TIRS CROISÉS – ENFANTS DES RUES : Une situation amplifiée par la COVID-19

Si on ne dispose pas de statistiques actualisées concernant les enfants des rues à Maurice, ce qu’on sait, en revanche, c’est que le nombre va croissant depuis la COVID-19. Du moins, c’est ce que nous dit Edley Maurer, manager de Safire, une Ong accompagnant les enfants des rues depuis 2006. À l’époque, on chiffrait ces enfants à quelque 6 000. Mais, 14 ans après, il y en aurait bien plus. Dean Runghen, ancien éducateur de rue, s’occupant aujourd’hui du développement communautaire à ENL Foundation et ayant sorti, en 2017, un album, Zanfan 100 % Koltar, avec des enfants des rues, est d’avis que, « si l’on ne fait rien pour aider ces jeunes à sortir de la rue, le nombre de délinquants ne cessera de croître ». Il prône un accompagnement spécial par des psychologues ou travailleurs sociaux à l’école. Cet accompagnement, dit-il, doit être « durable ». Il plaide pour un « changement de regard sur eux et qu’on leur donne toutes leurs chances ». Pour Elisabeth Songor, fondatrice d’Arise, une Ong venant en aide aux enfants en difficulté, dont ceux se trouvant dans la rue en journée, il importe « de former les parents », car « si ceux-ci ne sont pas bien formés, que peuvent-ils donner aux enfants ? ». Selon elle, ces jeunes « sont découragés face à une absence d’avenir » alors qu’ils auraient « pu se développer en tant que personne et s’épanouir ». Edley Maurer estime que le système éducatif « pousse certains hors de l’école ». Le plus gros travail à faire « est avec les parents et avec l’environnement de l’enfant ». L’objectif de Safire, ajoute-t-il, « est de leur fermer les portes de la prison ». Il souligne enfin qu’« investir dans la prévention coûtera moins cher que tous les maux qu’on connaît comme la prison, la violence, etc. ».

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DEAN RUNGHEN (Ancien éducateur de rue) :
« Un accompagnement durable et efficace »

DEAN RUNGHEN (ANCIEN ÉDUCATEUR DE RUE)

La Journée des enfants des rues est marquée, à travers le monde, le 26 novembre pour interpeller sur leur situation. À Maurice, qu’est-ce qui est à la source de ce problème ? Qu’est-ce qui fait que les enfants traînent les rues ?
D’après mon expérience, quand j’encadrais ces enfants, c’est en grande partie à cause du système éducatif à Maurice. En fait, ce sont des enfants autrement capables, pas dans le sens de “handicapés”, mais ils ont certains retards. Souvent, ils ont été témoins de bagarres chez eux. Ils ont malheureusement grandi dans cette ambiance et ont été quelque peu traumatisés. Ce sont donc des enfants perturbés. À l’école, donc, ils n’arrivent pas à suivre les classes comme les autres enfants. D’où leurs comportements violents. Ils ne font que répéter ce qu’ils ont vu chez eux. Ils vont ainsi insulter les autres, se bagarrer, manquer du respect aux profs… C’est qu’ils ne se sentent pas “in” à l’école.

Comment résoudre le problème ?
J’ai toujours proposé un accompagnement spécial à ces jeunes. Ils doivent être accompagnés par des psychologues ou des travailleurs sociaux à l’école. Certains établissements le font déjà. Mais, il faut un accompagnement durable et efficace. Il faut une classe spéciale pour eux, car ils n’arrivent pas à suivre comme les autres. L’apprentissage doit se faire à un rythme un peu plus lent. Il est aussi important qu’il y ait des activités comme le sport, la musique, des travaux manuels afin de les aider à s’épanouir.

Quel avenir pour ces enfants ?
Souvent, ces enfants n’ont pas de repère. C’est là qu’ils traînent les rues. Une fois dans la rue, ils pensent que c’est ça la vie : vie de ghetto, vols, vendre de la drogue pour gagner de l’argent. N’ayant ni certificat ni formation, ils se laissent malheureusement facilement tenter par l’argent facile. Ils deviennent alors des délinquants. À l’époque, quand j’étais à Safire et que je suivais ces enfants des rues, je me suis rendu compte que, lorsqu’ils voient qu’il y a des gens qui se soucient pour eux, qui les aident, malgré leur situation, ils sont prêts à changer de vie. Il faut être avec eux et, petit à petit, leur montrer qu’ils ont des capacités et qu’on ne les considère pas comme des vagabonds ni des monstres. La plupart du temps, la société pose sur eux un vilain regard. Du coup, ils se nourrissent de ces négativités. À l’époque, en tant qu’éducateur de rue, je les dirigeais vers le sport et la musique pour leur donner le goût d’apprendre et pour les faire rêver. Les enfants des rues, très souvent, n’ont aucun rêve. Je leur demandais ce qu’ils aimeraient devenir à l’âge adulte. Je leur donnais des idées autres que maçon ou pêcheur. Pour que demain ils ne finissent pas en prison, il faut un suivi spécial et les aider à réaliser leurs rêves.

Quel impact les enfants des rues peuvent-ils avoir sur la société ?
Si on ne fait rien pour les aider à sortir de cette situation, le nombre de délinquants ne cessera de croître ! Cela concerne autant les garçons que les filles. Il faudra plus de prisons pour un petit pays comme le nôtre, car il y aura plus de vols, plus de trafics de drogue. Il vaut donc mieux investir dans la prévention. À l’école, il faut éduquer la sexualité, sensibiliser sur les méfaits de la drogue. Quant aux parents, eux, dans la majorité des cas, ils ont grandi dans une culture, où arrivé un âge, il faut arrêter l’école pour trouver un travail, car la famille est pauvre. Je ne les blâme pas, mais c’est ce qui fait que beaucoup d’enfants des rues ont dû arrêter l’école parce que la famille a besoin d’argent. C’est un cercle vicieux. Il faut le briser en les formant côté éducation et travail.

Êtes-vous toujours en contact avec ces enfants des rues ?
Certains, oui. Ils travaillent dans de grands hôtels ou sont devenus des maçons professionnels et ont construit leur maison. J’ai d’ailleurs sorti un album, Zanfan 100 % Koltar, avec des ex-enfants des rues de Safire. Ces derniers ont aujourd’hui repris l’école pour certains, alors que d’autres travaillent.

Le Children’s Bill est enfin arrivé au Parlement. En quoi ce projet de loi pourrait aider les enfants des rues à Maurice ?
Bien sûr. Je remercie toutes ces personnes, travailleurs sociaux et politiciens qui ont contribué à ce projet de loi. Il est bien d’avoir tout cela sur papier mais encore faut-il qu’il se traduise en actions. Il faut un suivi. Il y a beaucoup de projets de loi dans le passé qui n’ont pas su être traduits en actions. Ce serait merveilleux si on pouvait réaliser le tout pour les enfants en général.

Qu’auriez-vous souhaité voir dans le Children’s Bill pour les enfants des rues ?
Surtout un suivi spécial pour les enfants des rues dès le départ. Qu’ils aient des enseignants spécialisés pour des enfants qui ont les problèmes familiaux et sociaux comme eux, et des psychologues entièrement dédiés à eux. J’ai déjà rencontré un enfant, les larmes aux yeux. Quand je lui ai demandé pourquoi il n’a pas été à l’école, il m’a fait comprendre qu’à 4h du matin, il a dû séparer ses parents ivres qui se disputaient. Le petit n’avait rien à mettre sous la dent. Comment peut-il aller à l’école dans ces conditions ? Ses uniformes n’ont pas été repassés. Il faut plus d’activités au niveau des villages avec des personnes qui suivent ces enfants. Les Village Halls sont fermés à l’heure où les enfants sortent de l’école. Il faudrait plus d’activités et de sorties pour découvrir l’histoire de notre pays, par exemple.

Qu’est-ce qui vous a touché en travaillant avec ces enfants en termes de valeurs ?
Pour moi, ce sont des modèles, car ils m’ont appris le sens du sacrifice. J’admire leur sens de la débrouillardise en dépit de leurs difficultés. Même s’ils sont nés dans la pauvreté et sont en situation de ghetto, “zot manz ar li”, surtout si on leur tend une main ! C’est ce qui m’a encouragé à les aider. Beaucoup, aujourd’hui, ne sont plus dans la rue. Je suis extrêmement fier d’eux. Il suffit de croire en eux… Il faut un changement de regard et leur donner leurs chances.

ELISABETH SONGOR (ARISE) :
« Ces enfants sont découragés face à une absence d’avenir »

Elisabeth Songor (ARISE)

La Journée des enfants des rues est marquée à travers le monde, le 26 novembre, pour interpeller sur leur situation. Votre association Arise s’occupe des enfants de milieux fragilisés, mais aussi de ceux de la rue…
Dans le cadre d’un séjour dans le bidonville de Kibera, au Kenya, entre 2001 et 2003, où j’ai travaillé avec des jeunes filles issues pour la plupart de parents séropositifs, j’ai vécu une expérience spirituelle très forte. À mon retour, j’ai suivi un cours pour être éducateur de rue. Là aussi, j’ai vécu une forte expérience de la négligence et de la misère des enfants. Cela m’a interpellée et je me suis sentie appelée à faire quelque chose pour ces enfants. C’est là que m’est venue l’idée de lancer cette association. Le nom Arise revêt, pour moi, une signification spirituelle, soit la résurrection. De même, le nom de notre shelter « Soleil levant » signifie, pour moi, Jésus ressuscité. C’est l’espérance, c’est remettre debout les enfants.

Qui avez-vous accueilli comme enfants ?
Avec un autre éducateur de rue, nous avons approché d’autres personnes qui travaillent dans le même milieu et nous avons créé l’association en 2006. Nous avons commencé à accompagner des enfants de la Cité La Lumière, à Pointe-aux-Sables. Ils étaient scolarisés mais beaucoup s’absentaient et passaient le plus clair de leur temps dans la rue. On organisait des cours de rattrapage avec des enfants d’autres régions. Il y avait aussi des ateliers sur la sexualité avec Action familiale et des cours de sensibilisation pour lutter contre les méfaits de la drogue avec le Centre de Solidarité et le Centre Idrice Goomany. Food & Allied et le groupe Taylor Smith nous ont sponsorisés au début. Nous avons écrit à la CDU pour donner un “shelter” aux enfants. En septembre 2009, on a eu notre premier groupe d’enfants, mais, faute d’espace, on a demandé à la CDU de trouver un plus grand endroit pour les enfants plus âgés.

Que sont devenus les premiers enfants que vous avez accompagnés ?
Trois sur quatre ont décroché leur CPE. Ils ont ensuite été au collège Bhujoharry jusqu’en Form III. Pour moi, c’était très regrettable qu’ils aient abandonné leur scolarité. Leur famille étant pauvre, c’était difficile pour eux de continuer. C’est dommage qu’ils ne soient pas venus me voir. J’aurais pu continuer à les aider. Quand ils étaient avec moi, je les encourageais, convaincue que l’éducation allait les sortir de la misère. Mais, au sein de leur famille, il n’y avait pas la même motivation. Les parents les ont retirés de l’école. Je les ai suivis jusqu’à 14 ans. Par la suite, il a fallu que je m’occupe d’autres enfants.

Que sont devenus tous ceux que vous avez accompagnés jusqu’ici ?
Certains sont devenus maçons. Après avoir cheminé avec nous, quand ils sont retournés dans leur milieu, c’était difficile de continuer à les suivre, surtout quand ils deviennent majeurs. Notre mission s’arrête quand ils atteignent 18 ans.

Que préconisez-vous pour que l’accompagnement soit plus complet ?
Si on pouvait faire l’accompagnement des jeunes jusqu’à l’âge de 24 ans, cela les aiderait davantage. Si on pouvait avoir une maison pour les accueillir et les suivre, et s’assurer qu’ils trouvent un travail et peuvent se prendre en charge, fonder une famille. À 18 ans, ils ne sont pas tout à fait capables encore d’être sur leurs propres pieds. Ils ont besoin de soutien financier et moral.

Quelle est la cause des difficultés de ces enfants ?
Je pense que cela date des années 70, avec l’essor de la zone franche. Les femmes sont allées travailler et n’ont pas eu le temps de s’occuper de leurs enfants. Ce manque s’est transmis de mère en fille. Pour moi, cela a eu une répercussion. La racine peut être là. C’est très important qu’une mère soit présente. Je suis pour que la femme travaille, mais il faut trouver du temps pour son foyer, car c’est la mère qui transmet les valeurs. S’il n’y a pas cette transmission de valeurs, l’humanisation ne se fait pas, il y aura un manque.

Comment attaquer le problème à la racine ?
Il faut former les parents. Si ceux-ci ne sont pas bien formés, que peuvent-ils donner aux enfants ? Dans ce monde virtuel, davantage que des valeurs, ce sont des idées erronées qui sont transmises à travers Facebook. C’est un moyen d’informations certes, mais c’est un couteau à double tranchant. Quand on est mère à 14, 16 ans, on n’est pas formé ! Or, il y a beaucoup de filles-mères. Cela appauvrit davantage à tous les niveaux : matériel, humain… La formation, l’accompagnement et l’encadrement donc sont très importants.

Quel impact les enfants des rues peuvent-ils avoir sur la société ?
Ces enfants peuvent tomber dans la drogue, et même avoir le Sida. Ils sont découragés face à une absence d’avenir. Adultes, ils prennent conscience qu’ils n’ont rien. La vie n’a alors aucun sens et ils sont capables de détruire des vies. C’est là qu’ils peuvent être amenés à tuer, à voler. Or, ils auraient pu se développer en tant que personne et s’épanouir. La société serait moins en danger.

Le Children’s Bill est enfin arrivé au Parlement. En quoi ce projet de loi pourrait aider les enfants des rues à Maurice ?
Je fais confiance à la ministre. J’ai moi-même déjà participé aux discussions sur l’âge de la responsabilité de l’enfant. J’avais dit qu’à 12 ans, l’enfant ne peut faire un discernement. C’est bien d’avoir des amendes concernant la maltraitance mais il faut se demander pourquoi il y a la maltraitance ? Je pense qu’il y a beaucoup de personnes détraquées par les problèmes qui les dépassent. Il y a la drogue, l’alcool, la misère, tout cela qui fait que la mère ne se retrouve pas et elle se défoule sur son enfant.

Qu’auriez-vous souhaité voir dans le Children’s Bill ?
Il y a des lois qui existent déjà mais il faut mettre l’accent sur elles et les mettre en pratique. Il faut encadrer les parents.

Un dernier mot ?
Nous n’avons pas beaucoup d’aide du CSR. Quand on se tourne vers les firmes, elles nous disent qu’elles envoient 75% de leur CSR au gouvernement. Cette année, nous avons eu Rs 50 000 avec United Motors et Rs 10 000 avec Golden Food. Comment allons-nous réaliser nos projets ? Je lance un appel à la générosité des firmes. On a besoin d’un lit pour un jeune.

EDLEY MAURER (SAFIRE) :
« Investir dans la prévention sera moins coûteux »

Edley Maurer (SAFIRE)

La Journée des enfants des rues est marquée à travers le monde le 26 novembre pour interpeller sur leur situation. À Maurice, quelle est l’ampleur de ce problème et quelles sont les difficultés de ces enfants ?
Les enfants sont faits pour être dans leur famille biologique et à l’école. D’après la loi, tous les enfants, jusqu’à 16 ans, devraient être à l’école. Malheureusement, même avec la bonne volonté du gouvernement, avec le projet de 9-Year Schooling, nombre d’enfants ne sont pas scolarisés. La situation s’est amplifiée après la COVID-19. Beaucoup ont eu des difficultés à poursuivre leurs études après la crise.

Quelle est la source de ce problème ?
Il y a l’ignorance de la loi de la part des parents. On ne peut pas tout à fait les blâmer. Ils ne sont pas totalement au fait de la loi. Ils ont eux-mêmes eu un parcours assez difficile. D’autre part, il y a le système même de l’éducation qui ne porte pas beaucoup d’attention à certains enfants qui ont des difficultés en classe. Ce qui fait que ces enfants accumulent les retards jusqu’à décider d’abandonner. C’est le système qui pousse certains hors de l’école. Nous espérons qu’avec le 9-Year Schooling, tous ces aspects seront pris en considération et que les fruits seront là dans les années à venir. Safire collabore avec la NCSR Foundation, qui a un projet pour se pencher sur les moyens d’aider des enfants en difficulté scolaire. Il y a pas mal d’ONG qui ont commencé un projet cette année avec la NCSR pour s’assurer que ces enfants aient un programme spécifique au collège. Safire y a aussi sa contribution.

Combien d’enfants des rues dénombre-t-on à Maurice ?
Nous ne disposons pas vraiment de chiffre actualisé mais en 2012, plus de 6 000 enfants étaient concernés. Cette situation n’a pas connu d’amélioration. Depuis la COVID-19, beaucoup ont abandonné l’école…

Comment attaquer le problème à la racine ?
Le plus gros travail à faire est avec les parents et l’environnement de l’enfant. Il faut un accompagnement spécialisé avec les parents. On ne peut blâmer les parents quand eux-mêmes sont dans l’ignorance et ne savent pas comment gérer leur propre vie. Souvent, ils ont leurs propres préoccupations ou sont dépendants de substances illicites ou n’ont pas un emploi stable, chose qui a davantage compliqué la COVID-19…

Que faire quand les parents ne sont pas présents à la maison ?
L’approche de Safire tend un peu dans ce sens. Nous avons des éducateurs pour aller dans la rue pour éduquer ces enfants dans un premier temps. Le but est qu’ensuite, ces enfants retrouvent leur place dans leur famille après qu’un travail d’accompagnement avec la famille a été fait. C’est un projet idéal préconisé sur le plan international mais cela coûte beaucoup et demande beaucoup de ressources. Il y a plusieurs régions concernées et il faut former plusieurs éducateurs. C’est la base de notre travail à Safire. On travaille sur l’environnement de l’enfant : les parents, les problèmes de l’entourage comme les fléaux sociaux. On essaie d’améliorer l’environnement de l’enfant.

Avez-vous réussi dans cette mission ?
On a des “success stories” et Safire existe depuis 2006. Ces jeunes qu’on a accompagnés sont aujourd’hui des parents qui ont fondé leur famille et qui ont leur maison. Ils ont un travail. Notre objectif, c’est de leur fermer les portes de la prison, les encadrer pour qu’ils ne tombent pas dans les fléaux sociaux. Cela passe par un travail de prévention, la formation à un emploi stable.

Vous inaugurez demain une Break Away Home pour ces enfants en situation de rue…
Tout à fait. À un moment donné, il faut que l’enfant passe dans un lieu en dehors de son environnement pour un travail plus percutant en termes d’éducation. C’est un centre de relais entre la rue et la famille. Ils viennent passer un court séjour de trois mois au maximum, le temps qu’on travaille avec la famille avant que l’enfant n’y retourne. La Break Away Home permet un petit “break” avec la rue.

Le Children’s Bill est enfin arrivé au Parlement. En quoi ce projet de loi pourrait aider les enfants des rues à Maurice ? Pensez-vous que leurs droits seront davantage respectés ?
Cela arrive 31 ans après la Convention des Droits des Enfants. Il faut constamment renouveler les lois. C’est un signe que le gouvernement veut mieux protéger les enfants. Il y aura un panel de discussions pour mieux aider les enfants en difficulté. Sauf qu’à mon avis, ce panel devrait aussi inclure les partenaires sociaux qui sont sur le terrain. La ministre a beaucoup parlé sur la délinquance et, d’après ce que j’ai compris, il y aura plus de pression sur les parents par rapport à la délinquance des enfants. Là-dessus, je pense qu’il faut bien réfléchir. On ne peut faire les parents payer. Je suis d’accord qu’ils doivent assumer leurs responsabilités mais il faut d’abord les éduquer et les sensibiliser à ce que dit la loi. Si un parent est dans l’ignorance, on ne peut le faire payer. Malgré tout, le projet de loi en général représente une avancée.

Qu’auriez-vous souhaité voir dans le Children’s Bill pour les enfants des rues ?
Par exemple, est-ce que cette loi est capable de protéger un enfant comme le petit Ayaan. Depuis que Safire existe, nous avons toujours montré qu’un des facteurs, qui font que les enfants sont à la rue, c’est la famille recomposée. Celle-ci pose souvent problème pour les enfants. C’est urgent que cette loi se penche sur comment accorder une attention particulière aux familles recomposées.

Quel impact les enfants des rues peuvent-ils avoir sur la société ?
Quand on regarde la montée du trafic illicite sur le terrain, si rien n’est fait, ils vont profiter de ce réseau pour avoir de l’argent facile. Or, dans un pays développé, il faut que nos enfants soient formés pour contribuer au développement du pays. Investir dans la prévention et encadrer ces jeunes pour être des citoyens responsables coûtera moins cher que tous les maux qu’on connaît comme la prison et la violence.

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