Transition 2018 – 2019 — Sans grands discours!

Sans grands discours. C’est le choix rédactionnel pour ce rapide survol de ce qu’aura été l’actualité, riche en rebondissements sur tous les plans, au cours des 52 semaines écoulées. Il y a aussi le fait incontournable que 2019, année de campagne électorale par excellence, verra la multiplication de discours politiques au fur et à mesure que se précise l’échéance de ce scrutin, qui s’annonce âpre. Les principaux traditionnels partis politiques ont signifié leur intention de « al tousel » devant les urnes. En attendant, voilà ce que retiennent les invités du Mauricien de 2018 et ce que devrait être 2019 pour eux.

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Arvin Boolell : « Nous ne pouvons vivre au-delà de nos moyens »

Que retenez-vous de 2018 ?

Ce que je retiens de 2018 sur le plan international, c’est la mort du journaliste Jamal Khashoghi. Il y a des preuves tangibles selon lesquelles les instructions sont venues d’en haut. Nous nous attendions à ce que l’association des journalistes à Maurice monterait au créneau pour condamner cela avec force, mais nous n’avons rien vu, à l’exception de quelques-uns. On entend dire que le Prince Salman sera invité par le gouvernement, mais j’espère que cela ne se produira pas, sinon cela ira à l’encontre de notre démocratie. J’espère aussi que la paix régnera au Yémen, surtout avec ce qui se passe avec les migrants et le viol commis sur des femmes et des jeunes filles. Lorsque nous constatons ce qui se passe en Palestine, il faut que celle-ci soit reconnue au même titre que l’État d’Israël et dans le respect d’autrui. Au-delà de la lutte contre la pauvreté, il faudrait aussi regarder le problème du changement climatique. Ce qui m’a aussi marqué en 2018, c’est que nos institutions ont perdu leur pesant d’or alors qu’elles sont les motrices de notre développement social. Ce qui m’a également interpellé, c’est que nous devons aussi comprendre ce que sont la laïcité et la préservation de l’unité nationale. Si nous n’avons pas une bonne réforme électorale, qui préservera la stabilité, nous risquons de perdre cette entente nationale. D’ailleurs, Maurice est un exemple au monde en matière d’unité nationale.

Que représentera 2019 pour vous ?

2019 sera une année charnière car tout le monde se focalisera sur ce que le Conseil privé de la reine prononcera en janvier. Cela aura bien sûr un impact. Nous devons également répondre à la demande de l’électorat en termes d’une représentation équitable. Nous devons aussi faire de sorte de sortir du “middle income trap” car nous ne pouvons vivre au-delà de nos moyens. Il faut qu’on prenne les bonnes mesures pour sortir de ce piège du revenu moyen. Par ailleurs, la Troisième Guerre mondiale sera la cyber-guerre. Nous ne devons pas oublier que nos données sont entre les mains des pays émergents. Nous devons rester vigilants et prier pour le bien-être de notre population.

Rashid IMRITH : « Augmenter la pension de vieillesse en 2019 »

Que retenez-vous de 2018 ? 2018 a été marquée par le salaire minimum de Rs 8 500 plus l’allocation de Rs 500 du gouvernement pour parvenir à la somme de Rs 9 000. Il y a ensuite eu la compensation de Rs 360 à tous les niveaux. Lors du budget, le gouvernement a compris les besoins de la classe moyenne et a revu la taxe de 15% à 10% pour ceux touchant jusqu’à Rs 50 000. Le point négatif : il n’y a pas eu de réajustement salarial suite au salaire minimum. Selon l’article 9 de la NWCC Act, il aurait fallu corriger la “distortion” dans la relativité salariale suite à l’implémentation du salaire minimum. Par ailleurs, nous avions dit que le rapport du PRB doit sortir en octobre 2019 et non en octobre 2020.

2019 représentera quoi pour vous ?

Nous combattrons pour que le rapport du PRB sorte en octobre 2019. Nous demanderons que les fonctionnaires se voient payer 3 “increments” à partir de janvier 2018, date d’introduction du salaire minimum, en vue de corriger le décalage entre les salaires. Concernant la pension de vieillesse, nous avions demandé un mécanisme pour rapprocher Rs 5 810 de Rs 8 500. Le gouvernement a donné seulement Rs 400, ce qui portera la pension à Rs 6 210 en janvier. Nous demanderons que la somme de Rs 3 600, lorsque ce gouvernement est arrivé au pouvoir, soit doublée à la fin de son mandat et arrive à Rs 7 200. Ensuite, nous lutterons pour que ce chiffre se rapproche de Rs 8 500.

Rajesh BHAGWAN : « Lake ferblan à ne pas oublier »

Que retenez-vous de 2018 ?

En 2018, nous avons assisté au dépérissement de nos institutions, qui ont été politisées de manière outrancière. On a vu l’accaparement du pouvoir par les proches du MSM et par les petits copains. Nous avons eu droit à une crise sans précédent à la tête du pouvoir, au point où la présidente de la République a été forcée de soumettre sa démission. Il ne faut pas oublier les Laké Ferblan de Gulbul et SumputySur le plan social, cela a été la décrépitude. Le gouvernement a abdiqué devant ses responsabilités. Nos dirigeants ont fait preuve d’une arrogance sans pareil au pouvoir. De plus, la drogue, en particulier la drogue synthétique, a fait des ravages parmi les jeunes. L’équipe du MMM au Parlement, qui a participé activement aux travaux, a démontré son honnêteté et ses compétences.

Que représente 2019 pour vous ?

2019 sera l’année du jubilé d’or du MMM, qui a été créé en 1969. Nous célébrerons cet événement de manière solennelle afin de retracer, surtout à l’intention des jeunes, la contribution de notre parti dans l’histoire du pays durant ces 50 dernières années. Ce sera également l’année de grands changements, avec l’organisation des élections générales. Ce sera un tournant dans l’histoire du pays. Le MMM se prépare à aller seul à ces élections avec un programme étoffé et préconisera un vrai changement, qui interviendra lorsque le parti prendra le pouvoir à l’issue des élections générales, et ce afin de remettre le pays sur les rails du développement.

Danielle SELVON : « Je serai au No 1 aux prochaines élections »

Que retenez-vous de 2018 ? Une très bonne année pour moi. Elle a commencé par la publication de mon premier livre, qui raconte ma vie de créole extrêmement pauvre, née dans un camp sucrier d’antan et victime de racisme. L’année a été aussi bonne pour moi car j’ai été nommée comme Accredited Mediator/Arbitrator/Negotiator/Ombudsman with the Federation of Integrated Conflict Management (FICM) and the Mediation and Conciliation Network (MCN). Le MCN est basé en Inde. J’ai été super-active au Parlement où, depuis mon élection, j’ai posé environ 80 questions au gouvernement et prononcé une douzaine de discours par an. Sur un mandat de 5 ans, cela représente un travail de recherche considérable, une consultation constante sur le terrain avec mes principaux agents et partisans.

Que représente 2019 pour vous ?

Sur le plan politique, je suis heureuse d’avoir retrouvé mon indépendance en quittant le MMM en guise de protestation contre les humiliations qui m’étaient infligées. Durant l’année, j’ai quitté le MMM, dont le leader m’avait invitée à me joindre depuis 2015 et insistait en 2017 que je prenne une décision au plus vite en me faisant appeler par téléphone en France, où je me trouvais, en septembre 2017, pour réitérer son invitation. J’ai accepté à mon retour pour découvrir qu’il m’avait piégée pour m’éliminer politiquement. Je serai certes aux prochaines élections sur une plateforme politique aux côtés de mon colistier, Patrice Armance, au No 1.

Cédric de Spéville (président de Business Mauritius) : « The devil is in the details »

Que retenez-vous de 2018 ?

2018 a été une année correcte. Il y a eu des mesures positives pour accompagner le développement.

En ce qui concerne le dossier sucre, tout n’a pas été rose au sein du Joint Committee et la chaîne reste très fragile au vu des problèmes de rentabilité des “millers”. Au niveau des Global Financial Services, cela a été un vrai casse-tête avec l’Essamlg. Toutefois, un réel progrès a été réalisé à travers les mesures comprises dans la Finance Act. Une réelle avancée avec la Financial Task Force de l’OCDE, où Maurice n’est pas sur la “blacklist”.

Le financement des partis politique est un dossier épineux, un premier jet pour une meilleure réglementation a été apporté. Nous avons maintenant jusqu’au 14 Janvier pour soumettre nos observations. Le salaire minimum était AUSSI l’un des plus gros changements. Ensuite, il y a eu la compensation salariale. Nous sommes en train de travailler pour proposer des mesures pour accompagner certains secteurs à ce sujet.

Nous notons également la bonne performance de Maurice au niveau du “Doing Business”. On ne doit pas pour autant s’en satisfaire car « the devil is in the details » et il existe toujours pas mal de goulots d’étranglement et de problèmes d’implémentation sur le terrain. Nous travaillons à résoudre ces problèmes avec l’EDB et le Mofed.

2019 représentera quoi pour vous ?

D’un point de vue économique, nous pouvons espérer une croissance de 4%, mais plusieurs facteurs externes devront être surveillés, dont le Brexit. Parmi les autres facteurs à surveiller, notons le prix du pétrole, qui peut impacter le tourisme ainsi que les exportations. Aussi, les grèves et les soulèvements populaires au sein de nations amies, l’agressivité de la concurrence internationale et, enfin, l’impact des élections générales prévues probablement l’année prochaine auront un impact sur l’économie nationale.

Plus stratégiquement, Maurice devrait renforcer sa position sur l’axe favorable de croissance Asie/Afrique en intensifiant les mesures liées à la connectivité et le rapprochement des liens d’amitiés et de commerce avec la région et le continent. Il devrait par conséquent y avoir de nombreuses opportunités à saisir.

Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-industrie : « Cap sur les JIOI de 2019

Que retenez-vous de 2018 ?

Le changement climatique a continué à nous préoccuper avec des pluies diluviennes, des vagues de chaleur et des “flash floods”. Et dans le but de faire face à ses conséquences fâcheuses, nous avons dégagé une stratégie portant sur les années 2016-2020, et à ce jour environ 300 000 arbres ont été plantés et nous en avons encore 200 000 à mettre en terre lors des deux années à venir. Le refus de l’opposition de soutenir l’impérieuse nécessité de reformer le système électoral mauricien après 50 ans d’indépendance et laisser un héritage précieux à la future génération m’interpelle toujours et encore. Au niveau international, c’est l’accord sur le Brexit et le mouvement des réfugiés qui ont retenu mon attention.

2019 représentera quoi pour vous ?

Ce sera l’année de la grande transformation, une année qui sera riche en événements et pleine de signification pour le pays avec des développements planifiés, dont le métro, qui sera la colonne vertébrale du projet Smart Island, la nouvelle Cour suprême construite grâce à l’aide financière de l’Inde et le tant attendu National Wholesale Market, qui réunira tous les encanteurs à Wooton. Grâce aux incitations offertes par le gouvernement, nous espérons une relance dans la production agricole. Aussi, l’année 2019 sera animée du 19 au 28 juillet par le grand rendez-vous sportif que sont les Jeux des Îles de l’océan Indien. Toutes les dispositions ont été prises pour qu’ils connaissent un énorme succès.

Jean-Renat Anamah (chorégraphe) : « Halte au lobbying artistique au détriment des arts »

Que retenez-vous de 2018 ?

Une très belle année de création en danse. Après des années de difficulté pour convaincre sur le plan local, les choses s’améliorent. 2018 a été mi figue, mi-raisin. La chanson locale a vu l’émergence des artistes créatifs dans leurs textes, mais la question de piratage reste épineuse, il n’y a pas encore cette prise de conscience. Cette fin d’année a donné beaucoup d’espoir avec la mise sur pied du National Arts Fund du ministère des Arts et de la Culture. Mon projet a été retenu et j’en suis soulagé. Le Caudan Art Centre présente son joyau de théâtre et on espère qu’il sera bénéfique comme espace de création et qu’il reste continuellement vivant.

2019 représentera quoi pour vous ?

2019 sera définitivement mon rendez-vous avec le public avec ma nouvelle création en collaboration avec les artistes étrangers et mauriciens dans différentes disciplines. Une comédie pour les enfants est en chantier avec l’apport de la NAF. Ce sera aussi le rendez-vous avec des pointures internationales, des échanges, des ateliers. J’attends que les mécènes soient au rendez-vous pour soutenir l’art de la danse contemporaine, envers lesquels ils sont encore frileux. Que le public mauricien zappe le référent télévisuel et soit présent dans les salles en plus grand nombre. Que les barrières tombent et que le lobbying artistique ne vienne plus brouiller les arts.

Jane Ragoo (syndicaliste) : « Une année décisive pour les travailleurs »

Que retenez-vous de 2018 ?

Ce que je retiens le plus en cette année, c’est le bonheur sur le visage des femmes Cleaners, dont le salaire est passé de Rs 1 500 à Rs 9 000. Je suis aussi satisfaite que nous ayons enfin un salaire minimum, pour ceux à plein-temps, avec le soutien du gouvernement. De même, le gouvernement est venu avec une première ébauche pour un “portable severance allowance fund”. C’est un combat que nous menons depuis 15 ans. Cela reste encore à débattre, mais au moins, il y a un premier pas garantissant le temps de service. Depuis 10 ans, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi sans toucher de compensation.

Que représente 2019 pour vous ?

2019 marque le dernier tournant avant les élections. Nous attendons le gouvernement sur les amendements aux lois du travail. C’était une promesse électorale. J’attends aussi une harmonisation des conditions dans le secteur privé. Car il y a 30 Remuneration Orders, dont certains n’ont pas été revus depuis 35 ans. Il y a des secteurs comme le BPO et le secteur financier où il n’y a même pas de RO. Il faut appliquer la relativité entre les différentes catégories et non pas se contenter du salaire minimum, le but étant d’apporter de meilleures conditions pour tous les travailleurs. 2019 sera une année décisive pour les travailleurs, étant à la veille des élections.

Radakrishna Sadien (Government Services Employees Association) : « Les lois du travail, parents pauvres »

Que retenez-vous de 2018 ?

« L’introduction du salaire minimum est sans conteste un fait marquant de l’année. Ce n’est pas encore un salaire décent, mais c’est une avancée. En revanche, nous attendions des amendements aux lois du travail, mais il n’y a rien eu. Je me rappelle que c’était dans le manifeste électoral. Nous attendions également des ajustements par rapport à la relativité d’après ce qui est prévu par la loi. Par ailleurs, la dégradation des valeurs et des mœurs est préoccupante. Il faut une remise en question du système éducatif. On ne peut se concentrer uniquement sur la réussite économique, il faut également promouvoir les valeurs. »

Que représente 2019 pour vous ?

« 2019 marque la cinquième année du gouvernement. Comme je l’ai dit, je m’attends à ce qu’il respecte ses engagements. Je souhaite aussi la concrétisation du Public Service Bill pour un meilleur service public. Actuellement, c’est la décadence avec des ingérences politiques. De même, nous attendons une réforme de la Public Service Commission pour que les recrutements se fassent de manière plus efficace et indépendante. Actuellement, le pouvoir est délégué aux ministères dans beaucoup de cas, avec les résultats qu’on connaît. Nous attendons également des amendements à la Public Gathering Act. Il y a actuellement une restriction de l’espace démocratique. »

Aurore Perraud : « Engagement à 100% en politique »

Que retenez-vous de 2018 ?

Pour cette année, je retiens surtout la performance du leader de l’opposition et le nombre de PNQ qui ont fait bouger les choses, beaucoup de transparence au niveau des dossiers pour mieux renseigner le peuple, et plusieurs scandales aussi de même que le non-respect des institutions. Cette année a été difficile pour moi avec le décès de ma mère survenu le 9 août, soit à huit jours de ses 68 ans, laissant un grand vide dans nos cœurs. J’étais la seule des quatre enfants à vivre à Maurice. Ce deuil m’a permis de revoir mes priorités et de me recentrer sur ma famille. Cette année, je me suis tournée vers des choses essentielles.

Que représente 2019 pour vous ?

Une année assez excitante. Sur le plan politique, les choses se préciseront, il y aura des développements et beaucoup de défis à relever comme je les aime. Pour moi, il n’y aura aucun changement, je reste au No 4 au PMSD et, quand je m’engage en politique, je le fais à 100%. Je suis sincère dans le combat que je mène et ma cause va vers le combat contre la discrimination.  On voit beaucoup de violences faites à l’encontre des femmes, des “sexworkers”. Il faut qu’on parvienne à valoriser la gent féminine, à les respecter. Il ne faut pas aussi faire de la politique de langue de bois, ni faire plaisir pour avoir des votes. Le combat reste dans la sincérité.

Raj Makoond (ancien directeur exécutif de Business Mauritius) : « Transformation du transport en commun »

Que retenez-vous de 2018 ?

En 2018, il y a eu le projet Metro Express, qui est en bonne voie. Cela va changer le paysage du transport public, qui est un défi majeur pour le pays. D’autre part, Maurice se retrouve cette année dans le Top 20 de “Doing Business” de la Banque mondiale, une nette progression par rapport à 2017. C’est le résultat d’un partenariat privé-public. Je suis heureux de voir que le gouvernement a présenté un projet concernant le financement des partis politiques. Depuis 2004, nous réclamons un cadre légal pour cela. Il faut souligner que les compagnies privées sont obligées d’inclure dans leurs bilans annuels le montant accordé aux partis politiques dans le cadre des campagnes électorales.

2019 représentera quoi pour vous ?

En 2019, des risques sont à l’horizon. Le FMI a revu à la baisse le taux de la croissance mondiale. La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine risque de faire du mal. Le World Trade Index est déjà en baisse. Il ne faudrait pas ignorer le Brexit, qui entre en vigueur en mars. De plus, le rendement sur les bons du trésor américains est en baisse. Ce qui est précurseur de mauvaises nouvelles. À Maurice, la période transitoire concernant la mise en œuvre de la révision du traité de non-double imposition prend fin en mars. Finalement , nous souhaitons qu’une solution concernant l’introduction une bonne réforme électorale soit trouvée. Il y va de la stabilité politique et gouvernementale.

Eric Ng (économiste) : « L’ombre de la campagne électorale »

Que retenez-vous de 2018 ?

Il y a eu la saga de l’ancienne présidente de la République, qui n’a pas fait honneur au pays. Il y a eu  le problème constitutionnel par rapport à la mise sur pied de la commission d’enquête. Sur le plan économique, il y a eu la mise en chantier du projet Metro Express, qui est visible. Mais je crois qu’il reste beaucoup à faire au niveau des infrastructures. La réforme électorale a été une comédie. On a proposé un semblant de réforme. Si le gouvernement voulait vraiment la passer, il aurait eu des consultations avec l’opposition pour obtenir la majorité des trois quarts. Là, c’était juste pour montrer à la Cour suprême qu’ils ont fait quelque chose mais ils n’ont pas obtenu la majorité. C’est une insulte à l’intelligence de la population.

2019 représentera quoi pour vous ?

2019 sera l’année des élections. Dès le début de l’année, il y aura une atmosphère préélectorale. L’affaire MedPoint, le 15 janvier, devant le Privy Council, déterminera la date des élections. Ce ne sera pas positif pour l’économie que l’atmosphère de campagne dure une année. Mais je pense que les élections se tiendront bien avant l’échéance constitutionnelle de décembre. Je pense qu’il y aura de l’attentisme du secteur privé. Je ne vois pas l’investissement privé – qui a stagné – remonter. Je crois que tout le monde attendra les prochaines élections pour avoir une meilleure visibilité. Sur le plan international, il y aura pas mal d’incertitudes avec le Brexit et la remontée des taux d’intérêt américains. Le marché sera quelque peu chahuté.

Shirin Gunny (CEO de “Made in Moris”) : « Une année exceptionnelle »

Que retenez-vous de 2018 ?

2018 a été une année exceptionnelle : une année riche en actions concrètes, qui ont permis de passer nos messages plus facilement et aussi de mobiliser non seulement de nouveaux adhérents, mais de nouveaux partenaires et sensibiliser davantage le grand public. À notre actif, nous comptons cette année une pièce “Made in Moris”, une grande conférence sur le “Local is Beautiful”, une chanson et un clip avec The Prophecy, une participation au Momix 2018, une très belle campagne sur les valeurs du “Made in Moris” avec le soutien de la MCB, qui inclut une chanson et un clip avec The Prophecy, de même qu’une vingtaine de nouveaux adhérents.

Que représentera pour vous 2019 ?

2019 représentera une année de consolidation de notre volonté d’être un label engagé. Notre objectif est que le “Made in Moris” devienne une caisse de résonance de toutes les initiatives positives prises par nos adhérents en matière de développement social, environnemental et économique inclusif. Le label “Made in Moris” franchira une étape très attendue en 2019, soit la labellisation des services. Nous annoncerons bientôt le nom du premier adhérent de la catégorie “Services”. Nous préparons notre toute première mission “export” au Kenya en 2019. L’année prochaine nous permettra de démontrer la force du réseau “Made in Moris” et la dynamique d’une action collective pour changer le regard sur l’industrie locale. En 2019, souhaitons que les Mauriciens s’approprient davantage le “Made in Moris”, parksi ena nou ladan, ena nou lavenir ladan !

Hervé Duval Jr : « Énergie et motivation renouvelées »

Que retenez-vous de 2018 ?

Le succès de la Bar Conference et l’accueil reçu par la “3i’s Initiative” (Intégrité, Indépendance et Innovation), surtout de la part des jeunes du barreau et d’autres parties prenantes. Les membres du Bar Council ont terminé l’année épuisés mais contents. Notre satisfaction est d’autant plus grande après la  mauvaise presse que la profession a reçue dans le courant de l’année. Nous sommes contents d’avoir pu maintenir le cap malgré des critiques acerbes exprimées dans les médias alors même que nous avions entamé une campagne d’explication au sein de l’association. Il y a aussi eu une certaine méfiance, pour ne pas dire malveillance, de la part de ceux qui se sont sentis visés. Ces voix-là ce sont tues depuis. Nous retiendrons l’enthousiasme et la détermination de ceux qui veulent que le barreau joue pleinement son rôle dans notre état de droit.

Que représentera 2019 pour vous ?

Mon souhait pour 2019, c’est que la nouvelle équipe au Bar Council s’approprie le projet “3i’s Initiative” et le porte encore plus loin. Il y a aussi une “roadmap” et un nouvel outil de communication avec la nouvelle application mobile de la Mauritius Bar Association pour faciliter la mobilisation et le partage. Nous avons surtout remarqué qu’il y a une nouvelle attitude au sein de la profession légale. En d’autres mots, je souhaiterais une certaine continuité avec une énergie et une motivation renouvelées.

Kailash Purryag (ancien président de la République) : « Inquiétant endettement »

Que retenez-vous de 2018 ?

Ce qui m’a le plus frappé en 2018, c’est non seulement le déficit budgétaire, mais également le déficit commercial. Le déficit budgétaire ainsi que la balance des paiements ont atteint des niveaux inquiétants. Nous importons deux fois plus que nous ne produisons. Nous vivons au-dessus de nos moyens. Il ne faut pas oublier que la dette publique a atteint un niveau très élevé, soit 64% du PIB. Je suis étonné d’entendre que la Banque centrale ne puisse rien faire. « The crisis takes a much longer time coming than you think, and then it happens much faster than you would have thought », souligne le commentateur international Rudiger Dornbusch.

Que représentera 2019 pour vous ?

En 2019, je ne m’attends pas à grand-chose. Ce sera l’année des élections générales. La dissolution du Parlement aura lieu automatiquement en décembre de l’année prochaine. Le gouvernement tentera de tout faire afin de remonter la pente. J’espère que le gouvernement gérera l’économie de manière responsable en pensant à l’avenir et fera du bien-être de la population sa priorité. Le pays aura de grands défis à relever tant sur les plans économique que social. Je souhaite que le gouvernement se mette davantage à l’écoute de la population de manière à mieux comprendre ses espoirs et ses aspirations.

Suttyhudeo Tengur (APEC) : « Le réveil au fléau de la drogue »

Que retenez-vous de 2018 ?

L’année 2018 a été une période stable tant sur les plans politique que social. Mais cette année a été marquée par un éveil de la conscience des Mauriciens concernant la lutte contre la drogue, avec la publication du rapport Lam Shang Leen et ses retombées. Un autre facteur inquiétant pour l’année est le nombre de morts sur nos routes, malgré la sévérité des lois, et cela donne à réfléchir.

Quant au Mauricien moyen, il a pu survivre malgré toutes ces péripéties. Sur le plan du développement économique, le démarrage des grands travaux d’infrastructures publiques dont le Metro Express aura un impact sur le porte-monnaie des Mauriciens, entraînant dans le même souffle un certain “feel good factor”.

2019 représentera quoi pour vous ?

L’année 2019, à mon avis, sera marquée par trois événements, à savoir le jugement du Conseil privé dans l’affaire MedPoint, la première phase opérationnelle du Metro Express, et les élections générales vers la fin de l’année. S’agissant de MedPoint, que le jugement soit favorable ou pas à Pravind Jugnauth, cela marquera un tournant décisif dans la carrière politique du leader du MSM. La mise en opération du Metro Express provoquera un certain changement dans les habitudes mauriciennes, particulièrement dans le transport public.

2019 sera une année éminemment électorale et les Mauriciens seront assommés par toutes sortes de slogans, scandales et autres. Aux Mauriciens de faire le bon tri entre le bon grain et l’ivraie.

Alain Langlois (Les Amis d’Agalega) : « Année catastrophique pour Agalega »

Que retenez-vous de 2018 ?

Ma préoccupation première, ce sont les îles éloignées de la République. L’année 2018 a été bonne pour les Chagos et Saint-Brandon et son écosystème avec le refus annoncé de la venue des bateaux de croisière et le retrait des abris de fortune sur les îlots. Hélas, cela a été une année catastrophique pour Agalega et ses habitants en raison des gaffes répétées des autorités envers eux et de la discrimination flagrante auquel ils ont à faire face tous les jours sans compter le manque d’égard… Il y a eu du remue-ménage concernant l’évacuation d’un malade, la déportation avortée d’un jeune et le passage refusé à un natif pour clore l’année 2018.

2019 représentera quoi pour vous ?

La nouvelle année apportera, je l’espère, de très bonnes nouvelles à nos amis chagossiens. Et nous espérons aussi que les autorités seront davantage à l’écoute des Ong et des forces vives pour défendre l’écosystème de ce joyau de notre République qu’est Saint-Brandon. En ce qui concerne Agalega, une remise en question complète des autorités est nécessaire par rapport à leur façon d’agir et de communiquer avec nos amis agaléens. Les choses devraient pouvoir évoluer positivement pour eux en 2019.

Olivier Bancoult : « 2019, l’année de l’espoir »

Que retenez-vous de 2018 ?

Deux aspects importants ont marqué 2018 pour les Chagossiens, selon le leader du Groupe réfugiés Chagos (GRC), Olivier Bancoult. Primo, la soumission du dossier “Sega Tambour Chagos” à l’Unesco, afin qu’il soit déclaré patrimoine en voie de disparition et, secundo, la présence des membres du GRC devant la Cour internationale de Justice (CIJ), à La Haye, ainsi que le témoignage de la Chagossienne Lizbie Elysée. « Grâce à son témoignage, tout le monde est maintenant conscient de l’injustice que subissent les Chagossiens par les Anglais. 2018 a aussi marqué nos combats contre les Anglais. Nous ne laisserons personne jouer avec notre dignité », dit-il.

2019 représentera quoi pour vous ?

Pour le leader du GRC, 2019 sera une « année de l’espoir ». Il explique : « Il y a aura plusieurs retombées de tout ce que nous avons entrepris cette année, notamment celles du procès à la CIJ. Nous attendons aussi les retombées de l’Unesco au sujet du dossier “Sega Tambour Chagos”. » Par ailleurs, plusieurs activités sont prévues en 2019. Olivier Bancoult soutient qu’un lieu de mémoire sera construit et inauguré fin mars pour rendre hommage aux Chagossiens qui sont décédés en quittant les Chagos pour Maurice et Rodrigues. Le GRC travaillera aussi sur le projet de relogement dans les Chagos. « Nous nous préparons à toute éventualité », précise-t-il.

Sam Lauthan : « Qu’une partie du voile sur les abus de drogues »

Que retenez-vous de 2018 ?

Sam Lauthan, travailleur social et assesseur de la commission d’enquête sur la drogue, se dit « estomaqué » par la dégradation sociale à Maurice. « 2018, comme les années précédentes, a été marquée par le nombre et la gravité de vols, de violences et de meurtres, entre autres. D’ailleurs, je ne compte pas rester insensible face à cette dégradation. J’ai créé un document avec des coupures de journaux depuis les 13 dernières années et je compte travailler sur un projet dès janvier 2019 », dit-il. Autre aspect qui l’a marqué cette année : la publication du rapport de la commission d’enquête sur la drogue. « Nous avons réussi à lever une partie du voile sur les abus de drogues à Maurice », dit-il.

2019 représentera quoi pour vous ?

En tant que travailleur social, Sam Lauthan ne veut pas rester les bras croisés. D’abord, l’année 2019 débutera avec un « grand projet » en vue de combattre la dégradation sociale à Maurice. Ainsi, il prévoit d’initier un projet de formation et de sensibilisation pour les jeunes et leurs parents. Avec l’avènement des nouvelles technologies, dit-il, il est important de mettre sur pied un “new parenting scheme”. De plus, il souhaite implémenter les recommandations du rapport de la commission d’enquête sur la drogue « pour venir en aide à la jeunesse mauricienne, notamment en ce qui concerne la consommation de drogue de synthèse ». Enfin, il se penchera sur les problèmes dans le sud, avec un gang qui sème la terreur.

Mahen Jhugroo : « Sur les rails du développement »

Que retenez-vous de 2018 ?

Pour le ministre des Terres et du Logement, la performance du gouvernement a été « remarquable » en 2018. « Maurice a été transformée en un grand chantier cette année, avec plusieurs travaux d’infrastructures en cours, dont le projet Metro Express et le “fly-over” à Phoenix. Le Premier ministre a remis le pays sur les rails du développement », dit-il. En ce qui concerne son ministère, il rappelle que le Premier ministre est allé chercher des sources de financement de l’Inde et de l’Arabie Saoudite pour le financement de 10 000 logements. « C’était un défi à relever car nous comptons construire plus de 10 000 logements. Des travaux sont en cours et nous procéderons à des inaugurations en 2019 », dit-il.

2019 représentera quoi pour vous ?

2019 sera une année décisive pour Pravind Jugnauth, avec son procès au Conseil privé de la Reine en janvier. Toutefois, Mahen Jhugroo est « confiant qu’il en sortira victorieux ». Il poursuit : « Nous n’avons aucun doute à ce sujet. Pravind Jugnauth remportera le procès. Puis, 2019 sera marquée par les élections générales. Actuellement, l’opposition est presque inexistante. Donc, nous sommes confiants de notre victoire aux élections. » Et d’ajouter que 2019 sera une « année historique » avec l’achèvement de plusieurs projets en cours de construction, dont la première phase du projet Metro Express, qui sera opérationnelle en 2019. En ce qui concerne son ministère, il précise que 4 900 logements seront prêts d’ici décembre prochain.

Vijaya Teelock : « Une année riche en activités »

Que retenez-vous de 2018 ?

Pour l’historienne et présidente de la Route de l’Esclave et de l’Engagisme, Vijaya Teelock, 2018 a été une année riche en activités. « J’ai voyagé et entamé beaucoup de recherches. Il y a eu beaucoup d’idées et de développement. Ma spécialité demeure l’histoire de Maurice, l’esclavage et l’engagisme, et je dois dire que j’ai bien avancé dans mes recherches à ce sujet. J’ai eu l’occasion d’aller voir des archives à l’étranger, d’assister à colloques et des séminaires internationaux et, surtout, de développer des relations amicales avec des chercheurs étrangers », dit-elle. 2018 a aussi vu la publication de trois de ses œuvres, dont le Guide to secondary sources on Mauritian History.

2019 représentera quoi pour vous ?

« Ce sera une année très importante », estime l’historienne. Vijaya Teelock soutient qu’elle compte accomplir « beaucoup de projets » l’année prochaine. Pour commencer, le 30 janvier prochain, elle viendra avec des inventaires sur les sources de l’esclavage et de l’engagisme. Puis elle tient à compléter toutes les recherches qu’elle a entamées en 2018. Par ailleurs, elle souhaite créer une base de données de l’esclavage et de l’engagisme pour Maurice. Elle travaillera également sur l’ouverture d’un musée sur l’esclavage et l’engagisme à Maurice. Elle a également d’autres projets qu’elle a déjà commencés. « J’espère les compléter en 2019. »

Alexandre Laridon : « Un vite réfléchi pour les électtions »

Que retenez-vous de 2018 ?

Lorsque nous analysons l’année 2018, nous constatons qu’elle n’a pas été différente des années précédentes. Depuis l’élection de 2014, nous avons eu des scandales les plus toxiques que les anciens. Selon les chiffres de ceux ayant compté le nombre de scandales de ce gouvernement, ils s’élèvent à plus de 120. C’est incroyable. En parlant à nos aînés, la majorité disent n’avoir jamais vu un gouvernement aussi pire depuis l’indépendance.

Que représentera 2019 pour vous ?

Je pense que ne sera pas une année différente que 2018. 2019 sera une année encore pire et difficile car le gouvernement utilisera toutes ses ressources pour sa propagande, fera des promesses et s’attaquera comme pas possible à ses opposants. Considérant que 2019 sera quand même une année décisive, avec les élections générales qui ne seront pas loin, mon vœu, c’est que la population réfléchisse avant de prendre sa décision. J’ai l’impression que les Mauriciens oublient le “Vox Populi Vox Dei” car, en fin de compte, c’est eux qui prennent la décision. L’avenir et le destin du pays se trouvent entre les mains de la population. Par ailleurs, 2019 sera aussi l’année où le Conseil privé de la reine se prononcera sur le cas du Premier ministre. Si le jugement est contraire à ce que les parties concernées s’attendaient, cela aura un grand effet sur le MSM et le gouvernement. Allons attendre l’année prochaine. Je pense que 2019 sera une année décisive.

Yudhaveer Ramdoyal (président de l’Union des étudiants – UoM) : « Le bien-être des étudiants »

Que retenez-vous de 2018 ?

2018 a été une année difficile mais, avec de la détermination, nous avons pu réaliser plusieurs de nos projets. Mais cette année se termine avec une lutte sans merci pour le bien-être des étudiants. Par ailleurs, ce que je retiens, c’est que la vie est imprévisible. Si j’ai fait face à plusieurs hauts et des bas, si nous avons une volonté de s’en sortir, nous allons réussir. Nous devons uniquement nous concentrer sur les bonnes choses et tirer des leçons de ce qui n’a pas marché. J’ai une pensée spéciale pour ma sœur, Bhavna Ramdoyal, que j’ai perdue tragiquement. Elle reste toujours dans mon cœur. En 2018, j’ai aussi eu le soutien total des membres exécutifs de l’Union des Étudiants et de tous les étudiants. C’est grâce à leur soutien que nous pourrons aller plus vite et plus loin.

Que représentera 2019 pour vous ?

Nous continuerons d’œuvrer durement pour les étudiants. C’est notre principale raison de travailler. 2019 est une année avec plusieurs projets en tête. Je tiens vraiment à cœur ma responsabilité de président de l’Union des Étudiants de l’Université de Maurice pour que l’institution soit meilleure à travers le travail que je mènerai. Ce sera grâce au soutien inconditionnel de ma famille et de mes amis que j’arriverai à répondre aux défis et à réaliser ces projets. 2019 sera une année que nous nous rappellerons. Mon vœu est de voir le progrès du pays et que nous soyons tous enrichis.

Bobby Hurreeram : « Quatre postes occupés en un mandat »

Que retenez-vous de 2018 ?

L’année du 50e anniversaire de l’indépendance de Maurice nous a permis de voir le chemin parcouru depuis 68, d’apprécier toutes les réalisations et de jeter les bases pour une île moderne énoncées dans notre vision 2030. Maurice a eu le courage de défendre son territoire sur le plan international pour affirmer sa souveraineté face aux grandes puissances mondiales. C’était aussi l’année de tous les défis. Je peux inclure dans mon CV le fait d’avoir été Deputy Speaker, ce qui ramène à quatre le nombre de postes occupés en un seul mandat. C’est une grande fierté de la confiance que le PM a placée en moi. Il y a aussi eu le départ de ma fille pour ses études universitaires.

Que représente 2019 pour vous ?

Les bases pour moderniser le pays étant jetées, 2019 verra la concrétisation de plusieurs chantiers dont le Metro Express. Il y a aussi les Jeux des îles qui feront vibrer le cœur des Mauriciens et feront flotter très haut notre drapeau national. Que surtout l’esprit de fair-play règne ! Je pense aussi me mettre à la gym, faire fondre mes graisses disgracieuses, et surtout adopter un style de vie plus sain. 2019 doit être l’année du parfait équilibre.

Miselaine Duval-Vurden: « Je fête mes 25 ans de carrière en 2019 »

Que retenez-vous de 2018 ?

Cela a été une année de grands changements où il y a eu beaucoup de défis à relever. Car être artiste, c’est un grand combat de tous les jours. Il faut pouvoir en faire son métier, ce but n’est pas encore atteint.  L’évolution n’est jamais facile, il faut s’accrocher en permanence. Une de mes plus grandes joies est d’avoir pu ouvrir la salle de théâtre à Bagatelle, et surtout la reconnaissance de nos fans.  Cette année, pour moi, le plan le plus fort a été dans le domaine du spirituel. J’ai appris à grandir en ce sens. Aller à la connaissance de son moi profond à travers la méditation est plus qu’une source de bienfaits, un vrai rituel de bonheur.

Que représentera 2019 pour vous ?

La sortie de mon film Bénédiction et surtout j’attends avec impatience 2019, précisément le mois de février, où je vais fêter mes 25 ans de carrière. Je prévois beaucoup de projets et beaucoup de surprises. Mes fans seront ravis, surtout ceux qui attendent depuis longtemps de me voir revenir dans un autre One Woman Show.  Je compte venir de l’avant avec beaucoup de nouveautés. Il faut toujours aller plus loin dans sa quête. Pour l’instant, je ne peux tout dévoiler. J’attends de voir l’évolution des choses, mais définitivement pour moi et pour ma troupe Komiko, nous arborerons ce nouveau virage avec plein de sérénité.

Mgr Ian Ernest (évêque de Maurice) : « Une année féconde en débats »

Que retenez-vous de 2018 ?

Ce fut une année féconde en débats sur les enjeux d’un développement qui soit plus humain. Nous avons été capables de nous exprimer sur des sujets de grande importance, comme la réforme électorale, le recensement de la population, la commission d’enquête sur la drogue, la liberté d’expression, la protection de l’environnement… Que ces débats soient pris en considération afin de mettre en place une politique qui soit à la hauteur des attentes de la population, et tout cela en toute objectivité. Il y a eu beaucoup de chantiers dans plusieurs domaines, mais ces initiatives répondront-elles aux besoins de tout un chacun ?

2019 représentera quoi pour vous ?

Tout le monde dit que ce sera une année de grande importance pour la population en raison de l’échéance électorale ainsi que d’autres événements prévus. Lorsque nous nous engageons à réfléchir sur les enjeux d’une élection, nous devons être capables de faire des choix appropriés, non pas sur la base d’une propagande électorale mais sur un projet de société s’étendant sur 20 ans. Je suggère que 2019 soit une année de mobilisation envers les jeunes afin qu’ils s’engagent davantage dans le social et dans la politique au sens noble du terme. Les jeunes aujourd’hui ont un potentiel énorme, qui se traduit par les compétences qu’ils ont acquises à travers l’éducation, la formation post-secondaire et d’autres expériences de la vie. Selon moi, il faut faire de la place à la jeunesse en 2019 car elle saura mener à bon port ce nouveau projet de société auquel nous rêvons et qui place l’homme au centre du développement.

Judex RAMPHUL : « Qu’on arrête l’exploitation de notre ZEE ! »

Que retenez-vous de l’année 2018 ?

Nous avons été très déçus du ministère de la Pêche depuis l’arrivée du nouveau gouvernement. Nous nous attendions à une vraie réforme du secteur de la pêche. Cela aurait encouragé nos jeunes à s’engager dans ce domaine, au lieu de vendre notre zone économique exclusive aux étrangers. Mais il n’y a rien eu. Nous sommes toujours en train de nous battre pour faire entendre notre voix. Nous croyions également que nos plages et notre environnement marin seraient mieux protégés, mais là encore, nous avons été déçus. Nous reconnaissons que le gouvernement a élaboré un plan nous permettant d’acheter un bateau de pêche semi-industriel. C’est dommage que là également il y a eu des difficultés dans les procédures, surtout au niveau de la banque.

Que représente 2019 pour vous ?

J’espère que le gouvernement, qui sera à la dernière année de son mandat, respectera son programme. Nous nous attendons également à une amélioration du secteur de la pêche afin d’encourager les jeunes à reprendre le flambeau. Je souhaite également qu’on arrête de brader notre zone économique exclusive. Qu’on donne plutôt la chance aux Mauriciens, surtout à nos jeunes, de profiter de cet espace marin. J’espère également que le gouvernement prendra une décision au sujet de l’aquaculture afin de protéger notre lagon. Pour notre part, 2019 sera certainement chargée avec des manifestations. Car nous continuerons à faire entendre notre voix. Ceux qui ne sont pas à la hauteur devront peut-être partir.

JOSÉ MOIRT : « Le réveil de la population »

Que retenez-vous de 2018 ?

Cela fait un an depuis que nous avons lancé Affirmative Action. Nous avons eu l’occasion de présenter un premier rapport alternatif au Comité pour l’élimination de la discrimination raciale. Ce comité a présenté ses “concluding remarks” et fait des recommandations. Mais ce qui m’a marqué le plus, c’est le réveil de la population. Nous ne nous attendions pas à ce que les gens adhèrent à notre combat aussi vite. Nous avons fait des réunions dans plusieurs endroits et c’était rempli à chaque fois. Nous pensions que cela prendrait plus de temps pour avoir du temps derrière nous, mais cela s’est fait rapidement. C’est encourageant.

Que représente 2019 pour vous ?

En 2019, il faudra mener le combat plus loin, aller jusqu’au bout. Je peux déjà dire que la lutte pour l’égalité prendra une autre dimension. Il y aura des surprises. Les décisions sont prises sur le plan politique. Affirmative Action ne fait pas de la politique et n’en fera jamais. Mais il y a un mouvement civique qui se met en place concernant toute la question politique. Si on veut des changements, il ne faut pas compter sur les partis traditionnels. On va les laisser se bagarrer entre eux, comme ils en ont l’habitude. Comme le disait Albert Einstein, « il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre ».

JEAN-RENAT ANAMAH : « Halte au lobbying artistique au détriment des arts! »

Que retenez-vous de 2018 ?

Une très belle année de création en danse. Après des années de difficulté pour convaincre sur le plan local, les choses s’améliorent. 2018 a été mi figue, mi-raisin. La chanson locale a vu l’émergence des artistes créatifs dans leurs textes, mais la question de piratage reste épineuse, il n’y a pas encore cette prise de conscience. Cette fin d’année a donné beaucoup d’espoir avec la mise sur pied du National Arts Fund du ministère des Arts et de la Culture. Mon projet a été retenu et j’en suis soulagé. Le Caudan Art Centre présente son joyau de théâtre et on espère qu’il sera bénéfique comme espace de création et qu’il reste continuellement vivant.

2019 représentera quoi pour vous ?

2019 sera définitivement mon rendez-vous avec le public avec ma nouvelle création en collaboration avec les artistes étrangers et mauriciens dans différentes disciplines. Une comédie pour les enfants est en chantier avec l’apport de la NAF. Ce sera aussi le rendez-vous avec des pointures internationales, des échanges, des ateliers. J’attends que les mécènes soient au rendez-vous pour soutenir l’art de la danse contemporaine, envers lesquels ils sont encore frileux. Que le public mauricien zappe le référent télévisuel et soit présent dans les salles en plus grand nombre. Que les barrières tombent et que le lobbying artistique ne vienne plus brouiller les arts.

 

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