En anticipation des périodes sèches à venir provoquées par le changement climatique, les autorités comptent mettre les bouchées doubles quant au captage de l’eau des rivières. C’est ce qu’a indiqué le ministre de l’Énergie et des Services publics Joe Lesjongard hier lors d’une visite à la Municipal Dyke de Sorèze à Pailles, notamment avec l’installation de plusieurs Pressure Filters pour récupérer les eaux des rivières et les injecter dans le réseau de fourniture d’eau potable.
« Nou pe ogmant kapasite pou rekiper delo pou stokaz. Nou pe pans pou replik sa model isi la dan lezot ban larivier ek osi ogmant kapasite prodiksion delo potab », a déclaré le ministre de tutelle. L’on envisage ainsi d’adapter le modèle de cette digue qui date de 1932 et qui a été réhabilitée entre 1999 et 2003, avec une capacité de 85 000 mètres cubes d’eau desservant toute la région de Port-Louis. Il a visité les lieux hier en compagnie des techniciens de la Central Water Authority et de la Water Resources Unit pour aussi identifier les avenues de booster la fourniture de l’eau à travers ce point stratégique.
En effet, ce déficit persistant en termes de pluies de juillet 2020 à mi-avril 2021, sauf pour le mois de décembre 2020, témoigne que l’île Maurice n’est pas épargnée par l’impact du changement climatique, laisse-t-on entendre. D’autant plus que le premier d’une série de trois rapports de l’Intergovernmental Panel on Climate Change des Nations Unies publié la semaine dernière en marge de la COP 26 est alarmant, au regard des prévisions auxquels l’humanité devra faire face, dont des événements météorologiques extrêmes tels que des vagues de chaleur extrêmes, des sécheresses et des inondations si des mesures adéquates ne sont pas prises pour freiner la hausse de la température mondiale. De plus, la distribution temporelle et spatiale des pluies sur l’île donne lieu à des ressources en eau insuffisantes, en particulier pendant les mois secs de septembre à décembre, pour répondre à la demande croissante en fourniture d’eau.
Du côté du ministère de l’Énergie et des services publics, on laisse entendre que bien que nous soyons à l’aise avec le niveau de stockage actuel dans les réservoirs – de quelque 96 % contre environ 85 % l’an dernier à la même période –, l’on multiplie les stratégies pour améliorer l’approvisionnement en eau pour les prochaines saisons sèches compte tenu de l’incertitude entourant la pluviométrie et le fait que Maurice deviendrait un pays en situation de « water stress » dans un avenir proche.
Joe Lesjongard a indiqué qu’il importe de se préparer afin de pouvoir gérer ce qu’il réitère être un « water stress » en mobilisant des moyens de captage à travers le pays. Avec l’approbation gouvernementale à la feuille de route préparée conjointement par le ministère de tutelle, la Central Water Authority et la Water Resources Unit, l’on a examiné la question de l’approvisionnement en eau en considérant les contraintes et les aspects de la chaîne, en particulier les pénuries d’eau en période sèche, la demande, la mobilisation de l’eau brute, le traitement de l’eau, la transmission, le transport et la distribution. Des stratégies pour faire face aux contraintes ont été élaborées et incluent entre autres la refonte de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en eau pour satisfaire la demande durant les mois secs annuels d’octobre à décembre. On affirme que cette étape est abordée par le développement de projets rentables d’exploitation de l’eau des rivières qui ont des débits suffisants même pendant les périodes sèches. Cette nouvelle infrastructure comprend la construction de prises d’eau et de digues à travers les rivières qui permettent le pompage de l’eau pour l’alimentation dans des local containerized pressure filters (CPFs) pour le traitement et la distribution. À cet égard, l’eau serait puisée dans 14 rivières à travers le pays.
En conséquence, la CWA a déjà lancé l’achat de 11 CPFs et devrait accuser livraison vers la fin du mois d’octobre pour une mise en service le mois suivant. Les CPF seront installés à Rivière des Anguilles, Baie du Cap, Côte D’Or, Constance, Melrose, Mare D’Australie, Bramsthan, La Nicolière et Beau Bois. L’on prévoit également l’achat de 20 filtres à pression conteneurisés (CPF) pour l’installation à travers le pays, comme indiqué dans la feuille de route des autorités avec les appels d’offres qui devraient être lancés le mois prochain.
Toutefois, l’on devrait faire face à un problème majeur associé au captage direct de la rivière, soit lors des fortes pluies avec l’eau devenant boueuse provoquant une rupture dans la production. Un comité technique a d’ailleurs été institué pour pencher sur cet aspect, laisse-t-on entendre. En outre, la spécification du CPF a aussi été modifiée pour accroître la capacité de traitement de l’eau de turbidité plus élevée. Autre obstacle dans la mise en Å“uvre de ces projets est l’acquisition des terres dans les endroits ciblés par les autorités.