Sucre : la solvabilité du SIFB divise GM et opposition

  • Avec l’utilisation de la bagasse pour générer de l’énergie électrique, le CEB appelé à contribuer à hauteur de Rs 500 millions dans le fonds de compensation aux planteurs de cannes

La solvabilité du Sugar Insurance Fund Board (SIFB) a été évoquée par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, lors de la PNQ du jour sur les difficultés de l’industrie sucrière. « The SIFB is no longer solvent », devait-il soutenir, en passant en revue le “package” de compensation énoncé par le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, en faveur des planteurs de cannes, notamment un prix de Rs 25 000 par tonne pour les premières 60 tonnes de sucre. Toutefois, le ministre de tutelle a voulu être rassurant, soutenant qu’il n’y a « aucun risque » de banqueroute pour le SIFB dans la conjoncture. D’autre part, avec la bagasse utilisée pour la génération d’énergie électrique, le CEB sera appelé à contribuer pour un montant de Rs 500 millions dans le fonds de compensation de Rs 650 millions constitué.

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La PNQ de ce matin était consacrée aux planteurs de canne à sucre. L’occasion pour le leader de l’opposition de demander au ministre de l’Agro-industrie de fournir une analyse du prix proposé de Rs 25 000 par tonne de sucre pour la récolte 2019 pour les 60 premières tonnes, en donnant une estimation du prix par tonne de sucre sur le marché mondial ainsi que d’autres recettes accumulées et subventions qui doivent être accordées, et ce tout en indiquant leurs sources. Il a également demandé au ministre de donner une indication sur les mesures à moyen et long termes qui seront prises afin d’assurer la survie et la prospérité du secteur sucrier, en particulier pour les petits planteurs.

Contrairement à la séance d’hier, l’exercice de PNQ s’est déroulé dans un calme total, à l’exception d’une petite remarque de Mahen Jhugroo, immédiatement  rappelé à l’ordre par la Speaker, Maya Hanoomanjee.

Pour le ministre de l’Agro-industrie, « il est connu de tous que le secteur sucrier connaît une phase très difficile » depuis quelques années. Une situation qu’il attribue à la baisse du prix du sucre sur le marché mondial en raison de l’excès dans la fourniture de sucre à travers le monde, mais aussi à la surproduction en Europe, au Brésil, en Thaïlande et dans d’autres pays. L’abandon des terres sous canne est une autre cause majeure, selon lui. Le ministre a par la suite mentionné les mesures qui ont été prises depuis 2015, dont l’augmentation de la taxe sur l’importation de sucre, passée de 15% à 80%.

À ces mesures s’ajoute la décision d’accorder cette année à tous les planteurs un prix de Rs 25 000 par tonne de sucre produite pour les 60 premières tonnes de sucre. Ce prix inclut le prix du sucre, selon le Syndicat des Sucres, qui s’élève à Rs 10 000, et d’autres revenus incluant la mélasse et la bagasse pour un montant de Rs 2 625 par tonne. Les dons venant du CEB, de la State Investment Financial Corporation (SIFCOR) et du SIFB s’élèvent à Rs 12 375 par tonne. Le montant total des subventions revient à Rs 650 M. La part du lion viendra du CEB, qui accorde un montant de Rs 500 M.

Par ailleurs, le gouvernement a pris une série de mesures pour assurer l’avenir aux moyen et long termes du secteur cannier. Ces mesures comprennent la diversification des produits, dont la production de sucre organique et le bioplastique, la production d’autres produits à partir de la mélasse, l’encouragement aux planteurs à se conformer aux “fair trade”, l’introduction de l’intelligence artificielle, de satellites pour une agriculture de précision dans le but de réduire le coût de production, et le développement de logiciels pour optimiser l’utilisation des terres sous cannes.

Le ministre a également évoqué les efforts consentis par le gouvernement, notamment par le Premier ministre, pour avoir accès aux marchés chinois dans le cadre du CECPA. Il devait ajouter plus tard qu’un quota de 50 000 tonnes peut paraître faible, mais qu’il est « important pour les producteurs ». Des efforts sont également faits pour accéder au marché régional du COMESA et de la SADC.

Le ministre s’est finalement appesanti sur la décision du gouvernement de recourir à la Banque mondiale pour une étude approfondie sur le secteur sucrier. Les attributions comprennent 7 points. La Banque mondiale sera appelée entre autres à procéder à une évaluation de la performance des institutions publiques associées à l’industrie sucrière, dont la MCIA, le Syndicat des Sucres et le SIFB. Elle devra également faire des recommandations concernant une politique agricole et un programme afin de gérer l’impact sur les différentes parties prenantes, dont les petits planteurs, qui sont les plus vulnérables, afin d’assurer la viabilité à long terme de l’industrie cannière mauricienne.

Le ministre a par ailleurs affirmé que le gouvernement est sensible au sort des 12 000 petits planteurs qui dépendent du sucre. Suite à quoi le leader de l’opposition a voulu savoir à quel moment les attributions en vue d’une étude ont été communiquées à la Banque mondiale. Le ministre a expliqué qu’il a eu des discussions avec les représentants de la Banque mondiale et qu’il les a par ailleurs reçus.

Xavier-Luc Duval est revenu à la charge pour affirmer que les attributions ont été communiquées quelques minutes avant la PNQ, et a voulu savoir pourquoi le gouvernement « a attendu tout ce temps » avant de faire appel à la Banque mondiale. Ce à quoi le ministre a répondu que les discussions avec la Banque mondiale « ont pris du temps ». Le leader de l’opposition a poursuivi en demandant au ministre « pourquoi les planteurs n’ont pas jusqu’ici obtenu Rs 5 000 » pour la bagasse. Après quelques échanges, le ministre a indiqué à la Chambre que le rapport de la Banque mondiale sera publié en mai 2020.

Concernant la fermeture de Médine, le ministre a expliqué que cet établissement a voulu diversifier ses activités. À noter que Rajesh Bhagwan et Arvin Boolell ont également interpellé le ministre, le premier s’intéressant à la demande des syndicats concernant les négociations salariales. Le ministre a reconnu que la MSPA « n’existe plus » et que les travailleurs ont à négocier avec les établissements sucriers séparément.

Arvin Boolell, pour sa part, a insisté sur la nécessité de réunir les parties prenantes. Ce qui a amené le leader de l’opposition à demander pourquoi le ministre n’organisait pas des assises de l’agriculture en attendant le rapport de la Banque mondiale. Ce à quoi le ministre a répondu que le gouvernement « a à cœur l’industrie cannière et fera tout son possible pour assurer sa survie », et ce sans attendre le rapport de la Banque mondiale.

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