(Tirs croisés) Se protéger de la COVID-19 : Faut-il avoir peur des vaccins ?

Alors que des réserves et des craintes ont été émises autour des vaccins anti-COVID-19, faudrait-il voir le vaccin comme un produit néfaste, ou au contraire comme la source du salut du monde face à une pandémie qui ne semble pas près de disparaître ? Le Dr Iswaraj Ramracheya, diabétologue et endocrinologue, fait ressortir que tous les vaccins que l’on reçoit doivent avoir passé la phase III de l’essai clinique.

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« L’Inde avait déjà vacciné plus d’un million de sa population avec le Covaxin et a montré que les patients n’ont pas eu de problème majeur. » Selon lui, « nous devons nous réjouir d’avoir des vaccins en si peu de temps sans qu’on ait ‘‘cut corners’’ ». Pour lui, peu importe le vaccin qu’on reçoit. « Différents vaccins ont divers degrés d’efficacité mais tous apportent une protection. » Et d’ajouter qu’il importe que la population sache que si elle ne fait pas le vaccin, elle court le risque d’être infectée et les risques d’avoir des complications majeures dépassent les autres risques, surtout dans une population très touchée par des maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension et maladies rénales. « Oubliez les noms des vaccins, tous vous apportent une protection. Faites-vous vacciner pour réduire les risques de transmission. »

Abondant dans le même sens, la Dr Mita Ballysing, médecin généraliste, insiste sur l’urgence de la vaccination. « Vacciner au plus vite une population permet de diminuer la capacité du virus à se répliquer, et ainsi diminuer la probabilité du virus de se muter en un variant, qui risque d’être plus virulent, avec une efficacité moindre aux vaccins existants et la probabilité d’échapper au dépistage avec le PCR. » Si les craintes sont compréhensibles et surtout basées sur le fait que le virus et le vaccin sont nouveaux, selon elle, « cela ne compromet en aucun cas la fiabilité et l’efficacité du vaccin qui passe par des instances rigoureuses importantes ». S’agissant des personnes qui se sont fait refouler dans les centres de vaccination pour avoir signalé de simples allergies alimentaires, elle se demande s’il ne faudrait pas une meilleure campagne d’explications.
L’épidémiologiste, Deoraj Caussy, nous prend de court en venant détruire l’idée d’immunité collective brandie par tant de médecins que l’on peut atteindre par la vaccination d’un pourcentage minimum de la population. Selon lui, « l’émergence de variants viole l’application de la théorie de l’immunité collective car nous n’avons plus un seul type de virus SARS-COV-2 ». Et d’ajouter : « Par conséquent, nous devrions passer du paradigme de l’immunité collective à la protection individuelle. » Toutefois, si l’immunité collective n’est, selon lui, pas applicable avec les variants, il importe de viser l’immunité individuelle. Plus il y aura de vaccinés, « plus la probabilité de transmission sera réduite, d’où la nécessité de vacciner un maximum de personnes ». Par ailleurs, outre le vaccin, qui ne protège pas à 100%, il souligne l’importance de continuer à pratiquer les gestes barrières.

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DR ISWARAJ RAMRACHEYA (diabétologue) : « Oubliez les noms des vaccins, tous vous apportent une protection ! »

Alors que le gouvernement entend vacciner entre 62-74% de la population pour atteindre l’immunité collective, il existe beaucoup de craintes et de doutes autour des vaccins non homologués encore par l’OMS. Votre point de vue ?
Depuis le début de la campagne de vaccination, il y a eu des doutes. Une vidéo circulée par un cardiologue disait que le vaccin était contre-indiqué pour ceux prenant des anticoagulants. Cela, déjà, avait suscité la peur chez les patients concernés. On sait aujourd’hui que ce que disait la vidéo n’est pas vrai. Ensuite, on a entendu dire que plusieurs pays avaient suspendu leur programme de vaccination à l’AstraZeneca, pensant que cela créait des caillots de sang. C’est une autre chose qui a suscité les interrogations quant à la sûreté du vaccin. Mais, une semaine après, l’Europe a sorti une publication pour dire qu’il n’y avait aucun lien direct avec ce vaccin. Ils ont même été dire que peut être ce vaccin réduit les risques de coagulation. Ensuite, on a parlé de contre-indications comme les allergies. Il n’y avait pas suffisamment d’informations par rapport aux patients souffrant d’une maladie chronique. Ces craintes n’ont pas été dissipées car les médecins sont assaillis de questions par leurs patients.

Pouvez-vous préciser qui sont ceux qui ne peuvent se faire vacciner ?
Tout le monde peut le faire, sauf ceux qui sont allergiques aux ingrédients de ces vaccins ; ceux qui ont des allergies sévères ; les femmes enceintes ou qui prévoient de tomber enceintes. Dans certains cas, des médecins autorisent les femmes enceintes à recevoir le vaccin. Les essais cliniques n’ont pas inclus les femmes enceintes. Mais, dans certains cas, on a vu que la femme enceinte vaccinée transmet les anticorps à son bébé. Ceux en dessous de 18 ans n’ont pas été inclus non plus dans les essais cliniques.

Les allergies alimentaires sont-elles une contre-indication ?
Non. Je sais que plusieurs se sont vu refuser l’administration du vaccin quand ils ont mentionné être allergiques à certains aliments ou à certains médicaments comme les anti-inflammatoires et qui ont pu avoir le vaccin quand ils ont été dans un autre centre de vaccination. Ce ne sont pas des contre-indications absolues. Il faut balancer les bénéfices et les risques. Ceux qu’on pense être à risque de faire une réaction allergique peuvent se vacciner dans un centre hospitalier où ils peuvent être suivis pendant un peu plus longtemps que 30 minutes. S’il n’y a aucun problème, le patient peut rentrer chez lui. J’ai un patient qui avait déjà eu une vraie réaction anaphylactique avec des bronches serrées. On lui a refusé le vaccin mais j’ai parlé à un médecin et il a reçu son vaccin. Il n’a eu aucune réaction. Il y a d’autres patients à qui l’on a dit d’aller dans les cliniques privées. Je ne sais quelle différence cela fait entre le privé et le public.

Que dire concernant les doutes par rapport aux vaccins non homologués encore comme le Covaxin ?
Tous les vaccins que l’on reçoit doivent avoir passé la phase III de l’essai clinique (essai sur un millier de patients pour voir à quel point c’est efficace et combien ont des effets secondaires). L’Inde avait déjà vacciné plus d’un million de sa population avec le Covaxin et a montré que les patients n’ont pas eu de problème majeur. La phase III a démontré que le vaccin est efficace à 81%. Maintenant, pour que l’OMS l’approuve, le laboratoire doit lui envoyer les données. L’équipe de l’OMS s’y penchera avant d’approuver ou pas. Tout cela prend un peu de temps. Le laboratoire a eu les données d’essai clinique au début de mars. Il a déjà passé la phase III et a montré que le vaccin est ‘‘safe and effective’’. Basé dessus, je ne vois aucune raison pourquoi on ne peut utiliser ce vaccin, surtout face à une pénurie de vaccins. Aucun laboratoire ne donnera un vaccin qui ne travaille pas ; surtout le laboratoire Bharat Biotech qui fournit au monde des vaccins depuis plus de 16 ans ne gâcherait pas sa réputation. Donc, même s’il n’est pas approuvé encore, on peut dire que le vaccin est bon. Normalement, un vaccin prend environ cinq ans pour être mis au point. Dans un contexte pandémique, les scientifiques y travaillent le plus vite possible. Nous devons nous réjouir d’avoir des vaccins en si peu de temps sans qu’on ait ‘‘cut corners’’. Les techniques existaient déjà. Nous savons que la méthode utilisée est ‘‘safe’’. Normalement, la phase IV consiste à donner le vaccin à un grand nombre de populations qui sont suivies pendant quelques années pour connaître les ‘‘long-term effects’’.

Qu’en est-il du vaccin Sinopharm qu’on devrait recevoir bientôt ?
Peu importe le vaccin qu’on reçoit. Différents vaccins ont divers degrés d’efficacité mais tous apportent une protection. On parle souvent de pourcentage d’efficacité mais il faut voir dans quel contexte ces essais cliniques ont été faits. Par exemple, l’efficacité de Johnson & Johnson est de 66% par rapport à Pfizer (95%). Les études des deux ont été faites aux USA mais quand on a fait pour Pfizer, le nombre d’infectés aux USA était bien moins. Il faut donc savoir interpréter ces pourcentages.

Pensez-vous que l’on pourra atteindre l’immunité collective malgré certaines réticences ?
Je pense, oui. Il faut que la population sache que si elle ne fait pas le vaccin, elle prend le risque d’être infectée et les risques d’avoir des complications majeures dépassent les autres risques, surtout dans une population très touchée par des maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension et maladies rénales. Les risques de ces patients d’avoir des complications sont plus élevés. La protection qu’apporte le vaccin surpasse les autres risques de complications.

D’autres grands pays comme ceux d’Europe font face à une pénurie de vaccins. Maurice doit-elle se considérer chanceuse de recevoir des vaccins ?
D’une certaine manière, oui. Mais il faut voir si le nombre de vaccins est suffisant pour notre population. On parle de vacciner au moins 70% de la population. Il nous faudra beaucoup plus de vaccins car il faut deux doses par personne. Donc, oubliez les noms des vaccins, tous vous apportent une protection. Faites-vous vacciner pour réduire les risques de transmission.

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DR MITA BALLYSING (médecin généraliste) : « La vaccination, la lumière au bout du tunnel »

Il existe beaucoup de craintes et de doutes autour des vaccins proposés à Maurice, surtout ceux qui ne sont pas encore homologués par l’OMS. Quelle position adoptez-vous face à cette réticence ?
Face à cette urgence sanitaire globale, nombre de pays producteurs de vaccins sont en train de vacciner leur population et celles avoisinantes avec leurs vaccins qui n’ont pas été avalisés encore par l’OMS, à l’exemple du Sinopharm et du Sinovac utilisés par la Chine et les pays d’Asie, du Spoutnik par la Russie. Même le Moderna, utilisé en Europe et aux États-Unis, attend toujours l’aval de l’OMS en dépit du fait qu’il a reçu l’approbation de l’Agence européenne. Pourquoi cette urgence de vacciner la population globale simultanément ? Vacciner au plus vite une population permet de diminuer la capacité du virus à se répliquer, et ainsi diminuer la probabilité du virus de se muter en un variant, qui risque d’être plus virulent, avec une efficacité moindre aux vaccins existants et la probabilité d’échapper au dépistage avec le PCR. Avec la Grande-Bretagne comme exemple, on voit bien une diminution des risques de transmission aussi bien que de symptomatologie sévère et de mortalité avec une campagne de vaccination à presque 50%. Les craintes sont compréhensibles et surtout basées sur le fait que le virus est nouveau, et le vaccin aussi. Certes, on n’a pas suffisamment de recul, mais cela ne compromet en aucun cas la fiabilité et l’efficacité du vaccin qui passe par des instances rigoureuses importantes même en deuxième phase d’essai clinique, tout en sachant que la troisième phase d’essai clinique se fait avec des sujets sains ou avec des comorbidités dans des populations différentes. L’Inde reste le plus grand producteur de médicaments et de vaccins au monde. Le laboratoire proposant le Covaxin est le plus grand producteur de vaccin contre la rage dans le monde, et a un portfolio de 16 vaccins, en l’occurrence contre le H1N1, Zika, Rotavirus, etc., et tous ses vaccins sont homologués par l’OMS. Même le Spoutnik est fabriqué en Inde avec la collaboration de la firme pharmaceutique Gammaleya de la Russie et Dr Reddy’s Lab en Inde.

De l’autre côté, l’AstraZeneca (AZ), approuvé par l’OMS, fait pourtant débat dans le monde. La France recommande désormais ce vaccin aux plus de 55 ans après des rares cas de troubles de coagulation chez des jeunes en Europe même si aucun lien direct n’a été établi. Cela démontre-t-il quelque part qu’un vaccin peut ne pas être approuvé encore et être bon et vice-versa ?
En ce qui concerne l’AZ, il y a eu suspension par rapport aux cas de thromboembolie qui ont été décelés, sans qu’aucun lien au vaccin n’ait été prouvé. Les investigations démontrent que le nombre de cas de thromboembolie dans la population vaccinée n’est pas supérieur à la même population non vaccinée pour la même période de temps. L’AZ a été utilisé en premier au Royaume-Uni surtout chez les personnes âgées, et il n’y a pas eu de cas de thromboembolie, ni d’effets secondaires importants dans cette population âgée vaccinée. La réintroduction du vaccin en Europe est basée sur la balance bénéfice- risque comme pour tout médicament et vaccin utilisé depuis le temps. Quant à la France, elle a voulu être prudente mais elle a le luxe d’avoir plusieurs vaccins disponibles.

Il y a ceux dont les conditions ne permettent pas de se faire vacciner, mais il y a aussi ceux qui sont hostiles à l’idée de se faire administrer un vaccin non homologué encore par l’OMS. Avec toutes ces réticences, le pays pourra-t-il atteindre le minimum de 60% de vaccinés pour avoir l’immunité collective ?
Le patient fait confiance à son médecin. Si tous les médecins du privé et du public se lancent dans une bonne campagne de sensibilisation, pourquoi pas ? Encore faut-il que tous ces médecins soient eux-mêmes confortables avec l’idée de vaccination. Sur une cinquantaine de personnes d’une entreprise qui se sont présentées la semaine dernière à un centre de vaccination, seulement 15 ont reçu leur vaccin parce qu’elles ont mentionné avoir de simples allergies. Il faut distinguer effets secondaires et allergies sévères, qui sont source de confusion dans la population. Les effets secondaires d’un vaccin restent les mêmes pour tous vaccins : de la fièvre, des courbatures, des douleurs au site d’injection, maux de tête et faiblesse. On note déjà moins d’effets secondaires avec le Covaxin par rapport à l’AZ. Les vraies allergies sévères, que ce soit avec les aliments, médicaments, ou vaccins impliquent chute de tension, œdème Quincke, crise d’asthme sévère, difficulté à respirer, évanouissement, vomissement, urticaire importante sur tout le corps, infarctus, crise d’épilepsie. Le protocole pour la vaccination dans beaucoup de pays stipule une allergie sévère aux excipients du vaccin ou aux vaccins précédents. Est-ce qu’il ne faudrait pas faire une meilleure campagne d’explication par rapport à cette confusion entre effets secondaires et allergies sévères ?

D’autres grands pays comme ceux d’Europe font face à une pénurie de vaccins. Maurice doit-elle se considérer chanceuse de recevoir des vaccins ?
Il y a une course contre la montre dans tous les pays du monde pour le vaccin, et on voit bien que la plupart des pays d’Europe avaient déjà fait des réservations auprès des firmes pharmaceutiques AZ, Pfizer, etc., même pendant leur deuxième essai clinique. Avec la vaccination en masse, la demande est plus importante, la pénurie se fait sentir et les firmes n’arrivent plus à subvenir aux besoins de ces pays. Certains pays, en l’occurrence les États-Unis, la France, le Canada, le Paraguay, entre autres, se tournent vers l’Inde et la Russie pour s’approvisionner. Nos relations avec la Grande Péninsule ont fait qu’on a reçu nos premiers vaccins, permettant non seulement aux Mauriciens mais même aux étrangers d’avoir recours à la vaccination. Dans certains pays d’Europe, les Mauriciens, surtout les étudiants, sont les derniers sur la liste à être vaccinés et ils sont en attente depuis plusieurs mois. Oui, on a de la chance, et le grand défi reste d’avoir suffisamment de vaccins dans les mois à venir pour atteindre l’immunité collective. La vaccination reste la lumière au bout du tunnel avec évidemment les mesures sanitaires.

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DR DEORAJ CAUSSY (épidémiologiste) : « De l’immunité collective à la protection individuelle »

Le gouvernement entend vacciner entre 62 et 74% de la population pour atteindre l’immunité collective. Il existe toutefois encore des craintes et des doutes autour du Covaxin et des autres vaccins non approuvés encore par l’OMS. Quelle position adoptez-vous face à ces réticences ?
Les réticences ne sont pas bonnes pour la campagne de vaccination. Il faut trouver des moyens de les combattre. On doit d’abord se demander pourquoi il y a ces réticences. Il faut peut-être des messages plus cohérents, basés sur des preuves scientifiques. Il faut être honnête envers la population. Les gens ont accès à toutes les informations sur Internet, mais ils peuvent parfois mal les interpréter car certaines s’appliquent pour un pays en particulier et pas forcément pour Maurice. De l’autre côté, les gens se posent des questions car on a fabriqué des vaccins sur une période courte mais là n’est pas le problème car on a la technologie.

Même non homologués, ces vaccins ont traversé les trois tests cliniques, n’est-ce pas ?
Oui, mais après, il faut faire homologuer par un comité scientifique dans un ‘‘Peer Reviewed Journal’’. Les données sont réexaminées de près par des scientifiques indépendants, qui n’étaient pas impliqués dans la recherche, qui refont l’analyse et donnent leur aval.

Votre point de vue donc sur ces vaccins que l’on reçoit et que l’on recevra mais qui ne sont pas encore homologués ?
Ils sont à diverses étapes d’acheminement. Ils ont suivi la troisième étape d’essai clinique, mais certains comme celui concernant le Spoutnik a été publié dans le journal The Lancet en Angleterre et les résultats ont été validés par des scientifiques à travers le monde. Quant au Covaxin, il est possible que le vaccin soit très bon et même meilleur que les autres, mais il y a une réticence car l’aval n’a pas été complet. En même temps, nous sommes dans une période d’épidémie où il y a une pénurie de vaccin, surtout que nous avons passé les commandes en retard. Il y a une procédure qui s’appelle ‘‘Advance Purchase Agreement’’, soit l’achat avant même qu’un vaccin soit homologué. Le Canada, par exemple, a passé des commandes auprès de cinq différentes compagnies avant même que les vaccins ne soient produits. L’OMS avait promis de fournir 20% de notre population en vaccins, mais les critères pour les dons ont changé.
Entre ces vaccins non homologués et une flambée épidémique sans compter le ‘‘consent form’’ qui fait débat, le choix est difficile… En tant que médecin, comment tranchez-vous ce nœud gordien ?
Il faut apporter des informations cohérentes basées sur des preuves scientifiques. On doit expliquer que voilà, on a fait un calcul des risques. Si on n’immunise pas, tant de personnes seront atteintes et si on procède à la vaccination, tant de personnes seront protégées, que les risques dans les essais cliniques n’ont pas démontré de grands effets secondaires. Les gens seront alors convaincus parce que vous aurez montré exactement la couleur du vaccin. Ensuite, il faut des spécialistes ayant de l’expérience dans la vaccinologie pour sensibiliser, pas n’importe qui venant vendre un agenda. Les gens vont penser que le message est masqué. Il faut aussi mettre en avant des vaccinés parmi les sportifs et d’autres personnes qui ont une influence dans la société pour donner l’exemple.

Comment atteindre l’immunité collective si les réticences persistent ?
La théorie de l’immunité collective, fondée sur l’hypothèse de l’existence d’un seul type de virus et de l’acquisition d’une immunité à vie après l’infection, nous limite à vacciner un pourcentage prédéfini de la population. Au début de l’épidémie en 2020, les scientifiques pensaient qu’il n’y avait qu’un seul type de virus SAR-COV-2 et que l’infection conférait probablement une immunité solide. Ils avaient proposé de ne vacciner que 70% de la population pour obtenir une immunité collective. Or, l’émergence de variants viole l’application de la théorie de l’immunité collective car nous n’avons plus un seul type de virus SARS-COV-2. Par conséquent, nous devrions passer du paradigme de l’immunité collective à la protection individuelle, et cela ne sera réalisé qu’en vaccinant l’ensemble de la population. Lorsqu’il y a un nouveau variant, l’immunité collective est réduite de 80% par exemple à 50/40%. C’est comme si on enlevait l’eau d’une piscine près de la mer qui continue à la remplir. On n’enlèvera jamais l’eau salée de la piscine.

Si 70% de la population sont vaccinés, quel type de protection aura-t-on ?
Ce sera une immunité individuelle pour la personne vaccinée.

Et les non-vaccinés, seront-ils protégés ?
Pas forcément.

Encouragez-vous la population à se faire vacciner ?
Bien sûr. Je ne l’ai pas fait encore parce que je trouve les modalités (les heures, les centres) ne sont pas adaptées. J’ai fait mes calculs de risques sur les vaccins. Si je fais le vaccin, je me protège individuellement, peut-être à 90%. S’il y a des effets secondaires qu’on n’a pas vus jusqu’à présent, c’est un risque que je prends. Si j’avais le choix, je choisirais un vaccin homologué mais comme je ne peux choisir, je suis au pied du mur. Donc, j’irai me faire vacciner. Il faut qu’on sache que la vaccination contre la COVID19 sera pour sa protection individuelle qui est plus importante que la protection collective.

Même s’il n’y a pas immunité collective, ceux qui ont des contre-indications sont-ils mieux protégés si 90% de la population se vaccinent que si seulement 30% le faisaient ?
Oui pas sur la base de l’immunité collective, mais parce que la probabilité de transmission sera réduite. D’où la nécessité de vacciner un maximum de personnes !

Le vaccin demeure-t-il la solution contre la pandémie ?
On a fait des milliards de doses de vaccins qui sont de la première génération. Il y aura une deuxième et troisième génération qui incorporeront vraiment les variants. Actuellement, c’est une coïncidence que certains nous protègent contre les variants. Le vaccin n’est pas la seule solution. Il y a aussi les gestes barrières. On a des vaccins contre la rougeole ,mais il y a toujours des épidémies ! C’est relié au comportement humain.

Un message à passer…
Il faut que la vaccination soit accessible à tous car on est en train de créer une inégalité sociale. Il n’y a que des gens qui ont des facilités, qui peuvent se déplacer à certains endroits, heures, qui peuvent faire le vaccin.

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