TIRS CROISES | Explosion de cas de Covid-19 : Quelle protection pour nos enfants ?

Plusieurs pays ont enregistré une hausse du nombre d’enfants malades du Covid-19. Fin juillet, les États-Unis avaient enregistré une explosion de 72 000 cas chez les jeunes avec pour origine le variant Delta. Quelle protection pour nos petits qui reprennent le chemin de l’école dans deux semaines ? La vaccination est-elle une solution pour les enfants ?

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Pour le Dr Iswaraj Ramracheya, diabétologue et endocrinologue, ce sont davantage « ceux souffrant de troubles neurologiques graves, de trisomie 21, d’immunosuppression et de troubles d’apprentissage multiples ou graves ou ceux qui vivent avec une personne immunodéprimée devraient recevoir le vaccin ». Il prône davantage de mesures de précaution dans les établissements scolaires. Selon lui, les enfants malades devraient être encouragés à rester à la maison et des options de cours en ligne devraient être mises à leur disposition. Il insiste sur l’importance de poursuivre la vaccination de la population et rappelle que les non-vaccinés son « cinq fois plus à risque d’être infectés ».

Quant au Dr Ishaq Jowahir, vice-président de la PMPA, (Private Medical Practioners Association), il estime que la scolarité doit se poursuivre, mais pas au détriment de la santé des enfants. « On peut faire des cours en ligne ou alors rattraper par la suite, comme quand les écoles étaient fermées pendant six mois après le cyclone Carol, on avait fait le rattrapage les samedis. Les enfants allaient à l’école six jours. On peut reprendre une fois l’immunité collective atteinte ». Pour ce qui est de la vaccination des enfants, il la juge « un peu tôt ». Même pour les adultes, dira-t-il, on ne connaît pas les effets sur la durée. « Ce n’est qu’avec le temps qu’on le saura. Pour protéger les jeunes donc, il vaut mieux diminuer les sorties. »

L’ancien ministre de l’Éducation, Dharam Gokhool, lui, est catégorique : « Vu le nombre croissant de cas au sein de nos établissements scolaires ces derniers temps, et avec les risques accrus à l’ouverture totale de nos frontières, il est impératif que des dispositifs additionnels soient mis en place par le ministère. » Il prône davantage de vigilance et de précautions dans la mise en place de protocoles « au sein de la communauté aussi bien qu’au sein des établissements scolaires pour mieux protéger nos jeunes et nos enfants ». Il ajoute qu’il faudrait « une cellule de communication pour communiquer en temps réel avec les parents ». Il se montre en faveur d’un apprentissage à distance en complémentarité avec un apprentissage en présentiel « tout en assurant que des supports et des technologies pédagogiques appropriés sont disponibles, surtout aux apprenants de groupes vulnérables ». Il souligne qu’on parle déjà d’une “lost generation of learners”. « L’opacité et la complaisance doivent céder la place à la transparence et la rigueur. »

DR ISWARAJ RAMRACHEYA

« Les non-vaccinés sont cinq fois plus à risque d’être infectés »

Le pays compte beaucoup sur la vaccination pour protéger la population. Mais, nous avons noté quelques décès chez ceux ayant fait la double dose. Quelle explication donner à cela ?

Le virus est présent dans la population depuis plus d’un an maintenant. De nombreux autres pays mettent également en place des programmes de vaccination à grande échelle. Les vaccins protègent contre la maladie et les données préliminaires suggèrent que la transmission est également diminuée après la vaccination. À mesure que les pays atteignent des niveaux élevés de vaccination, les cas diminuent. L’efficacité du vaccin dépend des souches du virus qui prévalent, de la démographie de la population, de la charge de morbidité du pays, de la moyenne d’âge, du vaccin utilisé, si la population a reçu une seule dose ou deux. Le Delta est la forme la plus transmissible jusqu’à présent : jusqu’à 60% de plus que le variant Alpha.

Une autre préoccupation est que si le variant Delta infecte davantage les cellules des voies respiratoires humaines, les personnes peuvent être infectées après une faible exposition. L’efficacité vaccinale contre le Delta est estimée à 67% avec le vaccin Oxford-AstraZeneca, 88% avec Pfizer-BioNTech et une efficacité de 90% est revendiquée avec le Spoutnik V. Il sera probablement nécessaire de renforcer l’immunité contre les variants émergents à travers des doses de rappel même si à ce jour, il y a des preuves que les vaccins disponibles offrent une protection suffisante contre les variants prévisibles. Au final, la meilleure défense contre l’émergence d’autres variants est une campagne de vaccination rapide et mondiale, couplée à d’autres mesures de santé publique pour bloquer la transmission.

Avec la réouverture des frontières et l’exposition aux divers variants, l’efficacité des vaccins ne chutera-t-elle pas ?

Les coronavirus génèrent toujours de nouveaux variants. Ces changements peuvent entraîner une altération de la pathogenèse et leur suivi est vital. Une possibilité inquiétante mais réelle existe concernant une baisse d’efficacité du vaccin contre les variants. Mais ce qui est le plus important à noter, c’est que les personnes non vaccinées sont environ cinq fois plus susceptibles d’être infectées et environ 29 fois plus susceptibles d’être hospitalisées que les personnes vaccinées.

Malgré une possible baisse d’efficacité, le vaccin protège contre le Covid-19, y compris le variant Delta. Ce qui compte vraiment, ce n’est pas l’efficacité contre une infection, mais contre une infection grave. Une infection grave est ce qui tuera les gens. Selon cette norme, les vaccins fonctionnent extrêmement bien, même face au Delta. L’immunité peut durer plusieurs mois ou quelques années. Il est difficile de dire exactement.

Nombre de pays signalent une hausse du nombre d’enfants malades de Covid-19. Nos enfants sont-ils les prochains à être affectés ?

Avec la souche initiale, le Covid-19 sévère était moins fréquent chez les enfants que chez les adultes. Des preuves récentes en Israël et en Italie montrent qu’une augmentation de cas chez les enfants était due à l’émergence du variant britannique qui s’est propagé plus facilement parmi les groupes d’âge plus jeunes, mais aucune preuve n’a encore montré que le nouveau variant était plus dangereux pour les enfants. Des données préliminaires ont cependant montré que les anticorps des personnes vaccinées étaient toujours efficaces contre ce variant.

Quelles précautions supplémentaires prendre pour la rentrée scolaire ?

Une campagne de vaccination de masse pour toutes les personnes éligibles est nécessaire, couplée à d’autres mesures de santé publique pour bloquer la transmission. Nous ne pouvons pas empêcher le virus de muter, mais nous pouvons réduire ou arrêter la transmission. En milieu scolaire, il faut la distanciation physique, améliorer la ventilation en ouvrant les fenêtres et les portes, réduire le nombre d’élèves, échelonner les heures d’arrivée ainsi que les heures de déjeuner ; prévoir la tenue des cours à l’extérieur, le lavage régulier des mains, des installations appropriées pour se laver les mains, l’utilisation de masques. Les enfants malades devraient être encouragés à rester à la maison et des options de cours en ligne devraient être mises à leur disposition.

Êtes-vous en faveur de la vaccination des enfants ?

Au Royaume-Uni ainsi qu’aux États-Unis, le vaccin Pfizer a été autorisé chez les jeunes de 16 ans et plus. Maintenant, il a été étendu aux 12 à 15 ans. Il est proposé aux enfants présentant un risque accru de contracter une forme grave du Covid : des enfants atteints de troubles neurologiques graves, de trisomie 21, d’immunosuppression et de troubles d’apprentissage multiples ou graves et les jeunes de 16 ans ou plus ayant des problèmes de santé sous-jacents. Les enfants et les jeunes de 12 à 17 ans, qui vivent avec une personne immunodéprimée, devraient également se voir proposer le vaccin. Les effets secondaires constatés, liés au vaccin, étaient légers et généralement de courte durée. Pfizer a également commencé à tester le vaccin chez les enfants de moins de 12 ans. Basée sur les preuves disponibles, la même chose devrait être appliquée ici.

Que pensez-vous du nouveau protocole, notamment les cas suspects de moins de 65 ans, sans symptômes qui n’ont plus à se faire tester ?

Je pense que c’est parce que les centres de tests sont submergés et que la charge de travail augmente avec le nombre croissant de cas. Le nombre limité de kits de test ou de main-d’œuvre pour effectuer les tests pourrait être une autre raison. Réduire le nombre de cas positifs confirmés pour une raison quelconque pourrait être une autre possibilité.

Cependant, plutôt que de spéculer, je pense qu’obtenir plus d’informations de la part des décideurs politiques pourrait faciliter la compréhension de ce nouveau protocole de santé. Ce qui est clair, cependant, c’est que le nombre de cas augmente à un rythme alarmant, tout comme le nombre de décès au cours de la dernière semaine. Donc, ce qui est primordial ici, c’est que chaque Mauricien comprenne que la vaccination peut sauver des vies.

DR ISHAQ JOWAHIR : « On aurait dû fermer les écoles »

Le pays mise beaucoup sur la vaccination pour protéger la population. Ces derniers jours toutefois, on a relevé des cas de décès chez des personnes ayant reçu une double dose. Que dire de l’efficacité des vaccins ?

C’est connu que les vaccins ne sont pas efficaces à 100%.

On sait que les vaccins ne protègent pas contre une infection, mais ils sont censés atténuer les formes graves de la maladie…

Oui, mais tout dépend de la capacité de la personne de produire l’immunité. Chaque personne est différente. Il y a aussi certains qui sont sous traitement, ce qui empêche le développement de l’immunité. Aux États-Unis, par exemple, 3% de la population prennent des médicaments, ce qui n’est pas propice au développement de l’immunité.

Les cas de décès chez les personnes complètement vaccinées ne remettent donc pas en question la qualité des vaccins ?

Non, chaque vaccin a un taux d’efficacité. On ne peut compter à 100% sur les vaccins.

Avec la réouverture des frontières, peut-on prévoir que l’efficacité des vaccins chutera compte tenu des multiples variants auxquels le pays sera exposé ?

Définitivement. Même si les touristes sont vaccinés, cela ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas transmettre la maladie. Il y aura plus de risques de l’attraper. Actuellement, il y a la quarantaine pour ceux qui arrivent de l’étranger. C’est une bonne mesure. Mais dès qu’on enlèvera cette mesure, ce sera la pagaille !

Comment interprétez-vous le fait que jusqu’à assez récemment, on disait du virus qu’il était faible dans le pays, avec une majorité de cas asymptomatiques et que depuis quelques jours, on relève plus de décès ?

Cela peut être dû au fait que le nombre de cas augmente. Actuellement, on a une moyenne de 300 cas par jour. Et encore, ce sont les chiffres que l’on obtient suite aux tests. Imaginez les autres cas qui ne sont pas dépistés. Il doit y avoir beaucoup plus d’infectés. S’il y a plus de cas, il y aura plus de décès. On ne fait plus de “contact tracing” comme avant. Même s’il y a un cas positif dans une famille, on ne fait plus de tests sur les autres membres de la famille. Il y a un relâchement. C’est sûr que le virus se propagera. Ensuite, quand il y a des personnes qui ont le Covid-19 et qui décèdent, on dit que ce n’est pas à cause du Covid-19. Or, s’ils n’avaient pas eu le Covid-19, ils auraient été encore là. Le virus les a affaiblis.

De plus en plus de pays signalent une hausse du nombre d’enfants malades du Covid-19. En France, des nourrissons avec une forte fièvre ont été hospitalisés. Aux États-Unis, le variant Delta est à l’origine d’une flambée de 72 000 cas chez les jeunes, fin juillet. En Israël et en Allemagne, la tendance aussi est à la hausse. Nos jeunes sont-ils les prochains à être touchés avec la réouverture des frontières ?

Bien sûr. Nous faisons partie du monde et nous aurons la même chose. Avant, on disait que Maurice était “Covid-safe”. Maintenant, ce n’est plus “safe”. Quand La Réunion enregistrait beaucoup de cas, on se disait qu’on n’était pas comme eux. Maintenant, on a fini par avoir de nombreux cas et il y a encore plus que les cas officiels.

Étant donné qu’il s’agit d’une tranche d’âge non vaccinée encore, quelles précautions supplémentaires à prévoir pour la prochaine rentrée ?

Il faut être plus strict pour les enfants : ne pas visiter les malades, les proches, ne pas aller dans les supermarchés, les endroits où il y a beaucoup de monde. Ils peuvent soit attraper, soit propager la maladie. Même les établissements scolaires représentent des risques. Plusieurs ont fermé tour à tour durant ce premier trimestre pour deux jours, pour rouvrir le troisième jour et refermer. Certains ont fermé plus d’une fois en une semaine. Ce n’est pas ainsi qu’on devrait gérer.

Quelle serait, pour vous, la solution ?

Pour moi, on aurait dû carrément fermer les écoles. On aurait pu faire des cours en ligne ou faire le rattrapage après. Quand il y avait la grippe H1N1, la PMPA avait insisté pour que le gouvernement ferme les écoles. Finalement, on avait fermé et le nombre de cas avait chuté.

Fermer les établissements n’est peut-être pas la solution vu le retard accumulé depuis l’an dernier…

La scolarité doit se poursuivre, certes, mais pas au détriment de la santé des enfants. On peut faire des cours en ligne ou alors rattraper par la suite, comme quand l’école était fermée pendant six mois après le cyclone Carol. On avait fait le rattrapage les samedis. Les enfants allaient à l’école six jours.

Sauf que ce virus ne partira pas de sitôt…

On pourra reprendre les choses normalement une fois l’immunité collective atteinte. Tel n’est pas le cas encore. On aurait pu fermer pendant un mois le temps que l’immunité collective se construise.

Parviendra-t-on à l’atteindre cette immunité avec la réouverture des frontières et les nouveaux variants qui s’inviteront ?

Oui. Même, actuellement, à travers les gens qui sont infectés, cela contribue à l’immunité.

Êtes-vous pour la vaccination des enfants ?

Ces vaccins sont nouveaux. On n’a pas beaucoup de données sur les effets secondaires, etc. C’est un peu tôt pour recevoir ces vaccins avant l’âge adulte. Même pour les adultes, on ne connaît pas les effets sur la durée. On ne sait même pas encore combien de temps dure la protection de ces vaccins. Ce n’est qu’avec le temps qu’on le saura. Pour protéger les jeunes donc, il vaut mieux diminuer les sorties.

Que pensez-vous du nouveau protocole sanitaire, notamment les cas suspects de moins de 65 ans et asymptomatiques qui n’ont plus à se faire dépister ?

Je ne sais pas comment on a pris cette décision de ne plus faire de tests. Je trouve cela aberrant. Ce que je ne comprends pas, c’est que quand quelqu’un est positif dans une maison, on ne fait pas de tests sur les autres personnes. Auparavant, on faisait le “contact tracing”. Si on fait les tests comme il faut, le nombre explosera. On ne veut pas alarmer la population.

DHARAM GOKHOOL (ANCIEN MINISTRE) :

« On parle déjà d’une “lost generation of learners” »

De plus en plus de pays signalent une hausse du nombre d’enfants malades du Covid-19. En France, des nourrissons, présentant une forte fièvre, ont été hospitalisés. Aux États-Unis, le variant Delta est à l’origine d’une flambée de 72 000 cas enregistrés chez les jeunes, fin juillet. En Israël et en Allemagne également, les chiffres sont en hausse. Ne devrait-on pas profiter des vacances scolaires pour préparer une rentrée plus planifiée ? Quelles précautions accrues prévoir ?

Effectivement, au fur et à mesure que la pandémie progresse, la situation change. Au début, les personnes âgées étaient les plus vulnérables. Maintenant, tout le monde est à risque, y compris les enfants et les jeunes comme vous le soulignez. Plusieurs pays ont opté pour la vaccination de toute la population de plus de 12 ans. Les recherches sont en cours pour des vaccins pour la tranche d’âge de cinq à 11 ans. Selon l’OMS, les enfants contractent généralement une forme bénigne de la maladie et peu d’entre eux en meurent par rapport à d’autres tranches d’âge. Des cas de maladie grave ont toutefois été signalés. Comme les adultes, les enfants présentant des affections sous-jacentes auraient plus de risques de développer une forme grave de la maladie et d’être admis en soins intensifs. Il faut aussi prendre en considération le fait que le variant Delta se propage et est extrêmement contagieux. Les cas de contamination parmi les enfants sont en hausse sur le plan international.

Vu le nombre croissant de cas au sein de nos établissements scolaires ces derniers temps, et avec plus de risques avec l’ouverture totale de nos frontières à partir du 1er octobre, il est impératif que des dispositifs additionnels soient mis en place par le ministère de l’Éducation, cela en étroite collaboration avec le ministère de la Santé et tous les “stakeholders” du secteur éducatif. D’où la nécessité et l’urgence de plus de vigilance et de précautions dans la mise en place de protocoles, au sein de la communauté aussi bien qu’au sein des établissements scolaires, pour mieux protéger nos jeunes et nos enfants. Par exemple, les procédures pour la désinfection font défaut et il faut y remédier.

D’autre part, les cadres du ministère de l’Éducation devraient être épaulés par une équipe dédiée de scientifiques. Les psychologues devraient être plus impliqués au niveau du “counselling” des apprenants aussi bien que des enseignants. Il faut aussi que ce ministère soit dans un “state of preparedeness” permanent contre le Covid et ses variants.

Quelles sont ces précautions à prévoir pour la prochaine rentrée scolaire d’autant que cette tranche d’âge n’est pas vaccinée ?

La collaboration entre les écoles et la communauté doit être plus rapprochée et renforcée à travers une communication beaucoup plus ciblée, constante, transparente et professionnelle. C’est un des maillons faibles de la stratégie actuelle. Et souvent, cela donne lieu à la propagation de rumeurs qui compliquent la situation. Il faut constamment rassurer les parents. Il faudrait prévoir une cellule de communication pour communiquer en temps réel avec les parents. Beaucoup de choses vont dépendre de l’organisation de l’enseignement – présentiel, en ligne ou un mix. Selon le choix, le ministère aura à mieux agencer ses ressources disponibles. Il ne faut surtout pas encombrer le personnel enseignant avec des responsabilités extra-pédagogiques. Le gouvernement doit recruter du personnel additionnel pour gérer la pandémie. Il faut mettre des ressources humaines additionnelles à la disposition du secteur éducatif.

Au-delà des dispositions générales, des dispositions spéciales devraient être prévues pour chaque sous-secteur. Par exemple, le sous-secteur de la petite enfance est très sensible et devrait bénéficier de l’encadrement du personnel médical spécialisé. Selon l’OMS, parmi d’autres précautions, il faut identifier l’intensité de la transmission dans la région où se trouve l’école et agir en conséquence ; mettre sur pied un système de détection et de riposte rapide et encourager les parents à se faire vacciner.

Ce trimestre, nombre de parents ont déploré un manque de rigueur dans le protocole au niveau des établissements scolaires. Certains continuaient à ouvrir malgré des cas positifs alors que d’autres n’apprenaient que l’école était fermée qu’une fois arrivés devant la porte fermée…

Comme je l’ai mentionné, la plus grande faiblesse au niveau du ministère, c’est le déficit de communication. La ministre est très économe en matière de communication avec le public. Ses cadres sont injoignables. Souvent, on entend les médias déplorer l’absence du ministère dans des débats publics sur le Covid au sein des établissements scolaires. Je me demande s’il y a au sein du ministère un conseiller en communication.

L’autre problème c’est le “regular monitoring” de la situation dans les écoles. Là aussi, il y a un sérieux déficit. Tout cela explique la situation chaotique qui règne dans le secteur éducatif quant à la gestion du Covid. Il faut impérativement revoir tout le système de gestion et de leadership pour éviter que cette situation perdure.

Comment assurer un équilibre entre la sécurité sanitaire des élèves et le programme scolaire compte tenu du fait que ceux-ci ont déjà six mois de retard sans compter que ce trimestre a été très lent ?

Il n’y a pas de doute que la situation actuelle avec tous ses manquements et des jours limités d’enseignement vont avoir des répercussions négatives à court et à long terme sur les apprenants. L’utilisation de l’apprentissage à distance en complémentarité avec l’apprentissage au présentiel serait envisageable tout en assurant que des supports et des technologies pédagogiques appropriés sont disponibles, surtout aux apprenants de groupes vulnérables. On parle déjà d’une “lost generation of learners”.

Le Department de Quality Assurance devrait publier ses rapports concernant les forces et les faiblesses du système actuel d’apprentissage et les mesures correctives qui sont initiées. L’opacité et la complaisance doivent céder la place à la transparence et la rigueur. La concertation, la communication, le “monitoring” de la mise en œuvre des protocoles sanitaires sont indispensables.

Que pensez-vous du nouveau protocole sanitaire ?

Le nouveau protocole sanitaire d’auto-isolement est basé sur le principe “One-size-fits-all”. Cela ne convient pas à toutes les familles mauriciennes. Il faut revoir ce protocole. Le “testing” de masse et le “contact tracing” ont prouvé leur efficacité. Avec moins de tests, le dépistage sera compromis et le risque de contamination va augmenter. C’est une mesure discutable et controversée. Je ne sais si c’est pour des raisons économiques, mais la santé d’une population, la vie d’une population, ne peut être évaluée en termes monétaires. Malheureusement, cette perception est très forte au sein de la population et cela risque de perturber la mise en application efficace de ce nouveau protocole.

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