Système electorale : Réformer pour mieux contrer le communalisme

JAY K. HURRY

Après 50 ans d’indépendance, le pays est prêt à faire un grand pas vers la consolidation de son unité nationale. En 1963 et 1965, le vivre ensemble des Mauriciens fut grandement perturbé par des tensions sociales.  Cet élan de vivre ensemble, qui a toujours caractérisé la société mauricienne, a connu un raffermissement dans la lutte pour l’émancipation de la classe ouvrière dans les années 1930 avec Dr Maurice Curé, Pandit Sahadeo, et autres. Le vivre ensemble des Mauriciens a pris un autre coup dur en 1999. Les séquelles sont toujours présentes et ont marqué le paysage de notre patrie.

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La Constitution de 1967 fut rédigée prenant en considération ce climat de tension intercommunautaire. De ce fait, certaines sauvegardes furent introduites dans notre système électoral afin de soigner cette blessure et promouvoir graduellement l’élément de confiance entre les communautés. D’ailleurs, ces garde-fous ont grandement contribué à redonner la paix sociale au pays, qui en témoigne par son progrès sur le plan économique.

C’est dommage que tous les partis politiques confondus continuent à utiliser ces sauvegardes constitutionnelles, durant les campagnes électorales pour servir leurs intérêts particuliers et ainsi assurer leur survie politique. L’électorat est segmenté en termes de communautés, castes et selon la couleur de son épiderme. Les candidats sont aussi choisis, non pas pour leurs compétences, mais en considération de leur représentativité au niveau des circonscriptions. Le profil sociologique de chacune des circonscriptions est analysé en détail, et les candidates/candidats choisis en fonction de cette analyse.

Le Best Loser System et le découpage de l’île en 20 circonscriptions, chacune plébiscitant 3 candidats selon la formule FPTP au Parlement, sont deux éléments qui nous empêchent de progresser vers l’unité, malgré les efforts du Conseil des Religions et autres patriotes assoiffés de paix. Le BLS a fait son temps. Il a contribué à panser les plaies ouvertes avant l’indépendance et doit être revu. De même que le découpage électoral du pays en 20 circonscriptions avec trois élus continue à nuire à cette marche en avant vers la consolidation de l’unité sociale. Nos parlementaires actuels, et ce depuis 1976, sont la résultante mathématique des profils sociologiques des circonscriptions. Par contre, avec l’ancien système, celui de 1963 (40 circonscriptions) un Abdool Wahab Foondun et un Jean Ah Chuen ont été plébiscités à Bon Accueil et Port-Louis Maritime respectivement. Avec le découpage en vigueur, depuis 1967, ils ne seraient jamais élus.

Après 50 années d’indépendance, il est temps de dépoussiérer notre Constitution et notre système. L’introduction d’une dose de proportionnelle tout en maintenant le FPTP est un élément important vers la consolidation de la démocratie et assurer une certaine garantie aux minorités en remplacement du BLS.

La proposition de Think Mauritius de remplacer la formule de trois élus par circonscription par un élu chacune est une démarche réfléchie. Une circonscription, de 18 000 à 21 000 électeurs avec un élu, favoriserait la proximité entre les électeurs et l’élu. En même temps, le communalisme perdrait son influence sur les résultats des élections.  Avec un tel système, le Parlement sera assuré des représentants de toutes les composantes de la société mauricienne.

Pour être élu, un candidat devra obligatoirement être soutenu par la majorité des électeurs dans la circonscription « cutting across the board » communal.

Cette formule serait un tremplin pour que les candidats locaux puissent émerger. L’élu serait LE Représentant de LA Circonscription et non celui de telles ou telles communautés ou groupes ethniques. Cette même formule pourrait s’appliquer à Rodrigues, selon un découpage en deux circonscriptions.  

Certes une dose de proportionnalité sur la base de votes reçus au niveau national consoliderait davantage la démocratie.

Il faudrait aussi que les candidats soient à la hauteur des ambitions nationales. En sus des qualifications académiques sensées, ils doivent aussi avoir un « track record » sans faille, soutenu par un certificat de caractère sans reproche. Les critères d’éligibilité doivent aussi être insérés dans la Constitution.

Les Mauriciens sont perçus comme un peuple uni, tolérant, respectueux des valeurs et des cultures des uns des autres. Cette image que nous projetons au monde fait la fierté de notre peuplement arc-en-ciel.

Que nos dirigeants soient à la hauteur de léguer aux générations futures un pays où règnent la cohésion sociale et la solidarité dans un cadre démocratique transparent et moderne. L’Histoire retiendra leurs noms !

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