Cet employé de la CHCL avait été arrêté en juillet 2018 alors qu’il prenait possession d’un colis de 1,12 kg d’héroïne à bord d’un porte-conteneurs en provenance de Madagascar
La juge Véronique Kwok Yin Siong Yen a refusé hier d’accorder la liberté conditionnelle à Saravana Goinden, arrêté pour trafic de drogue depuis juillet 2018. Cet habitant de Morcellement Raffray, Terre-Rouge, âgé de 39 ans, avait en effet été interpellé après qu’il avait récupéré un colis contenant 1,12 kg d’héroïne, se trouvant à bord d’un porte-conteneurs en provenance de Madagascar. La poursuite avait objecté à sa remise en liberté provisoire, décision qu’avaient immédiatement contestée ses hommes de loi, Mes Sanjeev Teelucjdharry et Neelkanth Dulloo.
Dans le cadre de cette affaire, l’inspecteur Beerjoo a expliqué qu’à la suite d’informations reçues à l’effet que le 18 juillet 2018, le dénommé Saravana Goinden devait récupérer un colis contenant de la drogue du navire MSC Jeanne au Mauritius Container Terminal de Mer-Rouge, les officiers de l’Anti-Drug Smuggling Unit (ADSU) avaient monté une opération de surveillance.
C’est ainsi que l’employé de la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL) aurait, selon l’officier de police, été vu en train de descendre la passerelle du bateau jusqu’au quai, où il avait alors sorti un colis de son sac avant de le cacher dans un endroit précis.
L’inspecteur Beerjoo a fait ressortir à la Cour que la police s’est alors rendue à l’endroit indiqué, où le colis avait été sécurisé. Entre-temps, le principal concerné avait déjà quitté les lieux dans la navette de la CHCL et avait pris place dans une camionnette, suivie par les enquêteurs de l’ADSU. Subséquemment, ces derniers ont procédé l’arrestation de Saravana Goinden.
L’inspecteur Beerjoo a également révélé en Cour suprême que le Forensic Science Laboratory a confirmé que le colis renfermait 1 021,6 g d’héroïne, d’une valeur marchande de plus de Rs 15 millions. Il a de fait estimé qu’une remise en liberté conditionnelle ne devrait pas être accordée à l’accusé, ce dernier risquant de quitter le pays et de ne pas se présenter à son procès, fixé au 16 janvier prochain. L’inspecteur a aussi mis en avant que cet habitant de Terre-Rouge pourrait être tenté de récidiver, car « le commerce de la drogue est lucrati et l’accusé n’a désormais plus rien à perdre ». Par ailleurs, dit-il, les tests d’acide désoxyribonucléique ont révélé que l’ADN retrouvé sur le colis sécurisé par la police est lié à l’accusé.
Dans son jugement prononcé hier, la juge Véronique soutient qu’au vu de la quantité de drogue, Saravana Goinden, qui fera face à son procès très bientôt, pourrait être tenté de prendre la fuite, sachant en effet qu’il encourt une peine sévère s’il est reconnu coupable.
« In so far as the risk of reoffending is concerned, I find that the apprehension of the police is justified. Indeed, since drug dealing is a lucrative business, the applicant may well be tempted to deal with drugs whilst on bail since he has nothing to lose now that he has been charged and if convicted is likely to undergo a heavy penalty », fait-elle ressortir.
La juge se dit consciente que l’accusé avait affirmé que s’il était libéré sous caution, il respecterait toutes les conditions imposées par la Cour, ajoutant qu’il vivait avec ses parents, sa concubine et ses trois enfants avant son arrestation, et qu’il avait un casier vierge.
Cependant, la juge ajoute qu’après avoir examiné toutes les circonstances de la présente affaire, et après avoir pesé le pour et le contre d’une éventuelle libération sous caution de Saravana Goinden, « the refusal to release the applicant on bail weighs more in the balance ».
La juge rappelle aussi que le procès de Goinden avait été initialement fixé au 20 juin 2022 et que ce jour-là, l’audience avait été reportée à la demande de son homme de loi. Elle fait aussi ressortir que l’affaire a été appelée à nouveau le 19 juillet dernier, et qu’elle a été de nouveau été ajournée suite à la requête des avocats de l’accusé.
Véronique Kwok a mis en avant que la défense a décliné l’invitation de la Cour d’avancer le procès, insistant sur le fait pour que la motion de remise en liberté sous caution soit entendue. « I find that the posture of learned Counsel appearing for the applicant before the trial Court rather unfortunate since the applicant has a constitutional right to be tried as soon as possible and delaying trial is not in the interest of justice », conclut-elle.