St-Louis Gate – Navin Ramgoolam : « Kifer Jugnauth pa met enn komision danket? »

Le leader du PTr, Navin Ramgoolam, a demandé au Premier ministre, Pravind Jugnauth, d’instituer une commission d’enquête sur la Saint-Louis Gate et de demander à Ivan Collendavelloo de “step-down”. Il a qualifié les explications données au Parlement cette semaine par le Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, de « performance ridicule » et de « diarrhée verbale ».

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« Koz manti kouma dir pe sanz semiz ! » a lancé Navin Ramgoolam lors d’un point de presse, hier. « Pe touy demokrasi, pe kokin larzan, pe fer travayer perdi travay, pe abolir NPF e fer krwar pe kas gran pake », a-t-il poursuivi, accusant la MBC de faire de la propagande, « au point que Maurice soit devenue pire que la Corée du Nord ». Il a décortiqué l’affaire de la Centrale Saint-Louis à travers 17 questions. Il a commencé par demander à Ivan Collendavelloo de dire s’il avait connaissance des cas de pots-de-vin alors qu’il était ministre responsable du CEB.
Faisant l’historique des turbines de la centrale, Navin Ramgoolam a rappelé qu’en 2012, un consultant avait recommandé une étude de faisabilité sur la consommation d’électricité « afin de prévoir ce qui passera plus tard ». En 2013, le CEB a lancé un “appeal for interest” et, le 27 mars 2014, des soumissionnaires ont été préqualifiés et, le lendemain, le Central Procurement Bureau (CPB) a commencé son exercice d’évaluation. Et de réaliser qu’il n’y a finalement eu qu’un seul soumissionnaire, à savoir la BWSC, « car les quatre autres n’avaient pas soumis leurs offres ».

En septembre 2014, le CPB a rejeté l’offre de cette compagnie, considérant qu’elle était “non responsive” et avait relevé 80 déviations majeures par rapport aux spécifications réclamées par le CEB. « Si comme le dit Collendavelloo, l’offre était “tailor-made”, comment expliquer qu’il y avait au moins 80 déviations ? Les faits sont là. Il ne faut pas dire de faussetés au Parlement. J’étais Premier ministre et le CEB tombait sous la responsabilité de Rashid Beebeejaun. A-t-on donné le contrat ? Car c’est un fait, le CPB avait rejeté l’offre de BWSC », s’est-il appesanti.

Les autres soumissionnaires et la Banque africaine de développement (BAD), qui finance le projet, avaient été informés de sa décision. Par la suite, la BAD avait dépêché un représentant à Maurice. « Ce n’est pas vrai de dire que la BAD avait voulu faire une enquête. Ou fer lanket kriminel kan pena narien inn perdi ? Ivan Collendavelloo a dit une fausseté à ce sujet », ajoute-t-il.

Avec la contestation de la décision du CPB, l’audition avait été fixée à mars 2015. Et cette année-là, soit le 3 juillet, le CPB a confirmé la décision de la CTB. « Est-ce que le PTr a interféré ? » a lancé Navin Ramgoolam, observant que le Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, avait affirmé que ce dossier « était pour lui une priorité afin d’éviter tout black-out ». Or, ajoute le leader du PTr, « les faits ont démontré qu’il n’y avait aucun danger de black-out, détail que le Premier ministre adjoint d’alors devait d’ailleurs confirmer à la suite d’une PNQ de Paul Bérenger, alors leader de l’opposition ».

De nouveaux appels d’offres ont par la suite été lancés le 1er octobre 2015 avec quatre soumissionnaires. Le 12 novembre, le CPB avait identifié BWSC comme étant le “preferred bidder”. Navin Ramgoolam allègue qu’ « Ivan Collendavelloo, aidé du directeur du CEB, Gérard Hebrard, avait revu les spécifications des offres ». Ce qui explique, selon Navin Ramgoolam, que « BWSC n’avait fait, cette fois, aucune déviation », et n’avait aucune offre conditionnelle. « Gérard Hebrard et Ivan Collendavelloo ont bien travaillé. Mais cette fois, le montant de l’offre était supérieur de Rs 700 M », insinue-t-il en précisant que le 12 novembre, les trois autres offres avaient été rejetées.

« Pourquoi le CEB a-t-il attendu deux mois pour informer les trois Bidders que leur offre avait été rejetée ? » se demande Navin Ramgoolam. Et de rappeler que ces derniers ont décidé de contester la décision du CPB devant l’IRP le 8 janvier 2016. « Mais deux heures avant que l’IRP ne se penche sur ces demandes, le CEB a émis un « Certificate of Urgency in the public interest », alors qu’il n’y avait aucune urgence ». Or, dit-il encore, pour prendre une telle décision, le ministre de tutelle « doit être informé, et ce dernier doit ensuite en informer le Premier ministre » avant de donner des directives dans ce sens. «  Ivan Collendavelloo veut nous faire avaler une couleuvre. Personne ne sait rien, mais le crime s’est produit. Collendavelloo veut défendre l’indéfendable. Le projet a été inauguré en présence d’un représentant de la BWSC, M. Jensen. »

Navin Ramgoolam a également commenté la décision de BWSC d’initier une enquête suite à des dénonciations de fraude et de corruption dès 2018. « Cependant, ni le board du CEB, ni Ivan Collendavelloo, ni même le Premier ministre ne savent rien à ce sujet », avance-t-il en poursuivant la chronologie des événements avec l’annonce de BWSC du 6 février 2019, confirmant le licenciement de sept employés avec « M. Jensen figurant parmi ces personnes. »

Au sujet de l’e-mail en date du 15 février 2019 de la BWSC adressé à l’Acting General Manager du CEB, Shamshir Mukoon, au sujet de ce scandale, Navin Ramgoolam se demande « ou pou krwar ki enn zafer osi grav li pa inform Collendavelloo et Collendavelloo pa dir Pravind Jugnauth ?  Il s’interroge sur le délai de la part du CEB pour réclamer des précisions et informer le conseil d’administration. « Mais le procès-verbal de cette réunion a disparu », note-t-il en mettant en garde contre tout « tampering with evidence ». Et de demander : « Kifer personn pa pran not dan sa reunion-la ? » Il poursuit : « Ce n’est que le 31 octobre que l’affaire est portée devant le conseil d’administration pour discuter de la question. Pendant tout ce temps il n’y a eu aucune enquête. »

Navin Ramgoolam rappelle que l’affaire a éclaté à Maurice le 8 juin à la suite d’un communiqué de la BAD. « Qu’est-ce qui se serait passé si la BWSC n’avait pas fait d’enquête dans sa compagnie ? » lance-t-il, disant s’étonner que le président sortant du CEB se soit déclaré « choqué et consterné » par les affirmations de la BAD. Et de rappeler que le Premier ministre a, « à six reprises affirmé I’m not aware en réponse à une PNQ » du leader de l’opposition. « Pourquoi Pravind Jugnauth est-il aussi indulgent envers Collendavelloo ? » se demande-t-il.

Selon lui, « ce n’est que 16 mois après que l’affaire a été évoquée par la BWSC qu’on a demandé à l’ICAC de mener une enquête ». Et de se demander « pourquoi le conseil d’administration du CEB a été révoqué et replacé ? », poursuivant : « J’espère que l’ICAC ne fera pas de Cover-Up. Si c’est le cas, la vérité finira par sortir ! » Et de demander pour conclure sur le sujet : « Puisqu’on veut mettre cette affaire sur le dos du PTr, pourquoi le Premier ministre n’institue-t-il pas une commission d’enquête et demande à Ivan Collendavelloo de “step-down” ? »

À noter que Navin Ramgoolam a profité de la conférence de presse pour rejeter les accusations du Premier ministre à l’effet que ce serait le gouvernement travailliste qui serait responsable du crash d’Air Mauritius. Il a par ailleurs annoncé qu’il compte faire des « révélations » concernant la rénovation du Plaza.

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