SOODHUN SAGA : Le CCID en appelle à l’IBA

L’enquête du Central CID au sujet des menaces de mort proférées par le vice-Premier ministre et président du MSM, Showkutally Soodhun, à l’encontre du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, arrive difficilement à décoller. La raison principale demeure l’absence de la version intégrale de l’intervention de Showkutally Soodun lors de l’Eid Party à Centre-de-Flacq mardi dernier. Jusqu’ici, toutes les tentatives des enquêteurs du CCID en vue de mettre la main sur cet “exhibit” cruciale ont été vaines. Le dernier recours devrait être une requête formelle à l’Independent Broadcasting Authority (IBA) pour que cette pièce à conviction puisse être versée dans le dossier à charge dans les meilleurs délais. Un petit détail mérite toutefois d’être relevé : des milieux autorisés aux Police Headquarters indiquent que le comité organisateur des célébrations officielles pour marquer le 250e anniversaire de la création de la force policière aurait déjà pris la décision de ne pas inclure le No 4 du gouvernement parmi les “Official Guests” de la cérémonie formelle du 1er août aux Casernes centrales. Une semaine après les faits incriminés, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, ne cache pas sa déception devant « l’inaction des autorités, investies de pouvoirs sous la Constitution pour assurer le maintien du “Law and Order” dans le pays ».
À ce matin, la décision a été prise au plus haut niveau de la hiérarchie du CCID de faire appel à l’IBA en vue d’obtenir l’intégralité de l’enregistrement du discours de Showkutally Soodhun. « Toute requête pour obtenir un tel enregistrement par la filière de l’IBA devra peser de tout son poids dans le cadre de toute enquête policière. Nous avons décidé de nous prévaloir de cette option pour la confirmation de l’authenticité de l’exhibit en passant par l’IBA et le nécessaire sera effectué dans les meilleurs délais », fait-on comprendre dans les milieux proches des enquêteurs.
Cette démarche à travers l’IBA devra éviter un embarras à la station de radio et de télévision nationale, la MBC, l’une des rares parties à probablement détenir cette version intégrale des interventions lors de l’Eid Party à Centre-de-Flacq. Dans la conjoncture, force est de constater que le principal concerné, après avoir été absent aux délibérations du conseil des ministres de vendredi dernier, a présidé une autre Eid Party à Vacoas lors de cette même soirée. S’adressant à l’assistance, à aucun moment Showkutally Soodhun n’a remis en doute les propos et menaces qui lui sont attribués. Il s’est évertué à tout mettre sur « le gros dos du dérapage » avant de prendre l’avion samedi pour l’Inde.
Entre-temps, le CCID a approché ceux qui étaient présents sur les lieux au moment des faits, notamment des policiers affectés pour assurer l’ordre public. Ils n’ont cependant pas été d’une grande utilité pour faire progresser l’enquête. Tel a été également le cas pour des membres de la presse, qui ne seraient pas en possession de cet enregistrement complet.
À ce stade, il est extrêmement difficile de dire si d’ici le retour du vice-Premier ministre et ministre des Terres, annoncé pour le début de la semaine prochaine, le CCID sera armé de cet enregistrement en vue de consigner la version de Showkutally Soodhun. Toutefois, la police a pris une précaution en prévision des célébrations officielles pour son 250e anniversaire. En dépit des relations étroites entre le vice-Premier ministre et le commissaire de police, Karl Mario Nobin, le comité organisateur a en effet pris la décision de restreindre les invitations officielles pour la cérémonie du dévoilement d’une stèle commémorative et la parade formelle du mardi 1er août. Les invitations n’ont été adressées qu’au Premier ministre, Pravind Jugnauth, et au Mentor Ministre, sir Anerood Jugnauth. À ce matin, aucune des sources officielles aux Casernes centrales ne voulait commenter ce détail, affirmant que la liste des invités est actuellement en préparation.
De son côté, le leader de l’opposition dénonce « le parti pris dont font preuve des institutions avec des pouvoirs sous la Constitution pour garantir le maintien du “Law and Order” ». Il poursuit : « Ce qu’il faut retenir dans cette dernière affaire Soodhun est le caractère inacceptable des propos à relent communal tenus par un vice-Premier ministre de la République. Si la population voulait obtenir une preuve inéluctable d’une justice à deux vitesses, la démonstration flagrante est faite. » Affaire à suivre.

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