THÉÂTRE : « Marika est partie » bientôt au KaféT@

Marika est partie… mais elle sera bien présente, en chair et en os sous les traits de Rachel de Spéville, sur la scène du KaféT@Komiko du 31 juillet au 2 août prochain. Fait assez rare, le café-théâtre de Belle-Rose accueille donc une comédie dramatique. Écrite et mise en scène par Alain Gordon-Gentil, cette bouleversante histoire d’amour sur fond de seconde guerre mondiale est extraite et adaptée du roman du même auteur Le voyage de Delcourt.
Marika est partie correspond en fait à la dernière partie du roman Le voyage de Delcourt dont cette pièce est adaptée, du jour où Delcourt Chasles retrouve Maurice, son pays natal, après des années d’errance en Angleterre et en France. Elle commence sous la véranda de la maison familiale qu’il occupe désormais suite au décès de son père, où il retrouve son meilleur ami, Kewal Ramputh. Alessandro Chiara a relevé le défi d’incarner Delcourt Chasles tandis que son ami Kewal apparaît sous les traits de Prem Sewpaul. S’ils sont amis et ont fait leurs études ensembles à Londres, leurs aspirations et leur personnalité diffèrent en tous points.
Homme insaisissable, Delcourt Chasles semble détaché de tout, sans véritable raison de vivre assumée, autre que celle de trouver le véritable amour chez une femme. Après quelques amitiés amoureuses vécues en France et à Maurice, il éprouve le feu de la passion pour Marika Lindenbaum, adulant tant cette femme qu’il lui dresse un piédestal sur lequel elle finira par se sentir mal à l’aise.
D’une tout autre eau, Kewal Ramputh appartient à la jeunesse hindoue montante des années 40 dans cette île Maurice où souffle depuis peu le vent du syndicalisme et d’une nouvelle ère politique. Il a étudié avec au coeur une quête politique et des rêves d’indépendance pour son pays qui le font vibrer pour le combat syndical et lui insufflent le sens des responsabilités au service de ses compatriotes. De retour à Maurice, Kewal est particulièrement impliqué dans la vie de la société, il est de tous les combats et sait jouer de ses relations avec les hommes au pouvoir.
Delcourt gère quant à lui les affaires familiales avec une relative indifférence aux choses de ce monde. Une seule chose l’intéresse : cette femme dont il ignore encore le nom dans la première scène, dont il a croisé le regard sur les quais de Port-Louis alors qu’elle débarquait parmi des centaines de réfugiés juifs que les autorités anglaises avaient refoulés en Palestine et envoyés à Maurice où ils seraient faits prisonniers. « Depuis que j’ai vu cette fille plus rien n’est pareil », dit-il à son ami dont il espère une aide pour obtenir une dérogation afin de la visiter à la prison de Beau-Bassin… Marika Lindenbaum fait partie des 1 600 réfugiés juifs d’Europe Centrale qui fuient la montée du nazisme. Ils se sont entassés sur un bateau, ont descendu le Danube avant de gagner la haute mer pour faire route vers la Palestine. Après une traversée dans des conditions inhumaines, à peine accostées les rives de ce qu’ils pensaient être leur terre promise, ils sont refoulés par l’armée britannique et réorientés vers la petite colonie britannique mauricienne…
Dès le premier regard, une passion fulgurante naît entre Marika et Delcourt. Ce dernier parviendra à lui faire quitter la prison. Elle s’éloigne des siens pour vivre avec lui dans son village. Les deux jeunes gens partagent alors pleinement la réalité de l’amour, sa fusion charnelle, l’extase des sentiments, la brûlure tant espérée. Maiws la fin de la guerre et la victoire alliée placeront Marika face à un dilemme. Elle devra en effet choisir entre l’amour de Delcourt et cette terre promise, tant espérée qui est désormais accessible et vers laquelle ses semblables se rendent. Un quatrième personnage, le Grand Rabbin incarné par Bill Soupaya, fera peser son influence toute patriarcale sur la jeune femme.
Pour monter cette pièce, Alain Gordon- Gentil a créé La Compagnie des Autres et bénéficié des conseils du comédien français Robin Renucci, venu plusieurs fois à Maurice, notamment dans le cadre du salon du livre Confluences, qui dirige par ailleurs les Tréteaux de France, centre dramatique national itinérant.

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