GERARD TADDEBOIS
Chers lecteurs, comme beaucoup d’entre nous, si ce n’est la grande majorité, en aval de cette guerre sanitaire, cette période de confinement et de psychose conjoncturelle nous bouleverse, nous inquiète et même, dans bien des cas, nous fourvoie par ces kilomètres d’informations qui pleuvent ici et là et qui au final nous font plus de mal que de bien et nous désinforme au lieu de nous informer.
Il est impératif de se rendre compte que le véritable art de communiquer n’est pas seulement de dire la bonne chose au bon moment, mais aussi de ne pas dire la mauvaise chose au moment de la tentation. Les réalités locales et même internationales pleuvent d’exemples. Joseph Conrad nous fait prendre conscience de notre rôle de citoyen responsable par cette pertinente réflexion : « Les mots mettent des nations entières en mouvement… Donnez-moi les bons mots prononcés avec la bonne intonation et je bougerai le monde. »
Prenons conscience que notre unité ne vient pas d’un diktat d’en haut, d’une autorité pyramidale, mais de notre capacité à travailler ensemble. Apprenons des fourmis à trouver notre unité dans une profonde communion fraternelle et non dans un système pyramidal où certains veulent tout contrôler ou veulent s’attribuer des mérites messianiques.
La seule limite à notre aboutissement de demain sera nos doutes d’aujourd’hui et le moyen le plus sûr d’y sombrer serait de se laisser happer par toutes les nouvelles qui nous parviennent. Évidemment, ce sera au détriment de temps de qualité pour des réflexions pondérées ou de moments précieux à passer avec ses proches.
Soyons lucides sur nos émotions et lubrifions nos processus d’interactions humaines en bannissant toutes ces publications et ces partages fatalistes, non confirmés et pernicieux. Si nous rejetons cet appel citoyen, nous ne ferons alors qu’être contagieusement partie prenante d’un engrenage pervers porteur d’une fascination mortifère, tout comme la mouche qui inexorablement est attirée par l’ampoule lumineuse qui finit par la tuer.
Notre ambition à tous est de sortir vainqueur de cette guerre que certains nomment comme « la troisième guerre mondiale ». Sans être réducteur ou faire fi des réalités incontestables, pour croire en un avenir meilleur, nous nous devons de voir en ces nuages cumulatifs l’annonce de la pluie abondante du ciel.
Entendre cet appel n’est pas une affaire d’appareil auditif, mais bien une affaire de cœur. L’intelligence n’est pas un privilège réservé à certains mais un don que nous possédons tous. Il y en a huit si on se réfère aux travaux d’Howard Gardner. Utilisons à bon escient celles dont nous brillons et ne mettons pas en avant notre ego de donneur de leçon au détriment d’un humanisme profond.
La paix est avant tout un don de Dieu ou de l’Univers (pour les non-croyants) offert à ceux et celles qui y travaillent, comme le fruit que le cultivateur reçoit comme don de l’arbre qu’il a soigné pendant de longues années. Avant de nous lancer dans des partages sur des réseaux sociaux entre autres, arrêtons-nous un instant et méditons sur cette belle leçon de sagesse du père de la philosophie et qui demeure le message principal de ce texte :
Les trois tamis de Socrate
Un jour, quelqu’un vint voir Socrate et lui dit :
– Écoute Socrate, il faut que je te raconte comment ton ami s’est conduit.
– Arrête ! interrompit l’homme sage. As-tu passé ce que tu as à me dire à travers les trois tamis ?
– Trois tamis ? dit l’autre, empli d’étonnement.
– Oui, mon bon ami : trois tamis. Examinons si ce que tu as à me dire peut passer par les trois tamis. Le premier est celui de la Vérité. As-tu contrôlé si ce que tu as à me dire est vrai ?
– Non, je l’ai entendu raconter, et …
– Bien, bien. Mais assurément, tu l’as fait passer à travers le deuxième tamis. C’est celui de la Bonté. Ce que tu veux me dire, si ce n’est pas tout à fait vrai, est-ce au moins quelque chose de bon ?
Hésitant, l’autre répondit : non, ce n’est pas quelque chose de bon, au contraire…
– Hum, dit le Sage, essayons de nous servir du troisième tamis, et voyons s’il est utile de me raconter ce que tu as à me dire …
– Utile ? Pas précisément.
– Eh bien, dit Socrate en souriant, si ce que tu as à me dire n’est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère ne pas le savoir, et quant à toi, je te conseille de l’oublier …
En finalité, on pourrait terminer par cette exhortation, signée Peter Deunov : « Place la bonté comme base de ta vie, la justice comme mesure, la sagesse comme limite, l’amour comme délectation et la vérité comme lumière. »