TIRS CROISÉS – MV WAKASHIO : Comment gérer les milliards de roupies à l’horizon ?

Le désastre écologique laissé par l’échouement du MV Wakashio est susceptible d’engrenger plus de Rs 40 milliards au pays. En effet, l’assureur pourrait être appelé à indemniser notre pays à hauteur d’une telle somme. En sus de cela, à Maurice, l’Ong Eco-Sud a déjà réussi à lever plus de Rs 16 M. Des dons internationaux sont recueillis et un Prime Minister’s Relief Fund a été mis en place. Une grosse somme d’argent en perspective. Comment assurer une transparence optimale dans son utilisation et comment bien l’utiliser ? Pour Suttyhudeo Tengur de l’APEC (Association for the Protection of the Environment and Consumers), « il faudrait une gestion transparente et “accountable” car les risques de détournement seront là, avec une partie de cet argent étant utilisé à d’autres fins ». Il considère qu’il faudrait un comité technique pour catégoriser tous les segments de la population qui sont victimes de cette catastrophe. « À partir de là, ce comité pourra déterminer le montant et la durée de compensation à ces victimes. En tout premier lieu, ce sont les pêcheurs qui devront être indemnisés. Une deuxième partie de cette grosse somme devra être utilisée pour la réhabilitation du lagon en sollicitant l’aide des experts internationaux. »

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L’avocat Assad Peeroo, lui, se penche davantage sur l’aspect légal de la demande de compensation. Comme Suttyhudeo Tengur, il suggère que l’Etat constitue d’abord un comité pour faire une évaluation de la situation en termes de préjudices subis par les Mauriciens, directement ou indirectement. Il souligne l’importance d’un plan d’action légal concerté « pour que toutes les parties prenantes : citoyens, l’Etat, secteur privé, Ong, puissent avoir la possibilité d’obtenir des dommages dans une mesure proportionnelle, juste et adéquate ». Toutes ces personnes, dit-il, « doivent travailler en collaboration avec l’Etat pour bénéficier des indemnités ». Pour cela, il faut une « defined strategy ». L’association Green Crescent qu’il vient de créer a pour but d’aider les victimes du MV Wakashio pour qu’elles « ne se laissent pas servir politiquement ».

Économiste ayant travaillé à l’Onu et ayant dirigé une équipe dédiée à l’économie océanique à la Banque mondiale, Yuvan Beejadhur, estime qu’il faut au plus vite un “Post-Disaster Needs Assessment”. « Souvent, quand il y a ce genre de désastre, les gens cherchent de l’argent. Combien est-ce que je gagne ? Il y a beaucoup d’intérêts qu’il faut gérer. D’où l’importance de personnes indépendantes localement et internationalement », selon lui. Maurice pourrait, ajoute-t-il s’inspirer d’instances internationales « où les gens peuvent voir en temps réel ce qui est acheté, ce qui est déboursé, qui gagne quoi, etc. ». Le plus vite que l’on puisse avoir un mécanisme financier innovant, transparent et inclusif, le mieux ce sera, suggère l’économiste. Toutefois, il se veut réaliste : « Ce dédommagement prendra du temps ! Il ne faut pas se leurrer. »


SUTTYHUDEO TENGUR (APEC) :
« Les risques de détournement seront là »

Les indemnités dans le sillage du MV Wakashio pourraient s’élever à quelque Rs 40 milliards. Eco-Sud a déjà collecté plus de Rs 16 M alors qu’il y a d’autres dons internationaux qui sont levés sans compter que le gouvernement a mis sur pied un PM Relief Fund… Comment s’assurer que tout ce “big money” est vraiment utilisé à des fins de réhabilitation et d’indemnités à ceux ayant été affectés ?

Il y aura des sommes faramineuses qui seront reçues dans le sillage de cette catastrophe causée par l’échouement du navire Wakashio à Pointe-d’Esny. Des sommes énormes comme dédommagement seront certainement versées sur le compte du gouvernement mauricien par les assureurs de ce bateau et par les armateurs. Jusqu’ici, il n’y a pas eu de bilan sur les dégâts causés à la faune et la flore marine et du nombre de victimes de cet accident. Le gouvernement, de son côté, a ouvert un PM Relief Fund et s’attend à des contributions publiques et aussi provenant de grosses firmes privées. Il y a aussi l’aide internationale dont celle de l’Agence française de développement et d’autres encore. Comme vous le dites, c’est du “big money”. Il faudrait une gestion transparente et “accountable” car les risques de détournement seront là, avec une partie de cet argent étant utilisé à d’autres fins. Cependant, ceux qui devront être dédommagés en premier sont les opérateurs économiques dans le lagon, avec en tout premier lieu les pêcheurs. Puis viennent les autres opérateurs et habitants de cette partie du littoral. À mon avis, il faudrait un comité technique pour catégoriser tous les segments de la population qui sont des victimes de cette catastrophe. Et à partir de là, ce comité pourra déterminer le montant et la durée de compensation à ces victimes.

Les victimes ne risquent-elles pas de se retrouver avec des indemnités de plusieurs fonds : Ong, aides internationales, assureur du MV Wakashio ou alors les gérants de ces fonds ne risquent-ils pas d’en profiter ?

Je ne suis pas un expert dans les lois maritimes, et surtout concernant les moyens pour justifier des réclamations de dédommagement. Avant qu’une victime puisse faire une réclamation à l’armateur, il devra venir avec des preuves à l’appui. Par exemple, les pêcheurs professionnels de carrière pourront avec leurs cartes justifier leurs demandes. Toutefois, il faut connaître les procédures à suivre pour s’aventurer dans ce domaine.

Si jamais Maurice recevait autant de milliards de roupies d’indemnités de l’assureur du MV Wakashio, comment le pays devrait-il utiliser cet argent ?

J’estime qu’en tout premier lieu, ce sont les pêcheurs qui devront être indemnisés. Une deuxième partie de cette grosse somme devra être utilisée pour la réhabilitation du lagon en sollicitant l’aide des experts internationaux qui pourront aider à réduire les dégâts causés par le fioul qui s’est étalé tout le long du lagon du Sud-Est. Il ne faut pas oublier que même si l’huile lourde est écrémée de la surface de la mer, il y a une certaine quantité de sédiments de l’huile qui touche les fonds marins. D’où le blanchiment des coraux. Donc les travaux de réhabilitation ne se limitent pas seulement à la surface de la mer mais aussi dans les fonds marins. J’estime aussi qu’avec autant d’argent qui sera disponible, le gouvernement devra créer une unité spécialisée d’intervention rapide. Donc une partie de cet argent pourra être budgétée à cette fin. Les membres de cette unité devront avoir une formation de premier ordre pour répondre à toute catastrophe maritime. Cette unité pourra opérer sous la houlette du commissaire de police qui est en premier lieu responsable de la sécurité nationale.

Quelles solutions pour ceux pour qui la mer constituait leur gagne-pain ? Comment réorganiser leur vie ?

Il n’est pas facile de recycler un pêcheur professionnel vers une autre profession. Il restera à la base un homme de la mer. Et ce n’est pas demain que le lagon retrouvera sa vivacité d’avant la catastrophe. Face à la dure réalité, il faut que les Mauriciens deviennent plus polyvalents et changent de métier pour pouvoir gagner leur vie. Les pêcheurs pourront bénéficier d’une compensation mensuelle pendant une certaine période déterminée. Mais passée cette période, ils devront se recycler obligatoirement pour faire vivre leurs familles. L’État à un rôle primordial dans ce changement.

Faudrait-il une institution indépendante pour gérer tous ces fonds ?

Certainement, oui. Une institution indépendante mais transparente et “accountable”. Comme je vous le disais plus haut, les risques que l’argent de ce fonds soit dévié sont omniprésents. Cette institution devrait être sous l’égide du ministère des Finances et faire l’objet d’une “scrutiny” au Parlement. Il ne faudrait pas une institution budgétivore mais efficace et efficiente. Cette institution pourra faire appel à des experts pour catégoriser les victimes ainsi que les priorités liées à la réhabilitation du lagon du Sud-Est et ailleurs. Ce qu’il faudrait éviter à tout prix, c’est d’installer des “blue-eyed boys” à la tête d’une telle institution. Il faudrait des professionnels de haut calibre soutenus par des comités d’experts ad hoc, c’est-à-dire quand le besoin se fait sentir pour mener à bien la tâche. Après la COVID-19, l’île Maurice passe par cette deuxième phase difficile qui a jusqu’ici été quand même bien gérée par les autorités. Il faut que tout le monde sans distinction fasse partie de cette reconstruction nationale. Oublions nos différences – politiques ou autres – et pensons en tant que patriotes : comment faire le pays remonter cette pente difficile ?


ASSAD PEEROO (AVOCAT) :
« Il faut une “defined strategy” pour réclamer les indemnités »

Les indemnités dans le sillage du MV Wakashio pourraient s’élever à quelque Rs 40 milliards. Déjà, au niveau local, Eco-Sud a collecté plus de Rs 16 M alors qu’il y a d’autres dons internationaux qui sont levés sans compter que le gouvernement a ouvert un PM Relief Fund… Comment s’assurer que cette grosse somme d’argent est vraiment utilisée à des fins de réhabilitation et d’indemnités à ceux ayant été affectés ?

Pour réclamer ces dédommagements, il faut le faire en collaboration avec l’Etat. Ce dernier sera dédommagé mais aussi les individus et les Ong. Donc, pour poursuivre la compagnie japonaise, il faudra le faire sous l’Environment Act (2002). Il existe deux traités : The International Convention on Civil Liability for Oil Pollution Damage et The International Convention on the Establishment of an International Fund for Compensation for Oil Pollution Damage. Cette loi parle de “spills and environmental emergencies” comme la catastrophe présente. On ne sait pas si le ministre de la Pêche a appliqué ces deux traités en termes de “minister’s regulation”. Il faudra voir tout cela. Il faut travailler en conjoncture.

Au-delà de la procédure de demande de compensation, comment s’assurer que tous ces fonds sont utilisés à des fins d’indemnité aux victimes et de réhabilitation de l’environnement ?

Les dépenses doivent être rendues publiques.

Vous avez créé Green Crescent, une association pour aider ceux touchés par la catastrophe écologique du Wakashio en réclamant des indemnités à la compagnie. Les victimes ne risquent-elles pas de se retrouver avec des aides venant de plusieurs fonds : Ong, PM’s Relief Fund, etc. ?

Je ne sais pas quelles sont les organisations qui bénéficient d’aides financières. C’est à elles d’avoir une conscience dans la manière de gérer et de dépenser cet argent. Le gouvernement fera ce qu’il faut car il est là pour protéger le secteur touristique. C’est dans l’intérêt du pays.

Les gérants des fonds qui sont institués ici et là ne risquent-ils pas d’en profiter ?

Je ne sais pas quoi répondre là-dessus car moi, je me penche davantage sur l’aspect légal de la demande de compensation. Comment compenser un pays qui dépend du tourisme et dont l’économie est affectée à cause de ce déversement d’huile ? C’est ce que notre organisation veut mettre de l’avant. Nous étudions en effet les possibilités de porter des actions en Cour suprême pour aider ceux qui ont été affectés. Ce n’est qu’ainsi qu’on bénéficiera de la compensation de l’assurance du propriétaire du Wakashio.

Si Maurice reçoit des compensations à hauteur de plusieurs milliards de roupies, comment le pays devrait-il utiliser cet argent ?

Il y a des pêcheurs qui ont souffert, des maraîchers, tous ceux dont les ressources économiques sont basées sur la mer. Toutes ces personnes doivent être indemnisées. C’est pourquoi je dis que l’Etat doit entrer une action en commun. Il faut que l’Etat ait des individus de Mahébourg, les pêcheurs etc. en ce sens.

Comment savoir si ces pêcheurs ont été indemnisés par un fonds ici et par un autre là ?

Si les individus et les pêcheurs acceptent des offres venant de la compagnie en question, c’est à leur propre perte. Ils recevront des peccadilles. C’est pour cela qu’il ne faut pas se servir des pêcheurs politiquement. Il faudra une action en conjoncture. C’est pourquoi on suggère que l’Etat constitue un comité d’abord pour faire une évaluation de la situation en termes de préjudices soufferts par les Mauriciens, affectés directement ou indirectement. Il faudrait un plan d’action légal concerté pour que toutes les parties prenantes, citoyens, l’Etat, secteur privé, Ong, puissent avoir la possibilité d’obtenir des dommages dans une mesure proportionnelle, juste et adéquate.

Quelles solutions pour ceux pour qui la mer constituait leur gagne-pain ? Comment réorganiser leur vie ?

Il faudra créer un “legal body” et chaque pêcheur ou chaque association de pêcheurs devra individuellement entamer une action ensemble avec le gouvernement, parce que l’Etat doit être dédommagé, ainsi que les autres personnes affectées comme les propriétaires de bungalow, etc. Il faut une “defined strategy” quant à la manière de réclamer ces indemnités. Il ne faut pas faire de la politique avec ces gens. C’est une question très technique. On peut poursuivre sous l’Environment Act mais il y a aussi, après les traités qu’on a signés, des fonds internationaux qu’on va recevoir en tant qu’Etat et individus. Il faut bien analyser les traités qu’on a signés et bien définir comment procéder légalement. Et non pas avec un avoué, on met des cas en cour. Là, ce ne serait pas juste. Il faudra un comité pour évaluer les dommages causés aux pêcheurs, au secteur privé, aux hôtels, aux employés d’hôtel, les propriétaires de bungalow, aux chauffeurs de bus qui font des “special routes” pour aller à Blue-Bay et qui vont perdre de l’argent, auxs marchands de poissons, à l’économie qui tourne dans ces endroits affectés. Toutes ces personnes doivent travailler en collaboration avec l’Etat pour bénéficier des indemnités venant de ces fonds internationaux ainsi que des fonds que doit payer l’assurance du bateau.

L’association que vous avez créée dans le sillage de cette catastrophe écologique travaille en ce sens ?

Exactement. Je travaille avec des Chambers très connues en Angleterre de même qu’avec des avocats d’expérience pour voir comment on peut s’organiser. Notre but est d’aider ces personnes, ne pas se laisser servir d’elles politiquement, mais faire une action réelle, légale comme une nation. On est tous affectés. Il faut être patriotique dans cet élan de demande d’indemnité. Allez voir comment cela s’est passé au Japon ou en Espagne où cela s’est produit, vous verrez que l’Etat a travaillé ensemble avec tous ceux affectés.

Comment procédez-vous quand des personnes affectées viennent auprès de votre association ?

Je leur explique la loi, comment ont été appliquées les conventions internationales, etc. Et ensuite on attend le comité d’évaluation des dommages. Le gouvernement a parlé de la mise sur pied d’un tel comité.


YUVAN BEEJADHUR (économiste) :
« Le processus de poursuites doit débuter le plus vite possible ! »

Les indemnités dans le sillage du MV Wakashio pourraient s’élever à quelque Rs 40 milliards. Eco-Sud a déjà collecté plus de Rs 16 M alors qu’il y a d’autres dons internationaux qui arrivent sans compter que le gouvernement a mis sur pied un PM Relief Fund… Comment s’assurer que cette grosse somme d’argent est vraiment utilisée à des fins de réhabilitation et d’indemnités à ceux ayant été affectés ?

Il faut qu’on sache au plus vite le coût qu’engendre un tel désastre. Pour cela, il faut avoir un “Post-Disaster Needs Assessment” (PDNA) qui est un exercice très approfondi pour déterminer combien de pétrole a été déversé dans la mer, quel genre de pétrole, quels ont été les impacts économiques, etc. Il y aura aussi des coûts indirects. Il y aura peut-être moins de touristes, moins de poissons pour les pêcheurs. Les secteurs qui sont très affectés : le tourisme, l’agriculture, etc. Donc, il y aura un impact sur la terre et pas seulement sur la mer. Qui dit économie bleue dit économie verte aussi. Il y a aussi le volet social et environnemental. Il faut réunir les doléances des gens qui ont perdu leur gagne-pain, la destruction de notre patrimoine naturel et culturel. Il y a donc beaucoup de volets.

Le PDNA serait exécuté par qui ?

Il faudrait un comité national avec des citoyens, des économistes, des gens qui comprennent le lien entre l’économie et la nature. Il faut des gens indépendants de l’étranger car ce genre de situation peut engendrer de la partisanerie politique et des débats houleux. Souvent, quand il y a ce genre de désastre, les gens cherchent de l’argent. Combien est-ce que je gagne ? Il y a beaucoup d’intérêts qu’il faut gérer. D’où l’importance de personnes indépendantes localement et internationalement. Parallèlement à cela, il faut une enquête approfondie sur ce qui s’est passé sur le bateau avant le naufrage, durant et après. Il s’agit, en effet, d’une catastrophe hors pair. On doit poursuivre la compagnie. Plus cela prend de temps, plus compliqué cela sera. Il faut que le processus débute le plus vite possible ! Les pêcheurs n’ont pas perdu leur gagne-pain pour trois mois mais pour des années.

Les victimes ne risquent-elles pas de se retrouver avec des indemnités de plusieurs fonds : Ong, aides internationales, assureur du MV Wakashio ou alors les gérants de ces fonds ne risquent-ils pas d’en profiter ?

Il y a toujours une tentative en ce sens car on parle peut-être là de plus d’argent qu’ils ont connu dans le passé. Il faut des critères très stricts, rigides et professionnels. Il y a, bien sûr, des mécanismes pour cela. Il y a, par exemple, des fonds où la société civile, le secteur privé, le gouvernement et les victimes sont les “financial facility”. Il peut y avoir diverses façons d’être innovant aussi. Il faut des critères très clairs quant à qui gérera le fonds. Autant que possible, il faut que les divers fonds soient ensemble. Plus de fonds il y aura plus de coût il y aura. Cela aidera à une île Maurice plus transparente. Il y a des instances internationales où les gens peuvent voir en temps réel ce qui est acheté, ce qui est déboursé, qui gagne quoi, etc. Il y a des pays comme la Moldavie et l’Ukraine qui ont fait des avancées en ce sens. Le plus vite que l’on puisse avoir un mécanisme financier innovant, transparent et inclusif, le mieux ce sera. Il doit y avoir des femmes aussi car souvent il n’y en a pas dans ce genre de déboursement de fonds. Le travail qu’a fait Eco-Sud a été formidable mais il faut voir ce qu’on doit faire sur le court terme, les moyen et long termes. Il y a la réhabilitation à faire, la survie des gens qui dépendent du littoral immédiatement.

Si jamais Maurice recevait autant de milliards de roupies d’indemnités, comment le pays devrait-il utiliser cet argent ?

Ce dédommagement prendra du temps ! Il ne faut pas se leurrer. Attaquer une grosse comapgnie prend du temps. Il faut un travail systématique. Il faut commencer à mettre en œuvre la “financial facility”. Maurice doit commencer les consultations internationales pour pouvoir déclarer les zones territoriales à côté de Maurice, entre autres, comme des zones faisant partie du patrimoine. Il faut mettre des “marine parks” un peu partout à côté de Maurice pour que si jamais il y a d’autres déversements d’hydrocarbures, on est compensé au plus vite possible. Il y aura plus de bateaux qui viendront et plus de “oil spills”, make no mistake, ce ne sera pas le dernier.

Quelles solutions pour ceux pour qui la mer constituait leur gagne-pain ? Comment réorganiser leur vie ?

Je pense que ce qui importe dans l’immédiat, c’est de voir les “evidences” et ensuite de débourser. Mais les pêcheurs n’étaient pas dans une meilleure situation avant l’accident. On peut toujours regarder sur le court terme en se disant que c’était leur gagne-pain mais il faut voir sur le long terme. Il n’y a pas de futur pour les pêcheurs. Les stratégies nationales ne sont pas en ligne avec ce qui pourrait être la pêche à Maurice. Il faut beaucoup plus d’investissement dans la gestion de la pêche avec d’autres pays. Maurice ne peut se concentrer sur son nombril. Il faut aller de l’avant avec Madagascar, les Seychelles, les Comores et d’autres pays de la région pour avoir plus d’argent pour ces pêcheurs. Faisons comme la Norvège. Envoyons des pêcheurs sur de grands bateaux pendant des mois pour pêcher de gros poissons dans les grands bancs, pas au jour le jour. Quant à la pêche artisanale, oui, il y a de l’avenir mais il faudra changer pas mal de choses. Il doit y avoir du financement innovant, pour chaque roupie du contribuable. Le gouvernement doit pouvoir doubler, voire tripler cette contribution. Il existe des moyens innovants de financement comme des “bonds”. On pourrait créer des “blue bonds”, des leviers financiers avec d’autres investisseurs qui mettent de l’argent pour protéger leur plateau océanique. Pourquoi Maurice ne ferait pas cela aussi ? Je pense que c’est une opportunité pour Maurice de revoir son système financier.

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