TIRS CROISÉS : Le pouvoir des manifs…

Plusieurs pays sont témoins de manifestations qui se renouvellent de manière plus fréquente et insistante à l’instar des gilets jaunes et du mouvement international Black Lives Matter, entre autres. À Maurice, la marche du 29 août a connu un succès fulgurant. Quel sens donner à ces manifestations ? À quoi peuvent-elles aboutir ? L’historien, Jocelyn Chan Low, est d’avis que « le réveil des citoyens peut aller jusqu’à la révolution citoyenne ». S’agissant de la déclaration du chef du gouvernement suite à la marche, il estime qu’« un vrai chef d’État doit reconnaître que son administration a commis une faute quelque part et rectifier à travers un remaniement ministériel ».

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Pour lui, l’annonce d’une cour d’enquête « n’est pas une réponse politique mais judiciaire ». Au-delà des manifestations, selon lui, les citoyens « doivent savoir demander des référendums » car « il faut avoir le pouvoir de révoquer un député ». Rashid Imrith, président de la All Employees Confederation (AEC) et cofondateur du Kolektif Konversasyon Solider (KKS), relève que « notre démocratie a été remplacée par la plutocratie ». Les manifestations sont le résultat « du réveil de la classe moyenne qui s’est appauvrie et les pauvres qui se sont davantage appauvris ». Commentant la réaction du Premier ministre, il trouve que celui-ci « ne répond pas aux demandes que nous lui avons faites notamment pour une démocratie participative ». Le syndicaliste voit dans les marches « une force de pression face à n’importe quel gouvernement ».

Pour l’avocate, Lovena Sowkhee, le sens la marche du 29 août est celui-ci : « On ne peut prendre les Mauriciens for granted. » Si légalement parlant, selon l’avocate, les marches ne peuvent mener à la destitution du gouvernement, la pression de la rue peut faire partir un gouvernement. « Les gens doivent continuer à descendre. » Et d’ajouter : « Le gouvernement a déjà commencé à faire attention. La veille de la marche, les “frontliners” ont été payés. Le père du ministre Gobin a refusé sa nomination. » Elle considère néanmoins que le Premier ministre n’a pas répondu aux attentes de la population dans sa déclaration lundi.

Jocelyn Chan Low (historien) :

« Le réveil des citoyens peut aller plus loin… »

Depuis quelques années, à travers le monde, les manifs se font plus fréquentes, les plus marquantes ayant été les gilets jaunes en France, le mouvement Black Lives Matter aux États-Unis et ailleurs. À Maurice, cet acte collectif ne cesse de se renouveler depuis quelque temps. Quels sens donner à cette démarche en masse ?

Jocelyn Chan Low (historien)

C’est le réveil des citoyens qui peut aller plus loin, jusqu’à la révolution citoyenne. Il y a, en effet, un problème de gouvernance. La démocratie représentative a atteint ses limites. On voit de plus en plus, même dans les démocraties représentatives parlementaires, la grève du vote avec beaucoup d’abstentions. On le voit à Maurice. Les gens sont indifférents aux élections municipales. Il y a eu une dévaluation de la classe politique dans son ensemble. Il y a une distanciation entre cet establishment qu’est la classe politique et le reste de la population. Il y a un problème politique fondamental. La légitimité dépend du peuple. Ce dernier ne croit plus dans ses dirigeants. Parfois, on a un gouvernement qui ne représente qu’une minorité de la population comme à Maurice en ce moment. Avec les réseaux sociaux et les radios privées, les gens s’informent et débattent. Tout cela alimente une prise de conscience. Le citoyen ne vit plus sa frustration tout seul mais la partage avec les autres.

Le Premier ministre s’est exprimé lundi à la télé à la suite de la marche du 29 août. A-t-il répondu aux attentes de la population ?
Le ton a changé, pas tellement le contenu qui est de dire “nous avons eu raison, etc.”. Il y a moins d’arrogance. Prenons l’exemple de Macron quand il y a eu les gilets jaunes. Au début, il niait l’existence des problèmes mais quand il a fait son allocution, il a reconnu ses torts. Ici, le PM n’a rien dit de tel si ce n’est que le ton a changé. Il y a plusieurs manières de répondre. La Constitution lui donne les moyens de redémarrer. À quoi sert un remaniement ministériel ? Pour dire qu’il y a eu quelques lacunes et qu’il y aura un renouveau. Il y a cette option ou alors mettre à la porte les ministres concernés. Or, il n’a même pas utilisé les moyens institutionnels dont il dispose. La cour d’enquête n’est pas une réponse politique mais judiciaire. On attendait une réponse politique. Un vrai chef d’État doit reconnaître que son administration a commis une faute quelque part et rectifier à travers un remaniement ministériel.

Comment voyez-vous l’évolution de ces manifs à Maurice ?
La crise date bien avant la COVID-19. Il ne faut pas tout mettre sur la pandémie. Le secteur touristique avait des problèmes. On a créé un “feel-good factor” artificiel. Quand il y a un problème économique, il y a un problème social. Les citoyens ne se mobilisent pas derrière les partis traditionnels mais derrière le drapeau national. À travers le monde, que ce soit en Tunisie, au Liban, etc. c’est le drapeau national. Il y a trois aspects de la mobilisation citoyenne : 1) l’institut. Une population éclatée un peu partout décide de s’instituer comme peuple et son symbole, c’est le drapeau national : “je représente le pays” et il commence à faire ses demandes. 2) La phase destituante, qui destitue les autorités (lev pake ale). C’est la masse qui représente le peuple. À Maurice, la situation est encore pire car on a un gouvernement qui ne représente que 37% de ceux qui ont voté. Si on ajoute les 20% qui n’ont pas voté… On peut avoir un gouvernement qui ne représente plus le peuple qu’à 30%, 35%, 45%… Comme Macron. Dans ces cas-là, il faut avoir le “Losers’ consent” car les perdants sont majoritaires. Il y a une gouvernance à faire où on est conciliant avec les perdants. On ne devient pas arrogant. Prenons le cas de Macron. Il était Jupiter. Mais Jupiter est retombé sur terre avec les gilets jaunes. C’est ce qui se passe avec ce gouvernement. En temps de COVID-19, ils ne consultent pas la société civile. Dans l’affaire du Wakashio, ils prennent des décisions et créent un État dans un État. Le peuple regarde mais il est majoritaire. Il décide de manifester. La masse a une énergie créatrice extraordinaire. On l’a vu avec la fabrication de bouées suite au désastre du Wakashio.

En mai 75, 20 000 étudiants sont descendus dans la rue pour revendiquer l’éducation gratuite. Leur requête a été entendue un an après. Les manifs, sont-elles toujours une arme puissante entre les mains des citoyens ? Ou sont-elles souvent vaines, n’aboutissant à rien si ce n’est de purger leur colère ?
Dans certains pays, ils ont destitué le gouvernement. Les mouvements militaires et autoritaires sont partis. Bien sûr, dans notre cas, il n’y aura pas un dégagisme total, on ne va pas mettre le gouvernement dehors. Mais la marche a mené vers des demandes. Le gouvernement est minoritaire et doit être à l’écoute ! C’est l’essentiel. Il y a plus que cela. Il y a eu les gilets jaunes en France. Ils n’ont pas renversé le gouvernement. Mais ils ont obtenu en une semaine ce que les syndicats n’ont su obtenir en 25 ans. Les princes qui gouvernent doivent comprendre que la légitimité vient des citoyens. Les citoyens doivent savoir demander des référendums. Pas que des manifs ! On ne peut plus rester spectateur des abus, des projets pharaoniques, de la corruption pendant cinq ans. Il faut avoir le pouvoir de révoquer un député comme en Islande et en Suisse. 36 pays ont des systèmes ainsi. Les citoyens ont une force au-delà des partis politiques. Il faut pouvoir les mettre dans la Constitution. Il faut un mécanisme pour s’exprimer, pas que dans la rue… Le référendum est beaucoup plus facile aujourd’hui avec les cartes biométriques. Il faut que les citoyens demandent un référendum dans la Constitution. Ils seront les garde-fous car les institutions ne fonctionnent pas.

Lorsqu’elles se succèdent, les marches pacifiques sont-elles annonciatrices d’une explosion sociale ?
Bien sûr. Tout dépend de la réaction du gouvernement. Si le gouvernement résiste et continue la répression, li pou ale. Même si certains veulent le faire croire, nous ne sommes plus dans le système de droit divin, l’Etat, c’est moi. C’est le peuple qui détient le pouvoir.

RASHID IMRITH (AEC) :

« Une force de pression face au gouvernement »

Depuis quelques années, à travers le monde, les manifs se font plus fréquentes, les plus marquantes ayant été les gilets jaunes en France, le mouvement Black Lives Matter aux États-Unis et ailleurs. À Maurice, cet acte collectif ne cesse de se renouveler depuis quelque temps. Quels sens donner à cette démarche en masse ?

RASHID IMRITH

Depuis ces dernières années, le gouvernement a pris pour acquise une large partie de la population, soit la classe moyenne. Celle-ci s’est sentie négligée alors que les capitalistes ont eu beaucoup d’incentives. La taxe a été revue à la baisse de 70% à 15%. Ceux au bas de l’échelle se sont appauvris malgré une politique d’equity avec des allocations et aides sociales. Mais, pour la classe moyenne, il n’y a eu aucun soutien. Elle ne cesse de s’appauvrir alors que les pauvres deviennent plus pauvres. En dépit du fait qu’on a attiré l’attention du gouvernement sur une crise sociale et une crise de la démocratie latentes qui ont empiré avec la Quarantine Act et le Budget 2020-2021, le gouvernement n’a pas écouté les propositions faites pour améliorer la situation de la classe moyenne. Celle-ci emprunte beaucoup pour financer les études de leurs enfants à l’étranger, pour payer des plans d’assurance, pour construire une maison. Du coup, elle a des prêts à rembourser jusqu’à l’âge de la retraite. Notre démocratie a été remplacée par la ploutocratie. Ce ne sont pas ceux au Parlement qui ont pris des décisions. Ils les ont prises auprès des capitalistes. Là, nous voyons un réveil de la classe moyenne qui s’est appauvrie et les pauvres qui se sont davantage appauvris.

Ce qui a mené à la marche du 29 août…
Durant le confinement, un groupe d’amis a pris conscience de la situation et on a créé le Kolektif Konversasyon Solider (KKS) qui agit comme facilitateur pour que les gens puissent s’exprimer. Au sein de ce collectif, nous prenons des décisions de manière démocratique. Nous avons organisé une manif solidaire le 11 juillet et nous avons été satisfaits de la foule réunie. S’est ensuivie la crise écologique engendrée par le Wakashio. Le 17 août, a pris naissance, avec Rezistans ek Alternativ, une « assemblée solidaire Mahébourg la Côte Sud-Est » regroupant des pêcheurs, plaisanciers et d’autres gens de la mer. Des résolutions ont été prises autour de sept résolutions qui sont en harmonie avec les dix demandes du KKS. Toutes ces demandes rejoignaient celles d’autres mouvements naissants dont les demandes de Bruneau Laurette. Les points communs : les décisions ne sont pas prises de manière démocratique et il faut mettre fin à l’alliance entre l’État et les capitalistes pour enlever les acquis des citoyens. Nous avons ainsi établi dix points : ne pas aller de l’avant avec le démantèlement de l’État providence ; l’argent public doit être dépensé dans l’intérêt public ; il faut un minimum d’universal grant ; il faut revoir les droits humains ; la nature doit être au centre de la société ; une redéfinition du tourisme alternatif ; une souveraineté alimentaire de qualité ; le respect du patrimoine naturel ; non à la recolonisation ; une Assise citoyenne nationale dans chaque circonscription. Cet éveil de conscience est une grande chose pour la démocratie.

Le Premier ministre s’est exprimé à la suite de la marche. Diriez-vous qu’il a répondu aux demandes des marcheurs ?
À la suite de la manif du 11 juillet par le KKS à Port-Louis, il a été mal conseillé en disant que la population “bizin al mars marse”. C’est une remarque qui n’a pas été appréciée par la population qui l’a interprétée comme une provocation. D’où la foule du 29 août. Pour nous, dans sa déclaration faite lundi, il ne répond pas aux demandes que nous lui avons faites, notamment pour une démocratie participative. Nous ne sommes pas d’accord que la ploutocratie ait remplacé la démocratie.

Il y a eu un effort ? Il a annoncé une Court of Investigation dans le sillage du Wakashio…
Les Mauriciens ont demandé une commission d’enquête, mais lui a parlé d’une Court of Investigation. Nous ignorons le pouvoir d’une cour d’enquête. Quant à une commission d’enquête, lorsqu’elle convoque une personne, celle-ci est tenue de se présenter. S’il dit être à l’écoute des citoyens, cela ne lui coûte rien de demander au président de la République d’appeler cette instance une commission d’enquête et que cela émane de la présidence. Cela répondrait davantage aux exigences des citoyens qu’il y ait une “full-fledged commission of enquiry”. On n’a pas d’objection à ce que Rafick Hamuth la préside mais il faut deux assesseurs dont un qui représente les citoyens. Il y aurait de la transparence.

Diriez-vous que la marche du 29 août a eu l’effet escompté ?
Pour nous, oui, car les gens en parlent encore. Cette marche n’est pas une fin en soi. Il y aura d’autres marches au niveau régional. Le 12 septembre, KKS organise une grande manif solidaire à Mahébourg. Bruneau Laurette était présent à notre réunion solidaire à Beau-Bassin. Il participera pleinement à notre manif du 12 septembre puisqu’il y a une symbiose entre nos mouvements et celui de l’assemblée solidaire Mahébourg la Côte Sud-Est. On mettra en avant la protection de la nature et la transparence dans le sillage de la crise engendrée par le Wakashio.

Jusqu’où peut mener ce réveil des citoyens ?
Pour nous, c’est une revendication permanente. Nous sommes conscients que les dix points revendiqués par le KKS ne sauront être réalisés tout de suite. Mais, nous agirons comme une force de pression face à n’importe quel nouveau gouvernement pour que ces dix points soient réalisés. Tous ceux qui aspirent à être au pouvoir de même que nos dirigeants actuels doivent prendre note qu’il y a un groupe de citoyens qui ne font pas de politique partisane mais la politique. Nous continuerons à pousser de l’avant nos revendications. Nous demandons une île Maurice où il y a une démocratie participative et non pas l’autoritarisme et une poignée de milliardaires.

LOVENA SOWKHEE (avocate) :

« La pression de la rue peut faire partir un gouvernement »

La manif de samedi a rassemblé une foule à la mesure du mécontentement de la population. Quel sens donner à cette démarche en masse ?
Ce qui a mené à cette démarche, c’est le ras-le-bol de la population. Le Wakashio est la goutte d’eau qui est venue déborder le vase. Après les élections, il y a eu des affaires en cour pour dire que celles-ci n’étaient pas “free and fair”. Je pense que tout a commencé de là. Le népotisme a été pratiqué à outrance, des nominations faites jusqu’à la veille de la marche. Après, on a eu la COVID-19 pendant laquelle la Quarantine Act a été votée, où notre liberté de mouvement et d’expression a été menacée. On a arrêté les frères Dardenne sous ces lois sans mandat d’arrestation. Des internautes ont été arrêtés arbitrairement sous une loi qui est anticonstitutionnelle. On essaie de museler la population, c’est très grave.

LOVENA SOWKHEE

Le peuple est sorti de son silence face à tous ces abus…
Oui. Après la COVID-19, je pense que le peuple a été surpris de voir comment les contrats d’un montant d’un milliard a été alloué. Des petits copains ont eu des contrats. Des fournisseurs étaient disposés à fournir des médicaments à un prix moins cher alors que le gouvernement a opté pour des médicaments génériques plus coûteux. Des gens ont fait de l’argent on the “fear of other people” alors que tous étaient à la maison, avaient peur, et beaucoup n’avaient pas à manger… Quand Bruneau Laurette est venu sur une radio avec des images satellitaires, les gens ont commencé à se poser des questions. Est-ce que c’est seulement l’incompétence ou y a-t-il plus que de l’incompétence ? Un aussi gros bateau pénètre dans nos eaux territoriales et fait naufrage et en 12 jours, le ministre de la Pêche et celui de l’Environnement ne font absolument rien… Même quand les gens ont prévenu du risque d’oil spillage et que le bateau se casse en deux, il y a eu un communiqué pour dire que les fake news sont passibles d’emprisonnement et d’arrestation. Heureusement, ce peuple admirable s’est mobilisé massivement pour limiter les dégâts. Que se serait-il passé avec notre lagon si les citoyens n’avaient pas fabriqué de booms ? Pour moi, le sens de cette manif, c’est qu’on ne peut prendre les Mauriciens for granted. Les Mauriciens sont éclairés et pas des imbéciles. Le gouvernement lui-même a dit que d’ici la fin de l’année, le pays se retrouvera avec 100 000 chômeurs. Dans cette marche, on a vu le cri de beaucoup de jeunes Mauriciens.

Jusqu’où peut mener ce réveil des citoyens qui réclament la démission du gouvernement ?
Légalement, cela ne peut mener vers la destitution du gouvernement mais il faudrait que celui qui sera au prochain gouvernement réfléchisse et emmène un système beaucoup plus juste. On peut même demander un référendum comme cela se passe en Suisse. Mais la pression de la rue peut faire partir un gouvernement. Je pense que c’est un début seulement. Les gens doivent continuer à descendre. Nous avons eu un élan de patriotisme extraordinaire autour de certains thèmes. C’est un signal à tous les politiciens.

Quel effet diriez-vous cette marche a-t-elle eu jusqu’ici ?
La diaspora mauricienne de par le monde a fait entendre sa voix. Le gouvernement doit commencer à faire attention. Je pense que le gouvernement a déjà commencé à faire attention. La veille de la marche, les frontliners ont été payés. Le père du ministre Gobin a refusé sa nomination.

Le PM s’est exprimé à la suite de la marche. Diriez-vous qu’il a répondu aux demandes des marcheurs ?
L’arrogance n’est plus là. Néanmoins, il n’a pas répondu aux attentes de la population. Il aurait dû venir avec beaucoup plus de transparence sur ce qui s’est passé dans l’affaire Wakashio. Même le sabordage du bateau n’a pas été fait dans la transparence. C’est bien qu’il y ait une cour d’enquête mais il y a plein de réponses qu’il aurait pu apporter déjà. On n’a pas besoin d’une cour d’enquête pour que les sanctions tombent. Il est clair et net que ses ministres ont fauté. Il aurait dû s’excuser et les sanctionner.

Que prévoyez-vous si le gouvernement ne répond toujours pas aux revendications des marcheurs ?
Je pense que c’est une première marche. Il faudrait garder la pression sur le gouvernement. Le gouvernement a eu peur avant même cette marche. On a entendu toutes sortes d’histoires : qu’il y aurait eu des bagarres, qu’on essayait de diviser la population. Il y a eu des publicités illégales. La Mauritius Duty Free Paradise ne peut pas mettre des banderoles pour dire qu’il y a des ventes d’alcool et de tabac au Centre Swami Vivekananda. J’irai plus loin : cette organisation est illégale et n’a pas été arrêtée par la police. Est-ce que le centre Swami Vivekananda a un permis pour vendre de l’alcool ? Ce que j’ai entendu : ils ont un permis pour “event and exhibition”. Est-ce qu’ils ont un permis pour vendre de l’alcool et des cigarettes ? Le Mauritius Shopping Paradise a un permis pour vendre de l’alcool et des cigarettes dans les magasins Duty Free. Est-ce qu’ils ont un permis pour vendre tout cela au Swami Vivekananda ? Je me pose la question : pourquoi les policiers n’ont pas arrêté cette foire ? Tout cela a été fait pour attirer les gens et éviter qu’ils aillent à la marche. Cette marche était extraordinaire. Les gens n’ont même pas jeté leurs ordures sur la rue.

Lorsqu’elles se succèdent, les manifs peuvent-elles déboucher sur une explosion sociale ?
Il y a déjà un malaise social dans le pays. Les gens perdent leur emploi. Ils ont des prêts à rembourser. Ils ont besoin de quoi se nourrir. Il y a des Mauriciens sans le sou qui sont bloqués à l’étranger. Des vols de rapatriement se font au compte-gouttes. Une personne m’a appelée pour me dire que son enfant est bloqué aux Maldives et qu’elle doit payer Rs 80 000 pour un one way ticket ! D’autres sont restés des mois sans travailler et n’ont pas d’endroit où habiter…

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