SUR UNE QUINZAINE DE MEMBRES : Dix nominés politiques au conseil de l’UoM

Depuis la révocation de l’ancien vice-chancelier, le Pr Ramesh Rughooputh, l’indépendance et l’autonomie de l’Université de Maurice quant à ses décisions ont été à maintes reprises remises en question. Si lors d’un point de presse, hier, le ministre de l’Éducation tertiaire Rajesh Jeetah a déclaré que l’institution prend seule ses décisions et qu’il ne s’y ingère pas, néanmoins, il importe de souligner que le Conseil comprend dix nominés politiques, dont le Chairman, et trois membres élus. Parmi ces nominés politiques, figure la PS du ministre Jeetah, Mme Nabasingh, qui était présente à la dernière réunion. L’UoM par ailleurs tarde à adhérer à la Magna Charta Universitatum qui exige justement indépendance et transparence dans le fonctionnement des universités.
Le board du Conseil de l’Université de Maurice, qui est appelé à trancher toutes les décisions importantes concernant l’institution, est composé de dix nominés politiques — le Chairman le Pr Soodursun Jugessur et neuf autres membres — et de trois autres membres élus, à savoir le représentant du personnel académique, celui du personnel non académique et le représentant des étudiants. Le Conseil compte également un doyen de faculté sur un système de rotation de six mois. La composition du Conseil fait également provision pour la représentation des deux pro vice-chanceliers et un Chief of faculty mais qui n’ont toujours pas été recrutés.
Lors de la dernière réunion tenue par le Council pour décider de la révocation du Pr Rughooputh, les dix nominés politiques et seuls deux membres des trois élus étaient présents, le représentant des étudiants n’étant pas appelé, lui, à se prononcer sur ce genre de décision. Les membres du Council ont alors d’un commun accord souhaité le départ du Pr Rughooputh.
Il importe de souligner que la PS du ministre de l’Éducation tertiaire était elle aussi présente à cette réunion, ce qui vient remettre en question le fait que le ministre Rajesh Jeetah ne soit pas au courant des décisions du Council comme il l’a indiqué à la presse hier. Par ailleurs, le Pro Chancelor, le Pr Jugessur, n’a pas non plus donné les véritables raisons qui ont motivé la révocation de l’ancien VC — il avait déclaré mardi au Mauricien qu’il lui fallait encore quelques jours avant d’en parler.
S’il est vrai que ces membres en question ont été nommés par le Premier ministre, comme le préconisent les statuts de l’UoM, et qu’ils sont appelés à agir de façon indépendante, l’ingérence politique n’est toutefois pas écartée comme l’a fait comprendre l’ancien vice-chancelier, le Pr Rughooputh, qui se dit toujours convaincu que la décision de le révoquer vient d’en haut. Alors que l’Université de Maurice aspire à se positionner en tant qu’université de renom sur le plan international, il importe de souligner que dans les prestigieuses universités étrangères, les membres du Council sont nommés par des External Professional Bodies pour justement préserver l’autonomie de l’institution de toute ingérence politique. L’Université de Maurice est parmi les rares institutions, dont le Council comprend des nominés politiques. C’est d’ailleurs dans ce contexte que le rapport Manraj avait recommandé que l’Université de Maurice adhère à la Magna Charta Universitatum, document signé en 1988 par des universités européennes proclamant les principes fondamentaux devant soutenir la vocation de l’établissement.
La Magna Charta Universitatum établit les principes et le rôle qu’une université est appelée à jouer. « The University governance structure and procedures should be geared towards making the institution more dynamic, proactive that would enable it to improve its ranking both at regional and international level and to become a major player in the higher education sector in the region », avait souligné Dev Manraj dans son rapport. Le rapport Manraj avait ainsi recommandé l’adhérence à la Magna Charta Universitatum qui met l’accent sur l’obligation de rendre compte, la transparence et l’assurance de la qualité qui sont des conditions préalables à la reconnaissance de la liberté académique et de l’autonomie institutionnelle des universités. Mais l’Université de Maurice pour des raisons évidentes n’a toujours pas adhéré à cette charte jusqu’ici.

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