SYRIE, TUNISIE, ÉGYPTE, LIBYE, IRAK … (1): Demain pourrait être différent : c’est une question d’approche

Existe-t-il une solution aux différentes crises qui affectent la Syrie, l’Égypte, l’Afghanistan, la Libye, la Turquie, le Liban, l’Irak et la Tunisie, entre autres pays ? Chacun a son opinion sur ces crises. Mais ce qui est dramatique c’est que chacun a son camp à soutenir ou à défendre. Acteurs comme spectateurs sont divisés.
J’ai donné mon opinion dans les textes suivants publiés dans la page Forum du Mauricien : « Le SG de l’Onu mis au rencart » ; « Kadhafi/Libye : il faut trouver une solution » et « Apprendre à connaître la Charia ».
Permettez-moi d’avancer que nous n’assistons pas à des guerres civiles motivées par des intérêts politiques, économiques et sociales bien définis. Ce qui me pousse à parler de crise sociétale au lieu de guerre civile. En effet, c’est une phase difficile que traversent les pays affectés, mais bien plus décisive pour la région autour de la Méditerranée – par rapport aux mouvements de populations – et pour l’humanité dans son ensemble ; par rapport à l’islam surtout.    
On a identifié les bourreaux. Mais qui sont les protagonistes ? Quelles sont les causes de ces crises ? Qui sont les victimes ? Qui sont les agresseurs ? Jamais la confusion n’a été si totale.
Pour les entreprises nationales/multinationales/transnationales, les économistes de droite et l’analyste politique de gauche, les causes sont le pétrole et le gaz. Évidemment ils n’ont pas tort. Cependant j’ai décidé de ne pas en parler parce qu’il s’agit là d’une analyse réductrice. Le nombre de morts m’interpelle beaucoup plus.
Pour une bonne partie des habitants de ces régions et au-delà, la guerre est entre l’Occident chrétien et l’Orient islamique ; mais on en parle peu.
Pour trois pays au moins c’est une guerre entre les Chiites et les Sunnites ; mais on évite d’en parler.
Pour un grand nombre de citoyens de ces pays c’est un combat politique pour protéger les acquis des révolutions républicaines que les organisations politiques islamiques veulent effacer par l’application des lois coraniques. Ce n’est que depuis peu que l’on a commencé à comprendre que c’est un des véritables enjeux de la crise.
Il existe néanmoins, parmi ces courants islamiques, une volonté indéniable d’en finir avec les gouvernements qui ne font rien, en sus d’être corrompus, et les régimes militaires. Mais ce que l’on n’a pas encore bien compris c’est que ces forces sont contre l’État centralisateur et elles proposent des structures d’administration de proximité qui prendront tout en charge, y compris de la justice. Seule l’organisation « Les Frères Musulmans » l’affirme.
L’on note enfin des forces qui sont en faveur de régimes autoritaires et forts pour imposer la sécurité, la propriété privée et éradiquer l’anarchie de la rue. Ce sont ces forces, discréditées aujourd’hui, qui finiront par s’imposer si une solution politique n’est pas trouvée.
Les populations sont divisées à mon sens entre ces différents groupes. C’est pour cela que je demande à ce qu’on évite de parler de guerre civile qui nous pousserait à parler de révolution sociale. Ce qui se produit dans ces pays ne peut être associé à une révolution sociale. A une révolution politique, c’est certain. Mais n’allons pas si loin et si vite. Mon appréhension est tout autre : éviter le parti pris réactionnaire et la mauvaise interprétation des faits.    
Il ne faut pas oublier que deux à trois millions de personnes sont mortes dans ces pays pour des raisons de guerre, d’attentats, de terrorisme, de blocus, etc. Le coupable demeure les États-Unis. La peur s’est aussi installée à travers le monde dans les aéroports, les ambassades, les gares, les marchés, les restaurants… Les responsables sont les organisations islamiques. Il y a des millions de réfugiés dans les pays qui inspirent encore la sécurité et la compassion. Réfugiés du conflit entre Israël et la Palestine ; de la guerre en Irak, en Syrie et en Afghanistan. Sans oublier les kurdes et les Maliens.
En mécanique industrielle toute friction (effets de la masse de matières en mouvement oppositionnel) crée de la résistance. C’est la même chose dans le monde des humains. C’est-à-dire, en société. Avec la différence que dans les rapports humains c’est le pouvoir qui est en jeu et ce sont quelques personnes qui décident de tout. N’allons surtout pas croire que dans les conflits en cours dans ces pays, c’est uniquement une question du Dieu auquel on se soumet ou pire, que c’est la volonté de Dieu. Ce serait faire un gâchis de notre intelligence.
Je prends beaucoup de distance face aux politiciens, technocrates et religieux qui n’ont pas une approche philosophique des problèmes qu’ils créent ou qu’ils veulent résoudre. Essayons de réfléchir sur quatre approches à nature philosophique puisqu’elles sont les résultants de plusieurs questionnements :
La première est qu’une bataille gagnée ne se transforme en victoire que quand l’adversaire n’est ni à genoux, ni blessé dans son intégrité physique et psychique, ni atteint dans sa dignité culturelle et humaine et que par la persuasion il souscrit aux objectifs de la bataille et adhère ainsi volontairement à la victoire. Autrement la guerre continue.
La seconde est que les conflits religieux ne sont jamais des questions de Dieu ou de foi. Jamais ! Mais des questions de pouvoir temporel. On ne tue pas réellement au nom de Dieu, on tue pour soumettre les autres à son pouvoir qui est censé être au service de Dieu. On tue pour donner à ce pouvoir une légitimité. Autrement il n’y aurait pas de guerre de religions, pas de monarchies et nous serions débarrassés de ces charlatans et criminels qui parlent ou qui agissent au nom de Dieu.
La troisième est que le soutien que nous devons apporter dans de telles crises doit aller indistinctement vers ceux qui sont massacrés dans tous les camps aujourd’hui et qui seront massacrés demain que ce soit en cas de défaite ou en cas de victoire. Autrement ce serait soutenir des politiciens, des généraux, des terroristes et des religieux qui sont tous coupables de tueries immondes.
Je suis conscient qu’il y a des guerres qui ne se gagnent jamais et qu’il en existe d’autres qui ne cesseront jamais… Surtout quand il n’y a pas d’adhésion aux objectifs du combat. Mais je m’applique à proposer des solutions.
La quatrième approche donc est que s’il existe des guerres qui s’éternisent, c’est que les protagonistes n’ont pas les moyens ou l’intention de s’éliminer mutuellement. Dans de tels cas il faut garder espoir que des propositions peuvent éviter des génocides.
On ne peut laisser l’histoire se répéter. Référons-nous aux guerres entre les Arméniens et les Turques, entre les Allemands et les Juifs, etc. Quand la guerre est déclarée entre deux états il faut une intervention extérieure indépendante, crédible et acceptée par les protagonistes. Quand c’est une population qui est divisée, il faut à tout prix que l’on adopte la constitution républicaine la plus avancée qui soit. C’est ma proposition.
Seul le combat pour faire avancer les constitutions de ces pays peut épargner leurs populations de la mort par balles, par manque de soin, par manque de nourriture, par des gaz mortels…
Je soutiens et je demande à ceux qui me lisent de soutenir toutes les forces politiques qui auront les pratiques suivantes : 1) qui se battent pour l’institution d’une vraie république qui régira les libertés, les droits, la démocratie, les institutions et les lois républicaines 2) qui s’opposent à tout ostracisme et répressions envers les organisations politiques de nature religieuse, tout en se gardant bien de s’associer aux forces religieuses intégristes, fondamentalistes, antirépublicaines, esclavagistes et corrompues ; 3) qui déploieront demain des structures politiques qui ne seront ni monarchiques, ni autocratiques, ni oligarchiques, ni théocratiques et ni militaires et 4) qui visent à replacer l’économie au centre du social. Assez avec l’anarchie du capitalisme, ses crises morales, ses exclusions, ses crimes odieux ….
Selon mon analyse de telles forces existent dans presque tous ces pays. Ce qui est réconfortant.

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