Une première estimation du Syndicat des Sucres indique que pour la présente récolte sucrière, les planteurs peuvent s’attendre à un prix de Rs 21 000 la tonne contre Rs 16 675 pour la précédente. C’est ce qui a été annoncé hier lors de l’assemblée générale.
Cette nouvelle estimation se compare favorablement également par rapport aux Rs 14 062 de 2020 ou encore les Rs 8 800 la tonne en 2018. L’évolution du prix ex-Syndicat des Sucres tient également compte de l’évolution du taux de change de la roupie. L’assemblée générale a aussi été l’occasion pour son président sortant, Jacques d’Unienville d’Omnicane de monter au créneau pour redorer le blason de l’organisme, qui compte 103 ans d’existence, face aux récentes tentatives gouvernementales d’octroyer des permis à d’autres entités pour commercialiser le sucre mauricien.
« À ce jour, le Syndicat des Sucres a déjà vendu plus de 95% de sa récolte prévue pour 2022, avec une augmentation globale de près de 15% du Sales Revenue par rapport à l’année précédente, malgré une baisse de production prévue de 7%. Cela devrait se traduire par un prix ex-Syndicat d’au moins Rs 21 000 pour la récolte de 2022 », a fait ressortir Devesh Dukhira, Chief Executive Officer(CEO) du Mauritius Sugar Syndicate.
Il affiche toutefois la prudence, car : « these high market prices for sugar in Europe are due to particular circumstances, namely the ukrainian war and the high cost of energy, and will not prevail forever. They are likely to subside once the war is over. »
Dans un contexte mondial toujours caractérisé par la volatilité à divers niveaux et une hausse sans précédent des coûts de production, il soutient que la seule planche de salut pour Maurice demeure des efforts soutenus pour renforcer les ventes de sucres spéciaux. « The new Mauritius Sugar Label launched in July 2021, set to take Mauritius sugars to greater heights, has been widely praised, and has already proved to be an efficient tool in consolidating the Syndicate’s partnerships with its range of customers. Already, several buyers have followed suit, and their intensified promotion of Mauritius sugars in their respective markets has resulted in a 10% sales increase in the EU », poursuit-il.
« No better model »
Auparavant, Jacques d’Unienville, président sortant du Syndicat des Sucres, avait tenu à réitérer l’importance du MSS, surtout après la récente tentative avortée du gouvernement – dans le dernier Finance Bill – de faire d’autres organismes se charger de la commercialisation du sucre mauricien. « The Mauritius Sugar Syndicate has been a producer organization, regrouping all sugar producers of the country : small & medium cane planters, corporate growers and sugar millers alike. The producers are the ones driving this organization and, it is therefore true to say there is no one who can bring better value for our sugars than these producers themselves. Nous ne sommes mieux servis que par nous-mêmes », s’insurge-t-il.
Jacques d’Unienville a défendu le Syndicat des Sucres, soulignant que l’industrie sucrière doit être très agile pour s’adapter aux conditions de marché, en constante évolution et à des prix mondiaux caractérisés par de la distorsion, et pouvoir dans un tel environnement être capable de trouver les « highest selling prices for our sugars ».
Il affirme que cela ne peut se faire qu’à travers « une approche marketing centralisée » regroupant tous les producteurs. « All members of the Syndicate gain from these benefits through the ex-Syndicate price. After 103 years of existence, the Syndicate has stood the test of time, and as at date, we see no better model for the valorization of our range of products », fait-il ressortir.
Rappelons que ce projet d’amendement à la Mauritius Cane Industry Authority Act, annoncé dans le dernier budget, avait soulevé un tollé dans les milieux sucriers.
Intervenant, Medha Gunputh, Senior Chief Executive au ministère de l’Agro-industrie, a donné lecture du discours du ministre de tutelle, Maneesh Gobin – qui n’a pu faire le déplacement – et tenté de rassurer les responsables du Syndicat des Sucres. « I thank the Sugar Syndicate for fulfilling all its roles and functions fr the marketing and sales of our Mauritian sugar labels based on its new marketing and rebranding strategies, focused on more remunerative niche markets », declare-t-il.
Il a en outre annoncé que la préparation du National Biomass Framework est à un stade avancé et qu’il ne manque que les Final Views de diverses institutions avant la soumission du rapport au gouvernement « for a final policy on the tariffs which will be applicable for the different types of biomass as per the framework ».
Le président sortant du MSS ajoute : « we now eagerly await the new biomass framework which will provide better revenue predictability for producers and which, we believe, will be a cornerstone in reaching the objective set by Government to produce at least 60% of the country’s electricity requirements from renewable sources by 2030. »
Concernant l’abandon des terres sous culture de canne, qui s’accélère, le gouvernement se dit préoccupé, car il faut produire suffisamment de canne pour alimenter les centrales thermiques, distilleries et autres raffineries. Medha Gunputh explique : « it is important to keep and lock 45 000 to 50 000 hectares or more of land under cane cultivation. »
Jacques d’Unienville avance aussi la baisse continue de production, « due to acreage reduction, exacerbated by the fall in cane and sugar yields ». Il insiste qu’il faut renverser cette tendance de manière urgente : « It is high time to stop this hemorrhage as milling operations will otherwise suffer, thereby reducing the industry’s overall competitiveness. »
Enfin, la situation de la vente du sucre sur le marché local a aussi été évoquée, car malgré l’imposition de tarifs douaniers de 100% introduits, le sucre continue d’être importé Duty Free sous les accords commerciaux préférentiels. « Bearing in mind the freqent distortion in global prices, on account of cross-subsidisation of exports or government support in certain countries, these sugars can land in Port-Louis at prices which are below average production cost, thereby creating unfair competition for local producers. We hope a solution will be found for this long-outstanding issue, which results in a serious revenue shortfall for producers. »
Notons qu’à l’issue de l’assemblée générale du Syndicat des Sucres, c’est Roshan Baguant qui a accédé à la présidence de l’organisme.