TIRS CROISÉS – RÉOUVERTURE DES FRONTIÈRES : Entre risque sanitaire et survie économique : trancher le nœud gordien

Alors que les acteurs du tourisme tirent désespérément la sonnette d’alarme quant à la situation du secteur qui ne cesse d’empirer un peu plus chaque jour, tout en s’impatientant de la réouverture des frontières en guise de bouffée d’oxygène qui leur permettrait de survivre, d’autres acteurs économiques, eux, font valoir qu’une deuxième vague de l’épidémie pourrait porter un coup plus fatal à l’économie, ce qui serait insurmontable pour le pays. Comment trancher ?

- Publicité -

Sen Ramsamy, Managing Director de Tourism Business Intelligence, est catégorique. « L’indécision sera catastrophique à notre pays. L’avenir de plusieurs milliers de personnes est en suspens. Je ne vois pas comment certains peuvent parler d’ouverture trop rapide. » Il souligne que la destination Maurice s’efface tout doucement de la carte touristique internationale. Et d’ajouter que « la fuite d’huile lourde dans un des plus beaux lagons protégés du pays est venue aggraver une situation déjà précaire ». Selon lui, tout indique que le virus prendra du temps avant d’être éliminé. « Allons-nous attendre son éradication dans un an ou deux avant d’ouvrir nos frontières ? »

Lindsey Collen, de Lalit, ne partage en aucune façon cet avis, estimant que notre système de santé n’est pas prêt pour une éventuelle flambée de l’épidémie. « Il n’y a aucun vaccin encore face à ce virus ! » fait-elle valoir, soulignant en sus que « le degré de contagiosité mêlé à la dangerosité de la maladie est susceptible de faire que le système de santé soit dépassé et s’effondre ». Déjà, selon elle, « notre système de santé est à bout et risque de ne pas être en mesure de répondre à l’urgence de la situation ». Elle ne considère même pas janvier 2021 comme une option de réouverture.
Bien qu’il n’aime pas l’idée de réouverture des frontières, le Dr Satish Boolell se résigne à constater qu’une telle décision est inévitable. Avant cela, toutefois, il importe, dit-il, d’assurer la formation du personnel médical et paramédical et embarquer les médecins du privé qui ont été négligés et évités la dernière fois. « Il faut penser à un “worst-case scenario”. Il faut que la population soit mise au courant des arrangements mis en place pour rouvrir, le nombre de lits dans les hôpitaux qui seront à la disposition d’éventuels malades. Il faudra aussi un plan des nouvelles unités qui seront ouvertes en cas de flambée. Il faut un service efficient d’accompagnement du malade et de ses proches. » Il considère que le début de l’été serait une date convenable pour la réouverture. Cela dit, il lance une mise en garde : « Je veux que la population ait peur de la COVID-19, réalise qu’elle est avec nous pour une longue période et qu’il faudra prendre beaucoup de précautions. »


SEN RAMSAMY (Consultant) : « La destination
Maurice s’efface tout doucement… »

L’annonce de la date de réouverture des frontières se fait attendre. Les hôteliers ne cessent de clamer que le secteur touche le fond de l’abîme, brandissant l’impératif de la réouverture alors que d’autres estiment qu’une ouverture trop rapide pourrait coûter bien davantage au pays. Comment trancher le nœud gordien ?

Cela fera bientôt six longs mois que le tourisme est à genoux. Ce secteur clé est marqué par l’inactivité, l’incertitude, l’angoisse et des bouleversements familiaux. L’avenir de plusieurs milliers de personnes est en suspens. Je ne vois pas comment certains peuvent parler d’ouverture trop rapide. Malgré le soutien financier par l’Etat, le tourisme ne pourra rester longtemps encore sous respiration artificielle. La décision entre continuer le combat contre le virus et remettre le pays pleinement au travail est certes difficile. Mais l’indécision sera catastrophique à notre pays sur les plans économique et social. Aucune date, même lointaine, n’a été annoncée pour la réouverture. Il y a suffisamment de crises à gérer localement, et ne pas savoir quand on va rouvrir nos frontières ajoute à d’autres crises potentielles. On est déjà en retard. La destination Maurice s’efface tout doucement du calendrier touristique international. Ce sera difficile après de se relever d’autant plus qu’il y aurait moins de touristes qui voyageront dans le monde alors que l’environnement concurrentiel sera impitoyable. La fuite d’huile lourde dans un des plus beaux lagons protégés du pays est venue aggraver une situation déjà précaire. Cela dit, tout indique que le virus va prendre du temps pour être éliminé. Allons-nous attendre son éradication dans un an ou deux avant d’ouvrir nos frontières ou redoublerons-nous d’efforts pour le contrôler après une première gestion réussie ? Le “new normal” exige qu’on apprenne à vivre avec ce virus mais dans une discipline sanitaire très stricte.

Pour d’autres acteurs de l’économie, une réouverture précipitée pourrait provoquer un deuxième “lockdown” qui serait fatal pour le pays, économiquement parlant, avec des milliards de manques à gagner par mois…

Personne ne parle de réouverture précipitée. Je propose une réouverture progressive. Nos frontières sont fermées depuis cinq mois déjà. Cela ne peut devenir une situation indéfinie. Ce n’est pas parce qu’il y a d’énormes risques d’accidents sur nos routes que nous devrons refuser de sortir de notre maison. Il y a beaucoup de précautions à prendre. En avril dernier, j’avais déjà prévenu qu’une fermeture de nos frontières jusqu’à fin août entraînerait une perte de plus de Rs 25 milliards en devises étrangères pour le tourisme seulement, sans compter les grosses pertes qui seraient encourues dans sa chaîne des valeurs touristiques. Par contre, ce que notre pays ne peut plus soutenir, c’est la corruption, la politique de petits copains et l’amateurisme dans plusieurs secteurs d’activité. C’est plutôt sur ces aspects qu’il y a urgence à Maurice.

Deux possibilités ont été évoquées quant à la réouverture, soit septembre ou janvier 2021. Une réouverture en janvier 2021 ne serait-elle pas plus sage ?

Si le virus n’est toujours pas éradiqué dans le monde et que nous rouvrons nos frontières en janvier 2021, qui nous dit qu’il n’y aura aucun risque de contamination après cette date ? Le poids du risque d’ouvrir en septembre ou en janvier prochain est donc quasiment le même. Il serait plus sage d’ouvrir par phase sur des marchés avec moins de 10% de contamination et des risques minimes que de rester fermé jusqu’à janvier 2021, et ainsi mettre notre économie déjà très fragilisée en plus mauvaise posture.

Quelles précautions strictes à imposer par les autorités ?

Aujourd’hui, les autorités semblent mieux préparées médicalement à faire face aux risques de contamination. Il faut laisser aux spécialistes de santé le soin de renforcer le protocole sanitaire. Ils le font déjà pour plusieurs vols spéciaux sur Maurice. Il nous faut une nouvelle stratégie de marketing. Avec sa posture de pays “Covid-safe”, Maurice a une rare opportunité de se positionner sur un segment important du marché touristique mondial. Il y a des milliers de professionnels dans le monde en parfaite santé contraints de rester cloisonnés chez eux pour “work from home”. Pour ces responsables de grosses sociétés étrangères multimillionnaires, rester enfermés chez eux dans un environnement stressant pendant si longtemps n’est plus possible. Je propose d’ouvrir nos frontières prudemment aux responsables de ces sociétés multinationales et de les inviter à “work from Mauritius” dans un cadre sûr, avec des protocoles sanitaires stricts et une cyber-connectivité sans faille. Ils viendraient en famille ou en groupe de travail et resteraient dans nos hôtels avec toutes les facilités requises pour une durée de plusieurs mois. Ce sera un autre type de touristes qui s’y installeraient et qui travailleraient à partir de notre île. Cette stratégie permettrait de générer des recettes en devises étrangères très appréciables. Des vols spéciaux auraient pu être mis à leur disposition à partir de leurs pays de résidence et sous de stricts contrôles médicaux et sanitaires. C’est un nouveau créneau très porteur à explorer de façon intelligente.

Les touristes devraient-ils observer la quarantaine ?

Non, cela n’a aucun sens parce que ce serait un “non-starter” pour le tourisme. Ce serait demander aux touristes indirectement de ne pas venir à Maurice. Beaucoup de nos hôtels sont utilisés comme centres de quarantaine par le gouvernement avec le personnel requis. Le risque de contagion ne sera pas plus grand si les dispositions sanitaires ont été prises à plusieurs échelons avant leur arrivée. Une personne en parfaite santé dans son pays ne prendra pas le risque de voyager pour se retrouver en quarantaine ici. S’il y a un cas de positif détecté, le protocole sanitaire devrait être déclenché dans toute sa rigueur. Le touriste de demain ne viendra pas chez nous pour le dépaysement en quête du produit classique soleil, mer et plage. Il viendra bien plus pour avoir une bonne santé, pour un sentiment de bien-être. Nous avons un travail colossal pour être vraiment à la hauteur des nouvelles attentes du tourisme de demain.


LINDSEY COLLEN (LALIT) : « Notre système de santé n’est pas prêt »

Vous êtes contre une réouverture précipitée de nos frontières. Pourquoi ?

Ceux qui revendiquent une réouverture rapide de nos frontières ont à répondre à une question : pourquoi a-t-on fermé les frontières ? On doit leur poser cette question, sinon ce n’est pas la peine d’en discuter. On a fermé les frontières parce qu’en dehors du pays, il y avait l’épidémie de la COVID-19 qui est très contagieuse alors qu’à Maurice, il n’y avait que trois cas. Le même jour, on a fermé les frontières. Aujourd’hui, la situation a-t-elle changé ? Il y a plus de cas à l’étranger, dans les pays d’où viennent les touristes alors que Maurice n’a enregistré aucun cas depuis trois mois. À l’époque où il y avait des cas à Maurice, je n’ai entendu personne dire que le gouvernement n’aurait pas dû fermer les frontières. Quelques voix disaient au contraire qu’il fallait fermer un ou deux jours avant… Je trouve assez étrange que certains remettent en question la fermeture des frontières sans passer par cette logique.

Qu’est-ce qui vous ferait tant peur si on rouvrait incessamment ?

Il n’y a aucun vaccin encore face à ce virus ! Nous avons affaire à une épidémie comprenant une combinaison de deux facteurs : elle est suffisamment contagieuse et grave et, d’autre part, il y a cette longue période d’incubation où le malade ne sait s’il est porteur car il peut être asymptomatique. Ce qui fait qu’il peut transmettre le virus. Cette épidémie donc peut être une menace pour une société entière, avec notamment le système de santé risquant de ne plus être en mesure de répondre à l’urgence de la situation. Depuis trois mois, le pays ne compte aucun cas de COVID-19. Dans les hôpitaux, actuellement, plus d’un tiers du personnel n’est pas là. Où sont-ils ? Ils travaillent dans les centres de quarantaine ! Et, on parle de rouvrir les frontières ! Notre système de santé est à bout. Il n’est pas prêt. Je n’entends même pas les syndicats d’infirmiers demander la formation en urgence de quelque 200 infirmiers pour qu’ils puissent répondre à l’appel. Le degré de contagiosité mêlé à la dangerosité de la maladie est susceptible de faire que le système de santé soit dépassé et s’effondre. Nos hôpitaux qui traitent les personnes avec le diabète, l’hypertension et d’autres maladies chroniques s’effondreraient. Face à une telle épidémie, le personnel soignant est plus exposé et plus susceptible de tomber malade, ce qui accentue la faiblesse du système de santé. Ainsi, ceux revendiquant la réouverture des frontières devraient avoir des solutions à la possibilité de faire quelque 200 “contact tracing” et à la façon dont les hôpitaux géreront la situation. Il faut aussi trouver des solutions pour les employés d’hôtel qui sont très exposés.

Qu’en est-il de tous ces employés d’hôtel qui risqueraient de perdre leur emploi si on tardait à rouvrir les frontières ?

Si un groupe hôtelier a cinq hôtels, il peut fermer la moitié et avec le capital restant, développer une autre industrie. L’industrie hôtelière n’a pas un avenir très brillant. Tout l’argent que le gouvernement injecte dans la réouverture des hôtels pourrait être utilisé par les propriétaires de ces établissements pour créer d’autres entreprises plus essentielles qui sont davantage en notre contrôle au niveau national, soit la pêche et l’agriculture.

À quel point la réaffectation des employés dans ces nouveaux secteurs serait-elle réalisable ?

Une bonne partie des employés pourrait être réaffectée. Il faut se demander quel est l’autre choix. Si les hôtels rouvrent vite, que l’épidémie se répand et que les hôpitaux s’effondrent, qu’adviendra-t-il de l’hôtellerie ? Tout l’argent que le gouvernement aura donné aux hôtels irait dans le vide. Il semblerait qu’on n’y réfléchit pas !

Une réouverture en janvier 2021 vous semblerait idéale ?

Je ne crois pas qu’on soit en train de regarder aussi près que cela. Cela, pas juste à Maurice. Même si on rouvre les hôtels, il n’y aura que 10% de clients. Les patrons perdront davantage car ils paieront les employés. Personne ne voyage actuellement, à l’exception de quelques aventuriers.

Quelle serait donc la période idéale pour la réouverture ?

L’industrie hôtelière mondiale passera par une grande crise d’identité à l’avenir, peut-être pour les prochains cinq ans. Déjà, il y a la pression pour que les gens ne voyagent pas loin à cause du problème de réchauffement de la planète. Désormais, les tendances changeront. Les Anglais iront, par exemple, en Écosse et ceux de la campagne à Londres. Les Mauriciens déjà vont à Rodrigues ou dans les hôtels à Maurice.

Pensez-vous que le tourisme pourrait rattraper tout ce retard si l’on tardait à rouvrir. Ce ne serait pas donner une longueur d’avance à nos concurrents comme les Seychelles qui ont déjà rouvert leurs frontières ?

Je pense que ce ne sera jamais comme avant… Les Seychelles ont rouvert leurs frontières mais quand elles auront des problèmes, on ne regardera pas les choses de la même façon. On ne peut totalement comparer. Nous avons une bien plus grande population que les Seychelles. On ne peut suivre comme des moutons de Panurge ceux qui vont vers un précipice…

Le Wage Assistance Scheme à l’industrie touristique s’élevait à quelque Rs 423 M en juillet. Comment le gouvernement pourrait-il se permettre l’extension de cette aide plus longtemps encore ?

Toutes les familles ont besoin de quoi vivre. Mais je remets en question le fait que cette allocation soit liée au secteur hôtelier. Il ne faut pas ainsi rattacher cette aide dans l’espoir que l’hôtellerie rebondira car c’est un secteur très fragile.

Qu’en serait-il si le pays procédait à une réouverture partielle de ses frontières avec des précautions très strictes ? On pourrait miser sur la qualité plutôt que la quantité, soit le tourisme haut de gamme…

Non, on ne fait que nous berner quand on mentionne ces mesures de précaution ! J’ai parlé plus tôt de tous les dangers qui existent. Tous ceux qui parlent de réouverture devraient essayer de travailler quelque temps comme infirmier.


SATISH BOOLELL (Médecin) : « Je n’aime pas l’idée
de réouverture mais elle est inévitable »

En tant que médecin, êtes-vous pour ou contre la réouverture des frontières ?

C’est une question difficile à trancher. Mais je sais que c’est inévitable. À un certain moment, il va falloir rouvrir. Il y a des conditions qu’il faudra respecter. Les mots-clés sont la transparence et la solidarité. Il faut que la population soit mise au courant des arrangements mis en place pour rouvrir, le nombre de lits dans les hôpitaux qui seront à la disposition d’éventuels malades. Il faudra aussi un plan des nouvelles unités qui seront ouvertes en cas de flambée de la maladie. Il faut, d’ores et déjà, assurer la formation du personnel médical et paramédical et embarquer les médecins du privé qui ont été négligés et évités la dernière fois. Il faut faire tout le monde devenir un partenaire dans l’exercice de prévention de la propagation du virus. Il faut penser à un “worst-case scenario”.

Notre système de santé est-il prêt pour y faire face ?

On devrait être plus préparé que la dernière fois. Mais il y a des respirateurs qui ne sont toujours pas arrivés. C’est bon d’avoir des respirateurs. Mais où les mettre si on n’a pas de lits dans les hôpitaux, s’il n’y a pas de personnel qui sache s’en servir ? Il faut un service efficient d’accompagnement du malade et de ses proches. Quelque chose me gêne beaucoup. C’est un problème national. Ce n’est pas l’affaire de deux médecins ou de deux politiciens qui viennent à la télé tous les jours. Ce qui m’intéresse en tant que médecin, c’est de savoir quels traitements nous comptons prodiguer aux malades ou ceux suspectés d’être malades. Je voudrais connaître la politique du gouvernement concernant l’hydroxychloroquine. La dernière fois, beaucoup de malades étaient devenus des cobayes. On cherchait du plasma avant d’apprendre que le plasma n’est pas accepté… C’est comme si on essayait n’importe quoi sur ceux qui en souffraient. Médicalement, il nous faut une approche intelligente, ce qu’on n’a pas eu la dernière fois. Même pour l’ouverture des supermarchés, il faut planifier. Je ne demande pas d’études poussées ; mais il faudrait savoir quels sont les endroits en proie à des flambées de l’épidémie. Ceux-ci devraient alors subir une attention particulière. J’ai beaucoup appris de l’expérience australienne. Il n’y avait rien grâce aux incendies de brousse qui ont repoussé l’arrivée des touristes. Tout heureux de leur situation, ils ont relâché les gestes barrières. À Maurice, depuis le déconfinement, on est retourné à la case départ. On n’observe pas la distanciation physique, il y a un manque de discipline extraordinaire. Il faut préparer la population à la réouverture. Bien que je n’aime pas cette idée de réouverture, je réalise qu’elle est inévitable. Il faut se servir des compétences locales indépendamment des affiliations politiques. La première édition a été une affaire de “Big Business”. Ce qu’on ne veut pas, c’est que cela se répète.

Quelle date serait idéale pour la réouverture des frontières ? On a parlé de septembre 2020 et de janvier 2021…

Quand on donne des dates, je me demande quel est le raisonnement médical derrière. La période idéale aurait été lorsqu’on trouverait un vaccin. Mais cela ne se présentera pas avant l’année prochaine.

Faudrait-il donc attendre un vaccin ?

Dans l’idéal, oui. Mais, dans la pratique, non. Il va falloir que nous apprenions à vivre avec le coronavirus et que nous cessions de copier sur les autres pays. Beaucoup de décisions prises ici sont copiées sur la Grande Péninsule. De l’autre côté, en Angleterre, il y a une exagération au niveau du relâchement des frontières.

Vous êtes pour quel type de réouverture ?

Je serais pour une réouverture progressive par quinzaine. Si, disons, après quinze jours d’ouverture sur La Réunion, il n’y a pas eu de flambée, on avance un peu plus, en lâchant disons sur l’Australie, encore une quinzaine avant de lâcher sur l’Inde, par exemple. Pourquoi 15 jours ? Parce que la période d’incubation du virus est d’une quinzaine de jours.

Ne faudrait-il pas rouvrir sur des pays avec très peu de cas d’abord ?

Pas forcément. Il faut ouvrir sur des pays dont on a besoin les visiteurs et les produits.

Une deuxième vague ne serait pas bien plus « fatale » pour l’économie ?

Si on n’ouvre pas, on serait voué à une mort certaine.

Une réouverture progressive pour quand alors ?

J’aurais considéré le début de l’été, vers novembre, quand il commence à faire chaud, période à laquelle le virus, paraît-il, ne peut survivre. On ne pourra jamais être “Covid-free”. C’est une flambée qu’il faut éviter. Nous devrons apprendre à vivre avec. Pour cela, il faut de la transparence dans nos actions. Il faudra informer la population. En ce moment, nous avons trop de laisser-aller. Nous n’avons plus peur. Nous sommes assis sur nos lauriers, fermement convaincus qu’on a réussi un très grand pari. Je veux que la population ait peur de la COVID-19 et réalise qu’elle est avec nous pour une longue période et qu’il faudra prendre beaucoup de précautions.

Y a-t-il lieu de se protéger actuellement en l’absence de cas local depuis trois mois ?

Certainement ! Il faut quand même penser qu’il y a probablement pas mal de cas qui sont passés à travers les filets. Par exemple, quand on m’a dit que les frontières étaient fermées, personne ne m’a dit que les avions privés arrivaient quand même… Si une personne arrive et est testée négative mais que deux semaines après, au terme de l’incubation, elle commence à visiter tout le monde ?

En conclusion…

Il faut former le personnel soignant et la population, leur dire que le virus est là, qu’il faudra vivre avec et prendre toutes ses précautions. Il ne faut pas cacher des informations. Nos décideurs ont une redevabilité envers la population. Tous les secteurs doivent rattraper le temps perdu, pas seulement le tourisme. Le secteur de l’éducation a été mal géré. Les élèves qui devaient prendre part à leurs examens ne pourront le faire avant l’année prochaine. Ils perdent carrément une année.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -