8 mars 1975. L’Onu institue la Journée pour les droits de la femme et la paix internationale. À l’agenda : la création de conditions favorables à l’élimination des discriminations envers les femmes et leur pleine participation, sur un pied d’égalité, au développement. Cinquante ans sont passés sous les ponts. Dans certaines régions du monde, plusieurs de ces objectifs sont atteints. Des femmes gèrent leur pays; d’autres dirigent des agences internationales importantes.
Ce 8 mars 2025, la Mauricienne peut certainement être fière d’avoir accès à l’éducation gratuite. De travailler et d’être indépendante économiquement. De jouir d’une foule de libertés. Certes. Pourtant, le tableau est loin d’être reluisant. Qu’elle soit mère, fille, grand-mère ou soeur, la Mauricienne souffre. Dans une société en perpétuelle évolution, après le boom économique de la révolution industrielle, son statut social ne lui permet toujours pas de vivre libre. Les contraintes et pressions sont multiples, les regards qui jugent et les préjugés perdurent. Et c’est sans compter les violences diverses : physique, verbale, psychologique, économique…
Depuis quelques années, avec une consommation accrue des drogues, les femmes sont les premières à prendre des coups. Le Groupe A de Cassis a permis à d’innombrables mamans et épouses de toxicomanes victimes de violences de la part de leurs enfants et conjoints, de crier leurs détresses et désespoirs. Aux cas déjà en croissance alarmante de femmes battues, vient s’ajouter cette problématique.
Quant à la place de la Mauricienne sur l’échiquier politique, que dire ? Que deux femmes au sein du cabinet de l’actuel gouvernement. Certes, oui, plusieurs sont en fonction, notamment comme Junior Ministers, et aussi dans des positions cruciales. Les attentes que ce nouveau gouvernement parviendra à changer cette donne sont énormes. Renverser la vapeur est utopique et ne peut se faire en un tournemain, nous en sommes conscients. Tout au moins, espérerons une rupture d’avec les clichés qui font mal et qui cloisonnent la Mauricienne toujours un peu plus.
À leurs niveaux respectifs, Ong et associations militantes locales font de leur mieux avec très peu de moyens et autant de ressources humaines. Et d’ailleurs, ce manque de “commitment”, d’investissement humain, s’en ressent dans tout ce qui touche à la sphère sociale. Et l’on s’étonne que notre société dégénère… Que des enfants et de jeunes ados, filles comme garçons, sont dépendants de substances illicites. Qu’ils se donnent en (mauvais) spectacle dans les cours d’école comme sur la place publique. Si les gouvernements investissaient davantage dans des projets sociaux, cela permettrait des avancées concrètes.
Le 8 mars est également décrété Journée mondiale de la paix internationale. Avec ce qui se passe sur l’échiquier mondial, les caprices successifs d’un Donald Trump qui ressemble davantage à un gosse qui s’amuse avec ses jouets, jamais nous n’avons été aussi près d’une troisième guerre mondiale ! Avec le conflit entre la Russie et l’Ukraine qui n’en finit pas, la situation en Moyen-Orient qui risque d’exploser à tout moment et le génocide d’Israël en Palestine, il suffirait d’une étincelle pour embraser le globe.
Événement majeur de cette semaine : Maurice soufflera ses 57 bougies. La présence du Premier ministre indien, Narendra Modi, invité d’honneur aux célébrations, recèle une foule d’espoirs et de promesses. Qu’il s’agisse du combat pour récupérer les droits sur les Chagos que pour les projets nationaux, le passage, bien qu’éclair, de la grosse pointure qu’est Modi sera catalyseur en bien de façons.
Ce 12 mars, la nation mauricienne respirera à nouveau à pleins poumons après plusieurs années d’asphyxie. Jamais un régime comme celui dirigé par Pravind Jugnauth jusqu’au 11 novembre dernier n’aura causé autant de torts à la population. Les cicatrices d’une harmonie nationale sérieusement mise à mal, couplées à un climat de perpétuelle méfiance, pèsent lourd dans la balance. À mesure que passent les jours, les scandales de mise en scène et autres “planting” sont révélés. Sans compter les méthodes mafieuses qui gangrènent nos institutions.
Nous ne le répéterons jamais assez, le gouvernement aux commandes, qui a été plébiscité par le phénoménal 60-0, a tout intérêt à retenir les leçons de mauvaise conduite du régime de Jugnauth fils. Et d’éviter à tout prix de tomber dans les pièges faciles.
Husna Ramjanally