« To be… or not to be… elected » à Maurice, et les défis à venir

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« To be… or not to be… elected ». Une grande question constamment posée et pensée par les politiciens du monde entier, et par celles et ceux qui aspirent à se soumettre au vote populaire. Devenir politicien n’implique pas nécessairement passer par des élections, mais il est indubitable que chaque politicien porte une aspiration légitime d’être un jour élu(e), que ce soit au niveau régional (élections municipales/villageoises) ou national (législatives).
S’il y a une leçon à retenir des élections générales de novembre 2019 à Maurice, c’est que l’équipe/l’alliance qui avait le plus de ‘fraîcheur’, et semblait la plus habile à apporter des résultats tangibles sur le court et moyen termes, a remporté la joute. Pravind Kumar Jugnauth est aujourd’hui le maître incontesté de la marmite politique de notre Dodoland.

Ceci dit, lorsqu’on écoute le récent discours de Navin Ramgoolam selon lequel il compte donner davantage de ‘chances’ aux jeunes au sein du Parti Travailliste, tandis que Pravind Jugnauth l’a fait bien en avance, que Paul Bérenger semble encore tergiverser quant au nouveau souffle à redonner au MMM, que Xavier-Luc Duval penserait davantage aux membres de son clan qu’à élargir le cercle d’opportunités de sa basse-cour, il est à se demander si les dirigeants de nos principales formations politiques ont vraiment à cœur le renouvellement de la classe politique.

Qu’à cela ne tienne, il y a un grand fossé générationnel à combler au sein de notre classe politique. Très peu parmi les politiciens actuels ont entre 40 et 58 ans, à ce jour, en l’an 2020. La plupart ont plus de 55 ans, voire bien plus de 60-65 ans, incluant ces députés régulièrement élus (dans la même circonscription ou migrant ailleurs) qui refusent de prendre une retraite bien qu’annonçant souvent qu’ils seraient à leur ‘dernière’ participation électorale. Évidemment, cela inclut ceux qui se considèrent toujours comme étant indispensables sur la scène politique mauricienne et qui finissent souvent par devenir des ‘propriétaires’ de circonscription.

Tout à coup, avec les élus de 2019, nous nous retrouvons avec de nombreux jeunes et très jeunes, sans grande expérience administrative ou de gestion des affaires de l’État, ce qui n’est pas un défaut en soi, et un nombre de politiciens vieillissant dont l’addiction à la fièvre électorale ne s’amenuise point. Le problème auquel nous faisons face dorénavant est comment combler ce fossé générationnel au sein de notre classe politique.

La politique est très importante et il ne faut pas la réduire aux simples joutes d’ego et d’affrontements entre leaders politiques. C’est la politique et la qualité de nos politiciens qui décideront de notre avenir socio-économique à court, moyen et long terme. Ne nous leurrons pas ! Nous pouvons fièrement revendiquer être une démocratie mais cela est vrai en partie seulement. Nos partis politiques sont des exemples concrets de petites dictatures au sein desquelles les leaders inamovibles, dynastiques ou non, imposent toujours leurs choix de candidat(e)s aux élections. Nombreux parmi ces derniers sont parentés aux leaders eux-mêmes ou à d’autres membres influents des partis en question. Ou alors leurs pères, mères, tontons, tantes ou grands-parents ont déjà été conseillers de villages, de municipalités, voire maires/mairesses ou présidents de district, agents ou sponsors financiers des partis.

Il est donc urgent et essentiel de revoir les structures et fonctionnement des partis politiques principaux à Maurice. Il faudrait permettre l’intégration et la participation d’individus honnêtes, ayant à cœur le progrès de la République et de nos concitoyens, peu importe leur classe sociale et le fait ou non de ‘connaître’ des politiciens/leaders politiques. Mais démocratiser l’accès à la politique permettra de refaçonner l’Île Maurice et de nous faire progresser plus rapidement, de par le rajeunissement constant de notre classe politique, le renouvellement et débat d’idées, l’urgence d’agir et de mettre en oeuvre les décisions et les dispositions législatives, et une redynamisation de notre vie politique demeurée trop longtemps accrochée aux rêves d’antan et aux nostalgies d’un passé recomposé des années 80-90.

En pensant aux échéances de 2024 et éventuellement de 2029, il serait souhaitable que les leaders actuels fassent leur « homework » pour rendre enfin démocratique l’aspiration de tout un chacun de pouvoir faire de la politique et apporter sa pierre à l’édifice. Ensuite, on pourra parler de réforme électorale. Et aussi de limitation de mandats électifs pour le poste de Premier ministre (2 termes totalisant 10 ans au maximum) et pour les députés de l’Assemblée nationale aussi (pas plus de 6 mandats électifs ou 25 ans, whichever comes first).

C’est ce que le peuple demande. C’est ce que la démocratie demande. Et que la République exige.

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