Sulakshna Runjeet (leadeuse du parti Servir avec Équité et Vision pour l’Avenir ) : « Je me présente comme candidate au poste de PM »

Elle se présente comme candidate au poste de chef du gouvernement. Elle, c’est Sulakshna Runjeet, habitante de Saint-François. Elle se propose de poser sa candidature dans la circonscription de Pamplemousses/Triolet (No 5) aux prochaines élections générales. Entrepreneure dans le secteur de l’économie bleue, elle affirme que son rêve est de servir le pays.

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La leadeuse de Servir avec Équité et Vision pour l’Avenir (SEVA) confie qu’elle présentera des candidats dans toutes les circonscriptions du pays et qu’elle ne compte pas faire d’alliance avec les partis politiques traditionnels ou extraparlementaires, car « le pays a besoin d’un nouveau souffle ». Elle reconnaît toutefois qu’elle n’a aucun background politique. Une des mesures de son programme électoral concerne la réintroduction de la peine de mort pour combattre le fléau de la drogue, la corruption et les vols contre les citoyens honnêtes afin de rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays.

Pourquoi avoir créé SEVA ?

En tant que potentiel challenger au poste de Premier ministre, il faut d’abord qu’il y ait un parti politique derrière moi. D’où l’idée de créer SEVA. Ce parti a été créé après presque trois ans de travail. J’ai été candidate indépendante aux élections générales de 2019 au No 6 (Grand-Baie/Poudre d’Or). J’avais un message à faire passer en tant que jeune entrepreneuse : ma réflexion sur l’économie bleue. J’étais contre l’aménagement des cages flottantes en mer à Flic-en-Flac.

Au fait, depuis que j’ai terminé mes études universitaires, j’ai fait des recherches sur le développement de l’économie bleue. Depuis ces 20 dernières années, ce secteur ne s’est pas développé. Ce qui m’a incitée à faire de la politique, c’est d’abord le désir de rendre dynamique la Coastal Community, en particulier les pêcheurs et les femmes. Lorsqu’on parle de l’économie bleue, les gens ont tendance à penser à la pêche, alors qu’il y a beaucoup de produits dérivés de la mer que nous pouvons exporter.

Mon projet concernait cet aspect de la chose, mais malheureusement, il est resté dans les tiroirs du gouvernement du Parti travailliste et ceux du Mouvement Socialiste Militant. Lorsque j’avais présenté mon projet devant une institution appropriée, j’ai été horrifiée de la réaction. On m’a dit qu’une communauté particulière ne peut pas avoir autant d’opportunités dans ce genre de projet alors que celui-ci se tournait vers l’exportation et que tout le monde allait en bénéficier.

On m’a dit carrément que si je veux que les choses changent dans le pays, il faudra que je devienne le Premier ministre du pays. Moi, j’avais des idées plein la tête après mes études et c’était la première fois que j’ai su à quel point nous pouvons être ignobles à l’égard d’une communauté.

SEVA a été créé donc pour que les gens aient une alternative pour s’épanouir dans le pays. Depuis 56 ans, le pays ne connaît que le PTr et le MSM au pouvoir, deux partis qui considèrent qu’ils représentent la communauté majoritaire dans le pays. Il y a aussi des partis émergents dits extraparlementaires qui n’ont pas réussi à challenger le leadership du PTr et celui du MSM, et la question qui revient en tête en 2024 est celle-ci : à qui faire confiance ? Il y a SEVA maintenant et le peuple peut faire son choix aux prochaines élections générales.

J’ai choisi SEVA parce que je voulais quelque chose de futuriste. Moi, je crois beaucoup plus dans l’équité, c’est-à-dire le fait de donner à ceux qui ont le plus besoin au lieu de donner à ceux qui n’en ont pas besoin. J’ai choisi aussi la Vision, car j’ai décidé de faire carrière en politique, mais pas éternellement, c’est plutôt pour jeter les bases pour les 20 prochaines années pour la jeune génération. Jusqu’ici, le pays s’est focalisé sur le sucre, le tourisme, l’offshore, mais à part cela, qu’est-ce que nous avons ? Les jeunes qui ont les moyens quittent le pays.

Je prends mon cas. Lorsque j’ai terminé mes études universitaires dans le domaine de la comptabilité, la majorité de mes amis, qui sont des experts-comptables, ont choisi de faire carrière à l’étranger, notamment au Canada et au Luxembourg. Cet exode des compétences a commencé depuis bien longtemps, soit en 2003 et 2004.

Pensez-vous que Maurice est prête pour accepter une femme comme Première ministre ?

Lorsque j’ai posé ma candidature en 2019, j’ai clairement fait ressortir qu’il ne faut pas voter pour moi parce que je suis une femme. Votez plutôt pour moi en raison de mes compétences ; et moi, je sais que j’ai les compétences requises pour être la première femme à être la Première ministre du pays. My competence above all. Votez plutôt pour mes projets de société. Ce que proposent les partis traditionnels actuellement, ce n’est rien du tout. Je me présente donc comme candidate au poste de PM.

Avez-vous déjà identifié la circonscription où vous allez poser votre candidature ?

Je serai candidate dans la circonscription No 5. J’ai toujours maintenu que SEVA présentera 60 candidats aux prochaines élections générales. Nous recrutons aussi de nouveaux membres.

Notre programme électoral est déjà prêt. Je dois faire remarquer que je n’ai pas de Political Background et, en sus de cela, je suis une femme qui a lancé son parti le 2 mai dernier. La population est invitée à m’épauler si elle souhaite un vrai changement dans le pays.

Que pensez-vous du projet de loi sur le financement des partis politiques ?

À Maurice, nous avons tendance à relier la politique au social, c’est-à-dire partager de la nourriture, des boissons et donner des Shields dans des tournois sportifs. D’où vient cet argent ? Qui finance ? La question est là.

De mon point de vue, le financement des partis politiques doit être déclaré illégal, car c’est une forme de corruption. Partaz manze bwar pou vinn popiler. Se rendre à des activités socioculturelles pour avoir une plateforme et faire de la politique, ce n’est pas ma façon de faire.

Nous n’allons pas accepter le financement de qui que ce soit pour éviter que le parti ne devienne redevable envers les bailleurs des fonds. Pour moi, les élections générales de 2024 seront soit une victoire d’idées et d’innovations, soit une victoire de l’argent.

Qu’attendez-vous du prochain budget ?

Pour moi, ce sera d’abord un budget de continuité. Nous allons voir encore une fois quelles seront les propositions de Business Mauritius et de la MEXA qui vont être prises en considération, et le reste, c’est zis donn kado, fer la bouss dou.

Est-ce qu’ils vont venir avec une mesure pour empêcher les étrangers de faire l’acquisition des terrains à Maurice ? Est-ce qu’ils vont empêcher des compagnies étrangères de faire des compétitions à Maurice ? Qu’est-ce que le gouvernement va faire pour combattre la cherté de la vie ?

Ils ont promis de transformer le pays en une nation d’entrepreneurs, mais il n’en a rien été jusqu’ici. Ce sera un budget qui coïncidera avec la campagne électorale. Et pour relancer l’économie, je ne vois rien venir, car rien n’a été fait durant ces dix dernières années.

Quel regard portez-vous sur le nouveau bloc de l’opposition ?

Il a vu le jour pour être au pouvoir à n’importe quel prix. L’opposition dit qu’elle va investir massivement dans l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance, et après elle pourra dire qu’il faut tout donner gratuitement.

Je ne sais pas comment ils vont financer ces 20 mesures. Ils ont parlé de maternité pour une période d’un an et de transport gratuit. Ils ont dit qu’ils vont peaufiner ces mesures. Pourquoi faire ces annonces alors ?

Aucune alliance en vue avec les partis extraparlementaires ?

Ils font de la politique de façon traditionnelle. Si nous continuons sur cette lancée, le pays ne va pas s’en sortir. Nous allons nous retrouver encore une fois dans cet engrenage où nous allons être redevables envers une minorité, en l’occurrence les barons capitalistes qui financent les partis politiques. Nous allons venir avec un nouveau type de campagne pour ne pas être redevables envers qui que ce soit, sauf vers l’électorat et la population en général.

La corruption vous interpelle-t-elle ?

Il faut donner un signal fort à ces politiciens qui servent leurs propres intérêts au lieu de servir le pays. Je suis en faveur de la réintroduction de la peine capitale pour la corruption, le trafic de drogue et les cas de vol. Il faut que les gens se sentent en sécurité dans le pays comme à Singapour.

Propos recueillis par

Jean-Denis PERMAL 

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