapis cette semaine au vu de la démarche de l’Investigation Department de l’Attorney General’s Office de la Libye, qui a lancé un mandat d’arrêt contre Fauzi Ali Remali, le directeur d’une société enregistrée à Maurice, Africa Investment and Trade Company, pour « fraude et abus des biens financiers » en provenance du fonds souverain libyen et qui aurait comme Registered Agent, Mondial Management Services Ltd. Des contacts bilatéraux seraient d’ailleurs en cours entre Tripoli et Port-Louis pour plus d’éclairage sur ces fortunes libyennes qui transitent dans l’offshore mauricien.

On laisse entendre que le Financial Intelligence Unit (FIU) aussi bien que la Banque de Maurice assurent un « watching brief » sur les dessous de ces tractations géopolitiques avec ces centaines de millions de dollars américains coincées dans l’intervalle. D’autant plus que ce dossier est traité au plus haut niveau sur le plan international, avec l’implication du Conseil de sécurité des Nations unies.

À ce stade les sources mauriciennes proches de ce dossier font état de vigilance prônée dans le cadre de ces discussions pour le retour de ces fonds libyens, avec notamment les courtiers ayant fait surface depuis l’ère post-Kadhafi ne pouvant soutenir jusqu’à maintenant ces demandes par manque de reconnaissance officielle, vu que dans certaines positions des pro-Kadhafi seraient toujours en poste. Le camp mauricien devrait selon des recoupements attendre que cette démarche soit motivée par des « authenticated documents » avant de décider de la marche à suivre.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -