Soutenir la croissance: La CCI en faveur des mesures incitatives à l’investissement

L’économiste et secrétaire général de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry, Mahmood Cheeroo, estime qu’il est impératif de relancer l’investissement dans les secteurs productifs et a plaidé pour de nouvelles mesures incitatives en ce sens. C’était hier lors de son intervention à l’assemblée générale annuelle de l’Association of Mauritian Manufacturers. Une intervention qui a suscité la réaction du ministre du Commerce et de l’Industrie Cader Sayed-Hossen.
Selon Mahmood Cheeroo, des économistes sont d’avis qu’il faille en moyenne un taux d’investissement représentant environ 30 % du Produit intérieur brut (PIB) pour pouvoir réaliser un taux de croissance économique de 6 %. Or, le taux d’investissement à Maurice, qui était d’environ 30 % vers la fin des années 90, a chuté au début des années 2000 avant de repartir légèrement en 2006-2007 pour retomber aujourd’hui à environ 24 % du PIB avec, en plus une croissance zéro en 2010. « Si l’on reste à ce niveau, il sera difficile de passer le cap de 4 % de croissance économique », a souligné le secrétaire général de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI).
Le pays, a observé Mahmood Cheeroo, a besoin d’un taux de croissance de plus de 5 % pour pouvoir résorber le chômage. La relance des investissements est vitale dans la conjoncture. D’où les appels répétés du secteur privé, en particulier la MCCI, pour que tout soit mis en oeuvre en vue de dynamiser l’investissement.
Le secrétaire général de la MCCI s’est rappelé qu’avant 2006, des abattements fiscaux étaient accordés aux entreprises sur les investissements dans l’équipement. Les mesures incitatives ont ensuite été intégrées dans un seul « package » dans le sillage de la décision du gouvernement de ramener le taux d’imposition des sociétés de 30 % à un taux uniforme de 15 %. « L’idée était bonne au départ », a commenté Mahmood Cheeroo car la rationalisation du régime d’impôt direct était une nécessité. Mais les données, selon lui, ont changé aujourd’hui avec la conjoncture internationale difficile.
L’intervenant a estimé qu’il fallait repenser à la réintroduction de mesures fiscales incitatives pour donner un coup de pouce à l’investissement. La question est de déterminer la meilleure formule à adopter. Une subvention sur la valeur de l’équipement comme c’est pratiqué dans certains pays tel le Maroc ou une double déduction fiscale sur les investissements dans les machines comme c’est le cas à Singapour ? Mahmood Cheeroo considère qu’il faut accorder une attention particulière à l’investissement car le pays ne peut se permettre de rester à un taux de croissance de 4 % ou moins.
Réagissant aux propos du secrétaire général de la MCCI, Cader Sayed-Hossen a déclaré qu’il était favorable à l’idée pour des actions ciblées concernant l’investissement mais a demandé au secteur privé de faire preuve d’honnêteté concernant les mesures de rationalisation prises dans le passé. Le ministre du Commerce et de l’Industrie a fait ressortir qu’en 2006, lorsque différents régimes fiscaux ont été intégrés avec pour résultat final un taux d’imposition de 15 %, « le secteur privé avait alors accueilli avec satisfaction la baisse du taux d’imposition de 30 % à 15 % ». Or, a-t-il poursuivi, « le secteur privé ne peut cinq/six ans plus tard venir dire le contraire ». Pour Cader Sayed-Hossen, le secteur privé donne l’impression de vouloir tenir à certains avantages fiscaux comme des acquis tout en recherchant d’autres. Le ministre a observé qu’il y a bien eu ces dernières années des investissements dans divers projets tels la rénovation d’établissements hôteliers, les shopping malls et l’immobilier. L’investissement, a-t-il déclaré, ne contribue pas seulement à créer des emplois car il génère aussi de la richesse. « Le gouvernement n’a jamais été contre les bénéfices, d’où la baisse du taux d’imposition. »
Cader Sayed-Hossen a, en réaction aux observations faites plus tôt par le président de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM) concernant la montée des importations et la concurrence aux produits locaux, soutenu que Maurice n’est pas un « import-driven economy ». « Nous importons ce que nous ne pouvons avoir sur place. Toute notre politique industrielle est orientée vers l’exportation. Nous encourageons les entreprises à se tourner vers l’exportation », a-t-il affirmé.
Le ministre a annoncé que le secteur manufacturier tourné vers le marché domestique a une contribution d’environ 11 % au PIB et que sa production totale a avoisiné les Rs 67 milliards en 2011. « I am glad to note that despite the challenges stemming from globalisation, liberalisation, lowering down of tariffs and the financial crisis, the domestic-oriented manufacturing sector has witnessed a positive growth rate of 1.1% in 2011 », a-t-il annoncé tout en rappelant que cette performance repose sur les efforts soutenus des entreprises à se moderniser et à s’adapter à un environnement changeant avec le soutien du gouvernement.
Cader Sayed-Hossen a fait référence dans ce contexte aux différents plans de soutien à l’industrie dont celui concernant la restructuration et la modernisation des industries, l’Export Credit Guarantee Scheme, le Leasing and Equipment Modernisation Scheme et le Mauritius Business Growth Scheme.

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