TOURISME: « Le All-Inclusive n’est pas fait pour Maurice » déclare Christian Lefèvre au Mauricien

« Le All-Inclusive, encouragé par des opérateurs étrangers, n’est pas fait pour Maurice », déclare au Mauricien le PDG et propriétaire du Réceptif de Luxe (Coquille Bonheur) à Maurice. Christian Lefèvre, qui se bat depuis des années en vue de mettre un terme à cette offre, estime que « cette pratique engendre plutôt une perte de clients haut de gamme, donc une baisse au niveau de la qualité du service offert dans les hôtels ».
« Maurice, autrefois citée comme le Paradis sur Terre, est aujourd’hui connue comme un “low cost sunshine destination” », lance Christian Lefèvre. Pour le PDG et propriétaire du Réceptif de Luxe (Coquille Bonheur) à Maurice, « il existe une inadéquation entre l’ambition d’augmenter à tout prix les arrivées et la qualité de nos établissements hôteliers ».
« Le véritable luxe est de ne pas faire comme tout le monde », lance Christian Lefèvre, qui a aussi été le General Manager de White Sand Tours et compte plus de 30 années d’expérience dans le secteur du tourisme. « Avec le All-Inclusive, l’on crée la confusion en vendant du soi-disant haut de gamme à un prix bon marché. »
À ceux qui veulent promouvoir le concept All-Inclusive, le PDG du Réceptif de Luxe (Coquille Bonheur) à Maurice leur pose la question suivante : « Quel type de touristes voulons-nous accueillir ? Le touriste “baba cool” à la culture indéterminée, dépensant peu ou pas ou le touriste de qualité qui respecte la culture du pays, son environnement et qui fait vivre l’économie ? »
Avec la résurgence du modèle tout inclus, où « les touristes sont invités à quitter leurs portefeuilles à la maison », le All-Inclusive, dit-il, est irréconciliable avec la maturité de notre industrie et les perspectives d’avenir.
Christian Lefèvre plaide ainsi depuis six ans, soit depuis la création de Coquille Bonheur, pour un partenariat pluriel en faveur d’un tourisme équitable, de communauté et durable. « L’imagination est plus importante que le savoir. Nous avons le savoir-faire, donc c’est aux hôteliers de développer des stratégies novatrices, de proposer des solutions pertinentes qui puissent assurer la promotion de notre île comme une vraie destination haut de gamme », soutient-il.
Accueillant favorablement l’initiative de la Mauritius Tourism Promotion Authority de réglementer le All-Inclusive, Christian Lefèvre fait ressortir qu’une politique de laisser-aller pourrait avoir des effets irréversibles pour le pays. « La décision de bannir ou réglementer le All-Inclusive dans les établissements 5-étoiles est un grand pas vers une volonté d’accroître le tourisme intégré pour permettre à la population de partager les trésors de notre île avec les étrangers », affirme le PDG du Réceptif de Luxe (Coquille Bonheur). Et d’ajouter : « Nous allons vers une mort certaine avec la pratique du All-Inclusive par les hôteliers. C’est une catastrophe non seulement pour les réceptifs, mais aussi pour les restaurants, taxis, excursionnistes et boutiques. »
De plus, avec la pratique All-Inclusive, Christian Lefèvre anticipe une perte des clients haut de gamme au profit des clients « baba cool ». « Ce qui engendra une baisse de qualité de service dans les hôtels et aura des conséquences sur l’image de la destination », explique le PDG. L’intégration verticale dans le tourisme, poursuit-il, ne devrait pas être admise. D’autres effets négatifs du All-Inclusive, selon lui, est le fait qu’en ayant tout à prix réduit dans les établissements hôteliers, les touristes ne voudront plus sortir. Ce qui fait que l’exposition aux arts et à la culture du pays sera très limitée.
Christian Lefèvre évoque aussi les répercussions sur la qualité de la nourriture, l’animation ainsi que les différentes activités de loisirs et facilités proposés aux clients. Citant le développement qu’a connu récemment la Jamaïque, les Caraïbes, la Turquie, entre autres, il attire l’attention sur le fait que, même si le tourisme y est en plein boom, ces pays sont en train de payer le prix fort en termes de dégradation de leur environnement et de leur qualité de vie.
« À ma connaissance, aucune étude sur l’impact d’un tel développement à Maurice n’a été menée jusqu’ici. Il y a un seuil de tolérance à ne pas franchir pour ne pas gâcher trois décennies d’efforts pour se situer dans le up market segment », dit M. Lefèvre.
Et de conclure : « Pour moi, la qualité est plus importante que la quantité et cela se reflète certainement dans les chiffres d’affaires. Le tourisme haut de gamme vise le développement des visiteurs essentiellement demandeurs de produits de qualité et de prestations à la carte ».

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