« Tout le monde veut posséder la fin du monde »

Voilà une phrase que j’ai empruntée du livre « Zéro k » de l’écrivain américain Don DeLillo. L’écrivain signe ici une énième prouesse visionnaire. Ce roman raconte Ross, un milliardaire et sa femme en phase terminale qui veulent être cryogénisés à l’aide de la technologie. Le pouvoir de l’argent leur permet donc d’accéder au plus vieux rêve de l’humanité…l’immortalité. Je ne suis pas là pour faire une critique littéraire de l’ouvrage de Don DeLillo, mais plutôt pour parler des trois rois nazes : Donald Trump, Kim Jong-un et Daesh. À défaut d’être des sages, ils ont la rage, celle d’être les maîtres du monde. Une guerre insidieuse se livre entre ces antagonistes ; à celui qui aura le monopole de posséder la fin du monde. En parfaits trublions empiriques, ils manipulent les pions du destin de leurs mains vampiriques.
Donald, sous sa bonhomie clownesque, toujours prêt à fleurir la twittosphère de ces blagues goût carambar périmé, vient de détrôner Grippe-sou, le plus effrayant des clowns du roman de Stephen King « ça ». Il a menacé Kim Jong-un de « détruire totalement » la Corée du Nord. Cette réplique a de quoi nous épouvanter.  La partie semble fortement engagée. Kim Jong-un tire à boulets rouges sur son camarade de jeu en lui rétorquant de faire « payer cher » avec des contre-mesures radicales et historiques ou encore l’éventualité d’un « essai de la bombe H d’une puissance sans précédent dans l’océan pacifique ». Rappelons juste que la bombe H est 6 fois plus puissante que celle qui a détruit Hiroshima en 1945. L’étau se resserre. Le pays du matin calme perd toute sa quiétude devant les caprices de l’enfant roi. Kim, le dissipé, s’amuse à procurer des sueurs froides en jouant constamment avec les nerfs des diplomates de l’ONU et des autres chefs d’État. La Russie, loin d’être un enfant de choeur, s’en est même mêlée. Elle les exhorte d’arrêter leurs enfantillages, mais les deux fous de l’échiquier politique international évincent les sommations et s’emportent de plus belle. La fusée de l’impétuosité est déjà sur sa rampe de lancement. Rien ne pourra par conséquent arrêter ces siamois asymétriques dans leurs élucubrations.
Dans cette course frénétique à posséder la fin du monde, Daesh suit avec férocité le peloton. Il occupe la scène européenne. Tantôt en amateur ou en loup solitaire et tantôt en soldat aguerri de l’État islamique, il est sur le terrain, multiplie ses forces en usant et en abusant de subterfuges grâce à la technique du cheval de Troie. Pas une semaine ne se passe sans que les journaux nous soufflent glacialement d’effroi, pas une semaine sans que les affres de la mort nous assaillent. Les récentes actualités relatent cette scène macabre où deux jeunes filles d’une vingtaine d’années sont sauvagement poignardées sur le parvis de la gare Saint Charles à Marseille ou encore cet attentat déjoué in extremis dans un immeuble du XVIème arrondissement de Paris dans la nuit du vendredi 29 au samedi 30 septembre. Deux bonbonnes de gaz aspergées d’essence ont été déposées devant l’immeuble. Ces bonbonnes étaient reliées par des fils à un téléphone, prêtes à exploser. Deux autres également ont été retrouvées dans l’immeuble. Le carnage a été évité car le dispositif pourtant savamment orchestré n’a pas fonctionné. Une étape a été franchie. Nous escaladons une marche de plus dans le spectre de la calamité. La faucheuse frappe désormais la sérénité de nos nuits et terrorise nos rêves.    
Et nous, pions dont le sort ne tient qu’à un fil, faut-il vivre dans l’angoisse d’un cataclysme ou faut-il se prémunir de cette locution latine « Carpe diem » en attendant des lendemains qui chantent ?
Citoyen du monde, un peu de dérision dans l’antre de la folie et à vos boîtiers :
Pour Trump tapez 1, pour Kim tapez 2, pour Daesh tapez 3. Qui possédera la fin du monde ?
ECHEC ET MAT.

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